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12 février 2019 2 12 /02 /février /2019 18:20

 

Enrico Pieranunzi (piano), Thomas Fonnesbaek (contrebasse)

Copenhague, 14-15 juillet 2017

Stunt Records STUCD18012 / Una Volta Music


 

Dans la production assez abondante (entre 2017 & 2018 j'ai vu passer 6 ou 7 disques) de notre pianiste italien préféré, cette petite perle, importée en France depuis la fin de l'automne : un duo piano-contrebasse capté dans un club de Copenhague, le Gustav's Bistro. Ce qui frappe d'abord, au delà du titre de l'album, et du thème éponyme, c'est que l'esprit de la valse est présent presque en permanence : même quand le thème est à quatre temps, ça balance encore comme une valse, qu'il s'agisse d'un standard ou de l'une de nombreuses (sept) compositions du pianiste qui émaillent l'album. Le dialogue avec le bassiste est permanent, et subtil, l'intensité constante, l'interaction tendue et presque palpable, tout respire le bonheur de jouer tout en restant absolument concentré sur la musique, la musicalité, l'ambition d'élaborer l'objet sonore dans les règles de l'Art qui font que c'en devient une œuvre. Bref une vraie réussite artistique, et un bonheur d'écoute, come ce fut, semble-t-il, un bonheur à jouer pour les duettistes.

Xavier Prévost

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Sur Youtube, le même duo à Rome en 2018

https://www.youtube.com/watch?4&v=J5-FbRz2bog


 

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9 février 2019 6 09 /02 /février /2019 10:35

Bex-Catherine-Romano, ce trio apparu dans les clubs voici deux belles décennies n’avait jamais enregistré … « C’est donc naturellement que nous avons décidé de produire cet enregistrement* (réalisé en décembre 2017) sur notre jeune label » précise Stéphane Portet, le « boss » des clubs parisiens Sunset-Sunside.

 

 

La formule nous rappelle des souvenirs personnels des années 60 quand Wes Montgomery officiait à la guitare avec Melvin Rhyne (orgue) et Paul Parker (batterie). Mais là, il n’est pas question de leader. Les trois mousquetaires se sont équitablement partagé les plaisirs de jouer. Chacun est d’ailleurs venu avec trois compositions dont nous retiendrons un titre évocateur de souvenir personnel pour chacun des compères : Il Piacere’, pour Aldo, (un roman de Gabriele d’Annunzio), ‘Letter from my mother’ pour Philip (un classique du jazzman belge) et ‘La belle vie pour Maurice’, pour Emmanuel (coup de chapeau à Maurice Cullaz, ami des jazzmen et président de l’Académie du Jazz, prédécesseur direct de Claude Carrière).

Un album tout en spontanéité, un cocktail de swing et d’émotion à déguster sans modération.

*Emmanuel Bex (orgue), Philip Catherine( guitare), Aldo Romano (batterie). La belle vie. Enregistré en décembre 2017. Sunset Records/L’autre distribution.

Concert de lancement de l’album le 22 mars au New Morning (75010)

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8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 22:49

 

Stéphane Mercier (saxophone alto & flûte), Francesco Bearzatti (clarinette & saxophone ténor), Mauro Gargano (contrebasse), Fabrice Moreau (batterie)

Le Pré Saint-Gervais, 1-2 juillet 2013

iOSA / en téléchargement numérique https://maurogargano.bandcamp.com/album/born-in-the-sky et sur les plateformes

 

Ce pourrait être très prioritairement un disque de (contre)bassiste, mais c'est plus encore un disque de groupe, et de musiciens (au pluriel). Manifestement le souci de Mauro Gargano aura été de privilégier le groupe, CE groupe, pour mettre en évidence l'importance du choix des partenaires dans la réalisation de CETTE musique. La basse assure l'ouverture, une esquisse de mise en scène, mais c'est le surgissement des mélodies, soutenu par un drumming finement dramaturgique, qui installe la musique. À chaque nouvelle étape (le thème suivant) les souffleurs exposent une ligne, souvent asse mélancolique, avant de se donner des libertés de solistes. La conception est assez concertante, et l'on est bien pourtant en pleine pulsation jazz. La contrebasse est en constant dialogue, les lignes des instruments à vent sont fines et souples, et quand vient pour la basse le moment d'un solo, c'est toujours en interaction avec le groupe. C'est un grand travail d'orfèvres, orfèvres inspirés : grande réussite que ce disque qui voit le jour (pour l'instant seulement ?) en téléchargement numérique ; Chapeau à tout le groupe !

Xavier Prévost

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Mauro Gargano jouera avec un nouveau groupe, Nuages, au Babilo, 9 rue du Baigneur, Paris 75018, le mercredi 13 février 2019 à 21h

Nuages, avec Matteo Pastorino, Giovanni Ceccarelli & Patrick Goraguer 

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6 février 2019 3 06 /02 /février /2019 22:42

ECM 2019
Joe Lovano (ts), Marylinn Crispell (p), Carmen Castaldi (dms, perc)

Il y a parfois, et souvent dans le jazz, des moments magiques marqués sous le sceau des rencontres. Pour sceller ses retrouvailles avec le label ECM, Joe Lovano s’associe à la pianiste Marylinn Crispell et la percussioniste Carmen Castaldi pour une rencontre au sommet.
Que dire si ce n’est qu’il n’est question de rien d'autre que la magie de faire de la musique ensemble en improvisant tout de bout en bout à partir d’un matériau de base apporté par le saxophoniste. Il fallait être en osmose. Etre en emphase. Il fallait de l'écoute. Savoir ensemble mesurer l'espace et le remplir en se laissant mutuellement respirer. Il fallait du temps. Ce temps qui pour ces trois magicien(ne)s leur indique où ils doivent commencer et où finir ensemble.
Et puis il y a le son, éternel de Joe Lovano au ténor qui, comme toujours est une sorte de caresse mélodique. Créateur de l'instant, Joe Lovano vous enveloppe dans la chaleur de ses volutes. Tournant autour d’une phrase. Laissant reposer pour mieux repartir. Emmenant le souffle où il l’entend avec une sorte de calme digne d’un maître zen, loin de toute agitation. Sa musique a des airs méditatifs qui, à certains moments font penser aux exercices solitaires d’un Anthony Braxton.
Cette musique intimiste, ses accolytes savent l’écouter et la servir là où les sentiments effleurent l’âme. Et oui, il faut effectivement beaucoup d’écoute pour illuminer les silence et s’inscrire dans l’espace et les interstices.

Cette musique créée sur le vif est à la fois mystérieuse et envoutante.

Jean-Marc Gelin

 

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6 février 2019 3 06 /02 /février /2019 09:46
JAMIE SAFT STEVE SWALLOW BOBBY PREVITE       YOU DON’T KNOW THE LIFE

JAMIE SAFT STEVE SWALLOW BOBBY PREVITE

YOU DON’T KNOW THE LIFE

Rare noise records/Distribution France DIFFER-ANT

www.rarenoiserecords.com

https://jamiesaft.bandcamp.com/track/you-dont-know-the-life

 

 

Iconoclaste et visionnaire, Jamie Saft se tourne avec ce nouvel album, vers une autre formule, explorant ainsi sur le mode électrique la vision du trio classique orgue, basse, batterie, reprenant la tradition en l’aménageant, avec des compositions originales, des improvisations collectives et des reprises de thèmes populaires américains qui lui sont chers.  Toujours sur le label Rarenoise records, après Blue Dream sorti en juin 2018 et son Solo a Genova en janvier 2018, le claviériste qui joue cette fois de l’orgue Hammond, de l’orgue Whitehall, ainsi que de la Baldwin Electric Harpsichord, s’est entouré d’une fine équipe, le bassiste Steve Swallow et le batteur Bobby Previte, superbe rythmique rompue à tous les styles. Ce n’est pas leur premier album en trio, car en 2014, ils avaient déjà créé The New Standard et en 2017, ils remirent ça avec Loneliness road, preuve d’une alchimie indiscutable entre eux.

Si Jamie Saft apporte le matériau, il laisse à ses complices une grande autonomie, dans des échanges qui prennent alors tout leur sens. Ça commence très intensément par une version plutôt déstabilisante de Bill Evans “Re: Person I know” que j’ai quelque difficulté à retrouver tant il est revisité. Le second titre est beaucoup plus enveloppant “Dark Squares”, on change encore de mood avec “Water from breath”. Ne s’agit-il pas, en fait, d’un retour vers le futur, vers “une danger zone” psychédélique, une ambiance hybride où jazz, rock et même soul se rejoignent, portés par le son indiscutable de l’orgue électrifié? Progressivement, on s’acclimate,  moins désorienté, avec les images oniriques, célestes du doux et lancinant "You don’t know the life” qui commence comme à l’église, mais sans les chants du gospel.

Jamie Saft réussit tout de même le tour de force de sortir l’orgue du contexte et de lui donner une autre vie. S'il produit beaucoup de matière avec ces timbres et alliages singuliers entre orgues et harpe électrifiée ( “The break of the flat land”), Bobby Previte est absolument impérial, faisant monter la tension, se renouvellant constamment aux baguettes, martelant les tambours ou cinglant les cymbales.

L’album est subtilement construit avec un "acme" enivrant et totalement planant qui donne son nom à l’album.  L'intérêt est d' enchaîner une succession de compositions énergiques, fluides, plus ou moins intenses et rapides, sans jamais savoir où ces trois virtuoses nous entraînent.

Il n’est pas innocent de finir par deux standards, précieux, quelque peu dépoussiérés, surtout "Moonlight in Vermont”, d’autant que Saft a choisi cette fois d’enregistrer dans un studio mythique, celui créé par l’ingénieur du son, Walter SEAR, à Manhattan, temple de la production musicale où s’attardent encore les ombres de chers disparus Bowie, Lennon, Lou Reed et l’empreinte de vivants, non moins aimés, Wayne Shorter, John Zorn… Si “Moonlight in Vermont” reprend  des couleurs, le délicieux "Alfie" du génial Burt Baccharach, est impeccablement tenu jusqu’à la note finale.

Un CD des plus séduisants, hautement recommandable qui vise haut et loin. C’est la marque des très grands.

Sophie Chambon

 

 

 

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6 février 2019 3 06 /02 /février /2019 09:42
BEX, CATHERINE, ROMANO LA BELLE VIE

BEX, CATHERINE, ROMANO

LA BELLE VIE

SUNSET RECORDS/ L’Autre Distribution

Sortie le 1er février 2019.

 

C 'est un fameux trio de musiciens, à la belle carrière, né dans les années 90, qui a pris son temps pour enregistrer en live ( on entend le public qui applaudit à la toute fin de l’album) sur le label du club parisien du Sunset/Sunside, alors qu’Emmanuel BEX, Philip CATHERINE et Aldo ROMANO ont joué ensemble dans des configurations et des groupes qu’il serait vain d’énumérer.

Une histoire du jazz européen à eux trois, en somme, réunissant un organiste français, un guitariste belge et un batteur romain. “ Orgue guitare, batterie, une tradition dans le jazz, un son hérité du gospel” précise Aldo Romano. Chacun des membres de ce triangle équilatéral a apporté son savoir faire, son talent de compositeur dans le pot commun. Ils accordent leurs imaginaires musicaux, de légèreté, souvent mélancolique, de suavité exquise. Une musique sensible sans sensiblerie, intime, étrangement intemporelle, qui finit par s’imposer agréablement.

Le titre ne doit pas prêter à confusion, “La belle vie pour Maurice” est un hommage chantant à tous les sens du terme, puisque Bex utilise le vocoder, au critique et connaisseur Maurice CULLAZ. L’organiste y réaffirme son credo : le jazz n’a pas de frontière , question de partage de valeurs et d’attitudes dans la vie. C’est la manière de jouer qui fait le jazzman plus que le répertoire.

Philip Catherine, aux envolées d’ un lyrisme affirmé, chante lui aussi tel un guitar hero de la grande époque, troublant sur tous les morceaux. Aldo Romano, discret coloriste, toujours subtil, soutient l’attelage et ses qualités de mélodiste que l’on connaissait apparaissent avec une belle évidence dans “Il Piacere”.

Elégance du jeu, des alliages de timbre, virtuosité technique que l’apparente simplicité des mélodies et le sens indéfectible du tempo feraient presqu’oublier .

Les titres se suivent, la musique garde sa cohérence. Et prend même plus de relief au fur et à mesure de l’écoute. Ça swingue terrible sur “Twice a Week” et “Tompkins Square” qui finit l’album.

Sophie CHAMBON

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31 janvier 2019 4 31 /01 /janvier /2019 07:53
Chrystelle ALOUR  TRAVERSEEo

Chrystelle ALOUR

TRAVERSEE

SOCADISC/ JAZZFAMILY

 

http://www.chrystellealour.com/

 

Dans la famille ALOUR, cette fois nous demandons Christelle (piano et Fender, auteur compositeur et chanteuse) même si Sophie, la soeur saxophoniste, ici à la flûte traversière et Julien, le frère trompettiste, interviennent en guestssur cette Traversée. Un coup d'oeil sur son site révèle un parcours plus qu'intéressant, loin du jazz a priori, jusqu'à une rupture soudaine à 35 ans avec une carrière plus "sérieuse", juridique. Courageux de changer ainsi d'orientation au cours d'une vie bien tracée.

Tropisme brésilien? 3 chansons en V.0 penchent vers ce versant "Florabaila", "O Leaozinho de Caetano" de Caetano Veloso et "Arota do individuo" de Djavan, Orlando de Moraes. Samba et jazz ont toujours fait bon ménage. Même quand elle ne chante pas en brésilien, ce mood demeure et cet exotisme est de bon aloi, réchauffant en ce début de nouvelle année. Surtout quand intervient le saxophone voluptueux de David PREZ du collectif Paris Jazz Underground. C'est que le groupe de Christelle ALOUR est composé de musiciens aguerris que l'on aime : Simon Tailleu à la basse, Sandro Zerafa à la guitare et Manu Franchi (batterie).

Venons en maintenant à ce qui me paraît toujours plus délicat, le vocal : là encore, une surprise plus qu'agréable, une voix chaude et sensuelle qui n'escalade pas les gammes et ne tente pas la virtuosité. Néanmoins, le timbre reste dans l'oreille, porté par les rythmes brésiliens, samba, bossa qui sont plus que flatteurs.

Prometteur!

Sophie Chambon

 

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31 janvier 2019 4 31 /01 /janvier /2019 07:45
TULLIA MORAND ORCHESTRA MAGIC HANDS

TULLIA MORAND ORCHESTRA

MAGIC HANDS

Clapson records/ L'autre distribution

Sortie le 1er février 2019

 

www.tulliamorand.com

 

 

Ah le plaisir d'entendre un big band emmené par une femme-orchestre, multi-instrumentiste! J'en étais restée en France, à Sylvia VERSINI sur le label avignonnais de l'AJMI.

Une véritable découverte, celle d'un univers où composition et improvisation sont intimement mêlés.

Comme on partage la passion de cette chef d'orchestre pour les big bands, elle qui a commencé avec le big band de François LAUDET en 2006, a travaillé avec Delfayo Marsalis à la Nouvelle Orleans, et François MOREL depuis 2014 dans ses spectacles musicaux. C'est dire qu'elle connaît et perpétue en un sens une tradition musicale jazz que l'on aime. On se laisse entraîner par ces histoires mises, non en mots mais en musique... Les instrumentistes nombreux, tradition oblige, interviennent et posent leur chorus, soutenus par les comparses. La liste serait trop longue :12 membres et 6 invités dont Fabien Ruiz, le prof de claquettes de THE ARTIST, qui, si vous avez vu la formidable expo à la Cité de la musique sur la Comédie musicaale, intervient en donnant son avis sur les techniques respectives des 2 plus grands danseurs au monde de "tapdance", Fred Astaire et Gene Kelly. Il intervient sur "Theme for Mr J" et se fond à merveille dans le rythme endiablé de ce morceau.

La plupart des chansons sont composées par Tullia Morand. J'utilise volontairement le mot de "chanson" volontairement car ce sont des instrumentaux que l'on pourrait fredonner sans problème. Et d'ailleurs, on entend "Plus je t'embrasse" de Ben Ryan. Un mélange de jazz classique, de pop où les compositions actuelles et les classiques de toujours font bon ménage. La preuve avec ce "Cognocoli" qui pourrait être placé dans un blindfold test, tant l'arrangement et l'orchestration sont troublants et entraînants!

 

Sophie Chambon

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29 janvier 2019 2 29 /01 /janvier /2019 18:18

Claude Tchamitchian (contrebasse)

Pernes-les-Fontaines, 13-14 juin 2018

émouvance EMV 1040 / Absilone

 

En découvrant ce disque, je pense à un autre CD en solo publié récemment, celui de Barre Phillips («End to End»), que j'ai acheté en septembre à Marseille au festival 'Les Émouvantes', dont le directeur artistique est.... Claude Tchamitchian. Pas un hasard évidemment que cette proximité qui a suggéré à Claude de programmer son aîné dans son festival pour un magnifique duo avec le danseur Julyen Hamilton. Chez les deux contrebassistes, même mélange de totale exigence et d'absolue liberté. De surcroît l'un et l'autre disques ont été enregistrés au Studio La Buissonne, merveilleux endroit où l'art et la technique se confondent. Je pense aussi au contrebassiste Jean-François Jenny-Clark, dédicataire de la première plage, et dont la contrebasse a été prêtée à Claude par la veuve de ce grand artiste, Anne Jenny-Clark. Claude Tchamitchian voulait pour ce programme, destiné à une série de concerts, et un disque en solo, changer d'accordage (la scordatura, selon un terme érudit que j'ai appris en lisant dans le livret l'entretien du contrebassiste avec Anne Montaron). Ce choix pour échapper aux réflexes instrumentaux et aux contraintes du tempérament. S'ensuivit un long travail pour apprivoiser l'instrument, les modes de jeu induits, et stabiliser la basse et ses cordes, puis des concerts.... et un disque.

Le résultat est magnifique, audacieux et inspiré. Ce sont trois suites assez différentes, avec entre la deuxième et la quatrième une pièce plus courte en forme d'interlude. Le premier solo, qui donne son titre à l'album, est dédié à celui que nous étions nombreux à désigner sous le diminutif affectueux (et admiratif) de J.F. ; c'est une sorte d'ode à l'intériorité, à la concentration et à la musique, une ode portée par l'émotion que l'on sent inséparable de l'idée même de geste artistique. En pizzicato, avec des accents rythmiques très vifs, le développement fait clairement référence à son dédicataire. Puis un archet percussif et pourvoyeur d'harmoniques ouvre d'autres voies, trace d'autre chemins dans la mémoire de l'instrument. Retour au pizzicato pour un développement méditatif et lyrique, qui taquine les gammes par ton et fait chanter la basse sur le mode rythmique avant une descente chromatique apaisée vers la coda. Je suis sûr que J.F. aurait aimé ce solo !

Vient ensuite In Memory, une pièce inspirée par les origines arméniennes de Claude Tchamitchian. Ici un double archet permet tout un jeu d'harmoniques et de résonances, et un lyrisme qui oscille entre danse et lamento : profondeur et beauté. Puis c'est In Childhood, intermède ludique qui fait écho au précédent disque en solo du bassiste, «Another Childhood» (le tout premier, en 1992, s'intitulait «Jeux d'enfant»). Claude Tchamitchian joue avec le son, la résonance, et s'en délecte : pas de musique sans la maîtrise (et l'amour) de la sonorité. Un jeu complexe dans lequel de la ligne obstinée sorte des notes finement accentuées : ce n'est plus un jeu d'enfant mais un plaisir de musicien accompli.

Pour conclure le disque, le contrebassiste revient vers une pièce un peu plus longue, In Life, comme un parcours secret dans ce qui constitue sa vie de musicien : lyrisme incandescent, emballements rythmiques, liberté qui s'offre le luxe d'une apparente perte de contrôle : musique très vivante, comme l'est le disque dans son entier.

Xavier Prévost

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Claude Tchamitchian donnera un concert en solo pour la sortie du disque le vendredi 1er février à quelques centaines de mètres de Paris au Triton, près de la Mairie des Lilas

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Pour le plaisir et la curiosité, le solo tel qu'il fut donné dans l'émission 'À l'improviste' d'Anne Montaron, sur France Musique, quelques mois avant l'enregistrement du disque

https://www.francemusique.fr/emissions/a-l-improviste/le-contrebassiste-claude-tchamitchian-enregistre-en-solo-a-radio-france-60158

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29 janvier 2019 2 29 /01 /janvier /2019 06:33

ALEXIS AVAKIAN : « Miasin »
Absilone 2019
Alexis Avakian (ts, fl..), Luc Allainmat (p), Artyom Minasyan (doudouk), Miqayel Voqnayan (vc), Mauro Gargano (cb), Fabrice Moreau (dms)

On le sait bien, depuis le début le jazz a toujours été affaire de syncrétisme et de métissage.

Le saxophoniste Alexis Avakian pour son 3ème album ne cesse de naviguer entre deux de ses racines profondément ancrées dans sa personnalité musicale : le jazz d'une part et sa culture arménienne d'autre part.

Pourquoi choisir ?

Alexis Avakian s'y refuse préférant jeter des ponts entre les deux, mélanger les sons, les instruments et les fusionner. Il y a certes de l'affirmation culturelle et identitaire dans cet album. Mais le résultat c'est surtout une musique qui porte en elle quelque chose de plus. Comme une grande leçon de fraternité que la musique parvient à créer ici-bas dans son immédiateté (c'est maintenant) et son intemporalité ( c’et toujours).
A partir de là, Alexis Avakian outre ses talents de tenor coltranien, sa puissance mais aussi sa très grande sensibilité mélodique, se révèle un compositeur délicat. Il écrit l’âme.
Et c’est certainement parce que sa musique s’écoute comme de doux poèmes que ses camarades de jeu sont à l’unisson des sentiments exprimés.
Miasin veut dire ensemble.
C’est bien de cela dont il s’agit, d’une musique qui réunit. Ceux qui la font et ceux qui la vivent.
Jean-Marc Gelin

Alexis Avakian sera au Studio de l’Ermitage à Paris le 30 janvier 2019
Le 1er février au Crescent à Mâcon
le 19 mars au Sunset à Paris

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