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12 avril 2018 4 12 /04 /avril /2018 15:36

Josiah Woodson (trompette, bugle, flûte), Ricardo Izquierdo (saxophone ténor, clarinette), Mario Canonge (piano), Arnaud Dolmen (batterie), Michel Zenino (contrebasse)

Villejuif, 7-8 mars 2017

Aztec Music CM 2520 / Pias

 

Dix bonnes années qu'ils jouaient en duo, avec un enregistrement (DVD & CD) en 2011 au festival de Porquerolles, et plus de trois ans qu'ils se produisaient avec ce quintette au Baiser Salé. Deux musiciens aux parcours en partie divergents : Mario Canonge est à la fois un Maître de tous les claviers dans la fusion et les musiques latines ou caribéennes (depuis Ultramarine au début des années 80, jusqu'à Sakésho 20 ans plus tard, en passant par Kassav et Malavoi), mais aussi un formidable pianiste de Jazz (qui a donné la réplique à Alain Jean-Marie, Dee Dee Bridgewater, Jacques Schwarz-Bart, Roy Hargrove ou Chico Freeman....). Ceux qui l'ont entendu jouer Monk connaissent l'étendue de ce talent-ci. Michel Zenino peut paraître un jazzman de plus stricte obédience (à Marseille le conservatoire, et les groupes de là-bas, mais aussi la guitare Basse et le Berklee College de Boston....), avec des collaborations par dizaines auprès de ceux qui comptent dans cette musique, et aussi quelques très bons disques en leader. . .. Bref ces deux-là ont un territoire commun en jazz, qu'ils partagent chaque mercredi en duo à Paris, au Baiser Salé, et assez régulièrement avec ce quintette qui fleure bon le jazz estampillé Blue Note des années 60, mais pas seulement. Le hard bop est très présent sur quelques plages, mais dans une version enrichie de densité harmonique, et de sophistication de la forme. Les deux leaders se partagent le répertoire, mais c'est le contrebassiste qui va concevoir un calypso, et le pianiste un blues un peu hétérodoxe. La musique est très nerveuse, même si une belle ballade offre un moment de suave mélancolie. Les deux 'souffleurs' sont parfaitement en phase avec l'esprit de la musique, et l'on sent que le groupe tire sa cohésion d'une déjà longue pratique sur scène. L'album se conclut par un très bel hommage au regretté Jean-François Jenny-Clark avec une sorte de lamento sobrement intitulé J.F. (composition de Michel Zenino). Émouvante conclusion pour un disque vraiment réussi.

Xavier Prévost

 

Le groupe est en concert au Triton (Les Lilas, Seine-Saint-Denis) le 13 avril, et le duo le 15 avril à Gif-sur-Yvette (Le Canapé), ainsi que tous les mercredis jusqu'à la fin de juin à Paris au Baiser Salé

 

Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=6z2wZAO5wPs

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11 avril 2018 3 11 /04 /avril /2018 23:34

Alban Darche (saxophones alto, soprano & baryton), Chloé Cailleton (voix), Nathalie Darche (piano), Didier Ithursarry (accordéon), Stéphane Payen (saxophone alto), Olivier Laisney (trompette), Christophe Lavergne (batterie), Sébastien Boisseau (contrebasse)

Languidic, avril 2017

Yolk Records J 2074 / l'autre distribution

 

Encore une belle surprise à nous réservée par Alban Darche. Fidèle à son goût de saute-frontières, le saxophoniste-compositeur-arrangeur-chef d'orchestre mêle les compositions, les styles et les langages avec une pertinence virtuose, tout en donnant à cette matière polymorphe une unité qui est assurément une signature. Ici se croisent la java, le musette, le tango et le ragtime, revus et (sévèrement mais talentueusement) corrigés, Gabriel Fauré et Verlaine, les rythmes ensauvagés du Stravinski d'avant guerre (celle que j'préfère mon colon : celle de 14-18), les ballades énamourées du songbook états-unien (I'm A Fool To Want You, I'll Be Seeing You), et La Paloma.... en allemand ! Entouré de très bons musiciens, choisis pour leur singularité autant que pour leur plasticité musicale, et leur faculté d'adhésion à un univers, Alban Darche s'en donne à cœur joie, tissant des couleurs orchestrales mélancoliques, créant des phrases assez vertigineuses sur des intervalles distendus, élaborant des rythmes inconfortables pour les sublimer dans une pure musicalité. Bref il imprime sa marque sur chaque pièce, sans pour autant priver ses interprètes de leur latitude créatrice. Et la voix délicieusement fragile de Chloé Cailleton plane sur bien des plages, contribuant pour une part non négligeable à la singularité du projet. C'est un régal destiné à ceux dont les oreilles n'ont pas d'œillères....

Xavier Prévost

 

L'orchestre est en tournée : le 12 avril à Paris (Espace Selmer), le 13 à Messei (Orne), le 15 à Saint Nazaire (Loire-Atlantique), puis le 6 mai à Coutances (Manche, festival Jazz sous les pommiers) et le 8 mai à Argentan (Orne)

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11 avril 2018 3 11 /04 /avril /2018 16:53

Jacky Molard (violon, guitare), Yannick Jory (saxophones alto & soprano), Hélène Labarrière (contrebasse), Janick Martin (accordéon diatonique)

invités : François Corneloup (saxophone baryton), Albert Marcoeur (voix, percussions), Christophe Marguet (batterie), Serge Teyssot-Gay (guitare électrique), Jean-Michel Veillon (flûte traversière en bois)

Langonnet, janvier 2017

Innacor Records INNA 11720 / l'autre distribution

 

Une sorte de manifeste de la part de Jacky Molard, violoniste-compositeur-improvisateur, et activiste des musiques populaires de Bretagne qu'il fait rayonner depuis des lustres en les confrontant à tous les univers musicaux. En évoquant (invoquant?) le système de réseau racinaire qui donne vie aux champignons, il nous propose peut-être une métaphore de cette vie musicale qui se défie des cloisons et autres frontières pour rassembler des musiciens d'horizons divers autour d'une même musique (ce qu'il fait, avec constance et talent, depuis pas mal de temps). Ici des musiciens venus du jazz, du rock transgressif ou de l'improvisation radicale, apportent leurs compositions, leurs interprétations et improvisations, à l'élaboration d'un objet commun, sublimé par le partage. Danses de Bretagne, grondement du jazz libre et lyrique, hardis contrepoints, rock décalé d'influence répétitive ou poésie à tiroirs multiples, tout concourt à une ferveur insolite en forme de beauté. Une expérience authentique, dans laquelle il faut s'immerger.

Xavier Prévost

 

Le groupe est en concert, avec ses invités, le 12 avril à Quimper (Théâtre de Cornouaille), et le 17 avril à Paris (Café de la Danse)

 

Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=K6AWO_oIeug&feature=youtu.be


 

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9 avril 2018 1 09 /04 /avril /2018 22:45

Quentin Ghomari (trompette), Raphaël Quenehen (saxophones alto & ténor), Sébastien Palis (orgue, piano électrique), Thibault Cellier (contrebasse), Jérémie Piazza (batterie)

Roy Nathanson (saxophones alto & baryton, voix), Marc Ribot (guitares)

Invitée sur un titre : Linda Olah (voix)

Brooklyn, 13 janvier 2017

Enja yellow bird YEB 7753 / l'autre distribution

 

Le retour du quintette rouennais, avec à nouveau la complicité décapante de Roy Nathanson, augmentée cette fois de la présence de Marc Ribot. Fidèles à leurs pulsions constitutives (énergie, liberté, groove et audace) les membres du groupe (qui appartiennent au collectif 'Les Vibrants Défricheurs', lequel associe musique et arts plastiques) se retrouvent dans un langage qui mêle la ferveur de la Soul Music, les éclats du rock, et l'essor improvisé du jazz. Autant dire que, de plage en plage, l'atmosphère est chaude, riche d'expressivité et de tensions musicales. En conclusion du CD Roy Nathanson dit ses mots en forme de requiem litanique sur une longue plainte instrumentale (Whenever Lento). Juste avant cela (King Of The World), sur une rythmique et des riffs qui rappellent ce que le rock a retenu de la quintessence du rhythm'n'blues, Marc Ribot part dans une improvisation torride. Plus tôt un thème mélancolique de Raphaël Quenehen (Les Colchiques) nous a fait suivre un chemin harmonique familier, propice à des improvisations volubiles. Et l'on pourrait ainsi, à rebours, évoquer chaque plage, parler d'une autre séquence où les spoken words de Roy Nathanson ouvrent un espace où le saxophone va s'engouffrer avec un lyrisme très libérateur. Sans oublier la mélodie populaire bolivienne sur laquelle Linda Olah a déposé des mots de sa langue natale et suédoise ; ni une composition du pianiste qui rappelle un temps (béni ? peut-être....) où le rock mâtiné de soul (Chicago Transit Authority....) accueillait des envolées du jazz le plus libre. Sans oublier le thème un peu mingusien (sa texture musicale, sa ferveur....) qui ouvre le disque. Bref c'est un voyage qui secoue, chahute et transporte : un beau voyage !

Xavier Prévost

 

Le groupe jouera le 11 avril 2018 à Clichy-sous-Bois, Espace 93 Victor Hugo (festival Banlieues Bleues) avec Roy Nathanson et Napoleon Maddox, puis le 14 à Strasbourg, Fossé des Treize (saison Jazzdor), et le 17 à Rouen (Le 106)

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9 avril 2018 1 09 /04 /avril /2018 21:57

Stéphane Koechlin. 320 pages. Le Castor Astral. 20 euros.
Jean-Louis Lemarchand

 

Elle avait hérité du sobriquet de « l’impératrice du blues » trouvaille d’un attaché de presse au sens aigu du markéting. Elle le méritait bien à l’époque et encore (plus) aujourd’hui, Bessie Smith (1894-1937). « Une voix pleine de hurlements, de gémissements, de prières et de souffrances, sauvage, âpre, stridente, volcanique », décrivait l’un de ses admirateurs, l’écrivain Carl Van Vechten.
Chroniqueur musical spécialisé, auteur de « Le blues, les musiciens du diable « (Ed Le Castor Astral), Stéphane Koechlin retrace la vie trépidante de Bessie Smith, de la pauvreté du Tennessee à la gloire de Harlem (surnommée alors « la vallée heureuse »). Sa voix d’une puissance rare lui permit de conquérir les spectateurs à une époque où la sonorisation n’avait pas encore droit de cité. Mise au service de textes forts évoquant les drames de la vie quotidienne, la condition des noirs, elle lui ouvrit le chemin du succès dans les bacs des disquaires : enregistré en 1923 aux studios Columbia de New York, Down Hearted Blues, composition d’Alberta Hunter, s’écoulera à 800.000 exemplaires en six mois. Quelque 160 titres seront gravés dans les quinze années suivantes au premier desquels les classiques Saint Louis Blues et Careless Love et deux chansons spécialement poignantes, Back Water Blues (consacré aux inondations géantes de 1927) et Empty Bed Blues. Au-delà du parcours de l’artiste, Stéphane Koechlin traite largement de la personnalité de Bessie Smith, une femme de caractère (aimant les alcools forts et l’amour, masculin et féminin, n’hésitant à faire le coup de poing). « Elle avait toujours envie de se bagarrer avec moi et avec la musique aussi », témoigna Sidney Bechet, amant passager. Fortement documenté, l’ouvrage de Stéphane Koechlin présente également l’avantage de replacer la vie de la chanteuse dans son contexte historique, une époque marquée par la Prohibition, la pègre, et la ségrégation. Enfin, et ce n’est pas le moindre sujet d’intérêt, Koechlin démolit la légende bâtie autour de la mort de Bessie Smith. Les premiers récits indiquaient que la chanteuse, victime d’un accident de la route dans le Mississippi le 26 septembre 1937, avait été refusée à l’hôpital en raison de sa couleur de peau. La légende de l’artiste noire assassinée par le Sud raciste a longtemps persisté, véhiculée notamment par Mezz Mezzrow dans La rage de vivre. La vérité plus prosaïque, et pas plus réjouissante, est tout autre : le temps perdu à transporter en pleine nuit Bessie Smith  dans un hôpital lui aura été fatal. L’amputation d’un bras par un chirurgien n’aura pas permis de sauver l’ »impératrice du blues «  qui rend son dernier souffle à 22 h30 dans une petite chambre de Clarksdale.
Jean-Louis Lemarchand

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9 avril 2018 1 09 /04 /avril /2018 18:28

Lionel Suarez (accordéon), Airelle Besson (trompette), Vincent Segal (violoncelle), Minino Gray (percussions, voix)

Villetaneuse, septembre 2017

Bretelles Prod BP 06190101 / l'autre distribution

 

L'aventure commence en 2009, avec une commande du festival 'Jazz sur son 31', à Toulouse et son entour. Parce que la Ville Rose était supposément le territoire d'origine de Carlos Gardel, père présumé du tango, Lionel Suarez décide de construire son projet autour de cette figure singulière, tissée de légendes et de faits réels. Le choix des partenaires n'est pas anodin : la trompettiste, le violoncelliste et le percussionniste-chanteur aiment la mélodie, et s'emploient aussi constamment à la magnifier, parfois en transgressant ses limites et ses codes. Des thèmes de Carlos Gardel donc, mais aussi des compositions de Lionel Suarez, Airelle Besson, Vincent Segal et Gerardo Di Giusto (et aussi des mots de Minino Garay). Avec en primeur un air d'Emmanuel Chabrier (Feuillet d'album) d'une exquise mélancolie. D'ailleurs c'est bien là le maître-mot, qui rassemble tout à la fois les plaines de l'Argentine et la saveurs de ses villes, le goût profond des interprètes et compositeurs de ce disque pour une expression teintée de nostalgie, et le goût de Gardel pour ce clair-obscur où le timbres et les inflexions mélodiques tendent toujours vers un horizon qui nous échappe. Un disque inclassable évidemment (et c'est tant mieux), que ses interprètes et son atmosphère rattachent au jazz, même si ce n'est pas strictement l'idiome d'une telle musique. Inclassable mais très attachant.

Xavier Prévost

 

Le groupe est en concert le 10 avril au Prisme à Élancourt (Yvelines), le 11 à Toulouse (Salle Nougaro), le 13 à Caen (Théâtre-La Nuit du Jazz) et le 14 à Paris, au New Morning

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8 avril 2018 7 08 /04 /avril /2018 16:18

Oboman, alias Jean-Luc Fillon (hautbois, hautbois d'amour, cor anglais), Didier Ithursarry (accordéon)

Meudon, juillet 2017

Jazz Family JF 039 / Socadisc

 

Récidive discographique du duo, après «Oboréades» (52ème Rue est, en 2012). Des compositions originales, qui évoquent très librement, mais amoureusement, la capitale (avec citation explicite, dans les notes du CD, du Spleen de Paris de Baudelaire ''…. Je t'aime, ô capitale infâme ! ''). Des thèmes signés par Oboman, sauf un de la plume de l'accordéoniste (Moulin Rouge), et aussi une composition de Jo Privat (Rêve Bohémien) que le duo se plaisait depuis quelques années à jouer en rappel des concerts qui suivirent le disque précédent. Sources d'inspirations liées aux lieux emblématiques (République, Pont des Arts, Père Lachaise....), mais sans servilité programmatique : rien qu'une captation d'atmosphère. Casa Pepe évoque un restaurant de la rue Mouffetard qui avait le préférence de Paco de Lucia quand il venait à Paris. C'est l'occasion d'un flamboiement ibérique. Et les lieux se succèdent, parcourus avec un brin de nostalgie : le tout avec une vivacité éloquente, une virtuosité virevoltante, une expressivité et des nuances confondantes. Bref de la belle musique, très vivante (et en plage12, non identifiée, une surprise ! ).

Xavier Prévost

 

Le duo est en concert à Paris le 10 avril au Studio de l'Ermitage

Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?2&v=jt-RGtdCNKI

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4 avril 2018 3 04 /04 /avril /2018 09:03
ANA KAP   LA GAZETTE DE LIBOR

 

ANA KAP

La gazette de Libor

Petit label www.petitlabel.com

 

Ana Kap, c'est le nom de ce trio étonnant, créé voici neuf ans, qui sort sur le  Petit L abel caennais, un deuxième album pour 2018, joliment intitulé La Gazette de Libor. http://www.petitlabel.com/pl/disque.php?ref=Pl kraft 056.

Instrumentation qui nous entraîne loin, jouant de divers rythmes et de l'alliage réussi des timbres (accordéon, cornet long, violon), sans oublier les interventions bienvenues, bidouillages un rien loufoques, voix de platine vinyle et effets de Juno 60. Une fois calé, on se laisserait bien aller à suivre la musique imaginée par le talentueux trio composé de Pierre Millet (compositions, cornet long), de Jean Michel Trotoux (accordéon), de Manuel Decocq (violon) ("Prude") : bal musette avec ce "Papa Tango" où dominent les flonflons de la fête foraine, sur un manège emporté par l'accordéon valseur ("La gazette de Libor ).

On pénètre dans l'univers étrange et étranger des compositions du corniste, dans une musique généreuse qui se donne dès le premier thème, orchestral. Audacieux de brûler tous ses vaisseaux, de tirer toutes ses cartouches dès l'ouverture, puisqu'au trio se joint un quatuor à cordes sur ce seul titre "Chien de paille" qui compte aussi sur les claviers de Djizan Emin, qui intervient, par contre sur quatre autres titres. Etonnant voyage très cinématographique-et c'est un compliment, illustration d'une balade virtuelle projetée dans la tête. Ces sonorités travaillées installent un climat surréel parfois, cadence suggestive plutôt que rythmique forcenée, comme un "Teketodo" lancinant, un "Seize torses" qui s'imprime dans la mémoire, un "Mambo" qui fait du bien.

On arrive à la fin de l'album, tourneboulé par ces pièces si différentes, ces changements de rythme incessants. Rien n'est laissé au hasard et le final, loin d'exploser, chante la plainte d'un violon mélancolique. Qu'importe les bricolages, l'album conserve en dépit de tout, son unité, avec une dimension originale et poétique. Epatant!

 

Sophie Chambon

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4 avril 2018 3 04 /04 /avril /2018 08:38
LA RAISON DU MOINS FORT  MÖBIUS RING TRIO

LA RAISON DU MOINS FORT

Petit label 057 Sortie mars 2018

Label associatif caennais distribué par Les Allumés du Jazz, Improjazz et Métamkine.

http://petitlabel.com/

http://www.petitlabel.com/pl/disque.php?ref=Pl%20kraft%20057

 

Une première remarque, annexe qui n'est cependant pas accessoire. Quand je reçois les albums du Petit Label, j'ai toujours un immense plaisir à sortir les cds de leur enveloppe cartonnée, ce sont des beaux objets qui forment une collection comparable à celle d'un autre label indépendant, l'AJMI avignonnais. Un soin particulier est porté à la fabrication, à l'emballage . La pochette par exemple a été imprimée à l'atelier coopératif de sérigraphie L'encrag, à Caen. Un travail artisanal précieux, rare et fait avec amour. Qualité et esthétique, tout ce que l'on apprécie!

Voilà donc le premier album du saxophoniste alto Pascal MABIT, leader et auteur de toutes les compositions de cet épatant MÖBIUS RING TRIO. " Il s'agit du premier vrai disque de mon premier vrai projet et marque donc la naissance de quelque chose, qui, je l'espère, sera fort et durable." C'est tout le mal que l'on souhaite à ce musicien et à son trio composé d' Emmanuel FORSTER à la contrebasse et Kevin LUCETTI à la batterie. Etant donné une rencontre qui marqua le début d'une aventure intéressante, celle de trois camarades du CNSM, venus de différents coins de l'hexagone (Normandie, Toulouse, Chambéry), qui se sont retrouvés autour de l'improvisation, voilà un trio à l'assise solide. Avec un saxophoniste alto, fluide, élégant, au son vigoureux qui a su réconcilier les diverses tendances de la musique jazz, puisqu'il vient du bop, s'intéresse au free et aime le funk, a travaillé avec la fanfare XP du flûtiste Magic Malik. Aime autant écouter Steve Coleman qu'Alban Darche. Plaisir et connivences partagés dans une musique qui vient du jazz, en part sans jamais le quitter, fidèle à cette notion d'imprévus, passant au tamis de l'improvisation les sensations éprouvées dans l'instant. Le résultat ? Une musique qui évolue de climats labyrinthiques et méditatifs " Dabran" en ambiances plus percussives et engagées "La raison du moins fort". A suivre résolument, un jazz chambriste aussi séduisant !

 

Sophie Chambon

 

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3 avril 2018 2 03 /04 /avril /2018 19:07

Gildas Boclé (contrebasse), Nelson Veras & Jérôme Barde (guitares), Marcello Pellitteri(batterie)

Vannes, date non précisée

Absilone / Socadisc

 

L'intitulé exacte est en fait : Gildas Boclé plays Cole Porter & Tom Jobim « So in Love ». Autant dire que la revendication est explicite : jouer les standards de ces deux grands compositeurs, frères en mélancolie chantante, et en développements mélodico-harmoniques d'une grande richesse. Pour ce faire, le contrebassiste breton est allé chercher deux de ses anciens condisciples du Berklee College de Boston : le guitariste Jérôme Barde, et le batteur Marcello Pellitteri. Et en renfort un autre forcené mélodiste, d'une génération postérieure, le guitariste Nelson Veras. Cela tombe à pic, car ce jeune brésilien devenu parisien est en osmose idiomatique avec le langage de Tom Jobim, ce qui ne l'empêche nullement de jouer Cole Porter. Et Jérôme Barde, qui a comme Gildas Boclé longtemps séjourné et travaillé aux USA, est aussi à l'aise dans le répertoire du Maître de Broadway que dans celui du Chantre de la beauté Carioca, adopté et adoubé par New York. Les plages alternent quartettes, duos et trios. Tantôt l'on est dans une pure session de jazz (le quartette sur Chega de Saudade, en ouverture du CD, parmi d'autres), et tantôt en quête du graal mélodique, notamment quand le contrebassiste, à l'archet, expose So In Love, I Love Paris, Night And Day, ou encore l'arrangement de Tom Jobim sur I Concentrate On You. Une quête mélodique qui ne révoque évidemment pas le jazz car les guitariste sont choisis précisément pour ce talent de faire chanter les improvisations de leurs instruments. On retiendra au fil des plages que Nelson Veras possède, au degré le plus élevé, la faculté de sortir harmoniquement des clous sans briser le moule, tandis que Jérôme Barde, même sur le fil, semble toujours garder un pied dans la maison-mère, celle qui abrite la mémoire des standards. La délicatesse de How Insensitive, duo de Gildas et Nelson, et le pur plaisir du quartette, sur Night And Day, auront sans doute ma préférence, mais je dois avouer que j'ai passé, à l'écoute de ce disque tout en nuances, un très bon moment.

Xavier Prévost

 

Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?2&v=dyCYXtGUt3E

Le groupe est en concert à Paris, au Sunset, le 6 avril 2018

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