Enzo Carniel (piano, piano préparé), Marc Antoine Perrio (guitare), Simon Tailleu (contrebasse), Ariel Tessier (batterie)
Meudon, 24-25 août 2016
Jazz & People JPCD 817003 / Pias
Le groupe est né d'une convergence esthétique entre le pianiste Enzo Carniel et le guitariste Marc Antoine Perrio. L'un et l'autre signent la totalité du répertoire (9 compositions pour le pianiste, 2 pour le guitariste), si l'on excepte un thème signé par une musicien ami, le saxophoniste Julien Pontvianne. L'inspiration initiale est venue d'une maison provençale recélant quelques mystères, sonores ou fantomatiques. La musique procède d'un désir manifeste de dresser un décor, que l'on découvre avec l'ouïe, l'imaginaire se chargeant de dessiner les contours. D'entrée de jeu, on est immergé dans un espace, large, ouvert, où les sons et les notes se répondent dans un univers que l'on croirait indécis, mais qui progressivement nous oriente, et même nous entraîne. Pas d'ostentation, pas d'injonction univoque, rien qu'un chemin qui se dessine, et que l'on suivra en le peuplant d'images. Puis sur des figures obstinées, qui rappellent davantage les quêtes rituelles de Bartók et Stravinski que les répétitifs américains, le pianiste introduit la cursivité syncopée du jazz. Au fil des plages surprises sonores, audaces et saillies prospectives n'empêchent nullement, ici ou là, l'épanchement d'un lyrisme (post ?) romantique. A bien des reprises s'installe un soubassement très entêtant sur lequel l'un de solistes va s'évader, suivant son propre rêve, sans toutefois abolir le décor. Cette apparente dérive est finement élaborée, ciselée, mais pour en jouir pleinement, il faut feindre de n'en pas remarquer le scénario, et se laisser porter, comme en un rêve.
Xavier Prévost
Le groupe jouera le 3 novembre à Paris, à la Petite Halle