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12 octobre 2017 4 12 /10 /octobre /2017 10:09

Daniel Humair (batterie, percussions),

Vincent Lê Quang (saxophones ténor & soprano),

Stéphane Kerecki (contrebasse)

Malakoff, 15 & 16 octobre 2016

livre CD Incises 001/ Outhere

 

Treize évocations musicales de treize peintres (Alan Davie, Jackson Pollock, Yves Klein, Larry Rivers, Pierre Alechinsky, Cy Twombly, Bram Van Velde, Jean-Pierre Pincemin, Paul Rebeyrolle, Jim Dine, Vladimir Veličkovič, Bernard Rancillac, Sam Szafran). Et des compositions (anciennes ou récentes) des trois protagonistes, à quoi s'ajoutent des thèmes de Jane Ira Bloom (Jackson Pollock) et Tony Malaby (Alechinsky). La musique est un hymne à l'art moderne, à l'Art Musical Moderne qui, comme les arts plastiques (et les autres disciplines) s'efforce de regarder au-delà d'un horizon qui serait « Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui ». Daniel Humair, et ses jeunes acolytes qu'il contribua à former au Conservatoire national supérieur de musique, se lancent à corps perdu dans des formes hardies, des expressions périlleuses. Et le résultat est à la hauteur de nos espérances, lesquelles étaient fondées sur ce que nous connaissons de ces trois musiciens d'exception. « Nous avons choisi plusieurs peintres du XXe siècle, explique Daniel Humair. Soit nous avions telle ou telle composition dans notre besace qui correspondait à l’univers pictural d’un artiste, soit nous avons composé en regard de l’œuvre du peintre. L’esprit plus que la lettre. Modern Art, ce sont des voisinages, des cousinages, des associations libres. Je suis musicien et peintre, mais je ne cherche pas à établir de lien direct entre les deux expressions : le lien, si il y a, ce sont les couleurs, mais pas au premier degré. ''Le rouge, c’est Sonny Rollins, le bleu, c’est Bill Evans'', ce serait trop facile ! ». Le livre qui inclut ce CD offre des reproductions des peintres évoqués, et comme le souligne Daniel Humair « c'est une invitation à la découverte ». Alors découvrons avec eux : c'est un enchantement pour l'oreille autant que pour l'œil, lesquels sont toujours en prise directe.... avec notre esprit.

Xavier Prévost

En concert le13 octobre, à Paris, au cinéma le Balzac, avec la projection du film " En résonance" de Thierry le Nouvel

http://www.cinemabalzac.com/public/musique/festivaljazz.php

Et aussi le 20 octobre à l'Opéra de Lyon, et le 17 novembre au Comptoir de Fontenay-sous-Bois

Sur Youtube, un concert au Triton en décembre 2015

https://www.youtube.com/watch?v=BSiOt5kp7PQ

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11 octobre 2017 3 11 /10 /octobre /2017 17:07
LATTICE  DAVID REMPIS
LATTICE  DAVID REMPIS

LATTICE

DAVE REMPIS- alto, tenor, baritone saxophone 

 

www.daverempis.com

www.aerophonicrecords.com

 

 

Dave Rempis est un musicien sérieux, extrêmement engagé dans son parcours de musicien de jazz  free et de musiques improvisées, un saxophoniste chicagoan qui use de tous les registres de ses saxophones avec une grande virtuosité. S'il maîtrise la respiration circulaire, il peut jouer fort en faisant du "yowl and skronk"(hurlement et discordance). Sur un autre versant, sa musique résonne d'une grande délicatesse dans la recherche du son, le travail des timbres et du souffle.         

Il avoue dans les notes de son dernier album, qui sort le 10 octobre sur son label Aerophonic records qu’il a attendu longtemps avant de se risquer à l’art difficile du solo, suivant pour se donner du courage l’exemple de tous les grands de l’instrument qui l’ont inspiré : Coleman Hawkins, Eric Dolphy, Anthony Braxton, Steve Lacy, JoeMcPhee, Ab Baars et Mats Gustavsson… Avec une expérience de plus de vingt ans dans le « métier », ayant vécu les contextes les plus divers, il s’est lancé dans ce voyage personnel, odyssée à la recherche de lui-même. C’est au cours d’une longue tournée dont il nous donne les lieux-il a joué dans 27 villes différentes de Minneapolis à Chicago, 31 concerts en solo, entre février et juin 2017. De quoi se roder, d’autant que dans chaque ville, sa venue permettait de créer des contacts, de renforcer les liens avec les musiciens locaux, d’où le nom de cet album Lattice qui signifie "treillis" comme le montre le graphisme, mais aussi "réseau", « maillage ».

La musique entendue sur ce CD est bien le résultat d’un « work in progress », enregistré au fur et à mesure des performances. Une démarche intégrale, authentique, qui peut défriser assurément ceux qui ne connaissent pas la radicalité d’un certain courant qui persiste et se pérennise contre vents et marées aux USA.

Deux compositions, la première de Billy Strayhorn (oui, l’alter ego de Duke Ellington) « A flower is a lovesome thing » et le « Serene » de Dolphy encadrent les pièces originales du saxophoniste, qui s’ajointent parfaitement dans ce programme musical intense que l’on peut écouter d’une traite, sans vraie transition entre les pièces. A vrai dire, les titres et leur origine ont moins d’importance pour une fois et il ne faut pas s’attacher à retrouver la mélodie d’origine. Un fredon peut être point de départ d’une déconstruction des plus imaginatives, le saxophoniste explosant les thèmes avec une élégante régularité et un certain sens de l’ordre. De quoi recréer une autre structure. Très singulière. Ce qui est bien le sens du jazz...advenir dans l'instant...  

Une musique vraiment dissidente aujourd’hui car elle trouve sa raison d’être dans un parti pris d’exigence rare. Il faut écouter ceux qui veillent avec une assurance tranquille à ne pas se laisser détourner, ne cédant jamais à la facilité. Dave Rempis est l’un de ces résistants comme Daunik Lazro en France qui fait circuler d’un bout à l’autre de l’album un souffle épique, unique.

Laissez-passer !

Sophie Chambon 

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11 octobre 2017 3 11 /10 /octobre /2017 15:58

Deux disques de la pianiste sortent simultanément, sous le label  Sans bruit : deux œuvres singulières, et singulièrement abouties

SOPHIA DOMANCICH « SO »

Sophia Domancich (piano solo)

Pernes-les-Fontaines, 14-15 avril 2016

Sans Bruit sbr022/ https://sansbruit.bandcamp.com 

J'ai éprouvé, en écoutant ce disque pour la première fois, la même sensation oxymorique d'étrangeté et de familiarité qu'avait suscité chez moi, au début des années 70, la découverte du disque «Open to Love» de Paul Bley. J'avais alors déjà écouté plusieurs des disques en trio du pianiste canadien, et pourtant je voyais surgir un monde neuf, comme inexploré. J'écoute Sophia depuis les années 80, dans diverses configurations, et je suis toujours happé par la prégnance de son univers, qui m'est au fil du temps devenu assez familier. Et cependant, à l'écoute de ce SOlo de SOphia, j'éprouve une sensation troublante d'inédit dans un décor qui, pourtant, ne m'est pas inconnu. C'est immédiat, dès la première plage, avec Pool of Tears, et son cortège d'intervalles distendus, de silences chargés de musique en puissance. Et cela se retrouve au fil des plages : Django, de John Lewis, qui m'est de longtemps dans l'oreille, prend ici des couleurs nouvelles, un étrange moiré qui en accentue le mystère. Certaines compostions figuraient déjà sur des disques récents («Alice's Evidence») ou anciens («Rêve de Singe», «D.A.G.»), et Pool of Tears me rappelle l'atmosphère ...d'Alice , sur son premier disque en solo, «Rêves familiers», millésime 1999. Mais ce qui s'impose d'évidence, quel que soit le thème joué, c'est une sensation qui mêle la perception physique et l'intellection : une telle musique exprime, ou plutôt incarne, cette notion qui frise souvent l'indicible, et l'on désigne du nom de beauté.

Xavier Prévost

 

SOPHIA DOMANCICH PENTACLE « En hiver comme au printemps »

Sophia Domancich (piano, compositions), Jean-Luc Cappozzo (trompette, bugle), Michel Marre (euphonium), Sébastien Boisseau (contrebasse), Simon Goubert (batterie)

Tulle, théâtre des Sept Collines, 19 novembre 2015

Sans Bruit sbr023/ https://sansbruit.bandcamp.com

 

Le retour du groupe Pentacle, après un premier CD enregistré en 2002 (« Pentacle », Sketch SKE 333032), et le suivant (« Triana Moods », Cristal CRCD 0703), publié en 2007 et capté deux ans plus tôt au studio de La Buissonne, comme le précédent. Le groupe a poursuivi son chemin. Pour ce concert de 2015 à Tulle, Claude Tchamitchian a cédé la contrebasse à Sébastien Boisseau. L'esprit est intact : les six compositions sont issues, à parts égales, des deux CD précédents, et le temps écoulé, comme l'énergie du concert, leur donnent une physionomie renouvelée. Côté piano, la qualité de l'instrument (ou de la prise de son ?) ne rend pas totalement justice à Sophia, mais c'est en quintette beaucoup moins grave qu'en trio ou en solo. Et puis le disque ci-dessus, sur le magnifique instrument de La Buissonne, compense cette très légère frustration. D'autant que l'essentiel ici, c'est le groupe : et quel groupe ! Ça fusionne, ça communie, ça interagit avec une intensité et un investissement de tous les instants. Michel Marre, par sa science des pistons, nous donne sur l'euphonium des effets de léger glissando dignes du trombone, effets qui servent magnifiquement l'expressivité du musiciens. Jean-Luc Cappozzo conjugue comme toujours perfection et liberté folle. Quant au trio, il nous éblouit par ses incartades si libres, et cependant maîtrisées, autant qu'il est nécessaire pour que la musique ne disparaisse pas dans un choc d'uppercut. Grande et belle idée que d'avoir porté au disque ce moment de concert, exceptionnel.

Xavier Prévost

 

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10 octobre 2017 2 10 /10 /octobre /2017 17:44

Stefan Orins (piano), Christophe Hache (contrebasse), Peter Orins (batterie)

Attiches (Nord), 21-22 février 2017

Circum-Disc CIDI 1701/ https://www.circum-disc.com

 

Le cinquième disque d'un trio qui affiche déjà vingt années de complicité, et qui conserve intacte sa précieuse singularité. On peut s'évertuer à déceler des sources d'influence dans le piano jazz des cinq dernières décennies (Paul Bley, Bobo Stenson....), mais l'essentiel est ailleurs. Dans le désir ardent de susciter une tension permanente, et féconde, entre les trois acteurs du groupe. L'interaction va au-delà des signes repérables, qui identifient ici un dialogue, là un trilogue, ailleurs une sorte de contrepoint rythmique qui va donner naissance à univers mélodico-harmonique. Le pianiste explicite, en l'exorcisant, son titre d'album, «The Middle Way» : «C'est la voie du milieu, dit-il dans la vidéo de présentation sur Youtube, qui harmonise ce qui est visible et ce qui est invisible. La musique a ce côté à la fois matériel et spirituel ». La musique respire une envie folle de décalage, de dissymétrie (parmi d'autres, Winter always turns into spring, et aussi Ku , dont un passage me rappelle la Valse de Jacques Thollot, qu'aimait tant jouer Siegfried Kessler). Et dans cet univers tendu surgit souvent la fluidité cursive propre au jazz, comme un paisible cours d'eau entre deux cascades. Ici cohabitent, en permanence, le discontinu et le continu, dans une tension productive qui est souvent celle où s'écrit (au sens large, c'est-à-dire même quand elle est improvisée) la musique. Le disque a été enregistré 'à la maison', dans un petit bourg au sud de Lille, aux confins des anciens territoires de la Pévèle et du Mélantois. Il porte la marque de cet esprit deux fois nordiste (les frères Orins sont d'origine franco-suédoise, natifs de Roubaix, et Christophe Hache est un Camberlot - autrement dit né à Cambrai), qui lui permet de se faire entendre bien au-delà de nos frontières, et de temps à autres dans les clubs parisiens. Ce trio illustre magnifiquement une réalité du jazz hexagonal : l'excellence n'est plus rivée à la centralité parisienne ; elle s'épanouit partout où de vrais talents éclosent, se développent et durent, sans préjuger d'une quelconque territorialité qui assignerait tel ou tel à l'exiguïté d'un territoire, fût-il géographique.... ou stylistique.

Xavier Prévost

 

Un extrait sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=84eYhlPEC2c

 

En concert le 12 octobre 2017 à Lesquin (Nord), au Centre Culturel, et le 29 novembre à Paris, au Sunside

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5 octobre 2017 4 05 /10 /octobre /2017 22:14

Laurent Coq (piano), Joshua Crumbly (contrebasse), Johnatan Blake (batterie)

Brooklyn, 31 octobre & 1er septembre 2016

Jazz & People JPCD 817004/Pias

 

Le pianiste Laurent Coq demeure un Jaywalker, ce piéton indiscipliné qui traverse hors des clous, et qu'il était en 1997 lorsqu'il enregistrait, déjà à Brooklyn, son premier disque auquel il avait donné ce titre qui lui va si bien. Après bien des escapades new-yorkaises, une installation dans cette ville durant 5 années, et une carrière riche en musiques et en débats très vifs sur la situation du jazz, il signe un disque en trio avec des partenaires états-uniens : le contrebassiste Joshua Crumbly et le batteur Johnathan Blake. L'un et l'autre sont fortement enracinés dans l'idiome du jazz, un parti pris qu'il revendique dans l'entretien accordé tout récemment à Jean Louis Lemarchand des Dernières Nouvelles du Jazz ( http://lesdnj.over-blog.com/2017/10/laurent-coq-je-suis-attache-aux-fondamentaux-du-jazz.html ). Le disque est un hymne à une sorte de famille musicale, parenté par forcément génétique (Kinship) qui le lie à des musicien(ne)s des deux rives de l'Atlantique, et d'ailleurs : chacun(e) se voit dédier un thème. Tous sont de sa plume, sauf le premier cosigné avec le bassiste et le batteur. Il leur a donné des titres choisis par les dédicataires pour évoquer les caractères propres au jazz, mais l'attribution de chaque plage a été laissée au hasard d'un tirage au chapeau. De son mentor Bruce Barth à la chanteuse souvent accompagnée, Laurence Allison, en passant par Mark Turner ou Miguel Zenon, tous ces Amis sont en fait les témoins d'un disque cohérent, où transparaît le goût d'une musique riche et dense, qui ne craint pas de rappeler qu'elle aura été, et demeure, la Grande Musique américaine. Jazz de stricte obédience, oui, mais jazz d'aujourd'hui, tourné vers le présent des langages musicaux qui s'épanouissent en son sein. Du beau, du grand piano, qui sonne, chante, et fait retentir de riches sonorités, une pulsation vive, et un lyrisme tantôt contrôlé, tantôt débridé. Le dialogue avec la rythmique est d'une permanente vivacité, et le piano s'envole quand s'impose l'instant de l'essor ; et après un trépidant labyrinthe intitulé Radiation, le disque se conclut par un solo recueilli, spectral et énigmatique, d'une troublante beauté. Beau disque, vraiment.

Xavier Prévost

.

Le trio est en tournée : le 10 octobre à Toulouse (Jazz sur son 31), les 11 & 12 à Paris, au Sunside. Puis le 14 à Gérone (en Catalogne), le 16 en Espagne, à Madrid, et le 19 au festival de Tourcoing.

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1 octobre 2017 7 01 /10 /octobre /2017 22:00

Pierrick Pédron (saxophone alto), Carl-Henri Morisset (piano), Thomas Bramerie (contrebasse), Greg Hutchinson (batterie)

Meudon, 4-6 décembre 2016

Crescendo 5772624 / Caroline

 

Après avoir circulé dans tous les jazz(s) et leurs entours, Pierrick Pédron revient au jazz de stricte obédience pour ce disque en quartette, avec un répertoire de compositions originales forgées dans la pureté du minerai originel. J'ai lu et entendu citer à son propos, ici ou là, Parker et Konitz. Quant à moi j'entends, derrière une indiscutable personnalité sonore et stylistique, le souvenir de Gigi Gryce. Fantasme d'amateur ? Probablement.... Mais la première composition, Unknøwn, me rappelle l'énergie sinueuse, un peu mélancolique, de ce Maître oublié.

Assez parlé du passé : le présent de Pierrick Pédron, c'est une indiscutable liberté, à l'égard des codes et des langages, tout en conservant l'horizon de l'idiome. Il est en cela remarquablement assisté : le jeune pianiste Carl-Henri Morisset fait montre d'une personnalité déjà très affirmée, dans une aisance pianistique et harmonique qui force l'admiration ; Thomas Bramerie à la contrebasse, de longtemps compagnon de route du saxophoniste, pose au fil des plages les jalons d'un langage maîtrisé qui ne craint pas l'aventure ; quant au batteur Greg Hutchinson, désormais résident italien, il apporte un drive manifestement issu de l'écoute passionnée des grands batteurs du jazz moderne, mais qui correspond admirablement à l'intensité de l'instant, ce miracle permanent d'un jazz sans faux-semblants. La deuxième plage, Mum's Eyes, Pierrick l'a dédiée à la mémoire de sa mère, et c'est dans la maison familiale, en Bretagne, qu'il a composé le répertoire de ce disque. Suit un thème inspiré par sa région natale, repris de son album « Omry », dans une version fort différente. De ballade mélancolique en tempo vif et escarpé, nous avons tout loisir pour parcourir le paysage intérieur de ce grand lyrique, qui caracole d'une hommage cursif au pianiste Mulgrew Miller à une segmentation presque cubiste (Trolls) en passant par un peu de langueur avec A Broken Reed. Un paysage exploré avec la (précieuse) complicité de Laurent de Wilde, réalisateur-conseiller artistique du projet. Et pour compléter ce parcours personnel, deux versions d'une même chanson du groupe Depeche Mode, Enjoy the Silence (millésime 1990), traitée comme ces standards langoureux dont de tout temps les jazzmen firent leur miel. Bref, je n'en dis pas plus : l'écoute, et les réécoutes, furent pour mois un profond plaisir et la galette recèle encore, je crois, quelques secrets. La marque d'un Grand Disque : je pèse mes mots, persiste et signe !

Xavier Prévost

 

Le quartette sera en concert le 20 octobre à Toulouse (festival 'Jazz sur son 31') et du 23 au 25 octobre à Paris, au Duc des Lombards

 

Un condensé-express (44 secondes ! ) sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=a54Lt9UJkcc

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30 septembre 2017 6 30 /09 /septembre /2017 07:27

Cam Jazz 2017
Antonio Sanchez (dms, samples, kybds,electr, vc)


Le batteur aux multiples awards, créateur de la musique du film Birdman et surtout teneur de beat chez Pat Metheny est certainement l’un des batteurs les plus intéressant de la scène actuelle. Régulièrement, dans ces colonnes nous vous rendons compte de ses albums sous le label Cam Jazz avec, à chaque fois un enthousiasme renouvelé. Car autant le dire, nous sommes dingues d’Antonio !
Et il ne dément pas notre fan club en publiant aujourd’hui «  Bad Hombre » où tout seul, entouré de ses machines à sample, il livre l’un des albums les plus fascinant de l’année.
Si «Bad Hombre » s’ ouvre sur un air mexicain ( sa patrie d’origine) il est vite recouvert par les nappes sonores, les lignes de basse et les riffs. Voilà d’où il vient. Voilà où il va. Et ce vers quoi il nous entraîne est inédit, sauf qu’il a peut être été marqué par les expériences de Metheny et de son  orchestrion avec la même passion de créer à lui seul de multiples trames de sons qui se juxtaposent.
Antonio Sanchez s’amuse en effet à créer des univers sonores basés sur des motifs répétitifs ( Philippe Glass en tête) sur lesquels viennent se greffer des sons électroniques et surtout des riffs de batterie impressionnants qui replacent le batteur au centre du jeu. Le soliste pour une fois c’est lui. Celui qui fait chanter les peaux de manière parfois spectaculaire comme sur Fire Trail moment culminant de « Bad Hombre ».  Antonio Sanchez est animateur et soliste. Celui qui donne du souffle à ce qui pourrait sans cela s’apparenter à une musique sérielle. C’est alors comme rentrer dans le laboratoire d’un savant fou et se laisser hypnotiser par son art. Certes on pourrait s’inquiéter de cette musique déshumanisée où les trames sont toutes électroniques et sans interventions d’autres musiciens. mais ce serait passer à côté d’un grand travail créatif qui suscite la pulse et l’imaginaire.
Dans ce travail exigeant du solo qui pourrait lasser, Antonio Sanchez parvient à ne jamais lasser. A toujours nous mettre en éveil. articulant que nous sommes à l’expérience. Cobayes volontaires d’une expérimentation sonore et polyrythmique.
Remarquable.
Jean-Marc Gelin

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24 septembre 2017 7 24 /09 /septembre /2017 18:10

Roberto Negro (p), Emile Parisien (ss), Michèle Rabbia (dms)

Label Bleu 2017


Jeudi 5 octobre : Maison de la Culture d’Amiens
Mardi 21 Novembre : Studio de l’Ermitage


« Dadada » pour évoquer une sorte de vision dadaïste de la musique mais aussi le sens du rebondissement qu’il soit dramatique ou rythmique. Ces trois musiciens qui se connaissent depuis quatre ans ont un sens de la musique en trio suffisamment mutine pour livrer ici un objet assez protéiforme. L’album de Roberto Negro est comme l’évocation de personnages sommés de faire jouer notre imaginaire d’auditeur qui se promène dans un ouvrage subtil où se noue une sorte de partie de cache cache entre les musiciens. Il s’en dégage une force poétique rare dont tous les éléments éveillent l’attention au conte. Tout semble tapi dans l’ombre prêt à surgir derrière les jolies mélodies. De petites incises sonores remettent tout en cause, comme des sortes d’elfes qui  peupleraient de douces rêveries ( Gloria e la poetessa). Mais ne vous fiez pas trop longtemps à la ritournelle ou à la jolie mélodie, elles peuvent être interrompues à tout moment par l’irruption d’un bruit incongru. Les musiciens semblent à certains moments sur une rampe jusqu’à ce qu’à la manière d’un disque rayé, un ostinato bizarre arrête le mouvement ( Bagatelle). Et ces délicates interventions font un peu office de trublions musicaux (Poucet). Le pianiste apporte toujours la couleur, le trouble et le mystère comme sur Ceci est un merengue joué en clair obscur avec un sens poétique touchant.
Et puis parfois cela part à la manière d’un combo un peu fou. Il y a même parfois des accents Nouvelle orléans, ou même à la façon d'Ornette dans cette façon parfois facétieuse de jouer. Il n’est que d’entendre Emile Parisien sur Brimborion qui pour le coup n’a rien d’une babiole. Bechet, sort de ce corps ! Epoustouflant Emile qui apporte dans cette poésie un souffle de vie d’une force exceptionnelle !
Et comme un  trait d’union vibrant, Michèle Rabbia qui fait passer le frisson des peaux effleurées.

Dans cette scénographie passionnante il y a l’art du trio. Vous savez ce moment où les trois semblent marcher à l’intérieur d’un cercle dans un moment ininterrompu où il se suivent et se croisent. C’est qu’il y a quelque chose de la mise en espace. De l’installation contemporaine d’un art dadaïste.
Les personnages que l’on croise dans cette histoire sont fascinants, émouvants, inattendus et facétieux. Et l’ensemble est d’une réjouissante déstructuration.
Jean-Marc Gelin
 

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15 septembre 2017 5 15 /09 /septembre /2017 23:02

Motema 2017
Jason Rigby (sax), Fabian Almazan (p), Chris Morrissey (cb), Mark Guiliana (dms)

Le nouveau petit génie de la batterie est un garçon très demandé sur la scène du jazz ! On l’avait entendu dans un formidable duo bourré de créativité aux côtés de Brad Mehldau dans le superbe album « Meliana ». D’autres, moins portés sur le jazz ont découvert son travail d’orfèvre dans l’album testamentaire de David Bowie, le chef d’oeuvre « Blackstar », travail que Guiliana poursuit aujourd’hui aux côtés du saxophoniste Donny Mc Caslin que certains ont pu découvrir cette année au Cabaret Sauvage avec le batteur dans une atmosphère où ils s’amusentà exploser les genres et à réinventer la musique avec des airs de sales gosses.

Le quartet de Mark Guiliana n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il a signé plusieurs albums en quartet dont le dernier « Family first » en 2015 où Shai Maestro prenait alors le piano. Pour le reste la formation est identique et si Fabian Almazan a prit la place au piano, Jason Rigby et Chris Morrissey en restent les chevilles ouvrières. Et c’est ainsi une formation qui tourne toute seule, qui tourne parfaitement avec deux piliers essentiels. D’un côté, à tout seigneur tout honneur Mark Guiliana en véritable orfèvre, polytrythmicien virevoltant et âme vibrante de cette partie à quatre dont il semble être le moteur essentiel. Ecoutez-le sur le titre éppnyme. Sa virtuosité est juste halluciante ( voir le vidéo ci-dessous). De l’autre, le lyrisme acéré et flamboyant de Jason Rigby qui dévore l’espace avec un sens de la phrase gourmande et libère de biens belles envolées mélodiques.
Rythmiquement c’est de la haute voltige grave aussi à l’entente fusionnelle de Guiliana et de Chris Morrissey. Car, le batteur, qui s’aventurait jusqu’à présent dans des univers plus électroniques, retourne ici à l’acoustique avec un certain classicisme.
Comme s’il était un peu moins à l’aise dans l’exercice, Mark Guiliana signe des compositions certes efficaces mais jamais vraiment transcendantes. Un peu en deçà de ce que ce quarte mérite. A l’exception peut être d’un magnifique morceau our lady sur lequel il déploie une énergie rythmique saisissante, ou encore ce Where are we now tiré de l’album de David Bowie «  The next way ».
Ce groupe qui a enregistré dans la foulée d’une tournée de deux semaines en Europe fonctionne en empathie totale et coule de source. Mark Guiliana en est le grand ordonnateur et le rouage premier.
A suivre
Jean-Marc Gelin

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12 septembre 2017 2 12 /09 /septembre /2017 08:32
FREE, FLOW, FLY   Offerings    Andrew CROCKER

Free, Flow & Fly

Andrew Crocker

Offerings

 

Quel titre adéquat pour qualifier la musique de ce quintet entraîné par la voix et la trompette brodeuse d’Andrew Crocker qui est l' auteur des paroles et musiques ! Il chante en effet avec entrain et fantaisie, en français pour le premier titre «Art makes space» ( ! ) et «Errances» puis dans sa langue maternelle soutenu par les saxophones alto et soprano indispensables de Jean Michel Couchet. Il me semble pourtant que les textes ont moins d’importance, que le sens laisse la place au rythme, que les mots sont choisis pour leur sonorité, leur alliance : on peut une fois encore admirer la plasticité musicale de l’anglais dont les sons se fondent  dans les improvisations musicales, se disputent en toute fraternité avec le langage propre des instruments que se partagent les membres d’une belle équipe, celle de l’épatant guitariste Fred Maurin, leader de Ping machine . Voilà des musiciens hors pair qui jouent peut être du post bop mâtiné de rock progressif, s’il faut leur coller une étiquette. Qu’importe, c’est tout simplement beau, avec les envolées lyriques des soufflants et du guitariste, poussées par une rythmique de feu.

Les images et les sensations se développent autour d’une suite longue et passionnante «Offerings» qui couvre quatre titres sur les sept compositions de l’album. A la fois soutenue et festive, exubérante et mélodieuse, la musique se développe avec des textures qui s’ajointent, se superposent finement. Les interventions sont parfaitement calées, insérées par exemple, dans le jeu délicat sur «The Mind May Slip» du duo rythmique doublement raphaëlien ou rafaëlien avec Raphaël Schwab  (oui le Schwab de Schwab & Soro) à la contrebasse et Rafaël Korner aux drums.

Oui, cet album porte bien son nom, une offrande plurielle à la musique aimée, un album entêtant que l'on aura envie de réécouter, avec toutes ces résonances adroitement tissées, ces fredons qui reviennent en mémoire, des effluves de rock, du "sprechgesang", du Zappa même, du blues sur « Errances » quand opère la guitare « maurine ». Et  tous ces échos, ces petites madeleines nous parlent en bien.

Sophie Chambon

NB : on aime aussi le graphisme de la pochette et du carnet de Vincent Défossé

https://www.bing.com/videos/search?q=youtube+andrew+crocker+l+age+dor+offerings&&view=detail&mid=4841634DF9603562368F4841634DF9603562368F&FORM=VRDGAR

 

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