Giovanni Falzone (trompette, électronique), Filippo Vignato (trombone), Fausto Beccalossi (accordéon, voix), Giulio Corini (contrebasse), Alessandro Rossi (batterie)
Cavalicco (Province d'Udine, Italie), 2-3 février 2017
Cam Jazz CAMJ 7915-2 (Harmonia Mundi)
Le trompettiste Giovanni Falzone est assez peu connu dans notre pays, si l'on excepte ses concerts avec le pianiste Bruno Angelini, ou sa participation aux groupes de Francesco Bearzatti, maintes fois programmés dans les festivals et concerts de l'Hexagone. Le voici de retour, avec son propre groupe, et une brochette de partenaires que, pour la plupart, nous découvrons. L'argument, le prétexte ou le concept du disque (c'est au choix, et finalement cela pourrait être de peu d'importance....) c'est l'équilibre cosmique qui assure la stabilité des planètes en mouvement dans un univers que l'on devine infini. En fait, on peut n'y voir que métaphore de cet équilibre périlleux, et jouissif, qui associe cinq musiciens-interprètes-improvisateurs dans un répertoire où se mêlent la mélancolie de l'attraction lunaire, la virulence calorique du soleil, les rotations obstinées de la terre-mère et l'appel infini des étoiles au firmament. Le tromboniste est passé par le Conservatoire de Paris (CNSMDP) et son département de jazz, ce qui a valu à quelques amateurs parisiens de faire sa connaissance. L'accordéoniste est presque un vétéran, qui a joué en duo avec Al Di Meola ; le contrebassiste a travaillé avec Stefano Battaglia et Enrico Rava ; quant au batteur, il évolue entre le jazz classique et le jazz contemporain, et faisait déjà partie de groupes précédemment rassemblés par Giovanni Falzone, avec lequel il a aussi joué en duo. D'entrée de jeu, la musique nous invite à ces phénomènes d'attraction mutuelle tellement prisés du jazz, et qui font que les instruments se répondent, s'affrontent et se liguent dans un ballet permanent dont le souple balancement est la langue commune. Le rougeoiement énigmatique de la planète Mars sera ensuite prétexte à un festival de dissonances mystérieuses, ouvrant une mélodie posée sur des harmonies escarpées. Chaque thème, sous prétexte d'une nouvelle image, ou d'un nouvel imaginaire, nous embarque vers d'autres planètes, mais l'essentiel est ailleurs : dans une très belle expressivité de chacun des instrumentiste, avec un indiscutable sens du jeu collectif, le tout gouverné par une sorte d'effervescence qui culmine dans les improvisations de l'accordéoniste quand il double à la voix le phrasé de ses lignes instrumentales. De plage en plage une vraie réussite se dévoile, dans la diversité des approches comme dans la richesse des développements improvisés. Hautement recommandable donc, et comme tous les bons disques à écouter plusieurs fois, pour en extraire la substantifique moelle.
Xavier Prévost
Un avant-ouïr sur Youtube