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7 août 2017 1 07 /08 /août /2017 15:49

Giovanni Falzone (trompette, électronique), Filippo Vignato (trombone), Fausto Beccalossi (accordéon, voix), Giulio Corini (contrebasse), Alessandro Rossi (batterie)

Cavalicco (Province d'Udine, Italie), 2-3 février 2017

Cam Jazz CAMJ 7915-2 (Harmonia Mundi)

 

Le trompettiste Giovanni Falzone est assez peu connu dans notre pays, si l'on excepte ses concerts avec le pianiste Bruno Angelini, ou sa participation aux groupes de Francesco Bearzatti, maintes fois programmés dans les festivals et concerts de l'Hexagone. Le voici de retour, avec son propre groupe, et une brochette de partenaires que, pour la plupart, nous découvrons. L'argument, le prétexte ou le concept du disque (c'est au choix, et finalement cela pourrait être de peu d'importance....) c'est l'équilibre cosmique qui assure la stabilité des planètes en mouvement dans un univers que l'on devine infini. En fait, on peut n'y voir que métaphore de cet équilibre périlleux, et jouissif, qui associe cinq musiciens-interprètes-improvisateurs dans un répertoire où se mêlent la mélancolie de l'attraction lunaire, la virulence calorique du soleil, les rotations obstinées de la terre-mère et l'appel infini des étoiles au firmament. Le tromboniste est passé par le Conservatoire de Paris (CNSMDP) et son département de jazz, ce qui a valu à quelques amateurs parisiens de faire sa connaissance. L'accordéoniste est presque un vétéran, qui a joué en duo avec Al Di Meola ; le contrebassiste a travaillé avec Stefano Battaglia et Enrico Rava ; quant au batteur, il évolue entre le jazz classique et le jazz contemporain, et faisait déjà partie de groupes précédemment rassemblés par Giovanni Falzone, avec lequel il a aussi joué en duo. D'entrée de jeu, la musique nous invite à ces phénomènes d'attraction mutuelle tellement prisés du jazz, et qui font que les instruments se répondent, s'affrontent et se liguent dans un ballet permanent dont le souple balancement est la langue commune. Le rougeoiement énigmatique de la planète Mars sera ensuite prétexte à un festival de dissonances mystérieuses, ouvrant une mélodie posée sur des harmonies escarpées. Chaque thème, sous prétexte d'une nouvelle image, ou d'un nouvel imaginaire, nous embarque vers d'autres planètes, mais l'essentiel est ailleurs : dans une très belle expressivité de chacun des instrumentiste, avec un indiscutable sens du jeu collectif, le tout gouverné par une sorte d'effervescence qui culmine dans les improvisations de l'accordéoniste quand il double à la voix le phrasé de ses lignes instrumentales. De plage en plage une vraie réussite se dévoile, dans la diversité des approches comme dans la richesse des développements improvisés. Hautement recommandable donc, et comme tous les bons disques à écouter plusieurs fois, pour en extraire la substantifique moelle.

Xavier Prévost

 

Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=RJmk29_WgME

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31 juillet 2017 1 31 /07 /juillet /2017 18:20

Louis Sclavis (clarinette, clarinette basse), Sarah Murcia (contrebasse), Christophe Lavergne (batterie), Sylvain Rifflet (saxophone ténor, clarinette)

Gütersloh (Allemagne), 2 février 2017

Intuition INTCHR 71323 / Socadisc

 

Onzième volume de la collection 'European Jazz Legends' qui associe le Théâtre de Gütersloh, le magazine allemand Jazz Thing et la radio publique de Cologne, la WDR. Cette fois, après Henri Texier, Michel Portal et Daniel Humair c'est, parmi les représentants de la scène hexagonale, au tour de Louis Sclavis d'être honoré en qualité de légende européenne du jazz. Distinction plus que méritée, et qui nous vaut le plaisir de découvrir, lors d'un concert dans ce théâtre de Rhénanie du Nord-Westphalie, un nouveau groupe, variante d'un quartette entendu l'an dernier au Triton, et où à la place de Sylvain Rifflet on pouvait écouter Benjamin Moussay. Outre le plaisir d'y entendre les compositions de Louis Sclavis, on peut y découvrir d'étonnants mélanges de timbres, antagonistes ou au contraire complémentaires. Tour à tour la clarinette basse et le saxophone ténor se complètent ou s'opposent, et les deux clarinettes se confondent ou s'affrontent. Louis Sclavis laisse aussi largement place à Sylvain Rifflet pour exprimer son lyrisme singulier, où se mêlent lignes escarpées et profondeur de l'expression. Sclavis est magistral, mais sans lourdeur ni emphase, et le tandem rythmique Sarah Murcia-Christophe Lavergne fait montre d'une qualité extrême. Bref on ne peut ignorer cette nouvelle page, et ces nouvelles plages, de Sclavis, avec en bonus un bref entretien en anglais pour la WDR.

 

À signaler : la présence de Louis Sclavis comme invité, en compagnie du trompettise Michel Marre, dans le nouveau disque du trio 'LPT 3', qui associe le batteur Christophe Lavergne, le tromboniste Jean-Louis Pommier et le tubiste François Thuillier (LPT 3 «Vents Divers», Yolk Music / l'autre distribution).

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Xavier Prévost

 

LPT3 'Vents Divers' sur YouTube 

https://www.youtube.com/watch?v=RL_MVNw-Hdg

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31 juillet 2017 1 31 /07 /juillet /2017 18:07

Ambrose Akinmusire (trompette), Sam Harris (piano), Harish Raghavan (contrebasse), Justin Brown (batterie)

New York, Village Vanguard, janvier 2017

Blue Note 002681402 / Universal

 

Un double CD qui rassemble le meilleur de quatre soirées dans le célèbre club de la 7ème Avenue, sanctuaire indiscutable de bien des sommets de cette musique depuis 60 ans, et plus. Le trompettiste nous avait habitué depuis son apparition dans le paysage jazzistique à une position constante de singularité, d'irréductibilité.... Et l'on s'épuiserait en vain à la circonscrire à quelque influence ou filiation. Il ne sort pas de nulle part, bien évidemment, et il est venu à nous, progressivement, avec dans son bagage le passé d'une musique déjà plus que centenaire. Qu'il évolue sur des canevas raisonnablement abstrait ou sur des thématiques aussi chantantes qu'un standard de derrières les fagots, le trompettiste nous subjugue par la force de son expression, liée à une intelligence musicale sans faille. C'est, penserez vous à juste raison, le propre du jazz que de mêler le feeling le plus intense à la densité musicale la plus exigeante. Mais cette règle de conduite, presque une règle de vie, se trouve ici magnifiée par l'étendue spectrale du propos. Nous avons là l'un de ces disques qui nous donnent la tentation, pour une heure et plus, de quitter le monde, de nous abstraire, de nous abymer dans les profondeurs de la perception intime et sensuelle d'une musique qui respire aussi l'urgence d'une pensée en mouvement. Les partenaires du trompettiste sont plus que des sidemen : ils partagent son aventure, et quand la voie singulière s'ouvre devant eux pour un solo, ils s'y plongent comme en des abysses où le chant des sirènes les appelle, presque sans retour. Et toujours, dans l'accompagnement, leur discours révèle une présence avérée, dans la tension comme dans la détente. Bref ce disque pourrait bien être un chef d'œuvre. Qu'on se le dise !

Xavier Prévost

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19 juillet 2017 3 19 /07 /juillet /2017 11:19

GERALD CLAYTON : «  Tributary tales »
Gérald Clayton (p), Logan Richardson (as), Ben Wendel (ts), Dayna Stehens (bs), Joe Sanders (cb), Justin Brown (dms), Aja Monet (vc), Carl Hancock Rux (vc), Sashal Vasandani (vc), Henry Cole (perc), Gabriel Lugo (perc)
Motema 2017

Attention, moment fort.
Que tous les vacanciers retardataires, n’hésitent pas une seule seconde : ruez vous sur le dernier album du pianiste Gerald Clayton ! Et si vous vouliez vous baigner par ces temps de fortes chaleurs, nous vous garantissons ici une nage en eaux vives.

On le sent, le pianiste a beaucoup de choses à dire et les moyens de les exprimer tant il peut compter sur un quintet de très très haute volée avec lequel il peut explorer plusieurs formes du jazz des plus straights aux plus modernes. Magnifiquement écrit et dirigé, «  Tributary tales » possède le souffle épique des grands conteurs, de ceux porteurs d’une tradition  séculaire. Il le dit bien d’ailleurs dans ses liners : «  Faire du neuf avec du vieux » !
Gerald Clayton se fait le grand ordonnateur de cette album depuis son ( ou plutôt ses) claviers, juxtaposant les lignes simples et les harmonies complexes qu’il élève avec grâce vers le sommet des muses.
Ben Wendel ( ténor) tutoie ces cimes (sur Envisionnings !) alors que Logan Richardson à l’alto jette des braises sur un feu incandescent maintenu par le maîtres des forges, Justin Brown impérial drummer s’il en est !
Sur deux morceaux, se joignent les voix slamées de Aja Monet et, celle magnifiquement sombre de Carl Hancock Rux sur un morceau totalement envoûtant et fantomatique ( voir la video).

Superbement inspiré, ce nouvel  album de Clayton marque un vrai tournant dans son parcours.
Heureux, passionné et inspiré.
Tout ce que l’on aime en jazz !
Jean-Marc Gelin

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17 juillet 2017 1 17 /07 /juillet /2017 13:04

Le saxophoniste-compositeur-romancier publie simultanément un CD en quartette intitulé « Unklar » et un 'roman et musique' de 164 pages, couverture recto-verso incluse, car tout est imprimé, y compris des inter-pages uniformément encrées de noir. Un roman titré De la violence dans les détails, dans lequel une alvéole découpée à l'emporte-pièce reçoit une minuscule clé USB contenant un fichier de 43 minutes de musique (également séquencées en fichiers séparés, dans un ordre différrent, d'environ 36 minutes), musique jouée par 16 musiciens, du solo au tentet au fil des plages. Et la clé comporte évidemment le texte du roman en format numérique. On se rappelle, concernant Nicolas Stephan, le sextette 'Le bruit du [sign]', avec Jeanne Added, Sébastien Brun, Théo Girard, Julien Rousseau & Jullien Omé : haut lieu de singularité créative. Nicolas Stephan poursuit sa route d'exigence talentueuse avec ces nouvelles œuvres.

 

Nicolas Stephan « Unklar »

Nicolas Stephan (saxophone ténor, composition), Fanny Ménégoz (flûtes), Antonin Rayon (orgue, synthétiseur basse), Benoit Joblot (batterie).

Vallée de l'Ouanne, décembre 2016

Discobole Records SD030317 / www.sophieaime.com

 

Les intervalles sont distendus, les tonalités flottantes, et c'est peut-être pour cela que la sensation d'un lyrisme entêtant submerge. La qualité de l'écriture n'est pas seule en cause : les considérables ressources des solistes-improvisateurs/trices étoffe la densité musicale de l'objet, comme il est de tradition dans cette musique que l'on appelle le jazz (au sens large) où le collectif contrebat l'idée d'une œuvre qui serait l'exclusif apanage du compositeur-leader (lequel assume assurément l'émergence et la pérennité du projet). Un beau parcours s'ouvre à l'écoute, entre écriture contemporaine, pulsation et liberté du jazz (et d'autres musiques pas moins libres !). Une vraie réussite.

Unklar sur Vimeo

https://vimeo.com/205685409

 

Nicolas Stephan : De la Violence dans les détails, Roman et musique

Un livre objet de 164 pages, contenant une clé USB avec une musique qui « sans être la musique de l'histoire […] développe une autre vision des thèmes du roman ». 

 

Nicolas Stephan (composition, saxophone & voix),  Julien Desprez (guitare électrique), Csaba Palotai (guitare électrique), Théo Girard (contrebasse), Anne Palomeres (danse sonorisée), Antonin Rayon (orgue, clavier et piano),  Sébastien Brun (Batterie), Pierre Alexandre Tremblay (guitare basse), Benjamin Body (contrebasse), Fidel Fourneyron (trombone basse), Julien Rousseau  & Brice Pichard (trompettes), Johan Renard  & Youri Bessière (violons), Cyprien Busolini (alto),  Julien Grattard (violoncelle)
Mézinville, Ivry, Huddersfield, Paris, entre 2010 et 2014
Disponible via le site  
www.sophieaime.com
 
Le roman procède d'une singularité qui le rend difficilement assignable à un quelconque genre : identités flottantes, lieux fluctuants, tout nous entraîne au plus loin de tout repère, au risque (assumé) de se (nous) perdre. De multiples récits s'interconnectent dans un flux dont on devine qu'il a été conçu pour défier la maîtrise. De leitmotiv en fausse piste il est possible (et souhaitable) de céder à l'égarement. La musique quant à elle, inspirée par le texte, s'affranchit de toute prétention illustrative et, de l'aveu de son initiateur « elle prend d'autres chemins que le roman, tout en passant par les mêmes points ». Enregistrée sur une longue période dans des lieux différents, et avec des effectifs variables, elle trouve cependant son unité dans ce qui semble être l'adhésion de chacun(e) à la folie prospective du projet. L'ensemble constitue une pièce de jazz contemporain où cohérence formelle et liberté d'escapade cohabitent parfaitement. Étrange et, il faut l'avouer, fascinant. À écouter/lire de manière synchronique ou diachronique, comme l'on veut, en s'offrant aussi le choix de bouleverser l'ordre des séquences puisque la clé USB offre la musique dans un flux unique, ou selon des séquences autonomes renvoyant à certains chapitres ou intertitres du livres.
Xavier Prévost
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Le répertoire d'Unklar sera donné en concert le 16 septembre à l'O Gib de Montreuil (93) et le 18 novembre à La Fraternelle de Saint Claude (39)
De la Violence dans les détails sera présenté le 12 novembre à Paris, à l'Atelier du plateau

 

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9 juillet 2017 7 09 /07 /juillet /2017 10:33

DEJOHNETTE; GRENADIER; SCOFIELD; MEDESKI : «  HUDSON »
Motema 2017


Pour un all-stars c’est un all-stars ! Et pas des moindres. Le grand Dejohnette dont in faire cette année les 75 ans, Le guitariste maître du blues moelleux John Scofield, le calviniste de génie John Medeski dont on raffole des sons d’orgue un peu cargos et enfin l’immense bassiste ex camarade de jeu de Brad Meldhau, Larry Grenadier. Un quartet d’exception ? Plutôt un quatuor de génie !
 
Et pourtant si ces quatre musiciens (qui ont tous joué avec le gratin mondial du jazz) se connaissent bien et s’ils se sont souvent rencontrés que ce soit Scofield et Dejohnette vieux compagnons de route ou encore le guitariste avec Medeski + Martin & Wood avec lesquels ils ont enregistré plusieurs albums, ces quatre-là n’avaient jamais été réunis sur un même projet. Tout le mérite en vient ici à Jana Herzen, la-déjà-emblématique patronne du label qui a su les réunir pour un album dont on peut dire d’ores et déjà qu’il fera date.


Inspiré par une sorte de ballade le long des rives de l’Hudson, comme fil conducteur, cet album est une merveille d’inspiration improvisée. De blues moite et filandreux. D’espaces aériens. Mindfull ! Entre jazz et pop, cette musique tire son inspiration de cette vallée de l’Hudson qui a accueilli le festival de Woodstock et dont ils ont rapporté plusieurs compos : Hendrix, un suflureux Joni Mitchell ( Woodstock justement) un thème de Dylan ( Lay lady lay) interprété façon reggae ou encore a hard rain gonna all. D’autres thèmes ont été composés pour l’occasion de cet album notamment par John Scofield comme ce El swing aux lignes jazz et élastiques. De l’Hudson ils sont aussi allés puiser dans les chants vernaculaires des tribus indiennes, primitifs habitants de la vallée.

Cet album qui prend ses sources au fleuve des tubes de la pop sent bon l’Amérique profonde. De cette amérique que Scofield parvient à magnifier dans une sorte de moelleux enrobage. C’est du chocolat qui fond sous la langue mais avec une pointe de piment qui rend les choses juste un peu sales.
Dejohnette / Scofield/ Medeski/Grenadier : c’est plus que la naissance d’un groupe. C’est plus que powerful. C’est carrément jouissif !
Jean-Marc Gelin

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3 juillet 2017 1 03 /07 /juillet /2017 09:42

À côté de très nombreuses nouveautés et rééditions, les compagnies phonographiques de toutes envergures exhument des inédits de concerts comme s'il en pleuvait : ces derniers mois, Oscar Peterson à l'Olympia de Paris entre 1957 & 1962 (un coffret de 3 CD, 34 plages -dont 3 déjà publiées-), Bill Evans en 1976 dans le Wisconsin, avec Eddie Gomez et Eliot Zigmund, et l'un des derniers concerts du quartet historique de Dave Brubeck, avec Paul Desmond, en 1967 à Scheveningen, aux Pays-Bas.

Oscar Peterson «The Oscar Peterson Trio 1957-1962, Live in Paris»

Oscar Peterson (piano), Ray Brown (contrebasse), Ed Thigpen (batterie), & Herb Ellis (guitare) à la place d'Ed Thigpen sur les quatre premières plages du CD1.

Paris, Olympia, 5 mai 1957, 30 avril 1958, 21 mars 1960, 28 février 1961, 16 & 17 mars 1962.

Frémeaux & Associés FA 5674 / Socadisc 

 

Honorable exhumation, mais qui laisse à penser que ces plages enregistrées par Europe N° 1 sont celles qui avaient été écartées (oubliées, ou égarées peut-être?) en 1993 pour le coffret «Oscar Peterson, Paris Jazz Concert, Europe 1» publié en 1993 par Tréma, et qui rassemblait des enregistrements de 1957 à 1969 (Olympia, Théâtre des Champs Élysées, Pleyel) proposés au public parisien par Daniel Filipacchi et Franck Ténot avec la complicité de Norman Granz. À l'époque 6 CD, avec un livret qui reprenait un texte de Jacques Réda pour son livre L'improviste, et offrait une analyse musicale très éclairante (et de surcroît très bien écrite !) de Laurent de Wilde. Il y eut aussi une édition partielle en 2000, toujours chez Trema. Si vous ne possédez ni l'une ni l'autre de ces éditions, alors vous pouvez vous laisser tenter. Si vous avez la chance de posséder le coffret de 6 CD, et même s'il y a cette fois 31 plages inédites, vous pouvez vous abstenir : ni la qualité, indiscutable, de la musique recueillie, et le traitement du son -pourtant bien réalisé-, ni le commentaire -succinct- du livret, ne justifient cette extension de votre impossible intégrale. Par exemple la version de On Green Dolphin Street de 1962, dans le coffret qui paraît ces temps-ci, avec intro rhapsodisée comme celle de 1961 dans le coffret Trema de 1993, ne supplante pas la dernière citée, pourtant handicapée par une sonorité de hall de gare. Enfin, c'est vous qui voyez....

Dave Brubeck Quartet «Live at the Kurhaus 1967»

Dave Brubeck (piano), Paul Desmond (saxophone alto) Eugene Wright (contrebasse), Joe Morello (batterie).

Scheveningen, Hôtel Kurhaus, 24 octobre 1967

Fondamenta-Lost Recordings FON-1704025 / Sony 

 

De cette ultime tournée européenne du fameux quartette avant sa dispersion, il existe un disque Columbia enregistré 20 jours plus tard Salle Pleyel («The Last Time I Saw Paris», Columbia). Son programme comporte quatre thèmes également joués sur cet inédit, tout comme le programme du concert d'Antibes Juan-les-Pins, en juillet, publié quant à lui sous un label italien qui profitait des lacunes de la législation quant aux droits des artistes. Belle édition, très beau rendu sonore, le disque vaut surtout pour les magnifiques solos de Paul Desmond. Par exemple dans la dernière plage, sur Someday My Prince Will Come, où le saxophoniste nous raconte une histoire dans laquelle chaque étape de la structure harmonique est l'occasion d'une nouvelle exploration, une histoire fort différente de celle du disque «Dave Digs Disney» de 1957, alors que dans son solo Brubeck redonde avant de s'amuser avec le thème de Sing Sing Sing dans un épisode 'à la Erroll Garner' (comme il l'avait fait dans la version de 1957....). On peut se laisser faire aussi à cause de Blues For Joe, inauguré trois mois plus tôt à Juan-les-Pins, et qui met en valeur ce batteur à la palette diablement variée, et colorée.

Bill Evans «On A Monday Evening»

Bill Evans (piano), Eddie Gomez (contrebasse), Eliot Zigmund (batterie)

Madison, Union Theater, University of Wisconsin, 15 novembre 1976

Concord FAN00095 / Universal (existe en CD, vinyle, et téléchargement)

Infos sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=wP9l6WTEJlI

Extrait sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=BE_9Q7ozyQY

Une interview du pianiste réalisée quelques heures plus tôt par Larry Goldberg et James Farber pour la radio locale WORT

https://www.youtube.com/watch?v=fKtwcBpVL4k

 

Six plages sur les huit sont des thèmes qui avaient également été enregistrés 10 jours plus tôt lors d'un concert à Paris, à la Maison de la Radio (publiées sur un album Fantasy et intitulé, comme plusieurs autres enregistrés au cours d'autres tournées «The Paris Concert»). Et des thèmes souvent joués au concert, et enregistrés, par ce Maître ès-dialogue(s). La musique circule ardemment entre les musiciens, en particulier dans les échanges avec Eddie Gomez. Le son du piano est acceptable (mais l'instrument ''zingue'' un peu) ; la contrebasse est bien captée ; et la batterie est manifestement moins bien servie. Mais cela reste un très beau disque, et peut-être le plus réussi du trio qui se trouve à ce moment-là au mitan de sa de collaboration (1975-1977). À écouter sans modération jusqu'à la parution d'un prochain inédit, avec une nouvelle occurrence de l'éphémère trio de l'été 1968, avec Eddie Gomez et Jack DeJohnette.

Xavier Prévost

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15 juin 2017 4 15 /06 /juin /2017 22:10

Inner Voice Jazz 2017
Marc Copland (p), Ralph Alessi (tp), Drew Gress (cb), Joey Baron (dms)

Il y a un an Marc Copland signait avec la même formation, l’album «  Zenith » (voir la chronique de Sophie Chambon  http://lesdnj.over-blog.com/2016/04/marc-copland-zenith.html)
« Better be far » en est la suite logique, inscrit dans la même dynamique d’un groupe totalement fusionnel et toujours porté par Ralph Alessi qui en est, bien plus que Marc Copland, la véritable pierre angulaire, même si le pianiste de Philadelphie signe-là des compositions magnifiques qui évoquent parfois l’écriture de Kenny Wheeler.
Le drive de Joey Barron, toujours magnifique apporte une lecture vivifiante comme sur cette version de Evidence de Monk que le batteur fait vibrer comme jamais.
Copland parle habituellement de sa formation comme d’une équipe de basket : «  si l’un des joueurs monopolise la balle, l’équipe stagne ». C’est pourquoi il y a dans cet album de vrais morceaux d’improvisations circulaires.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit. D’un fluide qui circule et qui transporte une énergie subtile transmissible de l’un à l’autre en parfaite harmonie. Comme le disait Sophie Chambon il y a un an, ce qui circule entre eux, c’est une certaine forme de vision poétique du jazz.
Marc Copland nous offre ainsi un jazz intelligent et captivant. En éveil permanent.
Jean-Marc Gelin

 


 

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15 juin 2017 4 15 /06 /juin /2017 21:31

Thelonious Monk, piano, Charlie Rouse et Barney Wilen, saxophone ténor, Sam Jones, basse, Art Taylor, batterie. New-York, 27 juillet 1959. Nola Penthouse Sound Studios. Coffret 2 CD + livret. Sam Records/Saga. Sortie mondiale le 16 juin.

C’est un de ces hasards qui réjouissent. Dans un carton d’archives d’un producteur (Marcel Romano), son ayant-droit retrouve des bandes qui portent l’unique mention, Thelonious Monk. Une écoute attentive révèle qu’il s’agit là de la bande originale du film Les Liaisons Dangereuses 1960, un enregistrement réalisé en une seule journée, commande du réalisateur Roger Vadim. Un inédit attendu depuis un bon demi-siècle !
Fan de jazz, Vadim, qui avait choisi le MJQ pour Sait-On Jamais en 1957, fit appel à Romano, à l’origine de la participation de Miles Davis à Ascenseur pour l’Echafaud, pour persuader le pianiste. Pressé par le temps, Monk, après avoir visionné une copie du film mettant en vedette Jeanne Moreau et Gérard Philipe, enregistra sept de ses compositions (Rhythm-a-Ning, Crepuscule with Nellie, Well You Needn’t, Pannonica, Ba-Lue Bolivar Ba-Lues-Are, Six in One, Light Blue ) et un gospel de 1906, By and By.
Le grand-prêtre du Be-Bop est à son apogée, ainsi que le révèlent les deux versions en solo de son hommage à la baronne de Koenigswarter, Pannonica. A ses côtés, le fidèle Charlie Rouse et partageant les parties de saxophone ténor le jeune Barney Wilen (22 ans) qui participe à deux titres (ce sera la seule collaboration du prix Django Reinhardt avec Monk). La rythmique est toute récente avec Sam Jones à la basse et Art Taylor à la batterie (on entend dans un making of , Monk lui donner ses instructions sur le jeu qu’il attend).  Vadim était comblé et propose la musique de Monk pendant 30 minutes d’un film de 111 minutes.
Pour célébrer le centième anniversaire de la naissance de Thelonious Monk (le 10 octobre 1917), voilà un cadeau tout trouvé à tout amateur de musique (tout court). Chapeau bas à Frédéric Thomas de Sam Records, maître d’œuvre de l’opération, avec la complicité de François Lê Xuan, Zev Feldman et Daniel Richard, tous bien connus des jazzophiles. Une version en vinyle est également disponible.
Jean-Louis Lemarchand
 
 
 

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15 juin 2017 4 15 /06 /juin /2017 17:18

Bruno Schorp (contrebasse), Christophe Panzani (saxophone ténor, clarinette basse), Leonardo Montana (piano, piano électrique), Gautier Garrigue (batterie)

Invités : Nelson Veras (guitare), Charlotte Wassy (voix), Tony Paeleman (claviers)

Poitiers, 2015 ; enregistrements additionnels en 2016

Shed Music SHED 006 / Absilone

 

De ce disque on pourrait dire qu'il est, en lui-même, un éloge de la mélancolie. Un éloge par touches successives, dans les demi-tons (couleurs ? intervalles ?), des escapades rêveuses et des rythmes faussement alanguis. Un éloge positif, qui n'induirait nulle tristesse, mais serait un voyage vers des horizons où nous attendraient d'autres découvertes, et d'autres songes. Et les partenaires réguliers du contrebassiste, comme les invités, savent cet univers sur le bout des doigts, ils le peuplent et lui donnent vie. Bruissement des rythmes, nuances des couleurs, tout concourt à composer un paysage qui émerge, et où se mêlent la familiarité et l'étonnement. La plage avec voix, dans l'apparente simplicité de son chant, recèle en fait bien des mystères : couleurs un peu énigmatiques des percussions, cheminement sinueux dans des intervalles qui parlent d'ailleurs, tout semble nous prendre par la main vers une résolution attendue, et qui pourtant ne révèle pas l'entièreté de son secret. Alors il faut suivre le fil, jusqu'à l'ultime plage, et recommencer le voyage, qui nous guide au travers de ce monde que le groupe nous invite à (re)découvrir.

Xavier Prévost

 

Le groupe jouera pour la sorte de l'album à Paris, au Sunset, le vendredi 16 juin 2017

 

Un avant-ouïr sur Youtube

www.youtube.com/watch?v=5NmeOm4u4Aw

 

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