Paru en mai dernier, mais introuvable dès sa sortie par la faute d'une entreprise de logistique défaillante, le nouveau CD en duo de JEAN-MARC FOLTZ & STEPHAN OLIVA sera enfin disponible le 31 mars grâce à L'Autre Distribution. Retour de la chronique publiée le 14 mai 2016
JEAN-MARC FOLTZ : STEPHAN OLIVA « Gershwin »
Jean-Marc Foltz (clarinette, clarinette basse), Stephan Oliva (piano)
Pernes-les-Fontaines, décembre 2015
Vision Fugitive VF 313012 / L'Autre Distribution
On est souvent avec eux du côté d'une musique qui privilégie l'extrême nuance, la mise en suspens, le silence ou le bruissement imperceptible d'un monde en (re)naissance : une sorte de jazz de chambre si l'on veut. Ce qui n'écarte nul éclat, nulle intensité expressive. Le choix est fait ici de s'en remettre pour le répertoire aux frères Gershwin : George bien sûr, mais aussi Ira qui était, seul, signataire d'un texte pour un thème ( I Can't Get Started ) dont la musique est signée Vernon Duke. Mais c'est bien plus qu'une thématique, un concept ou un fil conducteur. C'est une plongée dans l'âme d'une époque, soulignée par un livret iconographique qui fait revivre Gershwin en son temps. Dans l'âme assurément : pas question de mimer les contours de thèmes familier, mais au contraire d'interroger leurs tréfonds et leurs mystères. Car nous sommes bien ici en présence de jazzmen, et le propre du jazz est de transfigurer, de dévoyer, de gauchir ou de sublimer (et parfois tout cela d'un seul geste).
Les musiciens conçoivent aussi quelques courtes séquences de leur cru, pour introduire un thème, installer un climat.... Ainsi fait Stephan Oliva, dès la première plage, en esquissant quelques secondes durant une voie d'accès à l'inoxydable The Man I Love : comme un prélude au renouveau dans l'inconnu. La clarinette étire le thème dans un absolu recueillement, le piano détaille les harmonies en y mettant ce qu'il faut d'altérations pour créer une tension. Ensuite Fascinating Rhythm révèle sa vitalité syncopée, entre clarinette basse et piano, mais les deux musiciens se jouent des accents attendus, et nous emportent vers l'ailleurs : c'est bon signe. It's Wonderful, usuellement donné en version joyeusement dansante, est ici étiré, version plus que lente, comme une introduction idéale au sublime My Man's Gone Now , quintessence de toutes les nostalgies. Une première évocation du thème de la Rhapsody in Blue suit un prélude qui, une fois encore, nous à montré la voie des harmonies célestes.... Et tout se poursuit dans l'intense beauté d'un déroulement cohérent, où pourtant chaque transition garde sa part de mystère. Le ressassé Summertime est donné dans une apparente littéralité par la Jean-Marc Foltz, mais les harmonies distillées par Stephan Oliva le parent de charmes inédits, et la clarinette s'évade à son tour. Et ainsi de suite jusqu'au conclusif I Love(s) You Porgy, qui nous fait aimer ce disque, magnifique, de bout en bout.
Xavier Prévost
Le duo donne un concert à Paris au Sunside, le vendredi 17 mars 2017 à 19h30, dans le cadre de Paris Music Festival
Pour découvrir le CD sur Youtube :
https://www.youtube.com/watch?v=Y-jtC9MSuME
Le compte rendu du concert du festival 'Jazz in Arles' par Sophie Chambon en mai dernier
http://lesdnj.over-blog.com/2016/05/gershwin-jazz-in-arles-au-mejan.html