Paul Jarret (guitare, effets électroniques, composition), Maxence Ravelomanantsoa (saxophone ténor), Léo Pellet (trombone), Alexandre Perrot (contrebasse), Ariel Tessier (batterie)
Villetaneuse, 8-10 juin 2015
Gaya Music Production GAYA 025/ Socadisc
Deuxième album pour ce groupe régulier, dont les membres se sont déjà distingués sur quelques belles scènes, mais aussi devant les jurys du département de jazz du Conservatoire National Supérieur et du concours de La Défense. Jeune génération donc, très formée, mais aussi très investie dans une quête artistique qui dépasse largement le (brillant) bilan de compétences. Le disque est très bien produit, riche de subtiles nuances sonores magnifiées par le prise de son et le mixage, mais l'essentiel est ailleurs : dans une énergie mingusienne, une intégrité de chaque instant qui fait nécessité impérieuse de ce qui, chez d'autres, ne serait qu'effets. Des riffs puissamment trempés de rock donnent la réplique à des mélodies parfois mélancoliques, teintées de cette tradition des musiques populaires de la vieille Europe ou d'ailleurs que l'on trouve, par exemple, chez Henri Texier. Les arrangements sont peaufinés, sans « tape à l'oreille », mais touchent cette zone sensible qui chez l'auditeur suscite l'émoi. Ici une guitare qui respire l'air des grands espaces d'un Ouest états-unien nimbé de mythes enracinés. Ailleurs un chorus perdu dans des lointains délibérés, quand la parole est en fait au lancinement des cuivres, et surtout au formidable ciselé du mixage, partie intégrante du projet artistique. Les effets électroniques sont pourvoyeurs d'un imaginaire riche, où les souffleurs évoluent comme par mystère. Les solos ne sont nullement systématiques, mais surviennent (souvent en dialogue entre plusieurs instruments) adossés à un soubassement rythmique puissant. La pulsation est forte, mais toujours soigneusement configurée, comme pour préserver la part de pensée (consciente ou inconsciente) que recèle la musique. Qualité des compositions, cohérence du groupe, pertinence des choix sonores, tout inspire le respect, et même l'admiration : « de la belle ouvrage », qui rappelle que les grands artisans sont aussi des artistes. À découvrir donc (si ce n'est déjà fait), et de toute urgence.
Xavier Prévost
Le groupe sera en concert à Paris, au Café de la Danse, le mercredi 16 mars
Petite vidéo d'aguichage sur Vimeo : https://vimeo.com/144017248