![MYRIAM ALTER « Cross / Ways »](https://image.over-blog.com/S6zGfThLy3v5pDr52KQqHWNYl44=/fit-in/300x300/filters:no_upscale()/image%2F1365231%2F20151229%2Fob_35b20f_myriam-alter.jpg)
Luciano Biondini (accordéon), John Ruocco (clarinette), Michel Massot (tuba, trombone), Michel Bisceglia (piano & arrangements), Nicolas Thys (contrebasse), Lander Gyselinck (batterie), Myriam Alter (composition, piano solo sur le dernière plage)
Bruxelles, 13-14 septembre 2014
Enja ENJ-9626 2 (Harmonia Mundi)
Myriam Alter est à elle seule un cas d'école : formée dès l'enfance au piano classique, elle l'a abandonné à l'adolescence, a étudié la psychologie, travaillé dans une agence de publicité, dirigé une école de danse, avant de revenir au piano, et de choisir le jazz, en composant son propre répertoire. Dans son premier disque « Reminiscence », en 1994 (dont le contrebassiste était Michel Benita), et dans le suivant, « Silent Walk » (1996) elle tenait le piano. Pour les deux suivants, enregistrés à New York, elle céda le clavier à Kenny Werner. « Cross / Ways » est son sixième CD, le pianiste Michel Bisceglia signe les arrangements, et Myriam Alter se met au piano, en solo, pour l'ultime plage, dédiée à Mal Waldron, qui fut un ami proche. Cette dernière plage tranche d'ailleurs sur le reste du répertoire : une basse obstinée, avec une ligne mélodique qui va vers doucement vers des intervalles très tendus. Mais ce thème conclusif respire, comme l'ensemble de l'album, une belle et douce mélancolie. À ce climat l'accordéon de l'Italien Luciano Biondini contribue largement, comme en 2002, pour « If », celui de l'Argentin Dino Saluzzi, grand expert en mélancolie s'il en fut. Sur Youtube, à la page où l'on trouve l'intégralité de « If », un commentaire affirme « c'est du tango, pas du jazz.... ». On pourrait, sur telle ou telle plage de ce nouvel opus, penser au tango, mais c'est bien de jazz qu'il s'agit, avec cette liberté de cheminement, ces bouffées de mélodies judéo-espagnoles, et ces escapades à trois temps, comme au bon vieux temps de Bill Evans. Myriam Alter a le talent de composer dans cette veine nostalgique, ce qui lui vaut de s'adjoindre les partenaires les plus idoines, et aux qualités considérables : naguère, outre Kenny Werner et ceux déjà cités, Marc Jonhson, Joe Baron.... et aujourd'hui la fine fleur de la scène bruxelloise (dont l'Américain John Ruocco, établi de longtemps dans les plats pays belges et néerlandais). Quelle que soit votre langue imaginaire, si les mots Sehnsucht, saudade, melancholy, malinconia, melancolia.... résonnent en vous, précipitez vous sur ce disque : il est pour vous !
Xavier Prévost