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11 juillet 2015 6 11 /07 /juillet /2015 16:50
@philippe.meziat

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11 juillet 2015 6 11 /07 /juillet /2015 10:00
Robert Glasper : " Covered"

Robert Glasper (p), Vincent Archer (b), Damion Reid (dms)

Blue Note 2015

Pour ceux qui avaient dans l'oreille le très iconoclaste " Black radio", précédent album du pianiste, il faudra faire "reset" et repartir à zéro.

Black Radio avait surpris son monde en se situant à la croisée des chemins des musiques populaires actuelles et du R&B avec une telle originalité qu'elle lui valut quelques critiques acerbes de certains gardiens d'un temple du jazz peu habitué à se faire bousculer de la sorte.

Dans le nouvel album enregistré en public au Capitol Studio , peu de temps après avoir recueilli un grammy pour justement " Black Radio", Robert Glasper montre au contraire son souhait d'en revenir à des bases "straight" comme il le dit lui-même dans ses quelques mots d'introduction et repartir sur un format classique de trio piano-basse-batterie. Sans toutefois se départir de son souci de la modernité qui semble le poursuivre dans une vraie démarche artistique. Et ce n'est donc pas un hasard si Glasper va chercher dans le répertoire actuel depuis Kendrick Lammar (le formidable chanteur de hip-ho jusqu’à Radiohead ( Reckoner) véritable inspiration de toute une génération de pianistes ( Brad Meldhau en croque et Yaron Herman s'en inspire).

Alors que Glasper jouait de l'électrique dans ses précédentes prestations, tant comme leader qu'aux côtés de stars internationales comme Rihana ou Justin Timberlake par exemple, ce retour au piano marque non pas un retour en arrière mais l'affirmation de son identité très moderne par des voies plus classiques. C’est pourquoi on l’entend dans un morceau d’impro libre à l’inspiration très « Monk » ( In case you forgot qui passe par tous les stades possibles jusqu’à évoquer Cindy Lauper) ou encore dans une très très belle et élégante reprise de Stella by Starlight. Quelques textes engagés scandent cette prestation avec une affirmation d’un black power fier et apaisé ( I’m dying of thirst ou Got over, texte d’Harry Belafonte).

Capable de transcender les m »lodies les plus actuelles et d’en souligner toute l’essence magnifique, Robert Glasper est un inventeur du clavier. Il sort de son piano des sons larges et variés comme sur ce I don’t even care qui résonne presque comme s’il était à l’électrique. Avec beaucoup de relâchement et une vraie classe de dandy, Robert Glasper cherche, se promène sur son piano, évolue avec beaucoup de grâce et d’inventivité maîtrisée. Comme une sorte de seconde peau.

Certes on a parfois tendance à se méfier de ce phénomène de mode qui entoure Robert Glasper qui tendrait à devenir l'archétype de l'artiste emblématique et cross-over. Et pourtant ce soir là au mythique Capitol Studio se vivait un vrai moment de jazz, en toute plénitude. Robert Glasper y apportait la démonstration sereine que la modernité se trouvait là en plein cœur de la tradition. C'est cela être Cross-over !

Jean-Marc Gelin

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9 juillet 2015 4 09 /07 /juillet /2015 22:12
Têtes de Jazz ! Avignon Jazz Focus

3ème édition AJMI /La Manutention

07-18 Juillet 2015

http://www.tetesdejazz.eu/

www.jazzalajmi.com

www.triojournalintime.com

www.lamourduloup.net

Le jazz et les musiques actuelles reviennent pour la 3ème année consécutive faire de la résistance dans l’ilôt privilégié de l’AJMI et de La Manutention (cinémas Utopia), derrière le Palais des Papes en face du Théâtre (belge) des Doms, l’un des nombreux partenaires de l’opération. Car, au cœur de l’une des plus importantes manifestations de spectacle vivant, Têtes de Jazz est la vitrine d’exposition de ces musiques qui propose pas moins de quarante concerts (à 12H30, 15h30, 18h30 et 21h30 chaque jour), du 8 au 16 juillet, ainsi que des rencontres professionnelles autour de tables rondes. Ce festival de musique ne serait pas possible sans les bonnes volontés coopératives de tous les partenaires qui coproduisent les spectacles de ce marché des musiques à venir. Pour le grand public, voilà l’occasion rêvée de découvrir la cité papale autrement et d’appliquer la recette de l’AJMI à savoir que «la meilleure façon d’écouter du jazz c’est d’en voir».

Passons donc à la pratique :

AmbreOzChristopheJodet Purcell

La Compagnie de l’Amour du Loup propose un duo voix/contrebasse, basse électrique, loop station, sur quelques airs célèbres du compositeur baroque Henry Purcell, popularisé entre autre par le travail du Deller Consort. Cette forme ouverte et souple a demandé un sérieux travail d’arrangement au contrebassiste. La basse continue sur laquelle la voix improvise, est, pour citer Pascal Quignard dans L’origine de la danse : Quelque chose « sous le plancher » appelle le corps qui marche... le ground en anglais c’est la basse continue, le rythme de fond chez Purcell.

La basse électrique est comme une guitare baryton. Les loops de Christophe Jodet servent à enregistrer et à faire jouer en boucle ses deux basses, et il peut à loisir ajouter des effets d’archet. Ce dispositif ingénieux jette un autre éclairage sur les textes forts et les mélodies d’ «O Solitude » de « La Mort de Didon » ou de «Music for a While». Le résultat, organique plus encore que lyrique, souligne le talent de conteuse d’Ambre Oz, qui s’étant déjà frottée aux chants ethniques et trad, fait rouler en bouche les fragments choisis « O solitude, my sweetest choice », ou « My soul has never known delight», plongeant au plus près de ces chants de déploration et d’introspection.

Journal intime Lips on fire suivi du Bal des Faux Frères

Sylvain Bardiau (tp), Frédéric Gastard (saxophone basse), Matthias Mahler (tb)

http://www.lesdnj.com/article-journal-intime-lips-on-fire-67941798.html

Quel plaisir de retrouver le trio de cuivres si original (sax basse, trompette et trombone) de Journal Intime. Ces formidables musiciens, très impliqués dans le travail artistique, de la production à la distribution, recherchent une indépendance musicale qui leur permette de vivre leur exigence musicale. Depuis leur création, il y a déjà dix ans, le trio qui fonctionne plaisamment sur un mode collégial, a renforcé sa cohésion : le programme autour de Jimi Hendrix s’est étoffé. Cette «mise en oreille de leur vision fantasmée» de la musique du génial gaucher enchaîne avec le plus grand sérieux des élucubrations musicales vraiment acrobatiques : une introduction délirante de Fred Gastard sur « Odysseus Praeludium » nous prépare à plonger dans ces reprises très spéciales de «Hey Babe», «Lover Man» (d’après Muddy Waters) et enfin «All Along The Watchtower », chanson «empruntée» à Bob Dylan qui, bon prince, reconnut la version d’Hendrix indépassable. Le plus extraordinaire est que l’on finit par entendre Hendrix, l’essence même de son chant, au cœur des distorsions et autres bruits de tuyauterie. La transposition est extravagante mais elle réussit à merveille. Quel régal de les voir évoluer sur scène : attaques franches, impeccables unissons, solos fougueux, tout est réglé avec un enthousiasme ébouriffant et une précision orchestrale. La beauté de cet alliage inusité de timbres ne le dispute en rien à la ferveur de « grooves » qui feraient se dresser une assemblée de paralytiques en pèlerinage à Lourdes. Leur musique est une création très travaillée, à la recherche d’un équilibre souvent instable. Généreusement expansionniste parce qu’elle ne prend pas le pouvoir, elle se développe au contraire à perte d’ouïe.

La bonne idée est d’enchaîner, après les reprises hendrixiennes, un autre programme tout autant jubilatoire, mis au point avec la même rigueur, avec le trio des « faux frères », composé du saxophoniste ténor (Fabien Kisoka) et de 2 batteurs Fabrice Lerigab et Laurent Di Carlo. Leur rencontre, il y a une quinzaine d’années sur la caravane du Tour, constituait un début original, très formateur pour comprendre ce qu’est le spectacle vivant. Ils ont continué par une pratique plus raisonnable mais non moins ardue, celle de la déambulation, de la fanfare de rue, reprenant ainsi la tradition des « marching bands » de La Nouvelle Orleans. Le répertoire de cet album dont on fête la sortie aux Têtes de Jazz, emprunte autant aux Rita Mitsouko (Le petit train), à Buckshot leFonque (Brandford Marsalis) qu’à ACDC. Et c’est littéralement aphone que finit Fred Gastard dans « I wanna be your dog » des Stooges, s’improvisant en un Iggy Pop halluciné.

Le public de l’Ajmi s’est levé spontanément pour danser, dans une exaltation joliment fraternelle. Et ce n’est pas si souvent que l’on retrouve ce plaisir du corps qui fait sens.

https://www.youtube.com/watch?v=igUhlH5GlQQ

Sophie Chambon

A venir :

Paysage, avec bruits : sortie CD 2015/2016 avec et sur des compositions originales de Marc Ducret qui fait suite à leur Extension des feux avec Marc Ducret et Vincent Peirani.

Lips on fire II avec Guillaume Magne (guitare) et chant et Emiliano Turi ( batterie)

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5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 20:28
Charlie Jazz Festival  (dix-huitième édition) Deuxième soirée  samedi 4 juillet 2015

« On est tous Charlie » me dit un ami, quand je lui annonce que je vais au Charlie Jazz Festival...Mais au-delà de la boutade, quelque chose, assurément, demeure de l’esprit des débuts, frondeur et opposant à la politique qui se menait à Vitrolles. D’ailleurs, dans la vaillante équipe de bénévoles, le noyau dur a une moyenne d‘âge respectable, ce qui tendrait à prouver que le maillage associatif est solide. Des potes qui se retrouvent pour oeuvrer utile au bar, à la billetterie, au catering pro. Même si la restauration est encore un peu difficile à mettre en place, avec des roulottes ou « foodtrucks » dans la prairie qui servent à flux tendu wok minute ou hamburgers et qui n’ont plus rien à proposer dès le premier entracte. Le bar lui, résiste et par ces températures extrêmes, le blanc ou rosé de la Vénus de Pinchinat a moins de succès que la bière qui coule à flot. Le petit glacier, nouveau venu cette année, n’a aucun mal à écouler sa production en un temps record.

Depuis le temps que je suis le festival, je n’avais encore jamais vu autant de public, y compris un samedi soir. Je me souviens d’années pus ou moins fastes, en particulier de 2003, sur fond de canicule et de grève des intermittents... C’est la première fois que la jauge explose littéralement. On dépasse les 1350 personnes pour cette deuxième soirée et une noria de chaises processionne, occupant les derniers espaces disponibles. La tonnelle derrière la régie est prise d’assaut. Le livret de présentation du festival annonce près de 3000 spectateurs sur les 3 jours, la politique tarifaire est raisonnable, un pass de 3 jours à 60 euros, quand il est acheté acheté sur place et de seulement 51 euros en prévente, avec des tarifs très avantageux pour les moins de 25 ans.

Arrivée juste à temps pour le concert du trio de Renaud Garcia Fons, je me propose d’aller voir plus tard, comme chaque année, les photos de Gérard Tissier, fidèle de l’association et du Moulin à Jazz, exposées dans la galerie, non loin des JAZZBOX de Céline Léna et de l’ami Philippe Méziat. Sont présentées 8 fictions, 8 lieux fantasmés du jazz de Cuba à Tokyo, Chicago, New York, Paris, Detroit ou La Nouvelle Orleans. Un périple sur l’histoire du jazz à travers le temps et les continents qui prend tout son intérêt dans le contexte de ce festival, ouvert sur le monde.

Il fait encore chaud quand le concert commence, et la colophane fond, collante comme un sparadrap alors que le trio du contrebassiste joue son nouveau programme Revoir Paris ( qui sortira bientôt sur le label de son dernier duo Silk Moon avec Derya Türkan, l’Autre distribution).

Revoir Paris évidemment c’est en référence à Trénet, non pas l’hommage spleenétique et mollasson de reprises parlées par Benjamin Biolay. Le premier titre, nous annonce le contrebassiste, s’inspire de la chanson sans en reprendre la mélodie. Il m’avouera hors scène que dans le disque, figure un arrangement chanté de la chanson de Trénet . Je n’en saurai pas plus, c’est le «teasing» de bonne guerre avant la sortie du disque. Avec ce nouveau trio, composé de l’accordéoniste David Venitucci, autre voyageur infatigable et du vibraphoniste marseillais Stephan Caracci, à la batterie pour ce concert, il emprunte encore une nouvelle direction, tout en dévoilant ses souvenirs. C’est une vision du Paris tendre et nostalgique, populaire et musette, avec valse et tango, que traversent des images de films, comme « Monsieur Taxi » avec Michel Simon tourné en 1952 par le très oublié André Hunebelle. On entendrait bien alors la ritournelle si prenante de Jean Constantin dans les Quatre Cents Coups illustrant les frasques et cavalcades du petit Léaud. Car Renaud Garcia Fons nous entraîne sur les hauteurs de Montmartre et « les escaliers de la butte si durs aux miséreux ».

C’est le retour aux origines de sa musique et de son existence qu’il exprime de façon originale, dans un univers baroque qui suit le pourtour méditerranéen, depuis la Catalogne familiale. Ses racines, il les promeut avec efficacité mais il ne limite pas à elles. Avec la qualité des accords et la spécificité de sa contrebasse, il tend vers un jazz de chambre. Ce musicien, au début classique, a évolué, devenant l’un des chantres du «cross over» entre classique, jazz et musiques du monde. Et ainsi apparaissent les couleurs orientalisantes, quand quittant Montmartre et la rue Championnet, ses pas le rapprochent de Barbès. Voilà des rythmes arabo-andalous qui tordent le répertoire plus classique de l’instrument, une cinq cordes de belle facture du luthier Jean Auray. Il a coutume en solo de s’aider de boucles, tapis moelleux sur lequel il imagine ses figures de styles toutes en courbes et contrecourbes. Ses lignes de basse intenses sont augmentées des effets du « delay » et autres « devices » électroniques. Il manie l’archet avec une élégance rare, et l’électrification fait résonner l’instrument comme un violon, une guitare, voire un oud selon le contexte. Tout un univers de cordes sensibles que l’on entend ce soir dans sa musique soulignée par la qualité du son.

Après l’entracte, c’est un trio «all star», cosmopolite, qui prend place sur la scène superbement mise en lumière, aux platanes habillés de mille feux : le pianiste cubain tout de blanc vêtu, Omar Sosa, le trompettiste sarde aux pieds nus Paolo Fresu et l’indien Trilok Gurtu à la batterie et aux percussions. De sacrées pointures qui savent échanger et développer une musique du monde. Au sens littéral puisqu’ils reforment ici un carrefour de trois continents. La direction de l’ensemble garde cohérence, malgré le mélange de rythmes. C’est encore de retour aux sources qu’il est question (le continent africain d’où partirent les esclaves déportés) avec la musique d’Omar Sosa qui met en jeu ses racines latines en introduisant des rythmes urbains, afro-caribéens et de l’électro. Le Cubain est adepte de la santeria, religion syncrétique qui allie le vaudou d’origine yoruba (Benin-Nigeria) à un catholicisme animiste, pour faire court. Et une certaine spiritualité baigne sa musique qui n’exclut pas la sensualité dans les ballades ; rimant avec « torrides » et « diaboliques », tournent, dans l’air du soir, les grooves de Trilok Gurtu qui s’emballe dès qu’il touche ses fûts. Quant au trompettiste de Bercchida, adepte de la respiration circulaire, il souffle le vent du jazz, qu’il soit assis ou debout, tendu comme un arc, avec un son toujours impeccable, quelque soit le contexte, avec ou sans sourdine, ou autre effet de la chambre d’écho. «Ce qui nous rappelle que cela fait bien longtemps que le jazz est latin, depuis ses débuts même», écrit Philippe Méziat dans la «Jazz box» sur la Nouvelle Orleans, avec un extrait de Jelly Roll Morton, qui se proclamait l’inventeur de cette musique, écoutant et jouant une musique influencée par les rythmes espagnols et créoles. Après que les musiciens ont émigré vers le nord, l’ouest, ou New York, le jazz a quelque peu oublié ces belles couleurs latines... Jusqu’à la fin des années quarante où il se les réapproprie grâce aux percussionnistes des Caraïbes comme Chano Pozo.

Ainsi, aux sons enivrants et parfumés d’une musique populaire de qualité, la soirée s’achève, dans une certaine allégresse. Une vraie réussite pour la bande à Charlie...

Sophie Chambon

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5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 07:03

18ème édition

03/04/05 Juillet

Domaine de Fontblanche

http://charliejazzfestival.com/

Charlie Jazz Festival 2015

Depuis des débuts militants avec l’association Charlie Free, le jazz a sa place à Vitrolles, commune des BdR (13), non loin de l’étang de Berre et de l’aéroport de Marseille Provence. Cette entreprise culturelle n’a cessé de se fortifier et de construire sa programmation sur un jazz actuel, « un jazz en marche » avec des concerts toute l’année au Moulin à Jazz et une grande fête, aux premiers jours de juillet dans le Domaine de Fontblanche. La canicule a provisoirement abandonné un peu de terrain en ce début de soirée, dans le magnifique parc ombragé de platanes centenaires et le public répond présent lors du premier grand week end des vacances.

Le quartet du trompettiste Ambrose Akinmusire ouvre la soirée sur la grande scène des platanes. Il avoue être heureux de découvrir ce festival même s’il a déjà joué dans le sud, à Marseille. Tout de suite, avec ses complices, la section rythmique composée de Harish Raghavan à la contrebasse et de Justin Brown à la batterie, sans oublier le pianiste Sam Harris, énergique et passionné, le concert démarre avec intensité. Ils sont absolument formidables, justes dans leur emportement même, habitués à se frotter à l’urgence de la déclaration musicale de leur leader qui les laisse souvent réagir en trio. Le trompettiste adopte alors une position de retrait, propice à l’écoute et au recueillement. L’écriture des différentes compositions laisse apparaître une structure rigoureuse et dense à laquelle tous se soumettent, en donnant l’impression d’une création continue et imprévisible. Une musique improvisée qui ne devrait jamais se répéter, qui tente de nouveaux contextes, pour se démultiplier, construire et déconstruire, souffler et apaiser. Voilà un jazz porteur de sens et de vertus formelles qui, sans renier ses repères, se révèle libre, dégagé d’influences trop prégnantes. Comme si le musicien voulait inventer un nouveau langage, débarrassé de scories encombrantes. A la trompette, il est bluffant, avec un quelque chose qui n’appartient qu’à lui, un son droit, direct, comme intériorisé. Rare et fulgurant, incisif, vif d’attaque et tout en nuances, brillant sans éclat, vigoureux et tendre à la fois, retenu par moment, très sérieux dans son engagement, on ne peut s’empêcher de le fixer pour essayer de comprendre comment « ça » joue. On écoute absolument sidéré cette musique, ardente dans ses commencements, nerveuse, qui entraîne au-delà de la sensibilité et du lyrisme. Sur une ballade justement, en duo avec le pianiste, il parvient à une émotion intense, d’une douceur qui peut faire mal. Il y a quelque chose de transcendant dans cette musique, faite de recueillement et de spiritualité. Et c’est en ce sens qu’Akinmusire fait penser à Coltrane. Car cette intensité va bien au-delà de l’instrument et l’on se sent emporté dans un maelström fiévreux. S’éloignant de la transparence et du contrôle, on plonge au cœur d’une origine que l’on ne connaît pas. Ambrose Akinmusire poursuit avec ses compagnons un dialogue fervent, construisant une forme plus narrative, très ouverte. Un jazz vif dans une aventure collective qui devrait s’installer tout en se transformant continûment. Un bien beau parcours, peu balisé qui suppose l’engagement d’une écoute attentive et complice. Le jeune trompettiste d’Oakland -il n’a que 33 ans- a déjà joué avec les plus grands, de Joshua Redman à Steve Coleman sans oublier notre « Frenchie » Michel Portal qui, fine mouche, l’avait appelé sur son « Bailador ». Il a signé sur le label Blue Note son dernier album au titre étrange « The Imagined Savior Is Far Easier To Paint ».

Si je suis surprise de ne pas vraiment « reconnaître » l’album que j’avais pourtant chroniqué ici http://www.lesdnj.com/article-ambrose-akinmusire-the-imagined-savior-is-far-easier-to-paint-123396294.html , c’est que le programme du concert ne reprend pas, dans l’ordre établi, le répertoire du disque. La musique a évolué au cours des tournées, en une année. Le groupe joue donc quelques compositions mais donne aussi la primeur de musiques inédites comme si les occasions de jeu offraient un territoire de création, un laboratoire pour recherches à venir. Comme si chaque concert permettait de repousser ses limites vers une nouvelle frontière ; c’est dire que ce quartet ne recherche pas la facilité, ne tient pas même à vendre ses disques après le concert.

Captivé de bout en bout par cette musique sensible, on ressent cette confiance indéfectible dans la musique, l’éternité du jazz, son essence. Ce que démontre paradoxalement l’art de ces musiciens est que plus ça vient de loin, plus cela sonne neuf.

@Forence Ducommun

@Forence Ducommun

Changement de set et contraste absolu avec le groupe suivant, co-animé par un duo chaleureux et bon enfant, le Sylvain Luc et Stefano Di Battista  Quartet. Sans transition, on revient à une musique européenne, mélodique et lyrique. Accentuant encore leur versant naturel pour ce style, le guitariste basque et le saxophoniste romain ont choisi de reprendre des thèmes connus d’Ennio Morricone, de Michel Legrand, de Nino Rota...Ils jouent le répertoire de leur dernier album Giu’ La Testa sorti chez Just Looking productions l’an dernier. 
S’entend alors une musique plus lisse sans être facile, qui fait la joie du public qui en redemande, soulagé  peut-être après la tension du concert précédent, incandescent. D’autant que le duo fait le show avec simplicité et gentillesse. Les deux gaillards peuvent tout jouer : du jazz funk avec une reprise de Ray Charles, du jazz rock avec le «Dingo Rock » de l’incontournable Michel Legrand, du trad, des ballades.  Certains des thèmes choisis font partie de notre mémoire collective  comme « La Chanson des Jumelles » ou les compositions de Morricone pour le cinéma, toujours émouvantes que ce soit « Love Theme For Nata » ( Cinema Paradiso de Giuseppe Tornatore) ou «Giu’La Testa» d’ «Il était une fois la révolution» de Sergio Leone. Tout invite à la danse dans cette musique sans prétention qui coule sans effort avec une rythmique irrrésistiblement entraînante, le chevelu Pierre François Dufour à la batterie et l’élégant Daniele Sorrentino à la basse électrique.  Ces musiques se transforment au gré des variations tout en se parant des couleurs de la nostalgie, comme dans « Touch Her Soft Lips And Part » de William Walton où l’on pourrait entendre des effluves des Beatles, avec un sax soprano délicat. Ainsi se finit avec un rappel chaudement acclamé, la première soirée du festival. On ne boudera pas son plaisir, le jazz est aussi une musique de divertissement et de plaisir qui se consomme sur place et dans l’instant ; surtout quand elle est interprétée par des virtuoses qui ne se prennent pas au sérieux et jouent en jouant.

Sophie Chambon

Florence Ducommun

Florence Ducommun

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25 juin 2015 4 25 /06 /juin /2015 07:50
Les lauréats Talent Adami Jazz 2015 :

Le 3 Juillet / jazz a vienne : STEPHANE KERECKI https://vimeo.com/130435111

Conference de presse a 17H30 avec Laurent de Wilde ( representant de l adami ) et Stephane Kerecki

Le 8 juillet / Jazz a Vienne : LAURENT COULONDRE TRIO https://vimeo.com/130435110

Les festivals partenaires :

Jazz in Marciac – Jazz à Vienne – Paris Jazz Festival London Jazz festival - Bratislava Jazz Days

L’opération Talent Adami Jazz, initiée par l’Association artistique de l’Adami & Jean Jacques Milteau ( pdt de l Adami) se positionne comme un véritable tremplin à l’exportation des artistes de jazz français avec la complicité des plus grands festivals. Avec cette opération, l’Adami est un véritable partenaire de développement d’artistes, le lien entre les tourneurs et des festivals incontournables en France et à l’étranger.

Les dates :

PARIS JAZZ FEST :

STEPHANE KERECKI : le 7 Juin

LAURENT COULONDRE TRIO : le 26 Juillet

JAZZ A VIENNE :

STEPHANE KERECKI : le 3 Juillet // conf de presse a 17H30 avec laurent de wilde ( representant de l Adami)

LAURENT COULONDRE : Le 8 juillet

JAZZ IN MARCIAC :

LAURENT COULONDRE : le 30 Juillet

STEPHANE KERECKI : le 4 aout

FESTIVAL MIMO / BRESIL

STEPHANE KERECKI : le 20 Nov

LONDON JAZZ FEST ( Nov )

LAURENT COULONDRE TRIO & STEPHANE KERECKI

JAZZ DAYS BRATISLAVA ( Oct) :

STEPHANE KERECKI

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31 mai 2015 7 31 /05 /mai /2015 12:56
@camille Gibily

@camille Gibily

JAZZ IN ARLES 2015  Vingtième edition (fin)

Soirée du samedi 23 mai

RICCARDO DEL FRA Quintet MY CHET, MY SONG

Nicolas Folmer (trompette), Pierrick Pedron (saxophone alto), Riccardo Del Fra (contrebasse), Bruno Ruder (piano), Ariel Tessier (batterie)

www.riccardodelfra.net

C’est la fin du festival de jazz arlésien, la soirée de clôture. En ce samedi soir, la jauge de la salle est dépassée, la petite mais vaillante équipe de l’association du Mejan s’affaire en rajoutant des lignes de chaise, tant le public se presse pour assister au concert. Le journal La Provence s’est déplacé. Le titre le dit bien, il ne s’agit pas de célébrer la mémoire du trompettiste Chet Baker par un énième hommage ou « tribute »[i] comme l’exprime la tendance actuelle. C’est sa vision éminemment personnelle que propose le contrebassiste romain Riccardo del Fra qui, dans ses jeunes années, dès 1979, a accompagné Chet Baker sur les routes et en studio, apprenant ainsi le métier avec l’une des personnalités les plus singulières et exigeantes du jazz. Le trompettiste Chet Baker fut assurément l’une des icônes de cette musique, beau comme un dieu, dans sa jeunesse. Ce n’est pas cette image que Del Fra conserve, bien des années après. Installé en France, directeur de la classe Jazz et Musiques improvisées du célèbre CNSM parisien, où la fine fleur de la jeune scène actuelle a fait partie de ses élèves, il se penche à nouveau sur son passé et se souvient. C’est ainsi qu’un projet ambitieux vit le jour sur le label Cristal avec un bel équipage et un orchestre allemand mythique, celui des studios de cinéma de Babelsberg. Jean-Marc Gelin qui chroniqua l’album pour les DNJ, ne tarissait pas d’éloge sur cet alliage de cordes et de vents :

http://www.lesdnj.com/article-riccardo-del-fra-my-chet-my-song-124672466.html

Le programme conçu par le contrebassiste explore l’univers de Chet Baker de façon poétique. Difficile de ne pas jouer des standards quand on aime le jazz et Chet Baker mais comment le faire autrement, avec fraîcheur et pertinence ? Riccardo Del Fra a répondu à ce défi en livrant des standards malaxés, réarrangés, se continuant souvent par des improvisations et des variations originales. Ainsi «For All We Know» se prolonge par cette évocation sensible « Oklahoma Kid »[ii], d’« un vol au dessus des grands espaces américains». «Love For Sale» des frères Gershwin se transforme en un « Wayne’s Whistle» malicieux. Del Fra a écrit les introductions et interludes de « I’m A Fool To Want You» et «I Remember You ». Deux de ses compositions attirent notre attention « Wind On An Open Book » et «The Bells And The Island». C’est son imaginaire qui est à l’œuvre, son ressenti qui s’exprime en une synthèse de toute son activité artistique. En s’aidant de grandes pointures, de solistes engagés comme Pierrick Pedron, jamais en reste quand il s’agit du « Great American Song Book » ( merveilleux «Change Partner» dans son (Deep In A Dream). Il a la complexité requise, à la fois lyrique, sensuel et énergique, dévorant l’espace dès le deuxième set où sa partie à l’alto est plus affirmée.

La musique du concert va sonner différemment, car le groupe est tout autre, sans orchestre, en version resserrée, un quintet où, à la batterie, le jeune Ariel Tessier, élève au CNSM, entretient un tempo rapide et continu, l’attelage allant souvent à un train d’enfer, sans respiration. Nicolas Folmer à la trompette et au bugle, reprend, après Airelle Besson, le rôle délicat de Chet. Il n’est pas a priori le plus évident dans ce rôle : virtuose et solaire, une fois lancé, il parvient aussi à se faire plus tendre, comme apaisé. C’est que le programme est dense, intense : deux sets en viendront à bout avec des passages très contrastés, de douceur infinie (duo piano/contrebasse où Bruno Ruder, formidable, tire son épingle du jeu) et d’autres échevelés, où le volume sonore atteint son apogée. On est loin du Chet de The Touch Of Your Lips à la « sonorité diaphane frôlant l’évanouissement ». C’est comme une version paroxystique qui illustre le caractère contrasté de la vie et de la carrière du trompettiste, « ange déchu du lyrisme », selon la juste formule de Pascal Anquetil dans son magnifique Portraits légendaires du jazz. La légitimité du projet est confortée quand Riccardo Del Fra lit son poème « Ombre e Luci »/ Chet, tant il est vrai que le trompettiste a toujours joué sa musique comme sa vie, ardemment.

NB : A souligner aussi ce moment d’émotion quand Riccardo Del Fra s’adresse dans la salle à Bertrand Fèvre, arlésien d’adoption, en lui rappelant les paroles de Chet lors de l’enregistrement du court métrage Chet’s Romance. C’est que le photographe a réalisé un portrait sensible, très éloigné du controversé Let’s get lost de Bruce Weber qui insiste sur la vie agitée de Chet, ses errances pathétiques, ses relations plus que tourmentées avec ses femmes, ses excès tragiques. Dans Chet’s romance, il n’est question que d’amour : filmé le 25 novembre 1987, dans un studio d’enregistrement parisien, le Clap’s, le document montre un Chet vieilli prématurément (un an avant sa mort, le vendredi 13 mai 1988 à Amsterdam), chantant et jouant dans un souffle « I’m A Fool To Want You», accompagné d’Alain Jean Marie au piano, de Riccardo del Fra à la contrebasse et de George Brown à la batterie.

Sophie Chambon

A suivre cet été le quintet avec cette formation : http://jazzenbaie.com/RICCARDODELFRA.aspx

[i] On peut tout de même citer le disque de Stéphane Belmondo qui accompagna Chet au New Morning et qui avec la complicité de Bertrand Fèvre vient de sortir sur Naïve un très émouvant Love for Chet au printemps 2015.

[ii] Chet, venu du fin fond de l’Oklahoma, le pays des « red necks », des « bouseux » arrive en Californie en 1948 ;

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27 mai 2015 3 27 /05 /mai /2015 23:00
Jazz in Arles ..... (suite)

Vingtième édition (13 au 23 mai 2015)

Soirée du jeudi 21 mai

Misja Fitzgerald Michel (guitare solo)

www.misjafitzgeraldmichel.com

Dans un rond de lumière apparaît un grand escogriffe à la chemise à carreaux bleus. Misja Fitzgerald Michel[i] commence à jouer un solo de guitare qui nous fera parcourir le plus doux des trajets, du sensible «Ornettish» à une ballade «Heat», de « Don’t explain » de Billie Holiday à « Lonely Woman » (retour à Ornette Coleman), de « Pink Moon» du folk songwriter Nick Drake à «Nardis» en rappel (composition du guitariste Chuck Wayne qu’a su s’approprier Bill Evans). Tout est surprise, changements de ton, d’accords, avec des phrases complexifiées à souhait. Ce qui n’enlève rien à la finesse, à l’imprévisibilité attachante que le guitariste insuffle à l’ensemble. C’est dans un contexte aussi particulier, strictement libre, tout simplement étonnant que l’on peut apprécier la beauté insensée d’une mélodie et sa capacité à durer. Misja célèbre la guitare plurielle, l’essaie à toutes les pluralités. Il connaît les chansons, les reprend puisqu’il les aime et nous les fait découvrir autrement. Ce sont bien elles et pourtant, en se glissant dans le répertoire, il se fait une place avec sa guitare qui sonne et donne tout leur espace à ces « petits » morceaux qu’il éclaire, autrement, à sa manière, simplement et avec talent. Voilà ce que c’est que d’être doué, inspiré. Libre. On reparlera, au cours de la soirée, de ses sources d’inspiration, de Nick Drake, ce troubadour disparu trop tôt, en 1974 auquel il a consacré son dernier album Time of No Reply, en 2012. Tout comme de la malédiction qui a frappé les Buckley. Car le succès foudroyant du fils, Jeff avec l’album Grace, sorti en 1994, a quelque peu éclipsé le travail du père, Tim, plus orienté folk, mais profondément éclectique dans ses goûts et orientations musicales.

Il faut décidément louer l’esprit avisé du directeur artistique Jean Paul Ricard qui sait programmer des talents rares, trop peu entendus. C’est toute la grâce de ce festival arlésien, unique, de faire découvrir chaque année des choses rares, de programmer des concerts que l’on n’entendra plus dans les grosses machines estivales, ou même dans le réseau plus pointu de l’AJC, ex Afijma.

@philippe.meziat

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80 years BARRE PHILLIPS « Listening »

Urs Leimgruber, saxophones/Jacques Demierre, piano / Barre Phillips, contrebasse

www.barrephillips.com-emir.org

Changement de ton après l’entracte avec LDP: on attend le contrebassiste Barre Philips en trio avec Urs Leimgruber au saxophone et Jacques Demierre au piano, un alliage qui a déjà une quinzaine d’années, se produisant sur le label allemand, de qualité, Jazzwerkstatt. Contre toute attente, il y a un point commun avec le concert précédent : si l’on ne peut, cette fois, fredonner la mélodie, on retiendra cette recherche exigeante du son, dans sa qualité la plus pure. Barre Phillips est un artiste véritable qui suit son propre fil. Et ce, depuis longtemps, depuis Music from Two Basses avec Dave Holland ou son solo, Journal Violone en musique improvisée. Avec ce trio, c’est la surprise et la découverte dans l’instant, un entrelacs de figures dans l’espace, une chorégraphie gestuelle et un abandon à l’instant-ané. On se laisse conduire par ce mixage de fragments sonores reliés à une écoute intime, des stridences et vrilles exacerbées du saxophoniste et autres grincements du piano plus ou moins préparé ; parfois c’est un ostinato de basse, un bourdonnement continu qui s’harmoniserait presque avec la soufflerie aléatoire de la tireuse de bière ou de la machine à café. Au fond, derrière le plateau technique, les conditions d’écoute sont parfaites. Le trio est de plus, visuellement intéressant, au sens pictural, un tableau de groupe flamand. Il faudrait un peintre, plus encore qu’un photographe, pour saisir ce qui se joue là, entre les trois : des emportements incontrôlés d’Urs aux gestes menus de Barre, délicat quand il enlace, retourne, frotte, tapote la basse.

Cette capacité de création immédiate résulte t- elle de la seule virtuosité ? Quand il s’agit de rentrer en soi même, à l’écoute de soi et des autres, de faire remonter des réminiscences. Une création « live », dans l’instant, d’après des choix imposés de l’extérieur, comme de jouer entre les notes. Une expérience à trois, partagée, où « l’écoute comme matériau », selon les mots même de Jacques Demierre[i] est « à chaque nouveau concert plus présente... Une réactivation continuelle de la totalité des possibles...quand tous ces sons produits et échangés ne semblent résulter d’aucun travail et naître spontanément de leur propagation dans l’espace ».

C‘est la marque d’un beau concert quand le souvenir que l‘on en garde s’accompagne de sérénité. Quelques personnes sont malgré tout un peu surprises, mais la majeure partie du public, constituée de fidèles, connaît le parcours sensationnel et transdisciplinaire de cet octogénaire toujours vaillant, qui a accompagné la chorégraphe Carolyn Carlson, composé des musiques de films, de Jacques Rivette et du documentariste Robert Kramer.

Avec cet aparté avec le chroniqueur du Monde, Francis Marmande, dont le chapeau, ce soir là, m’évoque irrésistiblement « le Doulos » de Melville, un film qu’il connaît bien, la transition avec la soirée suivante est toute trouvée, puisqu’ il s’agira de Cinéma et de musiques de films, ceux de La Nouvelle Vague. J’aime ces moments en immersion, où l’on est là, captif et libre. De méditer et rêver. De penser à tout et à rien. Prêt à lire et à écrire.

Sophie Chambon

NB : les photos qui illustrent l’article sont de l’ami Philippe Méziat dont vous pouvez lire le compte rendu sur le blog de jazzmagazine.


[1] Misja Fitzgerald Michel tourne dans des contextes différents, des formations différentes : proche de Jim Hall, il a joué avec Ravi Coltrane, Chris Potter, Drew Gress, pratiquant avec aisance une gymnastique totalement acrobatique, un grand écart des formes

[i] J’irai voir après le concert, sur les conseils de Luc Bouquet, le carnet de route du trio proposé par l’initiateur du son du Grisli, Guillaume Belhomme. www.grisli.canalblog.com

@philippe.meziat

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23 mai 2015 6 23 /05 /mai /2015 09:28
JAZZ IN ARLES

Jazz in Arles : une soirée en duos

Andy Emler (piano), Claude Tchamitchian (contrebasse)

Anja Lechner (violoncelle), François Couturier (piano)

Festival Jazz in Arles au Méjan, chapelle du Méjan, Arles, 20 mai 2015.

Dix neuf ans révolus et vingt éditions pour ce festival hors du commun, accueilli dans l'espace culturel des éditions Actes Sud au Méjan : une ancienne chapelle, vendue à la Révolution comme bien national, et devenue ensuite le dépôt de laine de la Coopérative du syndicat des éleveurs du Mérinos d'Arles (la raison sociale est gravée dans la pierre du fronton !). Ici pas de moutons à tondre (c'est le rejeton d'une famille d'éleveurs de la race Texel qui vous le dit....), seulement des oreilles et des consciences à combler de beautés sonores. Le piano a toujours eu en ces lieux la part belle : il faut dire que l'instrument de l'endroit, Steinway modèle D, est incontestablement l'un des plus remarquables que l'on puisse trouver dans ce pays, Ile de France et toutes régions confondues. Il est de surcroît préparé, réglé, harmonisé et accordé par l'irremplaçable Alain Massonneau (studio de la Buissonne, concerts de jazz du festival de Radio France et Montpellier....) ; les pianistes de jazz l'adorent, et lui rendent souvent sur scène, ici et ailleurs, l'hommage qu'il mérite.

@xavier.prevost

@xavier.prevost

Deux duos donc ce soir là, très contrastés. La paire qui associe Andy Emler et Claude Tchamitchian s'appuie sur quinze années d'incessantes collaborations, du medium band (le MegaOctet) au trio. Mais leur duo est tout neuf : un seul concert avant celui-ci, à l'Uppercut de Marseille, en octobre 2014. Dopés par le confort acoustique (une sono en simple renfort, d'un naturel confondant) et la puissance hors-norme du piano, les deux compères se sont promenés de plaisir en surprise, glissant d'une improvisation sans filet à quelques uns des thèmes du répertoire du trio qui les associe au batteur Éric Échampard. Andy Emler, que la dynamique exceptionnelle de l'instrument pourrait griser au point de le circonscrire au quadruple forte, n'oublie jamais qu'à l'autre extrémité de l'échelle des décibels, ce piano offre un pianissimo presque diaphane ; et il en joue avec délices. Claude Tchamitchian est porté par la qualité du son qui le sert : à l'issue du concert, il remerciera Bruno Levée, le sonorisateur, pour lui avoir offert une écoute idéale ; et manifestement le contrebassiste est porté, et inspiré, par l'excellence du rendu sonore qui lui est offert. A l'archet comme en pizzicato, les idées fusent, et l'expression s'en donne à cœur joie, et quand il le faut jusqu'au paroxysme. La connivence des musiciens est absolue, et absolument confondante. Le temps, pourtant mesure et maître de toute musique, semble s'être dissipé, comme en un rêve éveillé : après une heure de concert, à l'issue du rappel, le chroniqueur épaté aurait juré que cela avait duré à peine une demi-heure !

@xavier.prevost

@xavier.prevost

L'autre duo du jour associe Anja Lechner à François Couturier. La disposition a légèrement changé : le piano est cette fois parallèle au bord de la scène et le pianiste, de profil, dialogue avec la violoncelliste qui se trouve derrière lui, légèrement à sa droite, et plus près de l'avant-scène, face au public. Une disposition chambriste, donc. Mais ne nous y trompons pas : si la musique, en bonne partie écrite, est empruntée à Federico Mompou, Georges Gurdjieff, Komitas, et aux compositions de François Couturier (le répertoire de leur disque « Moderato Cantabile », paru à l'automne 2014 chez ECM), l'expression est forte, parfois exacerbée, et l'espace de l'improvisation s'immisce en clandestin dans l'écriture. La violoncelliste offre une sonorité tout à la fois ronde et rugueuse, façon gambiste, comme si son instrument gardait la mémoire de la viole de gambe qui l'a précédé dans l'histoire. Plus que sur disque, on la sent oser, dans les espaces de liberté que peut offrir le texte, l'improvisation, et l'expressivité intense. Le dialogue est constant avec le pianiste qui, impassible et regardant la partition devant lui (qu'il la suive ou s'offre des libertés....), semble en permanence, tel un sphinx, méditer sur l'inatteignable beauté ; beauté qu'il tutoie cependant constamment, en compagnie de sa partenaire. Et plus question ici de se demander si c'est encore du jazz, ou déjà du jazz, ou seulement peut-être : qu'importe. Dans ce lieu unique qu'est le Méjan, idéal pour de tels formats instrumentaux, la musique et la beauté sont les seules mesures possibles. Écoles, styles, genres, idiomes et chapelles, allez au diable : la chapelle du Méjan vous offrira l'absolution !

Xavier Prévost

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19 mai 2015 2 19 /05 /mai /2015 21:51
Concert évenement samedi prochain  : VIJAY IYER TRIO en concert à Paris

Le samedi 23 mai dans le cadre du superbe Festival Jazz à Sant Germain ,

le pianiste américain Vijay Iyer donnera un concert en trio à la Maison des Océans, 195 rue Saint Jacques à Paris.

L'occasion de revenir sur l'album de la nouvelle star d'ECM, Certainement l'un des pianistes les plus prometeurs de sa génération. Foisonnant d'idées neuves et modernes.

L'étoffe d'un très grand.

A ne pas louper

L'occasion aussi de retrouver la nouvelle édition de ce magnifique festival porté haut par Fred Charbaut et Donatienne Hantin qui cette année encore nous réservent du 21 au 29 mai quelques pépites et quelques recettes magiques dont ils ont le secret : Shai Maestro, Kyle Eastwood, Eric Bibb et Ablaye Cissoko, Lars Danielsson et j'en passe et non des moindres vont nous faire vivre des heures de jazz durant cette semaine qui s'annonce magique. Une fois encore.

Concert évenement samedi prochain  : VIJAY IYER TRIO en concert à Paris
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