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3 juin 2014 2 03 /06 /juin /2014 23:33

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Vraiment un chouette moment ce soir à l’Ermitage en compagnie de Denis Colin dans une salle, malheureusement pas très remplie.

Nous vous avions dit dans ces colonnes tout le bonheur que nous avions eu à écouter cet hommage à Nino. ( voir DENIS COLIN : " Univers Nino")

Et bien figurez vous que c’est encore mieux en vrai ! Denis Colin ne boude pas son plaisir à pousser la chanson ( fort bien ma foi) et son association avec la chanteuse Ornette fait merveille. Les musiciens jouent terrible et s’amusent visiblement d’être là.

Quant au public il est en terrain connu, familier avec ces airs de Nino en tête ou avec de belles découvertes comme ce Métronomy morceau purement orchestral écrit par Nino.

 

Pour ce concert le clarinettiste a aussi choisi d’élargir à d’autres chansons qui ne figuraient pas dans l’album mais qui contribuent à la légende de Nino Ferrer ( comme l’incontournable Gaston ou le Sud).

Et au final c’est la guitare de Julien Lomé qui s’enflamme, c’est Ornette qui ensorcelle le public, c’est Denis qui lui donne des frissons ( Le Sud ou la Rua Madureira en duo avec la chanteuse) ou qui déclenche la foudre.

Et au final surtout c’est le public qui rappelle et qui chante.

 

 

A voir le bonheur communicatif de toute cette salle, on aurait du mal à comprendre que les programmateurs de festival puissent encore bouder ce jazz si populaire qu’il en est un vrai régal .

 

Merci Denis !

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 denis colin

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29 mai 2014 4 29 /05 /mai /2014 11:32

 

 

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Sortie le 20 mai 2014  / Concert le 24 juin 2014 au Café de la Danse - Paris

Concert à Jazz sous les Pommiers le 29 mai

Outnote records / Outhere distribution

 

La Nouvelle Vague en France fut une période d’effervescence culturelle pendant laquelle le cinéma français, a exploré brillamment de nombreux styles musicaux : be bop, swing, jazz, classique, musique symphonique, et chansons. « C’est un peu le reflet d’une époque, celui d‘une industrie qui reformate la musique écrite pour le cinéma en fonction du marché » écrit  le musicologue Stéphane Lerouge dans le catalogue de la formidable exposition de la Cité de la Musique Musique et cinéma, le mariage du siècle ?  A l’époque des yéyés, sortirent en 45 tours sur le label Philips, beaucoup de musiques des films de la Nouvelle Vague.

Cette période fascine nos musiciens de jazz actuels et c’est au tour de Stéphane Kerecki de se pencher sur ces thèmes, après le travail abouti de Stephan Oliva dans Vaguement Godard. Le contrebassiste explique fort bien que la démarche des cinéastes de la Nouvelle Vague rejoint celle des musiciens de jazz dans une recherche éperdue de liberté. Voilà qui permet d’associer dans une ronde ophülsienne,  cinéastes et musiciens aussi originaux que Jean Luc Godard, François Truffaut, Louis Malle, Jacques Demy, Michel Legrand, Georges Delerue, Miles Davis, Antoine Duhamel. Car ces musiques, toutes singulières, témoignent de ce désir de liberté accordé à chaque compositeur. De plus, la fonction de la musique au sein des films prend de l’importance, dans une nouvelle perspective, structurante, et peu illustrative.

 Dans le Nouvelle Vague du quartet de Stéphane Kerecki,  les thèmes ont été peu arrangés, dans une volonté délibérée de les saisir à vif, comme des matériaux bruts que chacun des complices du contrebassiste s’approprie à son gré. Le pianiste John Taylor qui a enregistré en 2011, Patience (chroniqué aux DNJ)  en duo avec Stéphane  Kerecki, est à nouveau de la partie avec un piano impressionniste et doux, le batteur Fabrice Moreau, élégant et précis, le saxophoniste Emile Parisien au soprano, particulièrement sobre sur tout le disque, entourent  le contrebassiste leader. 

 La musique référence du mouvement de la Nouvelle Vague est celle d’Ascenseur pour l’Echafaud de Louis Malle, expérience innovante d’improvisation enregistrée sur les images mêmes du film par le quintet « historique » de Miles, en 1957. Le quartet de  Stéphane Kerecki  joue gros en s’attaquant à « ces » thèmes de film noir mais le résultat est probant, et puis c’est la loi du jazz de se frotter à des relectures, aussi périlleuses soient-elles. On aimerait leur demander quelle a été leur approche. Le jazz comme performance est sans doute la manifestation d’une musique générationnelle, en accord avec cette modernité cinématographique. Pour Godard [1], trois  thèmes sont repris, parmi les plus célèbres, comme des passages obligés : ainsi en est-il de « Ferdinand » (Pierrot le Fou), ce thème d’Antoine Duhamel qui, une fois entré dans la tête n’en finit pas d’y tourner, retourner. On se régale avec la suite de Martial Solal pour  A bout de souffle  (l’émouvante Jean Seberg vendant  sur les Champs Elysées, le New York Herald Tribune).  Martial Solal raconte dans Ma vie sur un tabouret  (Actes Sud) qu’il a utilisé «un ensemble de jazz modulable du sextet au big band et un orchestre avec cordes et bois » pour « deux thèmes très courts, presque identiques dans la forme, mais l’un allant du grave à l’aigu et l’autre inversé ». Enfin, comment oublier le générique, l’ouverture et «Camille»dans Le Mépris de Georges Delerue, thèmes emblématiques, devenus génériques d’émissions?

A chaque fois, le thème est rappelé, pour mémoire, repris avec des variations sur lesquelles les musiciens se détachent avec fluidité, d’autant que les musiques originales s’y prêtent, mélodiques sans être mièvres, lyriques, troublantes. Le jazz y trouve sa place par l’époque, le style, le rythme et se coule admirablement dans cette matrice : on peut réinterpréter, broder des variations, s’éloigner, créer du neuf à partir d’un petit motif de rien du tout, trituré, désossé, amplifié. Comme des funambules, les musiciens se lancent avec une audace contrôlée, effectuent des figures fragiles mais libres, tournent, virevoltent avant de se « récupérer » sur le thème. On peut être particulièrement sensible à l’effort du quartet de jouer avec la patine, le grain, le tempo de l’époque. Les yeux fermés, les images d’un film imaginé défilent, d’autant que les échanges et la complicité intenses donnent  vie et sens à ce qui constitue la véritable B.O d’un film imaginaire recréé par et pour l’auditeur. Le quartet a réussi l’impossible avec la création d’une suite continue, harmonisée et organique. Il aura fallu  cinquante ans pour  que naisse une musique cohérente qui rassemble, rattache, enveloppe ce mouvement cinématographique fondateur. 

NB : Certaines chansons de Serge Rezvani ou de Michel Legrand sont dans la mémoire collective, la ritournelle  « Le tourbillon » de Jules et Jim, portée par la voix de Jeanne Moreau, ou  les « tubes » éternels du film  Les Demoiselles de Rochefort ? 

Jeanne Added a choisi de reprendre avec un accompagnement délicat « La chanson de Maxence» (rappelez-vous de Jacques Perrin en marin peroxydé, doublé par Jacques Revaux), qui inspira à Bill Evans une version sublime en 1977, « You must believe in spring ». C’est peut-être sur ces thèmes chantés- elle reprend aussi la chanson d’Anna Karina [2] dans Pierrot le fou « Jamais je ne t’ai dit que je t’aimerai toujours »- que nous émettrions quelque réserve, tant la marge de manœuvre de la chanteuse Jeanne Added est mince. 

Sophie Chambon

 

[1] Nous nous sommes amusés à réécouter en parallèle le piano d’Oliva qui reprend ces 3 mêmes thèmes dans son album Vaguement Godard chez Illusions

[2] Jeanne Moreau a également repris cette chanson ...

 

 

 

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13 mai 2014 2 13 /05 /mai /2014 15:53

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Me revoilà lundi 12 mai 2014 au cafe OTO pour le concert du batteur sud-africain Louis Moholo Moholo avec son quartet de longue date.

Quartet de longue date certes, et collaboration avec ses musiciens hors des murs du quartet. Jason YARDE est le saxophoniste also, ténor et soprano aux accents parfois coltranien pour le côté dramatique, le contrebassiste anglais John Edwards, et le pianiste anglais Alexander Hawkins.

Entouré d'une communauté sud-africaine de Londres, joyeuse et respectueuse de la musique du quartet, et de nombreux aficionados de la musique de Johnny Dyani et Chris Mc Gregor à la grande époque de son big band au son nouveau: le Brotherhood of Breath - duquel Louis Moholo Moholo faisait partie intégrante, le grand batteur nous a tous régalé.

C'est la deuxième apparition de Moholo au cafe OTO; la première avait fait le bonheur du lieu et la presse s'était empressée d'en dire du bien : "an evening of dramatic and emotional jazz of the highest quality" (London Jazz News). 

C'est aussi le retour que je veux en faire. Le premier set s'accorde un premier morceau construit en suite décalée/free qui emprunte largement des passages de la musique traditionnelle sud-africaine, puis un deuxième morceau plus court qui nous a montré un groupe solide et vibrant. Une musique profonde et sincère. L'humanité des quatres hommes rejaillit.

Le deuxième set est dédié aux reprises. Classiques, comme "What a Wonderful World" à la sud-africaine et investie (Jason Warde au tenor). Sud-africaines, comme "Ithi Gui" de Johhny Dyani (aussi appelée "Appear" sur son album Afrika) ou "You ain't gonna know me cos' you think you know me"; morceaux jouées par le Brotherhood of breath de Chris Mc Gregor. Sans être certain, je crois avoir reconnu aussi "Ass Jive Boer" de Dyani. Quel plaisir, quelle joie d'entendre la salle entière entonnée les mélodies, d'abord chantées/vocalisées/onomatopées par le quartet !

Avant la fin, le chanteur anglais, fou un peu, Phil Minton fait une apparition dans le public pour l'accompagner dans ses vocalises. Puis moins de deux minutes après être arrivé, il part. On lisait dans ses yeux de l'émotion et de la joie qui disaient quelque chose comme: "That's what I needed tonight".

 

JG

 

 

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10 mai 2014 6 10 /05 /mai /2014 15:04

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Je me doute que plus d'un d'entre vous se demande: "hmmm cafe OTO, qu'est ce donc?"

Qui plus est, où se situe ce café qui accueille Drake et Parker - aka la paire télépathique de la musique improvisée - en son antre !!

Pour lever le doute, ce n'est pas un nouveau lieu parisien ni le dernier club en vogue à Poulben en Morbihan. Le Cafe OTO se situe à Dalston dans le greater London à l'est de Camden (station Dalson Kingland de l'overground londonien). Tenu par un couple de japonais, il ressemble à plus d'un titre aux Instants Chavirés de Montreuil dans le 93 (dites "neuf-trois"). Déjà la programmation est "similaire": musiques libres et improvisées, free, en tout cas décalées (Eugène Chadbourne s'y est présenté il y a 15 jours avant son passage aux Instants fin avril).

Comme aux Instants, l'endroit a la particularité d'accueillir son public avec des tarifs bas (10£). Enfin, il semble profiter de l'aide de bénévoles ou apparentés et afficionados pour fonctionner dans l'interactif et convivial. Ce qui différencie le cafe OTO est que la salle est plus grande que celle des Instants et la bière au bar bien moins variée!

Ceci étant dit, le concert que je suis allé voir ce 7 mai a attiré beaucoup de monde. En France, on ne s'en étonnerait pas. En revanche, à Londres ville de choix pour la musique progressive, Drake et Parker sont assez mal connus - disons, moins bien qu'à Paris - mais suffisemment pour faire salle comble.

La paire Drake/Parker était accompagnée par le jeune saxophoniste américain John DIKEMAN qui réside à Amsterdam. Autant le dire tout de suite, j'ai trouvé ce soufflant au style rudimentaire et brut assez peu convaincant: fort criard, dans la veine du vénéré Ayler mais sans étincelle à mon goût mis à part un tremolo émouvant sur le dernier morceau du deuxième set. Mais il est assez compréhensible que le jeune homme est peiné à trouver les clés pour entrer dans la tête de la paire rythmique tellement Drake et Parker se côtoient msur scène depuis des décennies. Rendons grâce.

En revanche, la paire Drake/Parker a une fois de plus fait vibrer la salle déjà bien achalandée en fans ou amateurs avertis. Dikeman est plus accompagnateur que leader dans le trio. Pris dans son mouvement d'énergie, il passe à côté du dialogue de Drake et Parker. 

Côté amusant dans ce contexte, la paire Drake/Parker a usé de "trucs" pour accrocher et "plaire" à un public anglais qui ne les connait pas forcément: petite discussion rythmique à deux, groove lancé par Parker largement bonnifié par Drake... histoirede faire danser la tête plutôt que les jambes. Deux sets et trois morceaux: le premier dans la veine free improvisé sur le premier set d'une durée de 50 mn. Le deuxième set commence par un duo Drake (frame drum) / Parker (flute exotique) accompagné par Dikeman qui a su ranger son énergie et délicatement accompagné le duo. Pour le coup, ses interventions étaient de bonne augure. Le dernier morceau est, semble-t-il, "Ghosts" d'Ayler: Dikeman a pris son pied, nous aussi.

Le prochain concert au cafe OTO est Louis Moholo Moholo, le batteur sud-africain qui réside en Angleterre. Maybe, we wil catch him there.

See you

JG

 

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22 avril 2014 2 22 /04 /avril /2014 21:38

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Connaissez-vous l’Espace Congrès des Esselières à Villejuif ? Si non, c’est bien dommage… Ce lieu sympathique propose chaque mois un concert de Jazz sous l’efficace patronage de l’association « Jazz aux Esselières »[2] et le jeudi 17 avril cette heureuse scène accueillait l’Anachronic Jazz Band. Belle brochette de virtuoses en l’occurrence qui frôlent une moyenne d’âge proche de celle des Rolling Stones. Ici s’arrête la comparaison même si pour certains amateurs on pouvait trouver un côté mythique à l’Anachronic. Le mythe renaît pour une série de concerts pas piqués des mites et ce grâce à Patrick Artero (Trompette) qui a eu la bonne idée de réunir de malicieux complices pour renouer avec la transposition du Be Bop vers le style musical des années 20 et 30.

On retrouve quelques uns des fondateurs de 1976 : Philippe Baudoin (Piano), Daniel Huck (Sax Alto, chant), Marc Richard (Clarinette, Sax Alto), André Villeger (Clarinette, Sax Ténor, Sax Soprano), Gérard Gervois (Tuba), auxquels se regroupent avec bonheur Jean-François Bonnet (Clarinette, C-Melody Sax), Pierre Guicquéro (Trombone), François Fournet (Banjo), Sylvain Clégarec (Batterie).

Comment dire… Les caves de Jazz ont-elles le même effet que celles des crus de Bourgogne ? Il faut croire que oui. Les trente huit ans qui séparent la formation du début de celle d’aujourd’hui n’ont en rien altéré l’enthousiasme des musiciens, la qualité des arrangements, l’originalité des chorus et le plaisir des auditeurs. Les trios de clarinettes, les quatre quatre au cordeau, les envolées des solistes nous plongent dans la joie au-delà même des thèmes originaux totalement réarrangés pour mériter une admission dans ce répertoire anachronique. A l’occasion vous revisiterez : Yarbird Suite, Armando’s Rumba, Blue Monk, Salt Peanuts et le passage savoureux du Take Five de Dave Brubeck au Take Four de Philippe Baudoin dont les accents arabisants sont néanmoins New Orléanesques en diable.

Si vous avez le bonheur de les voir en direct vous retiendrez quelques vannes à deux balles dignes de collégiens (on ne se refait pas…), quelques sourires des uns et des autres à l’audition de leurs chorus respectifs. Vous apprécierez également leur grande culture musicale inspiratrice du choix des thèmes. Vous profiterez enfin d’un énorme moment de complicité non coupable entre musiciens qui se connaissent bien et sont tout au plaisir de s’être retrouvés pour faire un bout de chemin sur une portée commune. Vous vous devez également d’acheter leur dernier disque « Anachronic Jazz Band : Back in Town » et celui réédité en 2009 « Anthropology ». 

Le deuxième, je l’ai déjà… En vinyle…

Bonne écoute.

 

 

 

 

 

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27 février 2014 4 27 /02 /février /2014 12:04

 

Francis Le Bras (piano), Daniel Erdmann (saxophone), Claude Tchamitchian (contrebasse)

Sortie du disque en mars 2014 sur  Vents d’EST, label et collectif artistique

iwww.ventsdest.com

Distribution  Allumés du Jazz www.allumesdujazz.com

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Ça commence comme un chant d’amour, d’abandon au désir ou à la plainte, c’est tout comme. Avec ses formidables complices, le contrebassiste Claude Tchamitchian, particulièrement en forme, le saxophoniste imperturbable et néanmoins follement réactif Daniel Erdmann, Francis Le Bras engage une conversation subtile, drôle et mélodique. Voilà tout un art du trio qui se réinvente sous nos yeux, une façon de réarranger, et de faire virevolter la musique autour d’une contrebasse  très active, d’un «allumé» du saxophone et d’un pianiste qui harmonise ses propres déséquilibres, à la recherche  non pas d’un enfermement protecteur mais d’élans lumineux, d’horizons éclatés. On assiste à une mise en jeu du corps  avec ce concert réjouissant qui préfigure la sortie d’un album enregistré cet été à la Buissonne ...

Aucun des trois n’est marseillais mais cette ville a su  devenir incontournable dans  leur parcours personnel et artistique. Ceci dit, malgré le titre, le concert  de ce samedi 8 février n’a pas donné lieu à une série de pièces folkloriques, une galéjade arrosée au  pastis, avec vue dégagée sur la Grande Bleue. C’est autrement plus original et intimiste. Le pianiste Francis Le Bras, à l’origine de ce projet, est parvenu à transposer sa vision de la cité phocéenne avec humour et sensibilité,  jusqu’à nous régaler d’un gospel, réécrit en l’honneur de la Bonne Mère (!) « Holy Mother ». Et  ça colle, peuchère.

Cette musique a une profondeur émerveillée, une qualité de sérieux immédiatement palpable, avec des pièces plus atmosphériques comme cette «Corniche JFK» qui ne sera  peut-être pas le nom définitif  de la composition. De toute façon, le pianiste a su recréer un itinéraire particulier, une géographie décomplexée qui emprunte le chemin des écoliers, jamais les transports en commun (marseillais). Une vision  qui se matérialise dès le premier titre, la déambulation de  «Saturday night au Panier» en évoquant une nouvelle narration, une enquête sur un rythme dense et syncopé, tel un polar d’Izzo, Chourmo ou Total Chéops, et qui va voir également du côté du cinéma : le ciel et l’obscurité sont réconciliés dans ces échappées nocturnes,  ces travelling avant sur l’asphalte luisante... Bande-son d’un film noir imaginaire, un extérieur nuitdont la mise en scène joue du décor urbain aux images contrastées en noir et blanc.

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Le saxophoniste Daniel Erdmann a laissé aussi quelques traces de sa réflexion et l’on retiendra ce « Igor on the Autobahn », une pièce au titre décalé, qui lui sied comme un gant. On aime la diversité des couleurs proposées, ces valeurs douces où viennent se couler les sonorités du saxophone. On vous le disait, une création libre à plus d’un titre mais pas free, avec même, le plaisir d’une ballade au cœur de la mélancolie. C’est que Francis Le Bras paraît fasciné par une certaine qualité de sombre qu’il déjoue en vitesse, comme s’il se défendait d’une pente naturelle méditative et recueillie. Le trio se livre avec bonheur au jeu d’un texte ouvert : toutes les pièces prennent un relief particulier qui les rend actuelles sans autre référence que le seul désir qui s’y trouve engagé. Un parcours initiatique qui renouvelle notre vision de la cité phocéenne. Vivement recommandé.

 

©sophie chambon

 

NB : Précisons pour les Marseillais que ce concert se déroulait dans un nouveau lieu branché, L’U.percut,  127 rue Sainte, bar à tapas à deux pas de la puissante abbaye fortifiée de St Victor (Vème siècle avant J.C ),  là où l’on bénit les navettes pour la Chandeleur ....

 

Sophie Chambon

 

 

 


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24 novembre 2013 7 24 /11 /novembre /2013 19:25

 

Samedi 18 novembre

www.djaz51.com 

 

KUBIK’s MONK: Pierrick Pedron  (saxophone alto), Thomas Bramerie (contrebasse),  Frank Agulhon (batterie)

Arborant un tee-shirt à l’image de leur pochette, les musiciens entrent en scène pour un récital  Monk joué avec brio par un trio décomplexé.

Je me souviens d’avoir écrit sur ce même site, alors que le CD sortait chez ACT : Voilà que Pierrick Pedron revient à Monk et cela pouvait faire peur : comment osait-il s’attaquer au roc aride et tranchant, à ce géant bancal et inimitable, ce pianiste fou et génial ? Aux côtés de Monk, a défilé la fine fleur du jazz moderne de l’époque, les batteurs Kenny Clark, Art Blakey, Max Roach, le contrebassiste Oscar Pettiford,  le trompettiste Clark Terry...

Avec ses fidèles complices, Franck Agulhon, Thomas Bramerie, l’une des plus belles rythmiques jazz actuelles, Pierrick Pedron fait entendre la formidable musicalité de la musique de Monk dans des compositions peu jouées, comme ce « Who knows » qu’affectionnait Steve Lacy, « Ugly beauty », « We see », « Trinkle, tinkle », l’étonnant « Skippy ».  Rejouer sans piano ces petites pièces, aux titres improbables, n’est vraiment pas facile, car il faut entrer dans la logique de Monk, s’adapter à sa vision des choses, reproduire en l’adaptant une architecture complexe, une «  toile en trois dimensions » à la  façon des cubistes. « L’ermite » Monk va  loin dans son souverain mépris des règles, ne suivant que son « tempo intérieur». Laurent de Wilde a écrit que dans Monk, « rien n’est carré, tout est de guingois...La tyrannie de sa mélodie singulière est totale, et l’improvisation, plus que jamais est totalement asservie ».

 Le résultat  est une musique précisément ciselée : avec l’expérience de nombreux concerts,  elle a acquis une lumineuse « évidence », elle respire et s’épanouit  comme dans ce titre justement, qui débute le set. On retrouve les envolées, toujours très lyriques de Pierrick Pedron  et sa généreuse sonorité. Un sacré défi qu’il s’était lancé ... et qui a réussi ( il rêve à présent d’un Kubik’s CURE, toujours avec ses potes). Car le chant monkien resurgit dans la musique du trio, sans que cela ne ressemble à un hommage ou un « tribute » de plus. Quel talent pour se risquer en solo à jouer le célébrissime « Round Midnight » sans tomber dans une reproduction trop serrée.

Après le concert, la conversation s’engage entre le saxophoniste et le président de l’association du festival ( bénévole , pharmacien de son état, pianiste et fin connaisseur de  Monk) autour de l’œuvre du « maître » (75 titres au moins)  et de ces jazzmen, véritables « chevaliers de l’éphémère » (Pascal Quignard) qui fondèrent le be bop.

 

Le Diaporama Pedron par Alain Julien

 

Eric Seva ( saxophones baryton, soprano, sopranino), William Leconte (piano), Didier Irthusarry (accordéon), Pierre François “Titi” Dufour ( batterie)

Décidément, Francis Le Bras, le directeur du festival a concocté une soirée réussie au style musical plus limpide et familier, illustrant la formidable plasticité du jazz actuel.

Changement de set  pour le dernier groupe, les Espaces croisés d’Eric Seva, saxophoniste vivant à Marmande dont le premier album en leader en 2005, Folklores imaginaires obtint un succès vraiment mérité. Il manie le baryton avec aisance, mais ne dédaigne pas le soprano et sopranino. Il continue son voyage au long cours avec une formation originale, où contrebasse et guitare sont remplacées par piano et accordéon, fort élégamment... C’est un tout autre style que l’on entend, des premières notes de « Résonances » ou « Crossroads » jusqu’au final. On embarque pour un itinéraire sans fausse note, au carrefour d’influences assimilées finement, de musiques traditionnelles («Les roots d’Alicante») : un jazz à « l’identité vagabonde», sensible, fraternel, qui exalte les  rencontres. La musique se risque et s’épanouit dans le souffle du leader et le son inoubliable de l’accordéoniste Didier Ithursarry.

 

Le diaporama Seva par Alain Julien

 

 

Sophie Chambon

 

 

 

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20 novembre 2013 3 20 /11 /novembre /2013 17:40

Vingtième édition du  REIMS JAZZ FESTIVAL : du jazz dans les bulles
(14 au 23 novembre)

 

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 Photo Alain Julien

 

OPEN JAZZ en direct
Cap sur Reims, à seulement quarante-cinq minutes en TGV pour assister au premier week end  du festival Djazz 51. Dans le train, j’ai retrouvé Alex Dutilh qui poursuit sa tournée Open Jazz sur France Musique, après Marseille et Nevers. Sans plus tarder, nous filons au Centre Culturel St Exupéry, plus précisément au  Bar éphémère de Pierre Roy-Camille, au comptoir duquel la radio s’installe. J’assiste à l’émission, comme les auditeurs ravis du direct : une heure de  conversation et d’échanges entrecoupés de longs extraits musicaux et le luxe d’un premier morceau de ...8mn, « Illinx Bassline » du contrebassiste Marc Buronfosse. Francis Le Bras, figure essentielle du festival, pianiste et directeur artistique, l’un des créateurs du label Vent d’Est est là, heureux de partager son amour du jazz, de donner à voir et entendre des musiques actuelles.
 Alex Dutilh, excellent maître de cérémonie, relance l’échange, divertit tout en instruisant, sans oublier les coups d‘œil dans le rétroviseur ( un titre de 1962 du trompettiste d’Howard Mc Ghee « Blue Duende » dans Nobody knows you when you’ re down and out).  Il commente avec ses invités l’évolution du jazz actuel, musique difficile à immobiliser dans une définition » ( Enzo Cormann).

 

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 Open Jazz d'Alex Dutilh: Francis Le Bras, Alban Darche, Marc Buronfosse

 

Vendredi soir 15 novembre : J.A.S.S


Sébastien Boisseau (contrebasse), John Hollenbeck (batterie), Samuel Blaser (trombone), Alban Darche ( saxophone ténor)
A l’honneur ce soir, un groupe mixte franco-américano-suisse et  collaboratif  J.A.S.S  dans un programme inédit en disque du moins.  J.A.S.S   est l’acronyme des premières lettres des prénoms des musiciens : l’une des hypothèses étymologiques du mot  « jazz » remonte à  « jass »  (la chasse), pas loin de « jackass » si l’on s’intéresse aux noms d’oiseaux et autres expressions sexuellement connotées jusqu’à  « All that jazz » qui inspira le regretté Bob Fosse.
 Voilà une musique qui respire, intelligente, libre, affranchie  sur un répertoire de compositions originales. S’il  faut quelque temps pour s’immerger dans le magma du quartet, leur lave en fusion  ne consume  pas. Intense et enlevée, la musique ne se livre pas facilement,  comme un puzzle en pièces que l’on reconstitue peu à peu. On y entre sans toutefois en  percevoir tous les codes.  Voulant libérer la musique de ses propres carcans, ces expérimentateurs n’hésitent pas à la manière d’oulipiens, à se donner des contraintes pour  faire bouger les lignes comme dans  ce « No D » par exemple ( composition  sans la note ré), à la manière de Georges Perec qui s’était amusé à faire disparaître le « e ».
On prend plaisir à écouter en live ce quartet tant l’expression collective est essentielle. Pour ces arpenteurs de nouveaux territoires, il s’agit de se porter mutuellement, faisant exulter les fulgurances communes.  Cela démarre dans un espace rendu géométrique par l’expansion du souffle et du rythme, dans un rapport au temps des plus exacts. Un duo splendide de soufflants que la rythmique non seulement soutient mais propulse. Sébastien Boisseau, arrimé à sa basse comme au mât du navire, donne le cap à Alban Darche et Samuel Blaser, volubiles et pourtant précis, qui dialoguent sur le front : des lignes de force d’une douce violence tracées sous l’impulsion du batteur, dans une énergie continue. Il est impressionnant John Hollenbeck (Claudia Quintet entre autre), pas vraiment bavard mais sur scène, ce qu’il fait est éloquent. Jamais la tension ne retombe ou ne semble faiblir. Il y a une véritable « jazz envy » (titre d’un morceau), à moins que ce ne soit  « en vie », mais on ne va pas jouer sur les mots.  Suit l’une des compositions qui m’accroche le plus, celle du saxophoniste Alban Darche (c’est lui, le A de J.A.S.S) dont j’essaie de suivre le  déroulé: « L’eau » démarre par des petites « agaceries» ornementales du trombone et du sax en contrepoint, qui enflent ensuite sur accords ternaires et marche quasi-militaire dans un grondement continu. Cela roule en effet comme un cours d’eau qui divague sans perdre de vue son lit, se ressaisit, gagne en puissance et  s’emporte en atteignant les chutes. Samuel Blaser  souffle, feule, hoquète avec son trombone « complet » (une noix supplémentaire). En coulisse, j’apprendrai que les valves s’appellent aussi des « noix ». Rythmicien hors pair, il part du jazz et y revient sans cesse : extrême dans un élan continu, il peut tout obtenir de son instrument, du growl le plus classique aux stridences atonales. Il a un son moelleux alors qu’il se refuse à toute voluptueuse caresse, comme savent si bien en jouer les trombonistes dans les balades. Au pays du champagne, ça pétille, mais n’écoeure jamais.

 

Découvrez le diaporama du J.A.S.S quartet par Alain Julien

 

 

 Le SOUNDS QUARTET du contrebassiste Marc Buronfosse sur le label ABALONE de Régis Huby, distribué par les Allumés du Jazz :   FACE THE MUSIC  avec Benjamin Moussay ( piano, keyboards) Antoine Banville ( drums, percussions).

 
On attend maintenant la suite et... on ne sera pas déçu. Un équilibre de funambule s’instaure vite dans le groupe qui suit le « blast » de JASS. La guitare ailée de Marc-Antoine Perrio (on ne discutera pas de ses préférences électriques  Fender ou Gibson) est la surprise de ce concert : le  contrebassiste Marc Buronfosse  a en effet décidé de ne pas remplacer Jean Charles Richard  qui joue sur l’album, épatant au demeurant, de tenter l’expérience avec un jeune guitariste qu’il a  entendu jouer, autant du classique sur une guitare à cordes en nylon que de la dobro. Intuition qui fonctionne en tous les cas : advient autre chose, une musique vraie et complexe où s’affirme une fois encore que l’on joue comme l’on est, avec de la  pudeur griffée d’une belle audace pour le leader-contrebassiste. Contrôlant la vision particulière de l’ensemble, Marc Buronfosse réussit à faire sonner la forme, en changeant les basses et l’instrumentarium comme dans cet étonnant « AOC » (à Ornette Coleman, précisons). Le quartet  déménage avec ferveur et musicalité, entre épure et passion, sur le versant d’un romantisme (échevelé ) de Benjamin Moussay  dans « Jennifer’s mood » par exemple. Sans oublier tout le travail précis de modulation du son, de recherche de résonance, d’ effets et autres boucles qui résiste à la déferlante d’un batteur solaire, Antoine Banville. Une suite en deux parties au titre énigmatique (« Before and After the second round ») achève de nous convaincre, le jazz a toujours été une musique d’urgence, de liberté, de prise de risque.
 Le festival démarre bien, et  Francis Le Bras confirme qu’en dépit de difficultés rencontrées ces dernières années (baisse drastique des subventions de près de 60%), le public reste fidèle et se montre plutôt heureux de ce qui advient, faisant confiance à la programmation innovante. Le Directeur artistique souligne qu’il fait, à chaque fois, l’effort de programmer deux concerts très différents le même soir pour croiser les publics, et tenter d’élargir la vision du jazz, des jazzs, faire découvrir ces musiques plurielles. C’était bien le cas ce soir avec deux groupes complémentaires qui s’ajustent au foisonnement actuel. Plus de première et deuxième partie, encore moins de vedette américaine. Novembre est le mois de grands festivals dans le réseau A.J.C  (ex  Afijma)  , réunissant des propositions artistiques très diverses, mais toujours en recherche de qualité et qui prouvent que le jazz peut encore toucher corps et âme... 
NB : Mention spéciale au travail d’ALAIN JULIEN sur www.djaz51.com.  Il est aussi l’auteur du DVD dont nous avons déjà évoqué toute la beauté radicale dans le projet PATCHWORK de Francis Le Bras et Daniel Erdmann sur le label VENT D’EST (enregistré en tournée au Mali et Guinée Bissau)

 

Découvrez le diaporama du SOUNDS Quartet par Alain Julien

 

( A suivre...)

Sophie CHAMBON    
   
   
   
   
   
 

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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 07:22

 

Ahmad Jamal, piano, Herlin Riley, batterie, Manolo Badrena, percussions, Reginald Veal, contrebasse.

 


Même le solo de contrebasse (Reginald Veal), habituel pensum des concerts, est bien passé. C’est dire. Le quartet d’Ahmad Jamal a donné ce 7 novembre à l’Odéon, celui-là même qui vibra de fureur en 68 avec Jean Genet, un concert où la grâce le disputait à l’élégance.

Coqueluche du public parisien, le pianiste de Pittsburgh, octogénaire alerte, a retrouvé des accents de jeunesse avec ce trio qui publie ces jours-ci un deuxième album (Saturday Morning. Jazz Village-Harmonia Mundi). La paire rythmique formée de Reginald Veal, au son généreux et à la belle habileté à l’archet, et Herlin Riley, métronome imparable, répond alertement aux impulsions du Maître, tandis que Manolo Badrena apporte son autonomie facétieuse aux percussions.

Le public –quelques jeunes, des cadres, des chefs d’entreprise- prenait un réel plaisir à ce répertoire tiré en grande partie de ce dernier disque, avec une mention spéciale à la composition-titre Saturday Morning, évocation rêveuse d’une matinée de début de week-end. Deux rappels et une standing ovation de rigueur pour le magicien du piano.

Ne manquait pour parfaire cette revigorante soirée que Poinciana, le tube qui assura le succès planétaire d’Ahmad Jamal voici quatre bonnes décennies. Ce sera certainement pour les deux autres concerts des 8 et 9 novembre dans ce théâtre qui s’ouvre de plus en plus au jazz. St Germain des Prés retrouve-un peu-l’esprit des années 50, où Miles (grand admirateur de Jamal) se préparait à laisser une œuvre aussi majeure qu’improvisée, la bande-son d’Ascenseur pour l’échafaud.

Jean-Louis Lemarchand

 

Ahmad-Jamal-page-couv-Saturday

Retrouvez ici la chronique des DNJ AHMAD JAMAL : » Saturday Morning – La Buissonne Studio sessions»

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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 22:59

 

Salle Pleyel 13 octobre 2013

 

Incandescence

Transcendance

Magnificence

C’est à cela que l’on s’attend lorsque trois grands saxophonistes rendent ensemble hommage à une icône comme John Coltrane.

C’est bien dans cette fastueuse ferveur qu’a démarré le concert du Saxophone Summit à la salle Pleyel le 13 octobre 2013. Le sextet a entamé sa prestation avec une interprétation déchaînée de « Seraphic Light », composition de John Coltrane et également titre éponyme du dernier album du groupe, sorti en 2008.

Sur le devant de la scène on retrouve Dave Liebman, Joe Lovano, et Ravi Coltrane qui les a rejoint récemment suite au décès de Michael Brecker. Ceux-ci sont accompagnés par Cecil McBee à la contrebasse, Phil Markowitz au piano et Billy Hart à la batterie.

Immédiatement, Dave Liebman s’impose comme le leader du groupe, et peut-être aussi le plus coltranien des trois.

Sa présence quasi paternelle permet l’articulation et la cohabitation sur une même scène de trois musiciens affirmés, de trois styles, de trois énergies, dont chacune risque à tout moment de briser l’espace de l’autre.

Le groupe se lancera dans une version originale de « Minor Blues », puis de « Reverend King », et fera suivre une composition de Michael Brecker qui est aussi le titre du premier album du Summit : « Gathering of Spirits ».

Tricycle de Dave Liebman sera finement introduit par Cecil McBee à la contrebasse, qui s’aventurera, à pas feutrés, sur les chemins les plus tortueux qu’il puisse trouver, avant d’entraîner miraculeusement le reste de l’orchestre avec lui. Un morceau tourmenté, mystérieux, qui place l’auditeur au cœur serré dans un univers où le péril l’attend à chaque détour de croche. C’est ainsi avec apaisement que l’on accueille le retour bien amené à une bonne rythmique ternaire, où une ligne de notes se met à courir lestement comme un insecte affolé sur le manche de la contrebasse de Cecil McBee.

Le final sera assuré par l’un des morceaux primordiaux de John Coltrane : Ole, dont l’étrange introduction nous amène non pas sur les rives ibériques attendues mais au pays du soleil levant : accords joués avec les cordes du piano, mélodie japonisante, flutes et silences méditatifs (cf extrait ci-joint).

La salle comble, vibre son plein.

John Coltrane jouait dans cette salle en 1965. Nul doute que sa musique a reçu hier soir l’un des hommages les plus passionnés qui lui ait jamais été donné.

 

Yaël Angel

 

 

Ce concert sera diffusé le 11 décembre 2013 à 20h sur France Musique

 

 

Composition du Saxophone Summit

Dave Liebman (s)

Joe Lovano (s)

Ravi Coltrane (s)

Phil Markowitz (p)

Cecil McBee (b)

Billy Hart (d)

 

 

Discographie du Saxophone Summit :

« Seraphic Light » 2008

« Gathering of Spirits » 2004

 

 

 

 

 

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