Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 juillet 2013 2 23 /07 /juillet /2013 22:35

AVISHAI COHEN QUARTET
FESTIVAL JAZZ A JUAN
16 JUILLET 2013
 
Avishai Cohen : contrebasse/chant
Nitai Hershkovitz : piano
Eli Degibri : saxophone
Ofri Nehemya : batterie
 
Découvreur de talents, Avishai Cohen l’est indubitablement, comme le fut en son temps Miles Davis. Ainsi, c’est accompagné notamment par deux très jeunes prodiges, qu’il s’est présenté le 16 juillet 2013 sur la scène mythique du festival "Jazz à Juan". Nitai Heshkovitz au piano, 23 ans - avec lequel il vient d’enregistrer son dernier opus "Duende" - et Ofri Nehemya à la batterie, 19 ans, sont propulsés grâce à lui sur les plus grandes scènes du monde, comme le furent également Shai Maestro et Omri Mor.

  

Avishai Cohen Jazz à Juan 2013.1 Avishai COHEN - Photo Gilles LEFRANCQ

 

 

Sur ce point, on peut reconnaître à Avishai Cohen la générosité d’offrir son soutien et sa confiance aux jeunes musiciens qui feront le jazz de demain !
Durant le concert, le quartet jouera principalement les compositions du contrebassiste, aux formules rythmiques et mélodiques parfois un peu répétitives : notamment "El Capitan And The Ship At Sea", "Ballad For An Unborn", "Ann’s Tune" ou encore "Yagla". Le relief sera principalement apporté par certains soli qui enflammeront la pinède. Avishai Cohen improvise différemment qu’à l’habitude, ponctuant ses lignes mélodiques comme il le ferait d’une phrase, utilisant la contrebasse comme un outil linguistique et créant ainsi un véritable discours où l’on entend la reprise du souffle de son instrument. Eli Degibri jouera ardemment, dans un style hard bop, faisant balancer les spectateurs sur leur chaise. Le jeune Nitai Hershkovitz, remarquable pianiste, prendra une place particulière dans l’ensemble. Après le départ de Shai Maestro en 2011, Avishai Cohen s’était tout d’abord associé à Omri Mor, lequel partira également. Nitai, avec lequel il a enregistré l’album "Duende" et avec qui il échangera des regards de connivence tout au long du concert, semble être le compagnon de musique qu’il cherchait depuis longtemps.
Malgré le talent de chacun des artistes, la cohérence du quartet est encore à parfaire. Avishai Cohen opère de fréquents changements dans son équipe et cela finit peut-être par ralentir la construction d’un ensemble homogène, ce que les musiciens appellent "le son".

 


En dépit des moments forts du concert, je n’ai pas retrouvé l’émotion qui me tenait lors du concert d’Avishai Cohen sur cette même scène en 2010, sur la scène du Nice Jazz Festival en 2011 ou encore celle du Moods à Monaco en 2008.
Les fans se lèvent pour l’applaudir après le dernier morceau, une reprise de "Besame Mucho", qu’Avishai Cohen affectionne et joue comme un message de terre promise à son public.


Yaël Angel
 

 Avishai Cohen Jazz à Juan 2013

   Avishai COHEN - Photo Gilles LEFRANCQ

 

Prochains concerts en France :
28/07 – Festival de Carcassonne – Carcassonne, France
12/10 - Nimes, France
13/10 - Tourcoing Jazz Festival, Colisée - Tourcoing, France
15/10 - Schiltigeim, France
16/10 - Théâtre Carpeaux - Courbevoie, France
17/10 - Nancy Jazz Pulsations - Nancy, France

 

 

Partager cet article
Repost0
18 juillet 2013 4 18 /07 /juillet /2013 16:04


Anat Cohen, lauréate du prix Paul Acket au North Sea Festival

La clarinettiste israélienne Anat Cohen s’est vue décerner le prix Paul Acket (1), lors du North Sea Jazz Festival, succédant au palmarès à Craig Taborn, Arve Hendriksen et Christian Scott. Destiné à récompenser un musicien talentueux méritant la reconnaissance du grand public, le prix accordé par un jury international est doté d’une allocation (5.000 euros) attribuée par la Fondation BNP Paribas.
Délégué général de la Fondation BNP Paribas, mécène du jazz depuis 18 ans, Jean-Jacques Goron a salué le 12 juillet à Rotterdam lors de la remise du prix « l’impressionnante vitalité sur scène d’Anat Cohen, son vrai sens du groove et ses interprétations pleines de tendresse ».
Interprète disposant d’un solide bagage technique, Anat Cohen aime à s’aventurer sur les différents territoires de la musique, du jazz le plus classique des années 30, aux sonorités brésiliennes en passant même par la chanson française avec « La Vie en Rose ». Délaissant le saxophone ténor de ses premières années-au conservatoire et à l’armée- elle s’est consacrée depuis à la clarinette en alternance avec le saxophone soprano. Leader de son groupe, installée à New-York depuis une dizaine d’années, Anat participe également au trio 3Cohen avec ses frères Avishai (trompette) et Yuval (saxophones alto et soprano).

 

anatcohen2--2-.jpg

 Photo : Jean-Louis Lemarchand 

 

 

En vidéo

 

 

 


BNP Paribas soutien du jazz depuis 18 ans
La Fondation BNP Paribas apporte son soutien à des musiciens de jazz depuis 1995, un pilier de son engagement mécénal) qui se développe dans cinq domaines : culture, solidarité, éducation, santé et environnement (un budget global de 8,5 millions d’euros en 2012 dont 1,8 million pour les actions culturelles). Cette action en faveur du jazz prend des formes diverses, aide à des enregistrements, promotion de concerts, soutien à des tournées. « Nous souhaitons apporter un accompagnement à des projets, souple, taillé sur mesure pour chaque artiste », souligne Jean-Jacques Goron. Ont ainsi bénéficié de cet engagement Manuel Rocheman, Sophia Domancich, Baptiste Trotignon, les frères Moutin, Thomas Enhco, Ablaye Cissoko…
Dans le même registre, la Fondation BNP Paribas s’investit dans des festivals comme Jazz à St Germain des Prés Paris et Jazz à l’étage à Rennes et à l’étranger, Saint-Louis Jazz (Sénégal), L’Emoi du Jazz à Abidjan(Côte d’Ivoire), Tanjazz (Maroc) sans oublier le North Sea Festival avec un soutien également à une journée dédiée aux enfants… à partir de deux ans.


(1) Paul Acket était le fondateur du North Sea Festival, installé initialement en 1976 à La Haye et depuis huit ans à Rotterdam.
 

 

Jean-Louis Lemarchand

Partager cet article
Repost0
18 juin 2013 2 18 /06 /juin /2013 21:37

 

 

 

 

 

 

 

 

cecilia-bertolini.jpg

 

 

 

Dans sa jeune carrière de chanteuse, Cécilia Bertolini aura rarement eu un public aussi participatif que ce 28 mai après-midi à la Maison d’arrêt des femmes de Versailles. Tout au long de cette grande heure de concert, les quelque vingt jeunes femmes détenues ont claqué des doigts, balancé la tête, tapé dans les mains. Autant de signes d’approbation pour

 

©sandrine sauveur

 

 

un répertoire formé de standards (Herbie Hancock, Sting…) et, surtout de compositions personnelles d’une chanteuse prometteuse (« Gotta Do It ».Bonsaï Music.2012). Après le rappel d’usage, Cécilia et ses deux interprètes-Sylvain Gontard (trompette) et Tony Paeleman (piano électrique)- se sont prêtés à une séance de questions-réponses sur le métier d’artiste, le choix du répertoire, le prochain disque à venir… La Maison d’arrêt des femmes de Versailles participe depuis plusieurs années à cette action culturelle jazz en prison baptisée « Dedans comme dehors » et initiée par le festival Jazz à St Germain des Prés Paris. Pour cette septième édition, le festival a d’ailleurs décidé de prendre intégralement à sa charge financière ce concert. « Nous entendons ainsi manifester notre engagement pour la réinsertion sociale par le culturel », témoigne Fréderic Charbaut, directeur artistique d’Esprit Jazz, association organisant le festival. Le récital de jazz vocal donné à Versailles comme le concert de blues de Karim Albert Kook le 23 mai dernier à la Maison centrale de Poissy participe aux actions conduites par le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (S.P.I.P) des Yvelines sur le terrain culturel. La culture a en effet été reconnue dans la loi comme un facteur d’insertion et de réintégration des personnes détenues. La maison d’arrêt de Versailles qui accueillait fin mai 58 femmes propose, outre la traditionnelle bibliothèque, des actions de création artistique (théâtre) et de diffusion, telles que des conférences (par exemple sur le Château de Versailles, tout proche, à l’époque royale) ou des concerts (récemment un récital de piano avec Mozart au programme). « La culture ne doit pas s’arrêter à la porte de la prison », assure Christelle Delozé, directrice adjointe de l’établissement. Un moment réticentes –« la culture ce n’est pas pour moi »- les femmes détenues semblent apprécier ces moments d’ouverture sur un univers qui leur est généralement peu ou pas connu. C’était du moins l’impression que les observateurs extérieurs pouvaient ressentir ce 28 mai dans cette salle de concert improvisée au cœur de la Maison d’arrêt des femmes de Versailles. www.festivaljazzsaintgermainparis.com Jean-Louis Lemarchand

Partager cet article
Repost0
24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 10:06

Mise en scène Anne Marie- LAZARINI

Musique originale Andy Emler

Création Les Athévains

Coproduction La Compagnie aime l’air et Théâtre 95

Du 27 mars au 05 mai 2013

 

Etrange expérience vraiment que de parler d’une musique conçue pour un spectacle de théâtre (que je ne pourrai voir) mais dont je peux lire le texte qui a inspiré la pièce. Il s’agit du Ravel de Jean Echenoz paru aux éditions de Minuit en 2006. Jusqu’au 5 mai, au théâtre Artistic Athévains, dans le 11ème à Paris, ce RAVEL (interprété par Michel Ouimet ) retrace les dix dernières années de la vie du compositeur (1875-1937) depuis sa folle tournée aux Etats Unis en 1927. Ce spectacle, mis en scène par Anne Marie Lazarini, est joué par le pianiste Andy Emler qui a composét «quelques pages musicales à la manière de... », dans le même esprit que l’écrivain dont l’écriture, toute musicale, est faite de brisures, de changements de tempos. Dans ses pages se joue une vie, sa fin plutôt, « celle de Ravel qui fuit sous ses doigts ». On pourrait reprendre en effet une formule d’un autre livre d’Echenoz, Cherokee, pour qualifier Ravel, dandy « un peu absent de lui même».

Sans voir l’acteur interpréter le compositeur au caractère singulièrement difficile, je relis le texte épuré, élégamment ironique, tout en écoutant la musique. L’écrivain a composé une partition imaginaire, immergé dans l’univers ravélien. « Ravel serait donc une biographie romancée du musicien ? Non plutôt une vie réinventée, avec ses sinuosités, ses failles, ses absences, ses incertitudes... » lit-on dans les liner notes de cet album que l’on peut se procurer au spectacle. Un récit sans fioritures, retransmis en version quasi-intégrale sur cet homme dont on connaît si peu de la vie privée, qui semble n’avoir eu comme passion que la seule musique. Le spectacle lui redonne vie, incarné par les comédiens et la musique jouée, improvisée sur un piano peint en bleu.

Alors pourquoi ne pas avoir pris la musique de Ravel elle-même, des fragments des œuvres évoquées, à savoir le Concerto en sol, « conçu non pas pour le piano mais contre lui », le Concerto en ré, et surtout le fameux Boléro dont Echenoz nous explique si bien la genèse : « Il sait très bien ce qu’il a fait, il n’y a pas de forme à proprement parler, pas de développement ni de modulation, juste du rythme et de l’arrangement... Phrase ressassée, chose sans espoir, c’est seulement fait pour être dansé. » La tentative serait, dans ce cas, purement illustrative. Avec le choix d’ Andy Emler, leparti-pris tout à fait réussi, fait plus qu’ évoquer, s’inscrit tout contre la figure ravélienne. Quand on aime Ravel, on ne peut pas ne pas aimer le jazz, à moins que ce ne soit l’inverse. Sans vraiment le savoir, Ravel a créé un système, ouvert une voie aux jazzmen à venir. Attiré par « cet art neuf et périssable », Ravel a découragé néanmoins Gershwin, venu lui demander des cours de composition. La réponse fut sans appel, « lui représentant qu’il risquerait de perdre sa spontanéité mélodique, et pour faire quoi, que du mauvais Ravel ... Et puis bon Gershwin, son succès universel ne lui suffit plus, il vise plus haut mais les moyens lui manquent, on ne va pas quand même l’écraser en les lui donnant. »

L’ influence de Ravel a irrigué nombre de musiques plus contemporaines, y compris des musiques de films. Andy Emler s’en est souvenu dans cet exercice de style qui n’en manque pas, à la manière d’un pastiche littéraire, au sens le plus noble du terme. Pas de caricature dans ce « labour of love », mais au contraire une version originale de « my own Ravel », une extrême fidélité au mot, au signe près, de la chose écrite, des partitions. Savoir recréer l’univers, les couleurs, le raffinement complexe de cet écrivain de musique, solitaire, distant, immense orchestrateur et arrangeur minutieux. Sous le charme de l’écriture superbement distante d’Echenoz, Andy Emler s‘est prêté à son tour au jeu de faire revivre lui aussi le compositeur, et comme il connaît son Ravel « de mémoire vive », il en est ressorti avec 9 pièces écrites et cinq improvisations.

« Ravel préfère considérer le plus longtemps possible la surface blanche et grise...dans l’idée d’en extraire une ligne mélodique, un rythme, un leitmotiv, pourquoi pas. Il sait bien que cela ne se passe jamais ainsi, que l’inspiration n’existe pas, qu’on ne compose que sur le clavier. »

Voilà une expérience intégrale passionnante, finement transversale qui unit littérature, théâtre et musique. Un portrait littéraire et musical dont, on ose l’espérer, Ravel aurait aimé la justesse dans la recréation même.

Sophie Chambon

Partager cet article
Repost0
15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 08:38


C’est un genre qui se fait rare, la première partie. Cette chance de se produire en public a été donnée à quatre jeunes formations lors de l’Avoriaz Jazz Up (6-12 avril). Issus de centres de formation-APEJS à Chambéry, IMFP à Salon-de-Provence, Jazz à Tours et Music’Halle de Toulouse-ces groupes-Welder Bee 4, TLG Trio, Made In (photo) et Tastty Granny-ont offert à Avoriaz avec leurs propres compositions un panorama de la scène contemporaine du jazz hexagonal, qui trouve son inspiration aussi bien dans la West Coast des années 50 que dans le free et le rock (1).

Les festivaliers de la station alpestre piétonne ont également pu découvrir, au hasard des concerts dans les six restaurants proposant des concerts en soirée, d’autres jeunes formations comme le Jazz à Tours 4 tet construit autour d’un tromboniste ou le quartet de la chanteuse Aurélie-Claire Prost, formée au Centre des Musiques Improvisées de Didier Lockwood à Dammarie-les-Lys (77) et spécialement à l’aise dans un répertoire de bossa-nova.

Avoriaz.JPG

crédit émilie labourey.

La carte jeunes sera encore de la partie lors de la version estivale de Jazz Up qui est lancée cette année et présentera des concerts gratuits en plein air chaque soir (18 h) entre le 11 et  17 août. Directeur de la station, Stéphane Lerendu compte ainsi ancrer la culture jazz dans la station de haute montagne (18 .000 lits) qui compte une clientèle de plus en plus internationale (60 %), les britanniques, belges et scandinaves étant désormais rejoints par des japonais, chinois et indiens.

Se déclarant satisfait du pouvoir d’attraction de Jazz Up, Stéphane Lerendu dresse un bilan positif de ce 6 ème festival au programme (Méderic Collignon, Shaï Maestro, Denise King-Olivier Hutman, Didier Lockwood….) concocté par Gilles Labourey (directeur de l’IMFP de Salon-de-Provence) en bonne intelligence avec le parrain de cette édition, Didier Lockwood. Proposé depuis deux ans sur une semaine –un grand week-end à l’origine- Avoriaz Jazz Up dispose d’un budget de 100.000 euros, financé à 60 % par la commune de Morzine-Avoriaz, la billetterie couvrant 20 % et les sociétés civiles (SPEDIDAM et SACEM) apportant le solde des 20 %. Le festival, également soutenu par le Conseil général de Haute-Savoie, bénéficie aussi de partenariats, au premier rang desquels le Groupe Pierre & Vacances Center Parcs (qui vient d’ouvrir ici une nouvelle résidence), la SNCF, mais aussi le Champagne Barons de Rothschild ou encore TSF Jazz qui retransmet des concerts en direct.

Jean-Louis Lemarchand

 

 

(1)Les amateurs auront le loisir de retrouver ces groupes participant à l’initiative Jazz Emergence montée par le réseau Métis en partenariat avec le Centre National des Variétés et du Jazz et de la SPEDIDAM dans quatre autres festivals au long de l’année : Jazz à Vannes (22-27 juillet), Jazz in Marciac (26 juillet-4 août), Savoie D’Jazz Festival (8-18 octobre) et Festival Emergences à Tours (8-24 novembre).

Le groupe Made In avec Flore Gallais (basse), Sammy Ben Malek et Ronan Devaux (guitares) et Alexandre Lantieri (saxophone et clarinette).

    

Partager cet article
Repost0
15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 08:31

 

Il n’a pas son pareil pour surprendre son public, Didier Lockwood. Il n’est guère de domaines où l’héritier de Stéphane Grappelli ne se soit aventuré, dans la musique principalement, mais aussi dans les autres terrains artistiques, le spectacle théâtral (le Jazz et la Java…) et même, à ses heures perdues, la peinture. Pour ses 40 ans de carrière –il était dans le métier dès l’adolescence- le violoniste aimerait bien cette année s’engager sur des territoires encore inconnus. 

Parrain du festival Avoriaz Jazz Up (6-12 avril), Didier Lockwood aura donné un aperçu de cet éclectisme qui le caractérise avec virtuosité et générosité. S’il n’a pas négligé les plaisirs de la glisse sur un domaine skiable de 650 kms, c’est bien sur scène que le virevoltant jazzman s’est éclaté. Pour le concert inaugural, Lockwood nous a replongés dans l’univers du jazz-fusion des années 70 avec une formation taillée sur mesures (Jean-Marie Ecay, guitare, Linley Marthe, guitare basse et Paco Séry, batterie). D’entrée de jeu, la reprise d’un titre donné avec le groupe Uzeb a électrisé le public de la Salle des Festivals, avant une version fort peu académique du standard de Duke Ellington In a Sentimental Mood et uncocktail jazz-classique sur une composition personnelle Bach-Bop marqué par un échange mano a mano entre Didier le ch’ti et Paco l’ivoirien. Exit alors les trois comparses et voici venu le temps du solo sur Globe Trotter, évocation du violon à travers le monde et …occasion d’une descente dans la salle, moment de partage toujours apprécié des spectateurs. Eclectique, électrique, intime (dans une comptine enfantine de son écriture), Lockwood, le showman, fait le spectacle.

Didier-lockwood-avoriaz.JPG

crédit photo Emilie Labourey

Requinqué par l’air des cimes (altitude 1800 à la station), le nordiste de la Côte d’Opale peut poursuivre sa semaine-marathon alpestre: rencontre avec des élèves des conservatoires de la région sur le thème de l’improvisation, « bœuf » avec un jeune groupe dans un des six restaurants proposant des dîners-concerts, et  joute musicale sur scène avec le déjanté enchanteur cornettiste Méderic Collignon (le 11 avril) et, en clôture, le trio du guitariste Stochelo Rosenberg. Un programme bien fourni qui laisse quand même du temps à Didier Lockwood pour écrire des musiques de films et fourbir ses arguments auprès des pouvoirs publics en faveur de l’enseignement musical, l’une de ses passions.

Jean-Louis Lemarchand

Avoriaz Jazz Up jusqu’au 12 avril. www.avoriaz.com

 

 

 

Partager cet article
Repost0
3 avril 2013 3 03 /04 /avril /2013 22:16

lockwood.JPG

 

Il n’a pas son pareil pour surprendre son public, Didier Lockwood. Il n’est guère de domaines où l’héritier de Stéphane Grappelli ne se soit aventuré, dans la musique principalement, mais aussi dans les autres terrains artistiques, le spectacle théâtral (le Jazz et la Java…) et même, à ses heures perdues, la peinture. Pour ses 40 ans de carrière –il était dans le métier dès l’adolescence- le violoniste aimerait bien cette année s’engager sur des territoires encore inconnus.

Parrain du festival Avoriaz Jazz Up (6-12 avril), Didier Lockwood aura donné un aperçu de cet éclectisme qui le caractérise avec virtuosité et générosité. S’il n’a pas négligé les plaisirs de la glisse sur un domaine skiable de 650 kms, c’est bien sur scène que le virevoltant jazzman s’est éclaté. Pour le concert inaugural, Lockwood nous a replongés dans l’univers du jazz-fusion des années 70 avec une formation taillée sur mesures (Jean-Marie Ecay, guitare, Linley Marthe, guitare basse et Paco Séry, batterie). D’entrée de jeu, la reprise d’un titre donné avec le groupe Uzeb a électrisé le public de la Salle des Festivals, avant une version fort peu académique du standard de Duke Ellington In a Sentimental Mood et uncocktail jazz-classique sur une composition personnelle Bach-Bop marqué par un échangemano a mano entre Didier le ch’ti et Paco l’ivoirien. Exit alors les trois comparses et voici venu le temps du solo sur Globe Trotter, évocation du violon à travers le monde et …occasion d’une descente dans la salle, moment de partage toujours apprécié des spectateurs. Eclectique, électrique, intime (dans une comptine enfantine de son écriture), Lockwood, le showman, fait le spectacle.

Requinqué par l’air des cimes (altitude 1800 à la station), le nordiste de la Côte d’Opale peut poursuivre sa semaine-marathon alpestre: rencontre avec des élèves des conservatoires de la région sur le thème de l’improvisation, « bœuf » avec un jeune groupe dans un des six restaurants proposant des dîners-concerts, et  joute musicale sur scène avec le déjanté enchanteur cornettiste Méderic Collignon (le 11 avril) et, en clôture, le trio du guitariste Stochelo Rosenberg. Un programme bien fourni qui laisse quand même du temps à Didier Lockwood pour écrire des musiques de films et fourbir ses arguments auprès des pouvoirs publics en faveur de l’enseignement musical, l’une de ses passions.

Jean-Louis Lemarchand

Avoriaz Jazz Up jusqu’au 12 avril. www.avoriaz.com

Partager cet article
Repost0
12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 23:04

 

bojan.jpg

Cruel dilemme en cette soirée hivernale, entre les concerts de Marianne Faithfull & Bill Frisell et celui de Bojan Z à l’Espace Sorano de Vincennes. Finalement, mon attrait pour le piano Zolo de Bojan Z et pour la confortable salle de Sorano est le plus fort.

D’un délicat « Full Half Moon » en Zintroduction à un Zémouvant « On a Turquoise Cloud » en final, bel arrangement de cette composition de Duke Ellington, Bojan Z nous a tour à tour Zému, Zemporté mais aussi bousculé, côté jazz-rock oblige ! Bojan Z a ainsi essentiellement déroulé les morceaux de son dernier album solo sorti il y a un an, « Soul Shelter ».

Alternant entre le clavier d’un superbe piano Fazzioli et le clavier de son Rhodes « customizé » Bojan Z montre qu’il est aussi à l’aise dans le romantisme que dans l’énergie jazz-rock, mais c’est surtout lorsqu’il met simultanément la main gauche sur le piano et la main droite sur le Rhodes que son plaisir et le notre aussi sont les plus Zintenses ! N’oublions pas la touche balkanique, dûe aux origines de Bojan Z, présente sans excès comme quelques points de couleurs posés de-ci de-là sur la toile de la partition.

La formule du solo rend nos oreilles très attentives à cette expérience et aucun spectateur n’en ressort Zindifférent.

 

Partager cet article
Repost0
11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 11:12

Spectacle de Louis Caratini et direction musicale de Patrice Caratini


Elle restera comme « la « mécène iconique du jazz, la baronne Pannonica de Koenigswarter, née Rothschild (1913-1988). Dans sa maison de Weehawken (New Jersey), dominant Manhattan, au milieu de ses chats (122 !), elle accueillait les jazzmen. De 1961 à 1966, Nica, comme on la dénommait familièrement, s’amusa aussi à photographier ses hôtes avec un Polaroïd et à recueillir par écrit leurs trois vœux. Publié de manière posthume par sa petite-fille, l’ouvrage (« Les musiciens de jazz et leurs trois vœux. Pannonica de Koenigswater. Editions Buchet Chastel.2006) contient 300 témoignages, révélant des personnalités fortes, touchantes, drôles.
Louis et Patrice (son père) Caratini ont décidé de faire vivre ce livre unique. Dans un club de jazz, le Birdland, ils sont quatre comédiens à proposer un florilège de ces vœux. Du plus bref –« je veux être blanc » de Miles Davis- au plus élaboré –un grand texte de Lionel Hampton sur le jazz, ses émotions, sa naissance, son évolution- ils nous donnent à saisir la condition, les aspirations des jazzmen qui comptaient dans les années 60. Les comédiens les font littéralement vivre ces vœux, (re)constituant en quelque sorte le monde idéal rêvé des jazzmen.
 

 

Cara007

Nous voici dans ce lieu sobre aux allures d’atelier, de workshop de Greenwich Village, transportés à la grande époque du be-bop, du hard-bop, les acteurs, fidèles aux textes, improvisant dans l’interprétation. A l’unisson du quartet constitué par Patrice Caratini (basse), Alain Jean-Marie (piano), André Villéger (saxophones) et Julie Saury (batterie) déroulant –totalement en acoustique et c’est un plaisir rare- les grands airs de l’époque, à commencer par les titres en hommage à la baronne, Nica’s Dream, de Horace Silver, qui donne son nom au spectacle, ou Pannonica de Thelonious Monk. Le grand’prêtre du be-bop est bien sûr là, non seulement en portrait projeté sur le mur mais aussi par une table de ping-pong (il y était redoutable) qui voit s’affronter Caratini (père) et Saury (fille de Maxime).

Les 90 minutes-le temps d’un match de foot- passent vite au rythme des mots lancés par quatre comédiens (talents en devenir) bien inspirés et souvent déjantés et des phrases musicales balancées par quatre musiciens confirmés habités par la flamme de l’improvisation. Un spectacle franc et frais qui valorise l’ouvrage de Pannonica de Koenigswarter et invite à se plonger dans sa lecture et, ce qui n’est pas le moindre de ses bienfaits, à réécouter la vingtaine de compositions dédiées à cette drôle de baronne.

 

Jean-Louis Lemarchand

 

 

Nica's dream Caratini AFFICHE40x60

Nica’s Dream. Adaptation et mise en scène Louis Caratini. Direction musicale Patrice Caratini. Les musiciens : Patrice Caratini, contrebasse,Alain Jean-Marie, piano,Julie Saury, batterie,André Villéger, saxophones (ténor et soprano). Les comédiens : Benoît Felix-Lombard,Pierre-Antoine Chevalier,Olivier Dote Doevi, Renaud Boutin

Les 10 et 12 janvier (19 h), dimanche 13 janvier (15 h), Théâtre de l’Opprimé. 78/80, rue du Charolais - 75012 PARIS. Réservations 0143404444. Et aussi 26 février à Fontenay Sous Bois, Salle Jacques Brel et 28 mars à Alfortville, Pôle Culturel.

Partager cet article
Repost0
3 décembre 2012 1 03 /12 /décembre /2012 18:43


Jon-Hendricks-singing-at-the-Duc-des-Lombards-120212.jpg« It’s from hard work that you find the joy because then, you leave a part of you inside ».

Ce sont ces mots que Jon Hendricks m’a adressés à 1h30 du matin sur le perron du Duc des Lombards, vêtu d’un magnifique manteau gris à fins carreaux, avant d’être happé par son taxi !
Silence dans mon cœur…

Jon Hendricks est un arbre…
Cet arbre donne naissance à des branches qui donnent elles-mêmes d’autres branches...jusqu’à l’infini.
Tel est l’image que l’on peut lui donner.
Car Jon Hendricks est un « père créateur» à de multiples égards.

 

Photo - Yael Angel

 

Il est tout d’abord l’initiateur du Vocalese, un style de chant qui utilise la voix comme un « instrument parlé » lui  permettant de chanter avec des paroles des mélodies et des improvisations à l’origine purement instrumentales. C’est avec le trio Lambert, Hendricks & Ross qu’il portera ce style à travers le monde et à son sommet. Il a ainsi inspiré toute une génération de vocalistes (dont Kurt Elling, Mark Murphy, les Manhattan Transfer, les New York Voices, Bobby Mc Ferrin, Al Jarreau et bien sur d’innombrables autres chanteurs qui marchent sur ses traces, dont l’auteure de cette chronique).

Il est encore un parolier prolixe grâce auquel nombre de mélodies sont entrées dans le répertoire du jazz vocal. Qui se douterait que des morceaux tels que (et entre autres) « I remember Clifford » de Benny Golson, « I mean You », « In Walked Bud » et « Reflections » de Thelonious Monk, « Four »  de Miles Davis ou « Moanin’ » de Bobby Timmons lui doivent de pouvoir être chantés ?

Il est enfin le piler d’une grande famille à laquelle il a transmis l’amour de la scène et du chant et nous en avons eu la preuve éclatante lors de ce concert du 2 décembre 2012.

C’est en effet entouré de ses deux filles chanteuses Michele et Aria, mais également de deux de ses petits-enfants d’environ 6 et 10 ans que « la grande famille Hendricks » est montée sur la scène du Duc, accompagnée par Bruno Rousselet à la contrebasse, Philippe Soirat à la batterie, Olivier Temime au saxophone Ténor et Arnaud Mattei au Piano. Chacun avait sa place, et l’on sentait bien que chacun jouissait d’une entière liberté d’expression à ses côtés.

 

 

[vidéo Yael Angel]

 

 

 

Ce géant du jazz vocal a aujourd’hui 91 ans. Il n’a toutefois rien perdu de sa superbe. Elégant à souhait mais naturel comme il l’a toujours été, jovial, fraternel avec chacun, il dégageait une douceur et une bonté qui à elles seules remplissaient les cœurs, avant même qu’il ait chanté.

Avec Michele et Aria, Jon Hendricks a égrené plusieurs de ses arrangements et lyrics : notamment « Come on Home » et « Doodlin’ » d’Horace Silver, « One O’Clock Jump » de Count Basie, « Four » de Miles Davis, et « Everybody’s Boppin’» de sa plume.

Michele Hendricks a particulièrement brillé de son talent. Musicienne accomplie, elle a même chanté avec humour une improvisation où ses cordes vocales se sont métamorphosées en cordes de contrebasse jusqu’au petit « ping » aigü et sonore du bas des cordes.

Et en cela, elle honorait certainement la transmission de son père qui lui, opta pour un instrument à vent plus proche de la voix. Sur « Every Time They Play This Song » une grande surprise nous attendait : Jon Hendricks s’est dirigé vers Philippe Soirat, s’est saisi d’une de ses baguettes et, la plaçant comme une flûte traversière sous ses lèvres et en en mimant le jeu avec ses doigts, se mit à siffler un chorus….Grâce ultime de ce souffle qu’il maîtrise toujours et qui montre combien grande est sa connaissance de la voix et de la musique pour parvenir à réaliser cet exercice à l’âge qu’il a.

 

 

 

[vidéo Yael Angel]

 

Cet homme qui a tant donné au jazz chantait comme s’il avait 20 ans, toujours avec un sourire angélique aux lèvres, toujours avec une énergie incroyable, toujours avec une passion qui l’aurait fait rester sur scène la nuit entière si ce n’était la vigilance bienveillante de son épouse après l’heure de minuit…

Un concert euphorisant, où l’on « apprend », non seulement à un niveau musical mais aussi et surtout à un niveau humain. Inoubliable.


Yaël Angel

Partager cet article
Repost0