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28 novembre 2012 3 28 /11 /novembre /2012 14:22

 

Billie Holiday, spectacle de Viktor Lazlo

 

bholidaie jll


Dire que Viktor Lazlo est fan de Billie Holiday, c’est un euphémisme. La chanteuse lui consacre simultanément un récit romancé d’une grande subtilité et un spectacle musical d’une sobriété forte. Sur scène, Viktor Lazlo campe une Billie Holiday avec véracité sans céder à la caricature de la femme torturée ou à la facilité du pathos. Proposant un récit de sa vie par petites touches, elle offre surtout un récital de vingt titres parmi les plus notables de « Lady Day », de Love For Sale  à  My Man  où elle dévoile une belle sensibilité.
Chanteuse qui a emprunté son nom d’artiste au héros résistant de Casablanca, Viktor Lazlo fait passer un vent d’émotion dans l’emblématique Strange Fruit, chanson engagée s’il en est contre le racisme anti-noir. Présente en permanence par ses chansons, Billie Holiday s’invite un moment pour un duo virtuel avec Viktor Lazlo sur Georgia On My Mind, exercice osé mais apprécié par le public ce mardi soir. Un quartette – Michel Bisceglia, piano et direction musicale, Werner Lauscer, basse, Marc Lehan, batterie, Nicolas Kummert, saxophone ténor- assure un accompagnement aussi efficace que discret. Mis en scène par Eric-Emmanuel Schmitt, ce spectacle musical permet, en une petite heure, de brosser un portrait fidèle -femme blessée et positive- de Billie Holiday. Et-ce qui n’est pas le moindre- de rappeler à qui l’aurait oublié les qualités de chanteuse et d’actrice de Viktor Lazlo qui se met avec générosité au service d’une chanteuse de légende.
Jean-Louis Lemarchand

 

 

 

bholidaie_jll2.jpgThéâtre Rive Gauche, rue de la Gaîté. 75014.

locations : 0143353231.

Jusqu’au 17 janvier 2013 du mardi au dimanche à 19 h.
A lire « My Name is Billie Holiday ». Viktor Lazlo. Editions Albin Michel. (octobre 2012).

 

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23 novembre 2012 5 23 /11 /novembre /2012 11:41

RaviColtrane 5051RAVI COLTRANE QUARTET
15 NOVEMBRE 2012
Salle Grappelli à Nice


Le 15 novembre 2012 la salle Grappelli à Nice recevait le saxophoniste Ravi Coltrane (dont le dernier album « Spirit Fiction » a été le sujet d’un article de Mr Jean-Marc Gélin dans les DNJ) .

Il était accompagné par David Virelles au piano, Dezron Douglas à la contrebasse et Johnathan Blake à la batterie.

Il est difficile d’écrire sur un concert que l’on a peu aimé. Pourquoi écrire alors ? Ne doit-on communiquer aux lecteurs que des émotions positives ? Je dois dire que je n’aurais fait aucun commentaire si ce concert n’avait été pour moi plus qu’un sujet musical, s’il n’avait pas tenu en lui une dimension psychologique fort intéressante à mes yeux. Et cette dimension affecte non seulement le jeu de Ravi Coltrane lui-même mais aussi son public.

On ne peut en effet appréhender la musique de Ravi Coltrane sans prendre en considération ce qui a été à la fois l’accélérateur de sa carrière et certainement l’inhibiteur de sa personnalité de musicien : son illustre père !

Comment venir à un concert de Ravi sans penser à John ? Je défie quiconque qui était dans la salle hier soir de n’avoir eu à l’esprit la musique de John Coltrane et de ne l’avoir comparée à celle de son fils au moins inconsciemment ! Quelle barrière infranchissable que cette comparaison !

Car, par ailleurs, comment tenir un saxophone entre ses mains lorsqu’on est le fils de celui qui en a été un maître quasiment adulé au rang du divin ?

Et bien l’on fait certainement comme Ravi le fit lors de ce concert : être irréprochable sur ce que l’on peut acquérir par le travail, c’est à dire la technique. Et cela compense ce qu’il est plus compliqué d’atteindre : le style, le son, la beauté….

 

RaviColtrane 5042

 

Car technique voire virtuose ce concert l’était ! et ceux qui venaient là pour le frisson des tempi défrisants étaient servis !

C’est ainsi que le quartet a fait défiler le « Skippy » de Thelonious Monk à la rapidité de l’éclair  au point qu’il en est presque devenu « Slippy ».

Figuraient également au répertoire quelques morceaux de l’album, « Clues », une composition de Johnathan Blake, sœur de « Evidence » de Thelonious Monk dont d’ailleurs citation fut faite par David Virelles et « Emotion » , un morceau de Dezron Douglas.

Vous avez dit émotion ? …

Ravi Coltrane, qui a donné son exclusivité au tenor, avait un son assez dur. Ce n’est pas pour me déplaire… Mais ses interprétations et ses improvisations avaient la même qualité, ce qui pour moi est plus gênant. C’est ainsi que j’ai attendu l’instant de beauté au fil des flux ininterrompus de notes - quasi logorrhées - des incisions viriles rompues à la vitesse et la puissance. J’ai attendu….

Le jeu souple et inventif de David Virelles, jeune pianiste prometteur, auquel d’ailleurs les musiciens ont laissé un large espace d’expression (surtout après que le technicien du son lui ait ajouté un bon brin de gain pour l’extirper de la décidément bien massive batterie de Johnathan Blake)  était mon seul salut…..Avec également les improvisations de Dezron Douglas, dont le visage arborait en permanence un sourire émerveillé et qui fut largement apprécié pour sa façon délicate et pointue de jouer, rejouer encore et encore, comme le ferait une dentellière sur son ouvrage, un même motif en le découpant chaque fois différemment.

Le « son de groupe » manquait. Il faut dire que Johnathan Blake et Dezron Douglas n’étaient pas prévus puisque le programme annonçait Kariem Riggins et Robert Hurst. Il arrive cependant dans le jazz que des musiciens remplaçants s’intègrent comme par magie et sans que l’on puisse l’entendre à un ensemble déjà formé. Je n’ai pas trouvé que cette magie mystérieuse avait opéré lors de ce concert.

 

RaviColtrane 5035

 

Au-delà de l’ascendance paternelle et de l’héritage culturel auxquels Ravi Coltrane comme son public ne peuvent échapper demeurent des points d’achoppement qui, peut-être, demanderaient un travail de libération d’avantage mental que technique. Je m’aventure à écrire que ce qui explique la « froideur » (selon mon ressenti tout personnel) de ce concert tient plus d’une peur de rivaliser avec son père que d’une incapacité à l’expression émotionnelle. Tout artiste quel qu’il soit a ses influences et sait bien à quel point il est ardu de s’en détacher. Mais lorsque cette influence se double d’une lignée biologique, d’une imprégnation culturelle depuis l’enfance et de l’interdit inconscient de rivaliser avec le « Père », cela revient à « couper le cordon musical », et cela, c’est peut-être le plus difficile travail qui soit.


Yaël Angel


 

 

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18 novembre 2012 7 18 /11 /novembre /2012 20:35

Visuel D'Jazz Nevers Festival 2012Festival de création, D’Jazz Nevers dérange toujours. De Vincent Peirani à Dan Tepfer, immersion 24 heures à l’occasion de cette 26ème édition.

« Vivifiant ». Tel est le qualificatif choisi par son directeur-fondateur Roger Fontanel pour définir D’Jazz Nevers Festival. Aux environs du 11 novembre, c’est un rendez-vous prisé des amateurs et pas seulement des Nivernais (un spectateur sur quatre vient des départements limitrophes et d’ailleurs). Une semaine de concerts (10-17 novembre) de midi à minuit sous le signe de la création, miroir du jazz contemporain, sans tentation passéiste. Visite sur place- à deux heures en train de Paris- les 15 et 16 novembre.

 

 

 

 

12h. Vincent Peirani solo. A un jet de pierre du lieu de tournage d’Hiroshima mon amour (1959), une petite salle voûtée (Pac des Ouches) prise d’assaut. L’entrée est libre et on délaisse le Beaujolais nouveau, au goût de pêche, pour une dégustation plus rare, un solo d’accordéon. Accompagnateur de Youn Sun Nah pour le concert d’ouverture, Vincent Peirani, prix d’accordéon classique du conservatoire de Paris (1996), connaît son instrument sur le bout des doigts.

 

peiraniVincent Peirani © Jean-louis Lemarchand

 

Dix minutes d’improvisation pure en introduction tout en ralenti. Il prend son temps et nous emmène pour un tour du monde (I Mean You de Monk, Smile de Chaplin, un titre du brésilien Egberto Gismonti) qui se boucle avec une valse mais très peu musette. Nos spectateurs en sortent convaincus : l’accordéon, dans de telles mains juvéniles, peut tout faire.   

 

fontanelRoger Fontanel © Jean-louis Lemarchand

 

15 h. Entretien avec Roger Fontanel. Le directeur, et fondateur du festival, ne se laisse pas gagner par la morosité ambiante du milieu culturel. Les partenaires de D’Jazz Nevers –Agglomération de Nevers, Drac Bourgogne et Conseil général de la Nièvre-ont la veille renouvelé leur convention pluriannuelle d’objectifs pour 2012-2014. Et même avec une « légère » revalorisation des moyens. Ce soutien apporté depuis 1995 assure la pérennité du festival et aussi des actions locales menées tout au long de l’année sur l’ensemble du département. Sur un budget global de 650.000 euros/an, provenant à 65-70 % des financements publics, un tiers est en effet alloué à cette action territoriale se traduisant entre autres par une vingtaine de concerts dans une dizaine de communes. Pour l’instant, Roger Fontanel se félicite de la bonne fréquentation du festival-environ 6000 spectateurs, comme en 2011-déjouant ses craintes initiales. S’il reste fidèle à une politique de prix abordables (de 8 à 25 euros pour les soirées avec deux formations, concerts gratuits à midi….), il ouvre la programmation à d’autres formes (photo, théâtre, danse, poésie). « Je ne veux pas être autocentré » confie ce défenseur des jazzmen qui « cherchent, inventent, dérangent ». Intransigeant chef d’orchestre de ce festival « de création », il reste maître à bord : » « en 26 ans, il n’y a jamais eu aucune intervention sur la partie artistique ».

 

Ping Machine 2 © Christophe AlaryPing Machine © Christophe Alary


18h30. Ping machine. Ils sont à l’étroit, ces treize là sur la scène de l’auditorium Jean Jaurès. Là aussi, les places sont rares (une petite centaine) et les spectateurs curieux. Baptisé du nom d’une scène-culte d’un film des Monty Python, Ping Machine fait partie de ces grandes formations qui cultivent la différence. Musique très écrite, échappée vers Zappa ou Ligeti, un monde à découvrir, déconcertant à l’image de cette composition évoquant, selon son leader, Fred Maurin (guitariste), « un univers apocalyptique post-industriel ». Big band sans piano mais pas sans imagination, Ping machine étonne et détonne.

 

campagnieLa grande campahnie des musiques à ouir © Jean-louis Lemarchand

 

20h30. La grande campagnie des musiques à ouïr. Là aussi sur la scène de la Maison de la culture, le piano joue les absents. Et pourtant, le programme annonce une relecture d’Ellington et de Monk. Explication du patron de La grande campagnie des musiques à ouïr, le batteur Denis Charolles : « Ce serait difficile pour le pianiste car il chercherait par exemple à ne pas faire comme Monk et Ellington ». Nous sommes prévenus. Le temps n’est pas à l’hommage. Par moments, on retrouve une phrase des deux géants compositeurs mais priorité à la parodie. Dans ce maelström, mention spéciale au tromboniste Gueorgui Kornazov et à l’accordéoniste Didier Ithursarry.

 

Vijay Iyer Trio © Jimmy KatzVijay Iyer trio © Jimmy Katz

 

22h30. Vijay Iyer. Le piano est de retour ! Et de quelle façon sur cette même scène. Vijay Iyer. Une allure de consultant –n’est-il pas diplômé en mathématiques et physique- mais qu’on ne s’y trompe pas. Le pianiste new-yorkais d’origine indienne n’a (plus)rien du monstre froid. Avec ses comparses,Stephan Crump (basse) et Marcus Gilmore (batterie), c’est Noël avant l’heure. Guirlandes et Champagne. A eux trois ils illustrent le propos utilisé dans le registre politique par Edgar Faure, l’indépendance dans l’interdépendance. Sur un répertoire où compositions de Vijay Iyer côtoient des airs d’Henry Threadgill, Herbie Nichols ou encore Billy Strayhorn, le trio atteint les sommets. Confidence d’un musicien-spectateur : ce groupe a 20 ans d’avance !

 

Dan Tepfer 5 © Vincent SoyezDan Tepfer © Vincent Soyez

 

12 h. Dan Tepfer. Il croque une pomme pour se revitaminer. La veille au soir, il jouait à Barcelone. Roger Fontanel l’annonce en soulignant (en souriant) l’inconscience de Dan Tepfer : s’attaquer aux Variations Goldberg de Bach. Question de temps, le pianiste n’en donnera que la moitié (15).Mais il ne les joue pas à moitié. D’aucuns évoqueront Glenn Gould. Dan a sa propre vision. Tout le rythme du compositeur allemand est mis en valeur. « Je ne suis pas le premier à dire que Bach était le premier jazzman » confie Dan Tepfer. L’accompagnateur délicat-notamment de Lee Konitz-sait aussi se montrer soliste généreux.


Jean-Louis Lemarchand

 

ping1

Ping Machine © Jean-louis Lemarchand   

 

iyer3  Vijay Iyer trio © Jean-louis Lemarchand

 

La Grande Campagnie - DUKE & THELONIOUS © Jacky CellierLa grande campagnie - DUKE & THELONIOU- Duke & Thelonious © Jacky Cellier

 

 

 

 

 


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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 17:25

diane-reeves.jpeg
Dianne Reeves rentre sur scène timidement en tirant sur son t-shirt pailleté comme les jeunes débutantes. Elle ferme les yeux et en quelques notes se transforme en "feel good lady". Quelques notes à la puissance incroyable, dans les bas-fonds comme au firmament. Elle est  tantôt charmeuse, tantôt contrebasse. Elle se joue des harmonies et du phrasé ; elle est une femme incroyablement libre, incroyablement intense.  Sa musicalité et sa technique vocale phénoménales ("même sans micro elle chante fort") ne suffiraient pas à décrire son immense talent. Elle se jette de tout son être dans la bagarre et c'est la vie qui jaillit sur scène, une radicale authenticité. Prêcheuse, non. Chanteuse, non. Seulement présente de manière authentique et généreuse dans l'ici et le maintenant. Elle se déchausse, se défait de ses bijoux et se donne. Dans chaque note, dans chaque harmonie, dans chaque rythme, dans chaque improvisation. Avec une joyeuse audace, elle déconstruit, triture, approche, se réapproprie, réinvente, fait sien, chaque thème, chaque genre (rock, reggae, jazz, pop)...pour mieux nous l'offrir. Relaxez-vous dit-elle en début de concert, nous allons passer ensemble un moment de bonheur. Et c'est ce qui se produit. Elle nous transmet sa joie et son énergie, son feeling bestial. Stormy weather (ô combien de circonstance!) est lumineux. Misty est un feu d’artifices. Our love is here is to stay en duo avec le guitariste-orfèvre, Romero Lubambo, est inoubliable.  Jusque dans sa présentation improvisée de ses musiciens, elle fait preuve d’une jubilatoire générosité. Mazette, quel concert !
 
A suivre salle Pleyel Wayne Shorter le 3 novembre et surtout Brad Mehldau le 21 novembre, d’autres régalades en perspective…La salle Pleyel nous gâte !
Régine Coqueran


 
 

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21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 20:46

 

 

23ieme édition des  Zappanales, festival aux couleurs internationales dédié à Frank Zappa (FZ dans le texte) et aux musiques qui en héritent.

 

Zappanales Moustache

Le sigle du festival : les moustaches du maitre - Photo JG

 

 

 

Le festival a eu lieu du 01 au 05 août à Bad Doberan (au Nord-Est de l'Allemagne, à quinze kilomètres de Rostock), petite bourgade délicieuse à vivre qui se déclare comme la "Zappa-town". Le festival a lieu sur l'hippodrome de la ville, l'un des plus anciens d'Allemagne, et accueille deux scènes: la scène principale fait face à un public d'environ 3000 personnes et la "Mystery stage" qui donne place à des groupes particulièrement ... méconnus.
Cette année, le festival se déroule sur cinq nuits, au lieu de trois habituellement, avec une dernière nuit spéciale "Heavy Guitar" avec Alice Cooper(1) comme invité principal de la fameuse nuit.
La programmation du festival est plutôt éclectique pour tant soit peu qu'elle suivre une orientation zappaienne appuyée. Pour preuve: le quartet à cordes de musique contemporaine Yellow String Quartet a débuté le festival.

 

Sans-titre.jpg

Ainsi, chaque année, d'anciens membres charismatiques des groupes de FZ, allant des Mothers of Invention à The Best Band You Never Heard:  Napoleon Murphy Brock, Ike Willis, Robert Martin, Ray White, Chad Wackerman, Steve Vai, Terry Bozzio ou le fils Dweezil Zappa sont apparus plus ou moins régulièrement avec un groupe parfois monté pour l'occasion. En 2012,  Jean-Luc Ponty & George Duke "Brothers of Invention", Scott Thunes font la principale attraction des anciens l'histoire zappaienne. En parallèle, de nombreux groupes, qui se revendiquent de l'influence directe de FZ, se délectent sur scène pour leur heure de gloire: Bogus Bomp, Humble Grumble pour ne citer qu'eux en 2012. On signale aussi deux grands moments de l'édition 2011 avec le norvégien Jono El Grande et l'américain Chris Opperman qui avaient fait briller la scène de leur musique vraiment personnelle et originale.

 

Zappanales-Arf-Society.jpg

Arf Society est l'organisateur de cet hommage annuel au maitre FZ- Photo JG

 

Chaque édition suit un fil blanc artistique: l'année précédente, le rock progressif anglais était à l'honneur avec des groupes comme Colosseum et U.K. d'Eddie Jobson. Cette année, c'est le tour du Heavy Metal, un peu malgré nous reconnaissons-le. Motorpsycho, Dewolff ou Triggerfinger, dont l'esthétique s'étend au delà du style, occupent la scène bruyamment et largement, en plus de la nuit "Heavy Guitar"!

 

Zappanales-Main-stage.jpgScène principale à la veille du festival - Photo JG

 

Pour "compenser", le festival met à l'honneur des groupes "freaks" et autres bizarreries musicales pour un hommage à Captain Beefheart, compagnon très déjanté de Zappa sur plusieurs projets, décédé fin 2010. C'est alors le moyen de nous faire découvrir  Fast'n'bulbous, Dr Dark et son chanteur à la voix passée au rouleau à pâtisserie, et quatre cartes blanches à Gary Lucas (2), guitariste et proche collaborateur de Beefheart, qui eut, par le passé, l'occasion de participer à des projets de Billy Bang, Steve Swallow, Dave Liebman pour ne citer qu'eux.
Mais les Zappanales 2012, c'est aussi Magma, qui débute son concert sous un déluge de pluie et de vents et le termine sous un autre déluge… celui des applaudissements et des acclamations accompagnés des regard stupéfaits et ravis de Robert Martin et Scott Thunes (3). En 2011, le groupe français Raoul Petite et son rock poufiasse n'étaient pas parvenus à convaincre le public allemand.

 

Zappanales-Sandro-Oliva.jpgSandro Oliva - Photo JG

 

Cette année, l'intérêt du festival s'est concentré sur la scène "Mystery stage". Le principe y est simple: des groupes inconnus montent sur scène (entre deux bières, bien sûr) et se succèdent comme autant de découvertes pour un public souvent nombreux. On a aimé le groupe de l'italien Sandro Oliva, dont le dernier concert avait eu lieu il y a … trente ans, ou le groupe d'ados allemands Aufrichtiges Zappa! qui a joué une sélection de tubes de Zappa pour un final enlevé. On a beaucoup aimé Gary Lucas et ses expérimentations guitaristiques en solo ainsi que l'univers tendu et morose de Gargantua, groupe polonais. On a adoré le duo suédois MagNIFZnt qui a la bonne idée d'interpréter à la guitare acoustique un pot-pourri des chansons de FZ allant de "Bobby Brown" à "Catholic Girls". Le résultat est bluffant: l'essence même des chansons éclate à la lumière et leur interprétation met en évidence le génie du compositeur FZ. A la fin du concert, la pluie éclate, le public monte sur scène pour entonner les derniers morceaux du répertoire du duo dont on espère vitement un cd.
Enfin, on a exulté avec l'improbable trio: Acid Cobra & Art-Errorist & Zappi dont la musique est improvisée, bruitiste sans ambages, spontanée, libre, anarchiste à l'envi, déconnante à souhait mais surtout sincère et créative. En fait, ce trio se compose de trois membres du groupe français Faust (Jean-Hervé Peron est à la basse et semble mener l'inspiration créatrice du trio ce jour là) qui s'expérimentent sur scène en alliant subversion et ironie.

 

MagNIFZnt le 04 août 2012 aux Zappanales

 

Pour les fans de Zappa, les Zappanales EST l'Evénement à ne pas rater. L'édition 2012 reste un peu en dessous de nos attentes malgré les efforts de l'organisation pour garder le cap et contrer les difficultés que l'on peut imaginer pour réunir chaque année des huluberlus sympathiques mais fêtards (très fêtards) qui arborent fièrement t-shirt décalés et accessoires parfois outrageants dans une bourgarde au standing à l'opposé de celui de ses visiteurs.
2013 sera l'anniversaire des 20 ans de la mort de FZ. Parions que cette édition sera "ein wenig spezielle"!
Et comme nous dirait Frank: Music is the best!

JG

(PS: I love you FZ)

 

 


(1) le premier sponsor d'Alice Cooper était Frank Zappa qui a produit ses deux premiers albums. Alice Cooper lui a rendu un bel hommage en arborant sur scène une moustache et une barbichette à la Zappa lors de son concert.
(2) don't on recommande l'écoute de "The Edge of Heaven", reprises de chansons populaires chinoises
(3) membres du groupe de la dernière tournée Broadway The Hard Way en 1988

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20 août 2012 1 20 /08 /août /2012 21:18

 

 Kenny-Barron-Trio-a-Ramatuelle-Poulpy.jpg

 

Le Festival Jazz à Ramatuelle - qui, grâce à son directeur artistique, met à l’honneur le Jazz et rien que le Jazz - avait rendez-vous le 19 août 2012 avec un pianiste de légende : Kenny Barron. Ce dernier, détenteur de neuf Grammy Awards, fait partie des grands pianistes « post be-bop » actuels.

Pour sa deuxième apparition depuis 2004 sur le plateau du Théâtre de Verdure[1], le pianiste s’est entouré de deux virtuoses : Kiyoshi Kitagawa à la contrebasse et Jonathan Blake à la batterie. Rien que du bon !

Ces deux sidemen sont en effet de remarquables musiciens. A plusieurs reprises, leurs improvisations ont fait naître un flot d’applaudissements et pour cause. Kiyoshi Kitagawa, très emprunt de Buster Williams[2], affectionne les accords de contrebasse et les lentes constructions s’éloignant progressivement et magistralement du thème principal. Jonathan Blake n’a pas été en reste. Sa puissante frappe, comme rarement se conjugue avec la vélocité du jeu, lui permettant de créer un son quasiment continu pendant plusieurs minutes.

C’est donc avec demi-raison que Kenny Barron a laissé à ces deux compagnons un large espace d’expression personnelle…….demi-raison car leur présence n’a pas forcément mis le pianiste en valeur. Kenny Barron n’a pas émergé  franchement de sa section rythmique. Au contraire, celle-ci a semblé le couvrir, presque l’étouffer. Question de réglage sonore ? Question d’emplacement de l’auditeur au sein du théâtre ? Dans le doute, nous ne conclurons pas que Kenny Barron n’a pas pris le lead de son trio. Dans le doute, nous n’affirmerons pas que Jonathan Blake ou Kiyoshi Kitagawa ont manqué d’écoute. Nous laisserons la question en suspens même si, au lendemain du concert, l’impression qui la sous-tend émerge, elle par contre, très clairement.

Tout au long de sa prestation, Kenny Barron a égrené un répertoire éclectique ; un mélange de compositions et de standards. Parmi ces derniers : « Bebop » de Dizzy Gillespie (dans l’orchestre duquel il se fit connaître du grand public), le bel « Isfahan » de Billy Strayhorn, « I Hear Rhapsody » et même le sempiternel « My Funny Valentine » qui, bien que parfaitement interprété, n’en est pas moins ressorti comme une étrange incise placée au cœur du concert.

Fort heureusement, Kenny Barron a donné une place importante à ses compositions[3] avec le magnifique morceau « Bud-Like » (écrit à la mémoire de Bud Powell, l’un de ses pianistes préférés), « Cook’s Bay » et « Song For Abdullah » (en l’honneur d’Abdullah Ibrahim qui officiait sur la même scène la veille). Il a interprété ce morceau sans accompagnement. Et c’est enfin esseulé de sa rythmique qu’il a offert au public toute la subtilité que son jeu recèle, n’ayant pour unique féale qu’une cigale lançant une lancinante note, hors de l’harmonie.

Lorsque le concert s’est terminé, le public était debout : standing ovation !

Prochain concert de Kenny Barron : en duo avec le contrebassiste Dave Holland le 8 septembre prochain au Festival Jazz à la Villette, Cité de la Musique à Paris.

 

Pour plus de renseignements sur le Festival : www.jazzaramatuelle.com

 

Yaël Angel



[1] Lequel porte bien ce nom tant il est placé dans un écrin de garrigue et d’arbres centenaires

 

[2] Lequel a d’ailleurs enregistré avec Kenny Barron au sein du groupe Sphere

[3] Nous soulignerons que, bien que Kenny Barron soit principalement connu comme instrumentiste, il est l’auteur de nombreux morceaux qui, de part leur beauté, l’illustrent à notre sens d’avantage comme compositeur que comme « pianiste soliste au style nettement personnel ». Dans cette lignée créatrice, on retrouve des titres admirables comme, parmi bien d’autres : « Scratch », « Clouds », « New York Attitude », « Minor Blues », « Wildlife », « What if », « Nikara’s song » ou « Spiral ».

 

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11 juillet 2012 3 11 /07 /juillet /2012 13:34

 
 
Révélation de l’édition 2011 du Nice Jazz Festival, Troy Andrews plus connu sous son nom de scène Trombone Shorty (photo) a fait l’unanimité parmi les spectateurs, toutes générations confondues, le 10 juillet au Théâtre de verdure de la cité natale de Garibaldi. Et d’ailleurs le jazzman de la Nouvelle-Orléans est bien apparu lui aussi comme un combattant, brandissant haut alternativement le trombone, son instrument de prédilection, et la trompette dont il tire des sons dans l’aïgu extrême.

 

Trombone-Shorty---PhotoCredit-Kirk-Edwards-2.jpg

Photo Crédit: Kirk Edwards

Précédé sur scène par l’une des icones de la Nouvelle-Orléans, Dr John, pianiste-chanteur-compositeur, le prometteur Trombone Shorty n’a pas manqué de rendre hommage au berceau du jazz en reprenant « On The Sunny Side of The Street », un des titres-fétiche de Louis Armstrong. Mais le polyinstrumentiste et chanteur (« For True ». Universal) lui a donné des accents rock, illustrant bien l’évolution de son registre, quitte à surprendre ses fans de la première heure.

 

Trombone-shorty-ForTrueCover.JPG

 

Accompagné de jeunes interprètes, dont la moyenne d’âge atteint à peine la trentaine, Trombone Shorty, tout de noir vêtu (avec un Marcel dévoilant un tatouage à l’épaule) joue à l’énergie, s’appuyant sur deux saxophones, deux guitaristes et un batteur survitaminé.  Le courant passe avec le public et le show n’est pas sans rappeler les belles heures de « bêtes de scène » comme James Brown.
L’autre grand vainqueur de cette troisième soirée du Nice Jazz Festival (8-12 juillet.) aura été le trombone. Un cuivre qui est à tous égards sorti de la coulisse pour occuper le devant de la scène du Théâtre de verdure lors des trois concerts qui se sont succédé de 19h30 à minuit. Avant la démonstration de Trombone Shorty, les spectateurs avaient pu apprécier sa sonorité au sein des groupes de Long John et du Jimy Brown Experience, formation niçoise dédiée au funk.
Assurément, l’ancêtre des festivals de jazz estival (1948), repris en régie municipale par la ville de Nice en 2011, et revenu sur son site historique du bord de mer, avait pris ce 10 juillet autour de minuit une réelle cure de jouvence.
Jean-Louis Lemarchand

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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 11:14

 

 

Le prix international d’orchestres de jazz de Montauban, trophée Matmut, a été attribué au trio du pianiste Rémi Toulon. Sur le podium, Just Friends et Mo’Drums.

Ils étaient 139 orchestres de 15 nationalités à participer cette année au Prix international d’orchestres de jazz de Montauban, Trophée Matmut et le vainqueur est… Rémi Toulon trio (photo. De gauche à droite, Jean-Luc Arramy (chapeau) basse, Rémi Toulon, piano, Vincent Frade, batterie).

Le jury réuni le 9 juillet lors du 31ème Festival Jazz à Montauban a voulu rendre hommage, a précisé son président François Lacharme, président de l’Académie du Jazz, à un groupe mariant le goût de l’aventure, la respiration dans l’expression et le sens des nuances.

remitoulontrio-.jpg(photo : Jean-Louis Lemarchand)

Les accessits sont allés à Just Friends, quintet avec trompette et guitare, modèle du style néo-classique, et Mo’Drums, un trio aux accents contemporains manifestant une belle fougue.

A l’issue de la finale qui s’est jouée sur deux morceaux, un titre laissé au choix de chaque groupe et la célèbre composition de Benny Golson, Whisper Not, le PDG du groupe Matmut, Daniel Havis a remis leurs prix aux lauréats, des dotations respectivement de 8.000 euros, 5.000 euros et 2.000 euros. Les trois groupes finalistes, a précisé le président du Synergie Club, organisateur du festival, Jean-Charles Bordaries, seront également programmés lors du prochain festival Jazz à Montauban.

Jean-Louis Lemarchand

 

    

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9 juin 2012 6 09 /06 /juin /2012 22:21

 vignette-Paris-Jazz-festival-2012_lightbox.jpg

C'était une bien belle façon pour ouvrir le Paris Jazz Festival que de proposer le nouveau quartet de Daniel Humair.


Le batteur suisse on le sait, aime s'adjoindre les services de nouveaux talents et ceux qui étaient à Marciac il y a trois ans ont encore en tête le formidable concert de Baby Boom dans lequel on entendait Christophe Monniot ou Matthieu Donarier.

 

Pour le projet prèsenté aujourd'hui le batteur s'etait entourè d'Emile Parisien au soprano (et même au tènor !), Vincent Peirani à l'accordéon et Jerôme Regard à la contrebasse.

Et, disons le tout de suite, ce projet qui fera l'objet d'un disque qui sortira en septembre sur le label Laborie, risque bien, après ce que l'on a entendu d'être le buzz de la rentrèe.

Un quartet en osmose totale pour une musique juste superbe.

photos-2011-2012 0718Emile Parisien, gènie du soprano semblait aujourd'hui faire corps avec son instrument, dans un exercice de dompteur, un corps à corps avec le soprano dont il sort victorieux et héroique. Daniel Humair, lui, c'est le coloriste. Le batteur qui exposait derriere lui une de ses toiles, est ici comme un peintre. On croirait le voir mixer les couleurs, triturer la pâte, choisir ses pinceaux, tenter des contrastes et des chocs lumineux. 

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A l'accordéon, Vincent Peirani s'impose comme le futur très grand de l'nstrument, prompt à en faire exploser les codes, à s'affranchir de toutes contraintes.

 

 

 


Et Jérôme Regard, que l'on trouve bien trop rare sous nos contrèes, est ici, sous l'oeil du batteur, gardien du temple, dessinant les contours de la feuille.

Sous un ciel menacant, on entendait gronder le tonnerre au loin, comme une magnifique réponse à cette musique à la force tellurique irrésistible.

 

 

Ce quartet pouvait se jouer des éléments.

Le public était debout pour une véritable ovation. Le Paris Jazz Festival ne pouvait pas mieux commencer.

 

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3 juin 2012 7 03 /06 /juin /2012 23:09

Sunset, paris - 29 mai 2012

Jean-Sébastien Simonoviez (p, voc), Clara Simonoviez (voc), Jean-Paul Adam (as), François-Régis Gallix (cb), Géraud Portal (dr)

Il est rare de croiser le pianiste de Carcassonne dans les clubs parisiens. Il ne fallait pas le louper non plus au Sunset ce 29 mai dernier à Paris. Avec son groupe Transition Cosmic Power, Jean-Sébastien Simonoviez  présente cet album au titre éponyme, paru il y a bientôt trois ans, à un public parisien qui répond à l'appel.
Je ne tournerai pas autour du pot: Transition Cosmic Power est un OVNI dans le jazz français …
On parviendra difficilement à en faire une description exhaustive mais on peut la tenter en partant du nom du groupe et du cd "Transition Cosmic Power". "Transition" parce que c'est à l'origine un groupe de transition qui réunissait Simonoviez, le contrebassiste François-Régis Gallix il y a une dizaine d'années déjà accompagnée de la (très) jeune Clara Simonoviez, fille et chanteuse, alors âgée de douze ans.
"Cosmic"  est un clin d'oeil à Sun Ra et à sa philosophie de vie cosmique et à une certaine spiritualité propagée par Alice Coltrane et Pharoah Sanders. Dans le livret du cd, Simonoviez évoque son état et le rôle d'émetteur et récepteur qu'il tient dans l'univers et convie l'auditeur à écouter sa musique, à le suivre sur son chemin spirituel. Un peu à l'image d'un message de Sun Ra: "I am like a bird. You don't have to listen to me, but I am there".
Enfin "Power" pour l'énergie totalement positive que cette musique diffuse, un peu comme une explosion solaire de joie. "Power" comme la musique de Trane, imminent présent dans ce concert.

 

jean-sebastien-simonoviez.jpgédité par Black and Blue en 2009

 

Depuis, ce groupe de transition continue d'exister et développe une musique atmosphérique, stellaire, naïve parfois enfantine (Simonoviez compose des contes). Simonoviez père joue du piano et chante avec Clara, sa fille, des textes chantés/parlés qui rappelle par endroits "Merci" de Magma ou "D'épreuves d'amour" de Stella Vander, composé par Pierre-Michel Sivadier. Pourtant l'inspiration première vient du requiem pour voix et piano de Duruflé qui a scotché le pianiste. Les autres sources d'inspiration sont Marvin Gaye, le bop, la soul, un certain jazz ponctué d'espoir spirituel. Les textes poétiques et la musique de Simonoviez, adaptés à sa voix blanche et celle de sa fille, libèrent une joie intense et une volonté de réjouir leurs auditeurs; ce qui leur donnent un côté subversif dans le contexte actuel de par leur côté volontairement sincère et évocateur de bonheur irrépressible.
La musique est conduite par la créativité hors norme de son compositeur, des transes rythmiques et cosmiques envoutantes et des musiciens emportés par un enthousiasme débordant et communicatif. Transition Cosmic Power est un groupe unique et totalement libre.

Jérôme Gransac

 

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