Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 juin 2012 6 02 /06 /juin /2012 22:12

Steve-Verbeke-copyright-Xavier-Alberghini.jpg

Steve Verbeke © Xavier Alberghini

 

 

Pour la sixième année, le festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés Paris organise des concerts en prison. Le 29 mai, Steve Verbeke jouait à Bois d’Arcy. Le premier s’empare de la guitare sèche de Jerémie Tepper et improvise dans le plus pur style manouche. Un autre engage la discussion avec Steve Verbeke sur les mérites du blues de Chicago. A la fin du concert donné ce 29 mai après-midi par le chanteur-harmoniciste à la Maison d’arrêt de Bois d’Arcy (78), quelques détenus se sont invités sur la scène, histoire de vivre pleinement cet intermède culturel proposé par le Festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés Paris. Quelques instants plus tôt, ils étaient tous ensemble, une petite centaine de spectateurs, installés sur les gradins (béton et bois) de la salle de spectacle de la Maison d’Arrêt pour hommes des Yvelines, à reprendre avec Steve Verbeke et ses deux guitaristes (Stan Noubard Pacha et Jérémie Tepper) le refrain d’un grand classique du blues, « Got My Mojo Working » de Muddy Waters. « Je vous remercie d’être venus, vous auriez pu profiter du soleil dehors ! » lance au public l’harmoniciste, aussitôt accueilli par des applaudissements. Une semaine exactement auparavant, c’était à la Maison d’arrêt des femmes de Versailles que le Festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés Paris programmait un concert avec le quartet de Yann Cole et la chanteuse Amalya dans un répertoire soul et rythm & blues. « Œuvrer pour la réinsertion sociale par la vie culturelle, c’est une mission qui nous est chère avec l’opération « Dedans comme dehors » organisée depuis maintenant six ans », commente Donatienne Hantin, la directrice de production du festival. Favoriser la réinsertion des détenus Jazz à Saint-Germain-des-Prés Paris participe ainsi- aux côtés du Festival Blues sur Seine ou l’Association Hip-Hop citoyens pour ne citer que le domaine des musiques improvisées- au Parcours Culturel d’insertion dans les Yvelines piloté par la direction du Service Pénitentiaire d’Insertion et Probation (SPIP 78) et coordonné avec l’association Léo Lagrange. Pour 2012, une vingtaine de partenaires apportent leur concours à ce programme dont le Musée du Louvre, le Théâtre National de Chaillot ou l’Ensemble Orchestral de Paris. « Notre objectif est de favoriser la réinsertion des détenus en leur donnant accès à un univers culturel qui leur est souvent inconnu. Nous n’allons pas leur proposer que du rap ! » souligne la directrice du SPIP 78, Claire Mérigonde. Assurées par des intervenants extérieurs professionnels, « les différentes actions -spectacles et ateliers de pratique artistique (théâtre, court métrage, magie…) - visent à revaloriser, resocialiser les détenus considérés comme des citoyens », précise Sandrine Laroche, coordinatrice culturelle pour le SPIP 78. Pour 2012, le Parcours culturel d’insertion dans les Yvelines- qui concerne trois établissements pénitentiaires, Poissy, Versailles et Bois d’Arcy - dispose d’un budget global de cent mille euros, assuré majoritairement par le SPIP (à 50-60 %) avec le soutien de partenaires institutionnels-dont la Direction régionale des affaires culturelles- et privés. Au niveau national, la culture a été reconnue comme facteur d’insertion et de réinsertion des détenus depuis un protocole d’accord signé en 1986 entre le Ministère de la Justice et le Ministère de la Culture et qui a été renforcé par deux autres protocoles en 1990 et 2009.

Jean-Louis Lemarchand

Partager cet article
Repost0
30 mai 2012 3 30 /05 /mai /2012 17:41

29 mai 2012 : Kurt Elling Quintet. Concert à la maison des Cultures du Monde dans le cadre du festival de jazz de Saint Germain des Près.


Mardi 29 mai, vers 21h15, je marchais le long du boulevard Raspail en direction de la Maison des Cultures du Monde. Un homme me précédait. Je l’avais remarqué car il portait un costume beige avec des petits motifs rouges et blancs bizarrement cousus sur le dos. Je regardais ses chaussures : des chaussures noires avec une grosse semelle crème. Je me disais « c’est le style américain ». Puis l’homme tourna légèrement la tête vers la gauche. Je connaissais ce visage : c’était Kurt Elling ! Accélérant le pas et me retrouvant à ses côtés je lui dis, assez bêtement « I think you are Kurt Elling ». Il me répondit « Yes I am. Glad to meet you ». Une interview improvisée !
Moi : « Are you going to sing songs from your last album ? »
Lui : « Some of them but lots of new things too »
Moi : « How do you feel for tonight’s concert ? »
Lui : « Well, we’ll see……You can never know…. »
Même à son niveau, il ne savait pas……Assailli dès son entrée sur le parvis de la Maison des Cultures du Monde, je le laissais, émue, à ses fans.
Considéré comme l’un des meilleurs chanteurs de jazz de sa génération, il vient d’offrir un nouvel album : « The Gate », dans le lequel il nous restitue (enfin !) l’essence de son immense talent, après le court intermède de son opus précédent : « Dedicated to You », où il revêtait (à mon grand regret) les allures du crooner langoureux au service de ces dames.
Ce soir, le Kurt Elling que j’aimais, le « Man in the Air », était bien de retour.
Pour ce concert, donné  dans le cadre du Festival de Jazz de Saint Germain des Près – dont on ne peut que saluer l’excellence de l’édition 2012 - il s’était entouré de son ami, pianiste et arrangeur de toujours : Laurence Hobgood, ainsi que d’une belle rythmique composée de Quincy Davis à la batterie, John Mc Lean à la guitare et Clarck Sommers à la contrebasse.

 

Kurt Elling DSC8767 copie

 

Avec décontraction, chaleur et naturel, Kurt Elling remplit la salle comble de sa magnifique voix. Une voix de baryton suffisamment extensible pour atteindre, en voix de tête, les aigus du ténor. Tout le long du concert, il réalisa des prouesses techniques remarquables : notes tenues longtemps avec une puissance époustouflante, intervalles aux ambitus vertigineux parcourus avec une justesse sans faille, un souffle maîtrisé à la perfection, une virtuosité dans l’improvisation qu’on lui connaissait déjà si bien.
Les titres joués étaient parfois tirés de l’album The Gate, comme le très esthétique « Samouraï Cowboy », « After your love has gone » d’Earth Wind and Fire ou le « Golden Lady » de Stevie Wonder, mais aussi du répertoire des standards comme « Estate » ou « Body and Soul ». Mais un standard chanté par Kurt Elling n’est plus un standard, c’est…..du Kurt Elling ! Un Body And Soul complètement revisité, où l’on put entendre son propre texte qu’il chanta, comme il sait si bien le faire, en l’accélérant parfois jusqu’à donner l’impression d’un « scat de paroles ».
Le concert termina avec Golden Lady, sur lequel il imita la batterie, parfois des tablas, puis se lança dans un dialogue avec John Mc Lean dont il reprit les phrases musicales en imitant jusqu’aux distorsions et glissandos de la guitare.
Quelques messages semblaient parsemés ici et là  : « We think by feeling, what is there to know ? », ou « I won’t quit till I’m a star, till I’m a star, till I’m a star »…..
Le public, debout, presque en larmes, l’acclama, l’ovationna, cria son bonheur devant tant de talent. Après un petit tour derrière les rideaux où je pus voir, d’où j’étais placée, qu’il donnait quelques accolades d’encouragement à ses musiciens, Kurt Elling revint sur scène avec « La vie en rose ». Un hommage à Paris, à la chanson française, à son public français qui l’aime tant.
Au sortir du concert, en route vers ma voiture, j’entendis une vieille dame chanter le premier couplet de « Nature Boy ». Kurt Elling avait transmis sa musique et la rue faisait pour un temps encore entendre sa voix.
J’aurais eu envie de le rencontrer de nouveau, en sens inverse vers son hôtel et de lui dire : «You are a star ». Mais ce genre de hasard extraordinaire ne se produit généralement qu’une seule fois…...

Yaël Angel

Partager cet article
Repost0
26 mai 2012 6 26 /05 /mai /2012 16:00

 

Concert à l’Eglise de Saint Germain des Près dans le cadre du Festival de Jazz de Saint Germain des Pres

24 mai 2012

dewildedibattista.jpg

Par une nuit de printemps où la lune faisait un fin croissant dans le ciel se rencontraient deux musiciens phares de la scène du jazz européen : Laurent de Wilde au piano et Stefano Di Battista aux saxophones soprano et alto. Le Festival de Jazz de Saint Germain des Près avait la primeur d’une rencontre inédite puisque c’était la première fois que ces deux grands musiciens jouaient ensemble. Une première donc, pourtant si surprenante de maturité. En effet, tout au long du concert, la fluidité des échanges laissait à penser que le duo avait déjà derrière lui plusieurs mois de travail et de scène.

Le concert commença en douceur par une ballade composée par Stefano Di Battista, issue de son album « Woman’s Land », afin probablement d’apprivoiser l’acoustique particulière des ogives romanes. Mais le duo ne tarda pas à s’enflammer dès le deuxième morceau : un arrangement original et fiévreux du très beau « Invitation » de Bronislau Kaper, dont Laurent de Wilde avait déjà donné une version frappante dans son album Spoon-a-Rythm. Une invitation certes, sur laquelle le magnifique chorus du pianiste fit courir un frisson de grâce parmi le public. A la coda, comme sur beaucoup d’autres titres joués, le duo se lança dans une improvisation entremêlée sur laquelle le saxophoniste italien parcourut de longs arpèges et fit bruiter son saxophone alto.

Arriva ensuite une composition de Laurent de Wilde, « Over the Clouds », qui figure sur son dernier album du même nom. Une fois quelques bandes de patafix posées sur les cordes de son instrument, le pianiste transforma son Steinway à queue en balafon du Mali. La culture africaine de Laurent de Wilde se montra omniprésente tant dans sa façon de traiter la mélodie que l’improvisation sur ce morceau. Là encore, la maturité du duo lui permit de restituer l’intensité de la composition, ce, malgré l’absence de la section rythmique du disque. A la dernière reprise du thème, Laurent de Wilde fit apparaître un large sourire à l’attention de son compagnon de scène, lui signifiant certainement par là son ravissement et sa reconnaissance devant la nouvelle version qu’ils venaient de créer ensemble.

Suivit la composition fidèle du pianiste, « Edward K », qui l’accompagne, dit-il, depuis quinze ans, qui se transforme au fil du temps en se simplifiant pour devenir, selon ses termes  « un grand n’importe quoi » mais qui est « tellement tout » lorsqu’il la joue avec des musiciens comme Stefano Di Battista.

 

Sous l’ovation du public sonna enfin l’heure du « Grand Thelonious », celui sur lequel Laurent de Wilde publia un livre remarquable[1], celui dont John Coltrane disait qu’il était « un architecte musical du plus haut niveau »[2]. « Round Midnight », puis « Straight, no Chaser » furent entonnés par les deux musiciens. Deux morceaux parmi les plus connus de Thelonious Monk, que Laurent de Wilde revisita à sa façon, sans tomber dans le piège de l’imitation respectueuse du Maître auquel beaucoup de pianistes succombent, surtout lorsqu’il s’agit de toucher au sublime « Round Midnight », qui a pratiquement atteint de statut de « morceau sacré du Jazz». 

Afin de calmer les esprits Laurent proposa son « Bon Médicament » lequel, précisa t-il, lui « fait du bien ». Une belle balade, posée, apaisée, qui pourrait bercer un enfant. Le concert se clôtura comme il commença : par une composition de Stefano Di Battista, dédiée à sa petite fille et intitulée « Madame Lily Devalier ».

Le public enthousiaste fit sans tarder retentir le rappel et c’est en beauté que cette rencontre s’acheva. Nul doute que cette première communion musicale n’est pas la dernière et l’on attend déjà une nouvelle rencontre de ces deux grands du jazz. Mais pour le moment et comme le dit si bien Stefano Di Battista : Arrivederci !

Yaël Angel



[1] Laurent de Wilde, « Monk », 1996, Editions Gallimard, Collection l’Arpenteur

[2] Pascal Bussy , « Coltrane », 1999, Collection Librio Musique

 

retrouvez la chronique de Yael : LAURENT DE WILDE : « Over the clouds »

dewilde

 

et L'interview de Stefano Di Battista

stefano dibattista

Partager cet article
Repost0
22 mai 2012 2 22 /05 /mai /2012 19:55

 

legrand.jpg

Mon voisin de corbeille à l’Odéon, un japonais, a passé une bonne soirée. Il était venu pour Monty Alexander. Il a eu droit à un récital de Michel Legrand, suppléant au pied levé le pianiste jamaïcain opéré d’urgence aux Etats-Unis et éloigné de la scène six semaines (ndlr : les nouvelles sont bonnes).  Du Legrand dans le texte, un bon demi-siècle de carrière passé en revue par le compositeur-chanteur-pianiste tout jeune octogénaire.

Tout a commencé par la chanson de ses jeunes années qui fit connaître le fils du chef d’orchestre Raymond Legrand et l’élève de Nadia Boulanger, la Valse des Lilas. C’était le Michel Legrand chanteur qui donna aussi trois titres écrits, sur sa musique, par Jean Dréjac (1921-2003), des découvertes pour la majeure partie du public,  Edith (pour Piaf), Le vieux costume et Rupture.  Après ce moment de nostalgie, teinté de tristesse, retour à la joyeuse épopée des musiques de films, Yentl et l’Eté 42-toutes deux oscarisées- données en compagnie de la harpiste –la grande tradition classique- Catherine Michel (à la ville Mme Legrand) et cela va de soi, les Parapluies de Cherbourg et Les demoiselles de Rochefort.

Et le jazz dans tout cela ? Il n’était jamais bien loin. Michel Legrand manifestait un réel plaisir à reprendre des airs composés pour Miles Davis (la musique du film Dingo), mettant en valeur ses deux accompagnateurs, le bassiste Pierre Boussaguet et le batteur François Laizeau. Pour le fan de jazz, le grand moment de la soirée restera ce medley de piano solo où « Mr. Mike » rendit hommage à ses idoles – à la manière de-Art Tatum, Oscar Peterson, George Shearing, Fats Domino, Duke Ellington, Dave Brubeck et, pour clore l’exercice de style, par quelques notes de Count Basie. Vint l’heure du bis et, détendu comme jamais, Michel Legrand, le mélodiste, offrit au public le thème des Parapluies de Cherbourg dans divers styles. Un coup de chapeau sans façons bien à la manière de l’esprit du Théâtre de l’Odéon en mai 1968 ! Dehors la pluie s’était arrêtée sur St Germain des Prés et notre japonais chantonnait.

       

Michel Legrand avec Pierre Boussaguet (basse), François Laizeau (batterie) et Catherine Michel (harpe). Théâtre de l’Odéon. 21 mai. Festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés. 

Le festival propose des concerts jusqu’au 3  juin et notamment Laurent de Wilde, Jacky Terrasson, Kurt Elling, Stefano di Battista… 

Jean –Louis Lemarchand

 

Affiche-2012-Festival-Saint-Germain-des-Pres-200x300.jpg

Partager cet article
Repost0
20 mai 2012 7 20 /05 /mai /2012 19:02

 

Nous étions à  Coutances Jeudi pour une journée de jazz.

Journée de jazz sous les Pommiers où, comme il se doit, la pluie nous avait accueilli avec une allégresse un peu trop expansive à notre gôut. Mais bon, on est en Normandie ou on n’y est pas.

Début de la journée avec cette belle formation de Perrine Mansuy et sa formation que l’on retrouve sur Vertigo Songs avec Perrine au piano,

mansuy-best.JPG

Marion Rampal au chant et aux textes, Jean-Luc Difraya qui ne chante pas ici mais insuffle les vibrations à la batterie et Remi Decrouy à la guitare. Moment de charme , de grâce au Magic Miror où l’alliance des textes de l’une et de la musique de l’autre, où la rencontre du jazz et des pop songs nous firent vivre un moment de poésie et de jazz totalement aérien. Public conquis.

 rampal-2.JPG

Petite pause pour aller retrouver en interview Christophe Marguet qui nous parla de la création qu’il s’apprêtait à présenter le soir même puis direction le Théatre pour assister à un grand moment de déjante totale sous la forme d’une battle franco-québecoise. Un quartet de chaque côté s’affrontant sous les auspices et l’arbitrage perspicace et intraitable de deux Monsieur Loyal, Alex Dutilh et Stanley Péan. Un grand moment de délire où les arbitres choisissent des morceaux et des contraintes ( p. ex en demandant à chaque membre du quartet de jouer de l’instrument d’un autre ou encore de ne jouer que d’une seule main). Au final match nul et grand moment de délire avec côté Québecois : Michel Donato (cb), Frank Lozano (ts), Isaiah Ceccarelli (dm) François Bourassa (piano) et côté français : Thomas de Pourquery (as), Benjamin Moussay (p), Arnault Cuisinier (cb),Edward Perraud (dm). Ceux qui ont bien tendu –l’oreille ont quand même pu assister, au delà de ses facéties à hurlmer de rire, à un grand Thomas de Pourquery clôturant à l’alto un Night and Day avec une belle inspiration.

 

 hermeto-pascoal.JPG

Pas très convaincus en revanche par ce qui était annoncé comme l’événement du festival , la venue d’Hermeto Pascoal, le grand gourou Brésilien. Une première partie en effet en demi-teinte où chacun hésitait un peu à jouer. Les harmoniques se chevauchaient, on avait un peu de peine à lire le jeu et surtout l’ensemble était bien mollasson. Mais tout changea lorsque l’immense Hermeto Pascoal ( au passage, époustouflant au mélodica) quittait ses claviers pour venir insuffler le souffle divin à ses musiciens. Il se passait alors quelque chose qui se débridait dans cette musique inclassable entre brésil et jazz fusion, révélant ainsi l’écriture sublime du maître. Hermeto Pascoal était sémillant, pétillant, jouant de l’arrosoir et du verre d’eau, expérimentant sans cesse, jouant avec ses musiciens au double sens du terme et tous semblaient heureux d’être là. Malgré une sortie un peu rapide sans le moindre rappel. On a noté au passage Itiberê Zwarg à la contrebasse totalement surevolté , Pastorius dans l’âme.

 

 

Mais le clou de la journée était cette fameuse création de Christophe Marguet avec son sextet «  Constellation ». L’événement devait faire date. Forcément puisque Marguet réunissait, aux côtés de Benjamin Moussay aux claviers et Régis Huby au violon, un trio d’américains menés par Steve Swallow à la basse, Chris Cheek au ténor et Cuong Vu à la trompette. Un création donc, sur le mode électro-acoustique basée sur une écriture absolument sublime. Il aurait fallu avoir la track list mais on a rtenu notamment un morceau évoquant une île de Crète qui nous laissa le théâtre municipal sur une émotion bien palpable. La musique était juste belle et le sextet qui avait fait ses premières répétitions  3 jours avant, fonctionnait à merveille. On remarquait notamment ce tout jeune trompettiste entendu aux côtés de Pat Metheny comme une des valeurs très sures de demain ( cf. la vidéo). Ce concert fut assurément l’un des plus beaux qu’il m’ait été donné de voir depuis pas mal de temps et l’on consolera les absents en leur promettant de revoir cette constellation des astres à Paris lors du prochain festival de la Villette. Il ne faudra les manquer sous aucun prétexte.

 

 

photos-2011-2012-2231.JPG

 

Jean-Marc Gelin le 17/05/2012

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 23:25


Depuis quelques jours, tout le monde m'appelle Henriette….
Pourtant, Bob, le chauffeur d'une des navettes affrétées par le festival, m'indique qu'il y a aussi la potée sarthoise… et le Jasnières pour faire glisser tout ça.
Me voici donc, débarquant au Mans pour la première fois, et constatant une fois de plus que jazz et gourmandise vont de pair.

La gourmandise des oreilles d'abord,  puisque le festival EUROPA JAZZ résonne au cœur de la ville, où trois lieux historiques abritent les concerts de cette 33ème édition : la Collégiale Saint-Pierre-la-Cour, la Fonderie et l'Abbaye de l'Epau.

EUROPA-JAZZ-Abbaye-de--Epau.JPGAbbaye de l'Epau - Photo E. Lacaze


En pénétrant dans la Collégiale pour le premier concert de cette journée du jeudi 3 mai, des ondes sonores étranges me happent et me chiffonnent les tympans. Au centre d'une petite scène à la dimension du lieu intime, se tient Fanny Lasfargues, la tête penchée sur le manche de sa contrebasse, une mèche rebelle et pudique lui cachant une grande moitié du visage, comme si elle n'osait pas être vue. A sa droite, une table recouverte d'un tissu noir, où reposent ses accessoires, baguettes, pinces… A ses pieds, outre le public accroché à sa musique, des pédales de sample qu'elle actionne doucement d'une jambe gainée de bas ajourés.
EUROPA-JAZZ--Fanny-Lasfargues.JPG

Fanny Lasfargues - Photo E. Lacaze

Je viens en fait de pénétrer de plain–pied dans une bulle sonore, comme si j'avais plongé dans le Grand Bleu. Les sons lancés par Fanny sont des plaintes de baleine, des murmures de dauphin, le ressac d'une vague tendre. Elle emporte le public dans son monde intérieur, agité parfois de montée puissante, bercé de boucles sonores hypnotisantes. Elle caresse les cordes de sa contrebasse avec le manche d'une baguette, les frôle de ses doigts, les fait grincer, les frappe. Son instrument devient tour à tour une percussion, puis un grand enfant qu'on punit, un amant qu'on cajole.

 

Une des touches originales de ce festival est la bonne idée qu'a eue Armand Meignan d'instaurer un entracte d'une heure entre les deux concerts du soir à l'Abbaye de l'Epau.

EUROPAJAZZ-magic-mirrors.JPGMagic Mirrors - Photo E. Lacaze


Posé comme un OVNI sur la pelouse, le Magic Mirrors sert de cocon à un ciné-concert joliment baptisé "Comme dans un rêve" : Guillaume Hazebrouck (clavier) et Olivier Themines (clarinette) enveloppent de musique les films muets "Sur un air de Charleston" (1926) et "La petite marchande d'allumettes" (1928) de Jean Renoir. Les deux musiciens donnent ainsi aux images une dimension encore plus surréaliste, qui permet de faire une pause hors du temps avant la seconde partie de concert. Le public a ainsi le choix entre se promener dans le parc, palabrer sur la première partie ou se poser dans cette bulle colorée aux lumières tamisées pour déguster un N&B rêveur.

 

Emmanuelle LACAZE

Partager cet article
Repost0
13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 14:41


« Une soirée au violon ». C’est avec ce titre-humoristique comme souvent- d’une composition de Martial Solal que le concert de Jean-Luc Ponty au Châtelet a été introduit par le maître de cérémonie, François Lacharme, par ailleurs président de l’Académie du Jazz.
Une boutade à double sens ! Jamais le violoniste n’avait pu s’exprimer à Paris dans une telle configuration, une sorte d’hommage en deux temps, avec grand orchestre symphonique et en petites formations ; jamais non plus il n’était apparu plus libre de ses mouvements, suscitant ce 11 avril une ovation finale de spectateurs debout.
Exilé volontaire aux Etats-Unis au début des années 70, Jean-Luc Ponty, fan de jazz-rock, avait déjà l’été passé marqué les esprits par une  prestation virevoltante à l’Olympia au sein du groupe Return to Forever. Neuf mois plus tard, c’est le violoniste acoustique, plus classique, qui avait les honneurs  du théâtre du Châtelet.
Pour commencer, l’ex premier prix de violon du conservatoire de Paris a retrouvé ses marques avec l’orchestre symphonique Pasdeloup visiblement en état de grâce derrière  un tel soliste, le public enfreignant même les règles du concert classique en interrompant un morceau par ses applaudissements. Par ses échanges avec le pianiste, Ponty  a fait mentir Maurice Ravel qui n’hésitait pas à qualifier le piano et le violon d’instruments « essentiellement incompatibles » (cité dans Piano ma non solo. Jean-Pierre Thiollet. Anagramme Editions. Avril 2012).

 

Ponty-jllemarchand-.JPG

  Photo : Jean-Louis Lemarchand


En seconde partie, l’ex « petit prince du violon » a confirmé de brillante manière son sens de l’improvisation et du rythme en compagnie de jazzmen « purs et durs ». Au sein tout d’abord d’un trio à cordes constitué pour l’occasion avec le contrebassiste Stanley Clarke, vieux complice, impérial, et le guitariste Biréli Lagrène, le « bleu » de la formation, très concentré. Un nouveau trio qui tournait à la perfection se mettant en valeur spécialement sur deux compositions de Stanley Clarke « Song for John », en souvenir à Coltrane, et « Renaissance ».
Le même Stanley Clarke, après un hommage à la vedette de la soirée («  trésor national » du jazz français et référence du violon jazz dans les dictionnaires américains), rejoignit ensuite le trio historique violon-batterie-orgue de la fin des années, reconstitué pour l’occasion, H(Humair)-L(Louiss)-P(Ponty). Alors, ces retrouvailles entre Jean-Luc, Daniel et Eddy, donnèrent lieu à l’interprétation de standards conduits tambour battant comme dans les « bœufs » d’après-minuit. Une soirée unique qui mériterait une traduction enregistrée.

Jean-Louis Lemarchand   

 

Partager cet article
Repost0
4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 23:20

 

linx-avoriaz.JPG

 

Il aime tutoyer les étoiles, David Linx. Cela tombe bien. Le natif du « plat pays » cher à Jacques Brel chantait ce 31 mars à Avoriaz, altitude 1800 mètres. Funambule des notes, David rendait hommage au concasseur de mots, Claude Nougaro. Monté il y a trois ans par André Ceccarelli, ce projet « Le coq et la pendule » (Plus Loin Music) tourne comme un chronomètre suisse. Les deux musiciens sont familiers de l’univers du chanteur occitan. André « Dédé » Ceccarelli, batteur émérite, l’a longtemps accompagné sur scène. David Linx fit sa connaissance un soir qu’il donnait un concert avec Daniel Mille et Daniel Goyone à Toulouse, la ville natale de Nougaro : Claude vint dans sa loge après concert et lui demanda de chanter « Les mots » .Nos deux jazzmen se retrouvèrent pour le tout dernier album de Claude. Sur scène aujourd’hui, ils évitent aisément l’écueil du « copier-coller ». « Nougaro c’était mon ami, pas mon influence » nous confie David Linx. Le plus bel éloge qu’ils puissent faire au poète toulousain c’est ce mariage de la fidélité dans l’esprit, frondeur et lyrique, et de la liberté dans l’expression. Nous sommes bien là sur la planète jazz avec ce quartet composé également de Pierre-Alain Goualch (piano) et Diego Imbert (basse). Au fil des concerts, le groupe a enrichi le répertoire du disque avec des titres appartenant à toutes les périodes de la carrière de Nougaro, « Cécile », « Les mots », « Bidonville ». Ce soir-là pour l’ouverture du festival « Jazz Up » d’Avoriaz (1), David Linx prenait un évident plaisir, se livrant avec générosité au scat qu’il affectionne et domine.  « Une belle chanson, précise-t-il, c’est comme un pur sang, si tu ne la maîtrises pas, alors… » . Que David, grand amateur de prise de risques, se rassure ! L’esprit de Nougaro soufflait bien ce 31 mars à Avoriaz.

Jean-Louis Lemarchand

 

(1). Pour sa cinquième édition (31 mars-6 avril), le festival « Jazz Up » d’Avoriaz accueillait entre autres Sylvain Beuf, Sylvain Luc, Bireli Lagrène, Pura Fé, Mario Canonge, Manuel Rocheman… Le club des partenaires du festival accueille cette année- aux côtés des initiateurs, la commune de Morzine-Avoriaz et le groupe Pierre & Vacances Center Parcs- le conseil général de Haute Savoie et le champagne Barons de Rothschild.

 

Partager cet article
Repost0
14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 07:35

Duke_Orchestra_2697_cPascal_-Bouclier-hte-def.jpg

© Pascal Bouclier

 

 


Quand Duke Ellington foula pour la première fois le sol parisien, en 1933, il aurait très bien pu jouer sur la scène du Palace qui venait de se refaire une beauté grâce à un architecte dénommé Rabussier. Ce ne fut pas le cas, mais le « Duc » était bien présent ce 12 mars 2012 pour le concert-ou plutôt le spectacle- donné par le Duke Orchestra de Laurent Mignard.

Tout au l ong des deux bonnes heures de cette soirée, on a pu revivre, sans jamais se lasser, l’histoire d’amour du Duke avec la France. Laurent Mignard avait concocté un spectacle complet qui permettait de retrouver quelques-unes des musiques composées par Ellington lors de ses nombreux voyages dans l’hexagone tandis qu’un écran proposait des extraits d’interviews, de répétitions, de concerts du Duke dans les années 50-60. Les fans du Maître pouvaient découvrir des pièces rares –et même pour certaines inédites- telles que la Goutelas suite, la musique composée (avec le fidèle Billy Strayhorn) pour Turcaret de Lesage (1709) à la demande de Jean Vilar, le patron du TNP, ou encore des compositions pour un film finalement jamais sorti sur Degas.

Cet hommage musical –repris dans « Ellington French Touch », album enregistré lors d’un concert de décembre 2011- s’inscrit parfaitement dans le travail engagé depuis 2003 par Laurent Mignard et de son Duke Orchestra, big band de quinze instrumentistes, pour faire vivre le répertoire du génial et prolifique compositeur et le porter à la connaissance de tous les publics. Objectif atteint ce12 mars au Palace notamment grâce à Aurélie Tropez (alto sax et flute), Nicolas Montier et Fred Couderc (ténor sax), François Biensan (trompette), Bruno Rousselet (basse) et Julie Saury (batterie).

Jean-Louis Lemarchand

            mignard-duke.jpg

 

Ellington French Touch , Duke Orchestra de Laurent Mignard (Juste une trace-Columbia-Sony Music) .

 

 

AGENDA
 
12 mars   Duke  Orchestra Théâtre Le  Palace (75) - 20h30
28 avril    Pocket  Quartet Villerville  (14)
2 mai       Duke  Orchestra Bayonne  (64) 
3 mai       Duke  Orchestra Arcachon  (33)
5 mai       Pocket  Quartet Auvers-sur-Oise  (95)
11 mai     Duke  Orchestra Chevilly-Larue  (94)

Partager cet article
Repost0
10 février 2012 5 10 /02 /février /2012 21:55

 

 jamal-chatelet.jpg©Jacques Beneich

Et puis vint en rappel Poinciana ! Le public du Châtelet, jusqu’alors respectueux et (un brin) réservé laisse éclater sa joie. Ahmad Jamal lui dédie son tube planétaire, qui lui assura le succès en 1958, avec des innovations à surprendre le fan le plus aguerri. Avant de clore ces 100 minutes de concert par un message d’amour aux spectateurs parisiens, Like some one in love.

Souriant, détendu, concentré, Ahmad Jamal a offert un moment de grâce ce 9 février pour la sortie de son dernier album, Blue Moon, le premier sous son nouveau label Jazz Village (Harmonia Mundi). Pas de paroles, sauf pour annoncer ses trois comparses Reginald Veal (basse), Herlin Riley (batterie) et Manolo Badrena (percussion) et remercier la salle, mais des notes. Ou plutôt ces phrases, ces envolées qui caractérisent à jamais son style, alternance de tonnerre et de ruissellement avec cette culture du silence qui plut tant à Miles.

En permanence, le sémillant octogénaire de Pittsburgh relance ses partenaires d’un index pointé avec détermination. C’est une nouvelle équipe qui se présentait sur la scène parisienne. Herlin Riley retrouvait Ahmad qu’il avait accompagné quelque temps dans les années 80. Il forme un tandem soudé avec Reginald Veal fruit d’une longue collaboration auprès de Wynton Marsalis et Dianne Reeves. Certains regretteront (l’auteur de ses lignes en est) la vigueur de Jammes Cammack, qui tint la basse 27 ans durant dans le trio, ou la créativité d’Idris Muhammad. Reste que le quartet version 2012 donne la part belle à la rythmique avec en vedette, apportant un grain de folie, le percussionniste Manolo Badrena, ancien de Weather Report.

Voilà rassurés –si besoin était-les amateurs de jazz ou selon la terminologie d’Ahmad Jamal, de « la musique classique américaine ». L’architecte des sons est toujours là. Il nous confiait l’été passé, citant Clint Eastwood : « vous devez connaître vos propres limites ». Le fait est qu’il les repousse sans discontinuer.

Jean-Louis Lemarchand

ahmad jamal blue-moon feb2012

Partager cet article
Repost0