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20 octobre 2009 2 20 /10 /octobre /2009 06:52

Il y a des jours comme ça où, malgré la fatigue, le froid et les jambes qui se traînent un peu en début de semaine, on ne regrette pas de s'être un peu forcé pour aller traîner en club du côté de la rue des Lombards.
Il faut dire qu'hier soir, se donnait le dernier des deux concerts du saxophoniste Walter Smith III venu pour l'occasion avec sa clique New-Yorkaise, un groupe de jeunes furieusement doués : Ambrose Akinmusire à la trompette, Gerald Clayton au piano, Harish Raghavan à la contrebasse et Justin Brown, un jeune batteur à découvrir absolument.

On eut droit à un concert de très très haute tenue avec son cortège de solistes héroîïques, un Ambrose Akinmusire poignant dans sa façon de tourner autour des thèmes, un Walter Smith au lyrisme impressionnant et surtout un batteur venu tout droit de l'espace, spectacle à lui tout seul, incarnation même de la batterie aussi sauvage que naturellement inventive. Carrément démoniaque comme le disait Stéphane Portet.



Il ne fallait pas en rester là, car un autre saxophoniste tapi dans l'ombre du Sunside venait en pur visiteur laisser traîner une oreille attentive. Forcément Walter Smith demanda alors à Steve Coleman de les rejoindre sur scène pour interpréter quelques titres ensembles. Et l'on eut droit alors à un Steve Coleman totalement libéré qui avait abandonné son traité de mathématique pour se jetter corps et âme dans la bataille, interprétant aec ses camarades un Stablemates de légende. Le son Coleman !




Baptiste Trotignon et Laurent Coq, dans la salle ne boudaient pas leur plaisir.

Une belle claque pour la semaine......







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19 octobre 2009 1 19 /10 /octobre /2009 08:26
Pur moment de grace hier soir au Théâtre du Châtelet.
La harpiste Isabelle Olivier venait présenter son nouvel et superbe album, " My Foolish Harp" paru en septembre chez ENJA.
Présents sur l'album l'accordéoniste David Venitucci et le batteur Peter Erskine étaient bien là alors que Louis Sclavis et Youn Sun Nah etaient pour l'occasion remplacés au pied levé par le contrebassiste Michel Benita et le chanteur David Linx.
Et ce fut pour une grande partie du concert, un moment de charme absolu. Un moment de partage musical et d'écoute attentive. Les duos, trios puis quartet se succèdèrent avec la même perception de l'intime, de la conversation murmurée, de l'épure et du relâchement. Des duos comme ceux que la harpiste nous offraient avec Venitucci ou avec Erskine se révélaient comme des espaces d'une rare sensibilité où il aurait été difficile pour chacun des musiciens de jouer moins fort. L'espace s'emplit d'une musique au flottement terriblement émouvant.
Isabelle Olivier montrait là toute l'étendue du possible de la harpe dans sa dimension rythmique, harmonique ou mélodique, passant naurellement d'un rôle à l'autre.
Avec l'arrivée du chanteur, impressionant de musicalité et de présence, ce fut un autre concert où le quartet se mettaient plus à sa disposition. Isabelle Olivier disparaissait un peu dans le son. Jusqu'au moment où David Linx se rassit, dans une ecoute plus attentive, prit lui-même dans cette musique où il n'était question que de partage.
Superbe.

Jean-Marc Gelin

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26 septembre 2009 6 26 /09 /septembre /2009 06:26
 

Dans la région des Pouilles, au sud de l’Italie, deux manifestations importantes avaient jadis retenu l’attention, l’Europa

Jazz Festival de Noci où fut créé, entre autres, l’Italian Instabile Orchestra, et le festival Talos de Ruvo di Puglia,

le village natal de Pino Minafra. Pour diverses raisons, ces deux événements internationaux ont périclité, et un

troisième est venu prendre le relais, Bari in Jazz, placé sous la direction artistique du saxophoniste Roberto Ottaviano.

 

Photo: Gérard Rouy

 

 

Après avoir accueilli dans le passé des musiciens aussi divers que Karl Berger, Carlos Zingaro, Bobby McFerrin,

Kenny Barron, Kenny Wheeler, John Greaves et une grande partie de jazzmen transalpins, Bari in Jazz a choisi cet

été de placer sa cinquième édition sous le signe du « sacré » et du « profane », avec une distribution quasi

essentiellement italienne, dans différentes églises de la ville (et elles sont nombreuses !) ainsi que dans la cour en

plein air du Castello Svevo.

 

Photo: Gérard Rouy

 

 

Originaire des Pouilles, la chanteuse Gianna Montecalvo n’est guère connue chez nous, si ce n’est par son très bel

album “Steve’s Mirror“ (Soul Note) consacré à diverses compositions de Steve Lacy, en compagnie entre autres de

Roberto Ottaviano et de Gianni Lenoci. Avec sa consoeur chanteuse Rossella Antonacci, elle présentait le quintette

vocal Sussurri, spécialement mis sur pied pour le festival, sur un répertoire de pièces originales se situant entre le

classique, le jazz, le gospel, les musiques du monde et préservant de grands espaces ouverts à l’improvisation, d’où

se détachaient notamment ses grandes qualités vocales et son invention. Rossella Antonacci proposait pour sa part un

quatuor autour des chansons d’Edith Piaf, chantées en français sur des arrangements audacieux, accompagnée

d’un piano, d’un violoncelle et du saxophone de l’Andalou Javier Girotto. Il ne s’agit pas là d’une version « jazz »

de ces classiques (connus ou moins connus) de la chanson française (seul le saxophoniste se permettait parfois des

choruses basés sur la mélodie des thèmes), mais d’une relecture personnelle et souvent émouvante des chansons

de Piaf. Rossella Antonacci a publié en 2007 le CD “La foule“ sur label Dodicilune.

 

Photo: Gérard Rouy

 

 

 

Zappa et Monk, tels sont les sources d’inspiration auxquelles le contrebassiste et compositeur Furio di Castri a choisi

de s’atteler au sein d’un sextette aux couleurs contrastées et vives, avec notamment le guitariste Nguyên Lê, le batteur

Joël Allouche et l’excellent clarinettiste Mauro Negri. Zappa et Monk, deux musiciens totalement visionnaires et

imprévisibles, dont il ne s’agit pas d’offrir ici de simples reprises (hormis le Twenty Small Cigars de l’un et un pot-pourri

des compositions de l’autre) mais au contraire une appropriation ambitieuse du langage des deux maîtres à travers des

pièces originales, dans un jeu savant de références croisées, de citations et de chevauchements instrumentaux au cœur

d’une mosaïque bariolée de timbres.

 

Photo: Gérard Rouy

 

 

Après l’excellent quatuor de saxophones Arundo Donax, après le singulier quintette du saxophoniste soprano sarde

Gavino Murgia qui mêle le jazz à des éléments de musique traditionnelle méditerranéenne suscitant un déploiement

de couleurs en compagnie entre autres du tuba de Michel Godard, de l’accordéon de Luciano Biondini et du

vibraphone de Franck Tortiller —, place au quintette new-yorkais de Tom Harrell.

 

Photo: Gérard Rouy

 

 

Il est évidemment toujours troublant d’observer le trompettiste américain replié sur lui-même, comme absent,

quand ses sidemen s’expriment sur scène, et l’assurance et la maîtrise qu’il prodigue dès qu’il se met à jouer.

Aussi à l’aise sur les tempos les plus rapides et sur les ballades, évoquant ainsi à la fois Clifford Brown et Chet Baker,

il se joue des harmonies et des mesures les plus complexes avec une précision et une sonorité exceptionnelles,

superbement soutenu par le bassiste Ugonna Okegwo et le batteur Johnathan Blake.

Gérard Rouy

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11 août 2009 2 11 /08 /août /2009 23:21

Rencontre au sommet dimanche dernier à Marciac avec cinq guitaristes époustouflants devant un public nombreux et enthousiaste. La soirée commença avec des joutes musicales entre quatre guitaristes au style totalement différent, accompagnés d’une puissante rythmique (et notamment un Wolfgang Haffner très en verve à la batterie), se retrouvant comme par magie sur les standards de Wes Montgomery. Sur Alone together, leur joie manifeste de jouer ensemble explose, l’atmosphère sous le chapiteau de Marciac est brûlante. Dans le rôle de monsieur Loyal hilare : Chuck Loeb, guitariste « à la Pat Metheny », au style d’impro moderne mais très ancré dans la tradition du blues, à la limite de la pop et du jazz. Originaire de l’état de New York, Chuck Loeb a une carrière qui s’étale sur plus de quatre décennies. Il commence la guitare à 11 ans, se forme auprès de Dennis Sandole et Jim Hall, joue dans différentes formations parmi lesquelles le groupe de Stan Getz en 1979, Steps Ahead avec Michael Brecker en 1995 ou plus récemment Metro, un groupe de crossover entre hard bop et smooth jazz. Dans le rôle du latin lover : Mark Whitfield, guitariste « à la George Benson », au jeu tout en finesse, très délié, très élégant, un peu R&B…du vrai travail d’orfèvre. Dans le rôle du survivant : Pat Martino,  artiste à la carrière foisonnante, né à Philadelphie en 1944, il commence à jouer professionnellement en 1961. Il joue avec de nombreux artistes parmi lesquels Sonny Stitt, Chick Corea, Joe Pesci. Il commence sa carrière de leader en 1967. En 1976, à la suite d’une rupture d’anévrisme, il perd complètement la mémoire et réapprend à jouer de la guitare en réécoutant ses propres enregistrements historiques. Pat Martino est un pur guitariste be bop, dont le jeu très inventif et très riche harmoniquement rappelle celui de Wes Montgomery. Enfin dans le rôle du « less is more » (sublime Polka dots and moonbeams ): Russell Malone, surtout connu dans son rôle d’accompagnateur de Diana Krall.

 

 

Et puis vint Jim Hall…démarche vacillante, petit sourire discret, tout sauf un « guitar heroe » et pourtant… Le jeune homme de bientôt 80 ans, a été des cinq guitaristes de la soirée le plus déroutant, le plus créatif en un mot le plus moderne. Aucun effet avec sa guitare, aucune esbroufe. Son jeu est elliptique. Le plus classiques standards ressortent sublimés, transcendés. En duo avec Dave Holland (quel son à la contrebasse, ouahhhhh !), il est concentré, ses yeux pétillent de fiévreuse malice et l’on ne peut qu’applaudir à tout rompre à cette évidente complicité. Il est avec ses musiciens, en osmose, en écoute totale, il tourne presque le dos au public et pourtant il nous communique une extraordinaire énergie. « Lewis [Nash, batteur] et moi sommes aux anges d’avoir un nouveau Président. » quelques mots qui introduisent son puissant Obama’s message. Sur in a sentimental mood, en duo avec Kenny Barron, Jim Hall nous transmet une immense nostalgie. Sur Careful, Holland, Barron, Nash, Cowley sont réunis autour de Hall, dont le son devient un peu country. Sur ce morceau l’impro à deux contrebasses (Kenny Barron and Scott Cowley au top de l’inspiration) prend des accents funkie, moment jubilatoire qui arrache même un sourire au sérieux Dave Holland…Le public finit debout devant Jim Hall, le grand petit homme. Un moment de pur bonheur !

 

 

Régine Coqueran

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11 août 2009 2 11 /08 /août /2009 07:56

Marciac c'est aussi l'ambiance détendue des concerts gratuits


ici le superbe close meeting de Eric Barret


Impromptu de piano devant une église à Marciac. Poétique.....





Quelques belles interviews comme celle de notre confrère de Libération,
Bruno Pfeiffer avec Jim Hall quelques heures avant son concert



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11 août 2009 2 11 /08 /août /2009 07:43




Si l'an dernier les conditions climatiques avaient conduit les organisateurs du festival à déprogrammer les frères Belmondo, il n’était en revanche pas question cette année malgré la pluie qui menaçait une nouvelle fois, d’empêcher les deux frères de venir présenter au festival de Marciac le projet qu'ils ont créé depuis plus d'un an autour et avec le légendaire chanteur brésilien Milton Nascimento. Beau projet s'il en est, se  nourrissant des magnifiques compositions du chanteur, arrangées avec soin par Lionel Belmondo. Ce soir là, à Marciac, pour accompagner ce projet les sections de cuivre qui suivent les deux frères depuis Hymne au Soleil étaient elles-mêmes accompagnées par les cordes de l'Orchestre National de Toulouse sous la direction (remarquable d'intelligence) de Jean-Pierre Peyrebelle. Ce dernier apportait à la direction de ces jeunes musiciens un soin infini, faisant preuve d’une grande compréhension de la richesse de la musique du chanteur jadis égérie de Wayne Shorter et de Joni Mitchell. 
Pourtant  la  qualité  des arrangements des frères Belmondo, que l’on avait tant aimé lorsqu’ils accompagnaient Yusef Lateef, semblaient ici mettre un peu le chanteur à l’étroit. Et c’est paradoxalement, lorsque le quintet laissait la place entière  au  chanteur,  lorsque  celui-ci un peu fatigué et hiératique, se retrouvait seul avec cet orchestre à cordes sur Milagre dos Peixes, qu'il trouvait alors d'incroyables espaces (voix entièrement libérée) et faisait pour la première fois  du  concert,  courir  un  frisson d'émotion sur le public gersois. Comme si un déclic s’était produit, c'est sur cette veine-là que l'ensemble pouvait fusionner réellement. Milton Nascimento perdant toute réserve, nous livrait dans le prolongement de sa propre musique une berceuse de Ravel bouleversante qui chavira définitivement le public de Marciac.

 

Le deuxième concert de la soirée accueillait la formation de Laurent Cugny pour un hommage à Gil Evans. On sait que son fameux big band avait déjà eu l'occasion de travailler avec le génial arrangeur dans le cadre de l'ONJ entre 1994 et 1997. A Marciac Laurent Cugny avait réunit un véritable "all star" plus ou moins inédit avec quelques vieux briscards habitués de la maison et quelques nouveaux venus dans la troupe. Une section de cuivres survitaminée offrait l'occasion de quelques chorus de très haute volée dont un Stéphane Guillaume génialement décalé, un Thomas de Pourquery impressionnant ou un de Stéfano Di  Battista moins Parkerien qu’à l’accoutumée et qui enchaînait sur deux titres composés par Laurent Cugny(Maurane dort et L'Âge de Noe) une de ces performances rare dont il a l'habitude. Malheureusement 

alors que le concert décollait réellement dans une veine où Frederic Monino, plus Jaco Pastorius que jamais, tenait une grande partie de la baraque , l'arrivée de David Linx créait une sorte de rupture qui manquait à la fois de cohérence et surtout d'équilibre dans la prise de son. On sortait un peu (hélas) de la logique " Gil Evans" pour un autre concert où, malgré les efforts du chanteur pour s'approprier l'orchestre, ses talents que l'on sait par ailleurs exceptionnels, se perdaient ici dans une masse sonore que l’ingénieur du son peinait à éclaircir. Et c’est finalement pour clore ce concert, les cuivres qui reprenaient l’ascendant sur une formidable compo de Laurent Cugny où Batista, de Pourquery et Pierre-Olivier Govin décidaient définitivement de faire sauter la baraque dans une sorte d'explosion funky  absolument irrésistible.

           






Pour finir en douceur et se remettre de ces émotions, Avishai Cohen donnait le dernier concert d'une soirée qui allait s'achever aux premières heures de l'aube (!). Changement radical de décor pour une musique beaucoup plus intime tirée d’un répertoire en grande partie inspiré de la musique traditionnelle israélienne où l'ex-contrebassiste de Chick Corea donne de la voix sur ses compositions, accompagné de l’excellente chanteuse Karen Malka. Totalement différent de ces expériences en trio, Avishai Cohen montrait là une réelle inspiration, métamorphosé par cette musique de ses propres racines.


Jean-Marc Gelin 

 

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11 août 2009 2 11 /08 /août /2009 07:23




Hier, pour sa 32ème édition, le célèbre festival gersois qui finissait sa première semaine, ne faillissait pas à sa réputation d'être assurément l'un des plus hauts lieux du Jazz en Europe. Les veinards qui étaient là depuis le début s’étaient déjà régalés avec Sonny Rollins, Charles Lloyd, Jan Garbarek ou encore Jacky Terrasson et Ahmad Jamal tous deux (co)-auteurs d’une soirée paraît-il mémorable.

 

Pour ouvrir cette soirée (en trois concerts) du vendredi, c’est Daniel Humair qui lançait son Baby Boom sur les rails avec ces « jeunes » musiciens que l’on connaît bien sur le circuit et qui affichaient à Marciac une envie de jouer sans contrainte et de s'éclater avec un talent fou ! Comme le disait le batteur dans une interview publiée le lendemain dans la presse locale, foin des saxophonistes américains super starisés et « sous-Coltrane en chef », place à nos héros ! Car ceux de la dimension de Christophe Monniot et de Mathieu Donarier ne sont pas légion, on vous l’assure, tant de ce côté ci que de ce côté-là de l’Atlantique. Et il faudrait chercher bien loin pour trouver un tel collectif avec autant de talent au bout des doigts. On ne saurait donc que féliciter les organisateurs pour l’intuition d’avoir programmé ce formidable Baby boom si peu montré cette année. Pour l’occasion Daniel Humair avait choisi de modifier légèrement le format du disque en associant un invité surprise, l'accordéoniste Vincent Peirani (entendu par ailleurs dans le Pandémonium de François Jeanneau) et qui apportait à cette formation décapante (l’une des pus intéressante de l’hexagone cette année) une autre couleur, à la fois contrastée et fusionnelle. Un vent frais, émoustillant et totalement irrésistible passait alors sur Marciac. La salle leur réservait une standing ovation et l’on restait avec une formidable frustration tant on aurait voulu les garder bien plus longtemps. Assurément l’un des moments forts de cette 32ème édition.

      

 

Le Brass band de Dave Douglas ( Brass Ecstasy) qui prenait la suite pour le 2ème concert de la soirée avait donc fort à faire pour maintenir la salle à la haute température à laquelle elle se trouvait. Dans le cadre d'une formation de mini brass band que le trompettiste a réuni en hommage à celui de Lester Bowie, Dave Douglas alignait sur scène Luis Bonilla au trombone (survitaminé), Vincent Chancey au cor ( tout en nuances post bopiennes), Marcus Rojas au tuba (dans le rôle de la grosse basse inépuisable) et enfin un Nasheet Waits en état de grâce. Dave Douglas était là dans le rôle qu’on lui (re)connaît, habitué de l’exercice des hommages multiples et variés qu’il rend régulièrement aux trompettiste qui ont marqué l’histoire du jazz. Il ya deux ans Dave Douglas rendait hommage à Don Cherry sous le même chapiteau gersois. Cette année d’autres étaient conviés à la mémoire du New Yorkais. Un morceau dédié au formidable trompettiste bop, Fats Navarro se révélait peu convaincant, alors que la composition pour Enrico Rava (une magnifique construction tout en suspens) se révélait bien plus séduisante. C’est finalement à un autre trompettiste que Douglas dédiait cette soirée, son Brass Ectasy rendant ainsi hommage au Brass Fantasy de Lester Bowie. Trompettiste d'exception, Dave Douglas était alors plus à l’aise dans ses envolées lyriques que dans le lead de ses propres troupes qui manquaient alors un peu d’homogénéité et de sens du collectif. Pour finir, Dave Douglas, plutôt sympa avec le public auquel il s’adresse souvent en français, concluait son concert avec un morceau dédié cette fois à George Bush et Dick Chesney qu’il imaginait quittant la maison blanche en hélicoptère dans un moment sublimé que le trompettiste semblait savourer avec autant de délectation que d’humour (Twilight dog)




Forcément avec David Krakauer, nouvelle idole des jeunes, la salle prenait une toute autre allure pour le dernier concert tardif de la soirée. Lui aussi s’exprimait en français ( qu’il manie fort bien au demeurant) et donnait une toute autre version d'un jazz New Yorkais avec son "Klezmer Madness". On pourrait jurer qu'il prenait là, dans le cœur des moins de 20 ans la place d’un John Zorn absent cette année du festival. Comme à son habitude, le clarinettiste qui d'une autre manière perpétue lui aussi une grande tradition jazz Klezmer (celle de Naftule Brandwein), se jetait dans la bataille à 3000 à l'heure dans une débauche d'esbroufe, sorte de charge héroïque qui faisait alors un peu " pétard mouillé" et où l'on se sentait un peu entre la salle d'un mariage juif, un concert dans l'antre Zornienne de Brooklyn et/ou un festival de jazz dans le Gers (par exemple). Une bassiste,  Nicki Parrott, pas dénuée de talent tentait de faire monter une sauce qui n'impressionnait pas vraiment, jusqu'à ce que Krakauer mette dans la balance des arrangements non moins ravageurs mais bien plus intéressants. Ceux notamment qu’il réalise par ailleurs avec So-Called, montrent une facette moins stéréotypée et bien plus riche parce que totalement dépoussiérée de tous les clichés du genre. Avec une force à 100.000 volts, David Krakauer mettait le feu à Marciac en procédant à un mélange bien plus subtil de musique traditionnelle et de funk. Le jeune public de Marciac, déjà tout acquis à sa cause pouvait ainsi se lâcher complètement et danser débout dans les allées du chapiteau. Il a bien compris que ce jazz là est bigrement festif !



Jean-Marc Gelin


 

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6 août 2009 4 06 /08 /août /2009 06:00

La première édition du festival de musiques improvisées "RENCONTRES IMPROVISÉES DU PRIEURÉ " de Saint Sulpice s'est tenue les 25 et 26 juillet 2009.
Sous l'égide d'Agathe Lebelle, le prieuré de Saint Sulpice s'est prêté au jeu d'un festival en accueillant les passionnés et curieux désireux d'apprécier, souvent avec passion, une musique
imprégnée par la magie de ce lieu privé. Situé en Indre et Loire près de Châtellerault, c'est un havre de paix et de tranquillité et ces murs nous content leur histoire. Dans le prieuré, le public est assis en face d'un grand vitrail où le bleu de la nuit le fascine. En dessous, la scène acoustique des rencontres raconte une autre toute histoire, sonore celle-ci. D'autant que l'acoustique est naturelle et sans amplification. Avec un environnement simple mais hors du commun, la musique est d'ors et déjà dans un contexte enchanteur et souriant.
Ces rencontres improvisées comptent trois moment forts: deux après midi et la soirée du samedi 25 juillet.
Joëlle Léandre (cb), Géraldine Keller (voc), Daunik Lazro (bs), Didier Lasserre (dr), Benjamin Duboc (cb), Sylvain Guérineau (ts) et Rasul Siddik (tp) sont présents pour mêler leur talent au fil des envies. Puisqu'elles sont improvisées mais pas fortuites, ces rencontres se concrétisent en duo, trio ou quartet au gré d'un sourire entre protagonistes, de quelques impressions partagées autour d'un verre ou d'une caresse du soleil au rendez vous.
J'ai eu la chance d'assister à quelques concert dont je vous faire de quelques impressions. Pour les autres, il m'a semblé intéressant de les citer; histoire de vous mettre l'eau à la bouche.

Lire la suite...

Jérôme Gransac
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15 juillet 2009 3 15 /07 /juillet /2009 07:00
Hervé Samb au Baiser Salé (rue des Lombards à Paris) - 10 juillet 2009
Mike Armoogum (b), Taffa Cissé (perc, voc), Freddy Jay (platines), Carlos Gbaguidi (dr), Hervé Samb (elg, ag, voc)

 

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Photo: Hervé Samb © JB Millot



Ca y est, c'est parti! Le Baiser Salé lance son festival "Quand l'Afrique nous tient !" qui se déroule du 10 au 19 juillet 2009 avec Sarah Lenka et Jean Jacques Elangué entre autres.
C'est le groupe du guitariste sénégalais Hervé Samb qui ouvre le bal (on note que le batteur habituel Jon Grandcamp est absent). Formé par le guitariste belge Pierre Van Dormael, tristement disparu cette année, qui lui ouvre les portes des harmonies jazz, Hervé Samb arrive à Paris en 1998. Sa carrière est immédiatement lancée dans des groupes aux styles différents: David Murray et ses Gwo Ka Masters (jazz world), l'incroyable musicienne Meshell Ndegeocello (jazz new stream) avec qui il enregistre deux albums, les maliens Amadou et Mariam, Jacques Swarz Bart (jazz) pour l'album Abyss, le World Saxophone quartet, Linda Hopkins (Rythm & Blues), Linton Gravey (Reggae), Check Tidiane Seck ou Toure Kunda (Afrique). Vous l'aurez compris, Samb est un musicien demandé et polyvalent. C'est probablement avec Cross Over que Samb révèle sa profonde identité artistique: il aime à dire que Cross Over est le lien entre les musiques africaines et la musique noire-américaine avec comme fil conducteur le groove ... et le blues. C'est aussi un peu le résultat de ses nombreuses collaborations.
Et cela se vérifie au Baiser Salé, les sonorités et rythmes africains se mélangent au son lourd du blues et du rock (sa première influence est Jimi Hendrix et ça se sent). Samb est aussi un virtuose de la guitare: son jeu, en piqué à l'africaine, fait aussi penser à celui de McLaughlin pour la vitesse, Jeff Beck pour le côté fusion et Allan Holdsworth pour les soli enlevés. Visiblement décontracté dans la vie de tous les jours, Samb est comme électrisé sur scène. Il est particulièrement doué pour transcender les atmosphères par des explosions musicales puissantes, de celles qui vous font vous lever de votre siège. D'ailleurs, avec Cross Over, on ne sait pas vraiment d'où vient ce feu qui nous fait hérisser le poil. D'abord la configuration de ce groupe est originale et risquée. La rythmique est double, comme une structure à deux pans, et fonctionne par paire. La première est classique avec le binôme basse-batterie (Armoogum et Gbaguidi) qui donne un son roots et brut. L'autre est iconoclaste avec le tandem pecussions-platines: le percussionniste Taffa Cissé, discret et très efficace, et le DJ Freddy Jay, au look soigné, sur ses platines donnent une dynamique et une fraicheur neuve. Chacune a son rôle: la rythmique roots installe un très robuste tapis rythmique qui ne manque pas de mordant et la deuxième seconde Samb, personnage central du groupe, avec des samples instrumentaux et vocaux, scratchs, relances et repons rythmiques habilement electro-trafiquées. Le résultat est explosif, équilibré et fait vibrer le public visiblement surpris par ce raz de marée.
Pour ce concert d'ouverture du festival "Quand l'Afrique nous tient!", Samb et son groupe Cross Over nous ont apporté la chaleur qui manque en ce début d'été. En empruntant les chemins de l'afro-beat, du folk africain et américain, de la fusion brûlante agrémentés de quelques ersatz électro bien amenés, Cross Over se fait le chantre d'une musique neuve qui puise dans le patrimoine musical universel. Réjouissant et viril.
Jérôme Gransac

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11 juillet 2009 6 11 /07 /juillet /2009 08:54
Petit souvenir du concert de Yaron Herman et de son trio. Pour l'occasion l'excellent et jeune contrebassiste Simon Tailleu tenait la grand mère à la place de Matt Brewer (pris ailleurs pour l'été . En revanche dans une forme éblouisssante, G. Cleaver était bel et la. Yaron Herman avait fort à faire pour conquerir un vaste public qui etait surtout venu là pour entendre Keziah Jones en 2ème partie. C'est pourtant sans démagogie, en jouant sa propre musique que Yaron Herman su ramener au silence ce public dissipé et tombant petit à petit sous le charme du pianiste. Un concert encore une fois magnifique dont on retiendra une sublime version de "blâme it on m'y youth". Supplément d' âme .....
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