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3 avril 2007 2 03 /04 /avril /2007 22:32

JJJ Isabelle Olivier : « Harpe(s) »

 

Film realise par Franck Cassenti

 

Nocturne 2007

 

  

Réalisé par Franck Cassenti lors de la venue de la harpiste sur l’île de Porquerolles  en 2005, ce DVD est une occasion intelligente de (re)découvrir le travail d’Isabelle Olivier. Mêlant de manière très subtile les extraits de concerts avec le Quintet Ocean ou en duo avec Olivier Sens voire même en solo ( lors du festival ) avec les interviews où Isabelle Olivier évoque son travail et sa passion avec autant de fraîcheur que d’enthousiasme intacts, la harpiste y apparaît sous une autre facette que celle révélée lors de notre interview ( nous avions en effet eu le plaisir de l’interviewer en               2006). Comme elle le fait habituellement la harpiste revient sur sa rencontre avec le jazz, sur les contraintes (ou le liberté) de son instrument, sur sa façon de concevoir la musique, ses relations avec les autres musiciens autant que le dialogue qu’elle instaure désormais avec Olivier Sens. Isabelle Olivier évoque avec une rare intelligence et une grande candeur sa conception fondamentale de la pédagogie et surtout sur ce qui fonde les musiciens, la transmission. Parce qu’il se veut aussi un médium de vulgarisation et de démocratisation de cet instrument si longtemps cloisonné et qu’il veut s’ouvrir à un large public, ce DVD comporte aussi en supplément une courte présentation didactique de l’instrument et une petite leçon de musique avec l’une de ses élèves.

Belle et intelligente réalisation en somme à laquelle on ne reprochera que l’esthétique un peu « carte postale kitsch sur papier glacé » auquel le réalisateur n’a pas su résister. La harpe, la mer, les plans fixes sur les beaux paysages, les couchés de soleil avec le bateau fantomatique qui passe au loin nous semblent un peu too much et un peu inutile. Mais heureusement la lumineuse présence d’Isabelle Olivier suffit largement à éclairer le propos. D’une lumière vive et douce à la fois.

Jean-Marc Gelin

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5 novembre 2006 7 05 /11 /novembre /2006 23:27

JJJJ BeETWEEN A SMILE AND A TEAR

 

Un film de Niels Lan Doky

 

Parkfilm 2006

 

  

C’est en regardant très tardivement le film « Buena Vista Social Club » que le pianiste de jazz Niels Lan Doky prit conscience qu’il avait côtoyé dans sa carrière des figures tout aussi légendaires du jazz que peuvent l’être des Compay Segundo dans le domaine de la Salsa. Il réalisa aussi que certains de ces vétérans du jazz, figures emblématiques autant que charismatiques risquait de partir un jour sans que personne n’ait recueilli leur témoignage. Ces figures, ce jeune pianiste qui à 16 ans tenait déjà le piano du côté de Thad Jones, il les avait côtoyé durant quelques années au célébrissime club de jazz le Café Montmartre aujourd’hui fermé et tristement transformé en école de coiffure.

Il fallait donc faire un film autour de ces personnages et les réalisateurs pressentis étant indisponibles pendant la période d’été ( seule période où les locaux de l’école de coiffure pouvaient être disponibles) Niels Lan Doky décida qu’il s’y collerait lui-même et s’improviserait réalisateur en herbe.

Partant du principe de réunir les anciennes et les jeunes générations, Niels eu l’idée de réunir quelques uns de ces musiciens emblématiques à l’occasion d’un concert unique donné au Café Montmartre, ressuscité pour l’occasion un soir d’été. Se retrouvèrent alors à Copenhague l’harmoniciste belge Toots Thielemans (84 ans), le saxophoniste Jonhy Griffin  aussi surnommé Little Giant (79 ans), le batteur Al « Tootie » Heath (72 ans) et pour les générations suivantes : le violoniste français Didier Lockwood, le contrebassiste danois Mads Vinding, la jeune chanteuse Lisa Nilsson et enfin le pianiste Niels Lan Doky lui-même.

Le résultat est un film qui non seulement est extrêmement bien réalisé à la manière de ce qu’aurait pu faire un très bon professionnel avec une une photo remarquable et une construction particulièrement claire dans les enchaînements des plan- séquences, mais surtout ce film possède une réelle grâce et une force émotionnelle particulièrement touchante. Parce qu’il est lui-même musicien et qu’il fait parte de cette grande famille, NLD a pu malgré la présence des caméras, capter au plus près des échanges à la fois sincères et tendres. Avec beaucoup de pudeur et de retenue ces vieux musiciens parlent d’eux, évoquent des souvenirs, parlent de la musique avec les plus jeunes, s’amusent de manière mutine et se transportent ailleurs chaque fois qu’ils jouent de leur instrument. Ainsi Toots lorsqu’il explique le passage de majeur à mineur dans un moment d’où le film tire son titre, pourrait nous tirer des larmes. Johnny Griffin et Al Heath tout à la joie de leurs retrouvailles gouailleuses et mutines nous amusent tendrement. Ces musiciens légendaires apparaissent avec leurs faiblesses, aussi. Les problèmes de santé de Griffin ne sont pas gommés comme dans cette scène où la maladie l’oblige à interrompre les répétitions. Il a fallu beaucoup de persuasion de la part de NLD auprès de la femme de Little Giant pour la convaincre de laisser cette scène qui, selon lui montrait combien Griffin parvenait à trouver la force d’abattre des montagnes le jour du concert venu. Et cette visite sur la tombe de Ben Webster que lui rendent Griffin et Heath à l’âge où la mort devient pour eux, une réalité tangible est finalement un  moment d’extrême distance et de pudeur sensible. Dignement.

Ce film a été pour l’heure présenté en avant première au cinéma l’Archipel. Quelques copies seront prochainement disponibles dans plusieurs salles à Paris et en province. Une version DVD sera distribuée très prochainement.

Jean Marc Gelin

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5 novembre 2006 7 05 /11 /novembre /2006 23:24

JJJJ Nina Simone Live in Montreux 1976

 

Eagle Vision

 

 

 Qu’on aime Nina Simone ou qu’on ne l’aime pas, il faut bien reconnaître que chacune de ses apparitions sur scène étaient pour les spectateurs qui avaient la chance d’être dans la salle un immense moment de spectacle. Et pas que…. Car lorsque Nina montait sur scène  et qu’elle se livrait à un véritable numéro avec le public, avec son chant et surtout avec elle-même l’instant devenait un peu plus magique ou terrifiant c’est selon.

Ce DVD proposé par Eagle Vision nous montre la diva à Montreux en 1976 (+ quelques bonus filmés en 1987 et 1990). Cette prestation de 1976 est passionnante à plusieurs titres. Il est vrai que la chanteuse y chante ici mal et terriblement faux. Mais voilà, toute la magie de la scène se trouve là dans ce paradoxe d’une chanteuse qui n’est (vocalement) que l’ombre d’elle même mais qui parce qu’il s’agit d’une véritable bête de scène parvient avec ces énormes failles à vous retourner les tripes sur des versions poignantes dans lesquelles elle donne toute son âme, se jettant corps et âme dans son interprétation. Se laisse emporter par sa propre transe et danse sur scène dans un moment de lâcher prise d’une grande sensualité sauvage. Combien les chanteuses palichonnes qui se bousculent sur la scène aujourd’hui et chantent tête baissée se regardant inlassablement le nombril pourraient en prendre de la graine. Si elles le pouvaient.

 

Nina Simone ce soir là comme bien d’autres en faisait des tonnes. Diva cabotine dont les facéties et les extravagances semble aussi trahir parfois un certain mépris condescendant pour le public. Son entrée en scène et ces longues minutes de silence semblent des heures durant lesquelles elle toise le public d’un regard noir, absolument saisissantes. Sa façon de rabrouer une spectatrice en lui intimant l’ordre de se rasseoir a quelque chose d’absolument terrifiant dans son expression. Nina Simone parle autant qu’elle ne chante, se moque, n’essaie pas d’enjôler le public mais dans un état second, se montre intarrissable véritablement avide de communiquer avec lui. Heureuse d’être sur scène, dans une attitude excessivement maternelle elle lui délivre des messages de paix et d’amour. Ses colères sont justes. Elle se lève rageusement de son piano une fois la dernière note jouée. Parle très longuement avec le public mais prend congé de lui avec brutalité.

Artiste paradoxale Nina Simone était capable ce soir là de donner au public un moment de scène d’une force incroyable. Artiste magnétique à la limite du pouvoir hypnotique.

Jean Marc Gelin

 

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28 août 2006 1 28 /08 /août /2006 23:27

KEITH JARRETT : TOKYO SOLO

 Enregistrement live du concert du Metroplitan festival Hall de Tokyo – oct.2002

 ECM 2006

 Ceux qui ont entendu Radiance n’ont rien vu ! Car, c’est une tautologie, il y a dans l’exercice  du piano solo, la mise en scène de l’insondable solitude du pianiste. Évidemment.

 Pour marquer son retour à la scène en solo, ECM a fait appel à une équipe de réalisation japonaise. Celle là même qui est habituée  à suivre le pianiste. Celle là même qui signe une réalisation incroyable de sobriété pour ce premier DVD réalisé pour le label et qui nous montre le pianiste seul sur cette immense scène dont l’espace est habité (dans les deux sens du terme) par le face à face du musicien avec son piano. Car finalement parce qu’il vit et respire avec son piano et dans cette mesure là justement, le pianiste en fin de compte est tout sauf seul.

 4 ou 5 caméras fixes saisissent Keith Jarrett. Certains plans hauts le survolent de dos pris au centre d’un cercle de lumière dessiné sur le parquet de cette belle salle. Moment de parfaite zénitude.

 Et dans ces plans de  « mouvement immobile » des caméras, parce que le réalisateur parvient à capter à l’image la part de plaisir/souffrance, à capturer l’extase qui passe sur le visage de Jarrett on pense immanquablement à un acte d’amour charnel, un corps à corps du pianiste avec son instrument qu’il maltraite ou caresse. Un acte sexuel explicite. De sa présence à cet instant, le public s’excuserait presque. On l’entend parfois ne pas applaudir à la fin du morceau. Juste son silencieux recueillement inhabituel à nos oreilles de public expansif.

 La magie de l’improvisation. Elle est  là palpable, visible à l’image. Le mystère du commencement ou de la fin d’un morceau  comme lorsque l’on voit le pianiste retenir ses mains au dessus du clavier parce que lui seul sait qu’il n’y a plus rien à ajouter. Que tout a été dit. Comme si le clavier devenait brûlant. Qu’une note supplémentaire serait superflue. Et toute la beauté de ce DVD est de nous permettre d’approcher au plus près sans nous le révéler pour autant la part de mystère non révélé de la création instantanée. Saisissant

 Jean Marc Gelin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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30 juillet 2006 7 30 /07 /juillet /2006 23:32

MUSICA NUDA

1DVD

Petra Magoni et Ferruccio Spinetti

Bonsai music

 

 

 

Cette paire « chic et choc » (voix-contrebasse)  a réussi à traiter avec  une belle homogénéité  des chansons éminemment populaires qui courent du XVI ème au XXème siècle et font partie de  notre patrimoine collectif. 

 Assurément il y a une couleur Magoni,  celle du rouge de la robe de la chanteuse ;  prédilection partagée par son complice le contrebassiste Ferrucio Spinetti, comme on  le découvre dans le double portrait  du DVD de Musica Nuda,  réalisé par Bonsaï

  Un duo  qui joue à nu  une musique qu’il arrive à s’approprier le plus souvent  malgré un déconcertant brassage des genres.

  Petra Magoni et Ferruccio Spinetti restent convaincants qu’ ils s‘attaquent, en bons latins,  à des chansons populaires comme la berceuse sarde  Anninia ou  le traditionnel Mamma mia dammi cento lire,  qu’ils se risquent dans un madrigal de Monteverdi très long et triste, Volio di vita uscire ou reprennent  le célèbre Lascia chio pianga  de Haendel, où l’ensemble voix-cordes est en parfaite osmose avec l’esprit de cet aria baroque.

 Petra a le charme et la vivacité d’une jeunesse bien comprise, dévoilant une extravagance mesurée et surtout, elle fait preuve  de métier : question registre, elle assure et en plusieurs langues (bien que Couleur café de Serge Gainsbourg  et  La vie en noir de Claude Nougaro  ne soient pas les reprises les plus performantes) . Son compagnon (de scène)  partage avec elle une grande complicité : il la suit, l’entoure et l’accompagne véritablement avec une fraîcheur, une tranquillité  enthousiasmantes.  Avec l’insolence de leur âge, ils n’ hésitent pas à balayer  un répertoire des plus éclectiques et contrastés. Si on rit de la version marrante, absolument décomplexée  de Non ho l’eta (une des grandes réussites de la variété italienne des années 60), Like a Virgin qui propulsa dans les années 80 Madonna sur le devant de la scène, est repris avec vigueur et sur un tempo encore plus soutenu . I will survive introduit par un long solo à l’archet ne dépare pas l’antienne virile du mondial 98 ? célébrée par

 Si on a  un faible pour la version impeccable de Nature boy  où le duo s’ exprime avec une sensibilité peu commune, on sera plus dubitatif sur la reprise de Come together des Beatles entonnée avec des accents rauques et sauvages  à la Joplin qui confère  un aspect (d)étonnant à ce  tube historique de la « pop ».  De même, il est audacieux et tout de même très risqué de reprendre Roxanne de Police car la voix de Sting, tellement particulière, a marqué cette chanson et la version princeps aura du mal à être remplacée.

 Le concert Live au théâtre de Bagneux en mars 2006 est le morceau de bravoure de ce DVD ( 1h 38)et justifie à lui seul le concept de ce récital, dépouillé, épuré, en rouge et noir qui souligne la qualité de la voix et le travail d’interprétation des deux artistes.

 L’avantage du DVD est de montrer aussi  le duo au travail, dans des scènes de la vie de tous les jours (même si elles font un peu cliché,  comme celle où dans la cuisine ils se préparent un plat de pâtes). On les retrouve aussi pour une interprétation tonique  Io sono meta sur la plage ventée de Dunkerque, chantant Place des Vosges sous les arcades, ou pendant la fête de la musique sur les quais, chez eux en Italie, en Toscane, dans le Sud ou dans un club de Rome « La palma » avec des invités comme le trompettiste Roberto Piermartine et le guitariste Fausto Mesolella   (également  sur le double CD Musica Nuda 2) . Ainsi la version DVD  complètera le double album en proposant une représentation plus juste de ces artistes au travail.     

 Sophie Chambon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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6 juillet 2006 4 06 /07 /juillet /2006 23:23

RICHARD GALLIANO : Piazzola Forever Spetet en concert

 

Dreyfus  2006

 

 

 

 

 

Ce DVD présente le concert donné par le septet de Richard Galliano au Bouffes Du Nord en juin 2005 clôturant dans ce lieu magique une tournée de trois ans consacrée à la musique de Astor Piazzola. Nous y étions ce soir là, subjugués alors par ce qui se passait sous nos yeux et transperçait nos oreilles pour nous bouleverser l’âme. Et voilà ce que nous écrivions alors « Ce soir là les ocres rouges du théâtre des Bouffes du Nord servaient de toile de fond au septet de Richard Galliano pour un hommage à la musique d’Astor Piazzola. … associant l’accordéoniste à une section de cordes et un piano. Incroyable spectacle, propice à sa théâtralisation …Un exercice de pure beauté. De magie poétique. »

Franck Cassenti était là lui aussi  ce soir là pour capter avec ses caméras ces moments rares, tournoyant lentement autour des musiciens, s’attardant sur les visages ou sur des détails,  alternant avec les plans larges où la scène semble littéralement s’enflammer dans les ors et les rouges de ce beau théâtre à l’Italienne. Un théâtre qui va si bien à la musique poignante d’Astor Piazzola. Un espace d’intimité théâtrale pour une dramatisation farouche de la musique.

Malgré la pauvreté du contenant (aucune liner note, ni le moindre mot de présentation) il s’agit néanmoins d’un témoignage indispensable pour tous ceux qui n’ont pas eu la chance d’assister à ce qui fut selon nous l’un des plus beaux spectacle musical de l’année dernière.

Jean Marc Gelin

 

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