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16 mai 2008 5 16 /05 /mai /2008 07:57

Abondance ne nuit pas ? C’est ce qu’il faut espérer si l’on en juge par le caractère très prolifique de l’actualité du jazz ces derniers mois. Dans un marché du disque en crise, la production de nouveautés n’a jamais été aussi importante. Il vous suffira de jeter un œil au sommaire des DNJ pour vous rendre compte du nombre de CDs que nous avons sélectionné ce mois-ci. Productions labellisées ou autoproductions ne désemplissent pas. Idem pour le livre de jazz. Comme chaque année l’excellent festival de Jazz à Saint-Germain-des-Prés (Esprit jazz) ouvre le bal de la saison festivalière avec un programme de grande qualité. Et lorsque l’on regarde la programmation qui nous attend cet été un peu partout en France elle est, sur le papier totalement bluffante avec son lot de stars américaines et de surprises étonnantes. Tiens, pas plus tard que ce soir la rencontre inédite de Bojan Z avec Petra Magoni en hommage au double blanc des Beatles promet de nous éblouir. Pas mal non ?

Sur les ondes aussi, le jazz est en forme. Tenez, France Musique par exemple qui, Samedi 17 mai se donne exceptionnellement le temps de programmer une nuit entière (de 23h à 7 h du matin !) consacrée à Chet Baker sous la houlette de Alex Dutilh, Philippe Carles et Franck Medioni. Assez exceptionnel pour avaler ses douze cafés et rester éveiller toute la nuit.

Oui visiblement le jazz se porte bien ces temps –ci.

Quant à la nouvelle génération du jazz, elle est plus talentueuse que jamais. Ceux qui ont eu la chance d’assister récemment à des tremplins de jeunes talents, ne manquent pas d’être sidérés par le niveau exceptionnel de ces jeunes issus de l’école de Didier Lockwood, du CNSM ou d’ailleurs et qui à 20 ans à peine possèdent déjà toute l’histoire du jazz au bout de leurs doigts de musiciens déjà plus en herbe.

Alors quoi, tout serait bien dans le meilleur des mondes du jazz ? Le jazz serait-il donc plus vivant que jamais et nous n’aurions que des raisons de nous réjouir ? Pas si sûr car cette abondance de talents et donc de productions nouvelles crée inévitablement un effet de goulet d’étranglement sur le marché pourtant bien étroit et bien encombré du jazz. Et qu’y aurait-il de pire pour le jazz en particulier et la musique en général qu’une banalisation du talent ? Comment alors naviguer et avec quelles balises ?

 

Il est alors urgent et nécessaire d’entendre la voix des vieux doctes qui, avec l’âge deviennent d’ailleurs plus jeunes et plus mutins que réellement sages, pour nous donner encore et toujours quelques repères essentiels. Martial Solal qui, pour les DNJ s’est confié à l’oreille attentive de Bruno Pfeiffer en est un, assurément. Car Solal a ce recul nécessaire et cette distance indispensable qui lui permet aujourd’hui à, plus de 81 ans, de revenir sur le devant de la scène plus libéré que jamais. Avec cette distance qu’il est urgent d’entendre. Indispensable pour tous ceux qui voudraient survivre dans cet océan de nouveaux talents. L’entendre enfin aujourd’hui est vital pour quiconque cherche à se donner des grilles de lecture du jazz actuel.

 

 

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12 janvier 2008 6 12 /01 /janvier /2008 17:31

Je viens de finir la chronique d’un album pour un autre journal. J’écrivais que le pianiste de ce jeune quartet de Montréal (un tout jeune gamin) m’avait vraiment impressionné. Et c’est drôle mais en écrivant cela je n’avais pas pensé à lui, le géant. Le pianiste magnifique natif des îles vierges dont on ne sait pas trop s’il était de Montréal (où il commença et où il finit aussi sa vie entre deux tournées), ou d’ailleurs, ou de cette contrée du jazz qui se situe quelque part entre New York, Douala, Paris, Rome, Vladivostok si vous voulez et même Beijing si vous préférez mais foutez moi la paix moi je sais juste qu’il était de partout qu’il était l’un des pianistes qui font que passionnément j’aime cette musique et que lorsque quelqu’un comme lui disparaît quelqu’un qui vous a élevé au jazz moi c’est une partie de mon âme un morceau de ma jeunesse quand je découvrais le jazz et finalement une part de nous tous qui se déchire.

Moi je ne l’avais jamais vu en concert et je me disais que j’avais le temps. Que ma fille le verrait. Que ses petits enfants le verraient. Que les petits enfants de ses enfants le verraient également même quand on sera trois pieds sous le tas de sable. Parce qu’il ne pouvait pas en être autrement. Pas possible ça. Non ou alors c’est dégueulasse pour tout ceux qui n’ont jamais pu l’entendre en rai comme on dit. Ces mecs là ils devraient pas partir. Non jamais. Devraient être éternels.

Quand je pense aux autres pommes, ceux qui n’arrêtent pas de dire, en parlant du saxophoniste : « lui, le dernier Géant » ! Ce qu’il faut avoir de rien du tout entre les oreilles, ce qu’il faut être anémié de la culture, amnésique de tout l’histoire du jazz pour dire des conneries pareilles. Et Oscar c’était quoi selon vous ? Même métal moi je vous dis. Un monstre sacré ! Un sacré pianiste monstrueux ! Un géant oui monsieur, un gars aussi énorme que ça et qui jouait du piano comme s’il l’avait inventé. Art l’avait inventé bien sûr. Fernidand Joseph La Menthe l’avait inventé aussi c’est sûr. Et Bud, non mais tu ne crois pas qu’il y est pour quelque chose le Bud ? Ben lui c’est pareil. Il a prit un truc avec 88 touches, des blanches et des noires, des blanches ou des noires comme s’il en pleuvait, des noires et des noires, des blanches en rafale, des noires et blanches tout mélangées et il a inventé. Y en des qui disent aujourd’hui en parlant de tel ou tel pianiste : tiens il joue comme lui. Alors quand j’entends parler du dernier des géants moi ça a le don de me mettre les nerfs en boule. Et Roy Haynes, et Hank Jones et Ray Brown c’est quoi, des nains ?  Eux aussi ils ont joué avec le Dieu Oiseau, eux aussi ils ont joué avec Ella. Eux aussi il ont joué avec Sarah et connu ce fameux âge d’or du côté de la 52° rue. Alors j’espère que celui qui a inventé cette expression à la con, aujourd’hui se terrera dans son trou jusqu’au tréfonds du ré grave.

oscarpeterson.jpgPar contre, lorsque j’ai lu cette belle interview que Diana Krall avait donné à Jazzman (n°128 – octobre 2006) j’avais été particulièrement ému de cette façon qu’avait la pianiste- chanteuse de parler de lui. Comment ils avaient pris l’habitude de se retrouver à Montréal pour jouer ensemble des petites pièces de Nat King Cole. Des morceaux à quatre mains. Petites complicité de pianiste. Complicité de maître à l’élève. De père à fille. Cela m’avait touché. On pourrait parler pendant des heures de son style inimitable. De cette façon de dire et de chalouper en même temps. De faire swinguer mais surtout de ne jamais oublier de faire chanter son piano.

Moi j’adore ces vieux disques chez Pablo avec Sarah et Joe Pass. Mon copain Jean Pierre lui il craque pour Night Train ou pour Nigerian market place. Évidemment qu’il a raison ! Moi par-dessus tout j’adore cette façon si touchante qu’il avait de chanter aussi. Cette version de Polka Dots and Moonbeams d’une simplicité extrême qu’on ne peut caresser qu’avec une extrême humilité.

 

L’humilité et la générosité qui allait si bien aux géants de son espèce.

 

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8 décembre 2007 6 08 /12 /décembre /2007 09:48

Les boutiques se sont illuminées et les sapins ont commencé à investir les appartements. Les gamins ont piaffé d’impatience à l’idée d’aller accrocher les guirlandes et la crèche ne va pas tarder à sortir des cartons. Il flotte un drôle d’air d’avant les fêtes et les ombres flottent la nuit devant les néons des magasins épuisés par les jours de grève et le vent qui souffle fort. Et pendant ce temps là nous étions l’autre soir dans un club de jazz à écouter Franck Morgan qui tel un vieux sage assis sur un tabouret nous distillait quelques histoires du bop avec cet air attendri et serein qu’ont les vieux lorsqu’ils racontent à leurs petits enfants des histoires vraies du passé. Ce soir là c’était Noël avant l’heure. Au bar on rencontre quelques copains et l’on tape la discute. On parle de choses et d’autres. Tiens, on cause d’Yvinec fraîchement nommé à la direction artistique de l’O.N.J dans sa nouvelle formule et l’on y va tous franchement de notre commentaire comme quoi la notion de directeur artistique c’est débile – comme quoi il aurait été préférable de nommer un tel ou un tel – comme quoi Yvinec ceci et Yvinec cela. Bref, personne ne semblait se rendre compte qu’avant même que Yvinec n’ait pu proposer quoique ce soit, qu’avant même de s’être penché sur son projet, le pauvre était déjà descendu en flammes par la gent bien pensante du jazz à laquelle nous étions censé appartenir. Et pourtant ! Si finalement il devait être avant tout question de laisser au temps le temps nécessaire. Pour nous journalistes, cette règle doit pas s’imposer comme l’exigence d’une impérieuse distanciation par rapport à l‘histoire en mouvement. Comme la règle absolue de mise en perspective, de jugement dans le temps passé et dans celui à venir. Peut être une telle règle de conduite à laquelle nous devons nous astreindre aurait elle évité à certains d’entre nous de vilipender Coltrane un moment avant, sans rire de le porter aux nues ensuite sans avoir l’air de se déjuger.

Mais à l’inverse donner du temps au temps c’est aussi laisser celui aux artistes de mûrir. Lorsque par exemple l’on voit certains labels vanter les mérites d’un jeune pianiste en exhortant ce dernier d’être immédiatement et tout de suite le génie qu’ils pressentent en lui, en le sommant d’être maintenant le futur Tony Williams du piano c’est aussi et de l’autre côté de la barrière transgresser cette nécessité absolue du temps qui construit et façonne.

 

Tiens d’ailleurs puisque l’on parle du temps qui passe et que l’on va bientôt fermer la page de l’année 2007, devons nous chercher aujourd’hui à en tirer le bilan ? Car pour tout vous dire la page de cette année se tourne, sans éclat, de manière un peu morose mais sans amertume…. L’IAJE aura été certainement cette année à New York un des évènements marquant pour le jazz français. Mais si l’on cherche ce qui, cette année a pu bousculer les fondamentaux du jazz, chambouler un peu nos repères et questionner notre « jazz attitude », je crois que l’on serait bien en peine de répondre. Des clubs de jazz ferment toujours, des festivals se bagarrent en haut de leurs clochers, les disques continuent d’affluer en grand nombre, les autoproductions se bousculent, la presse du jazz change la donne salutairement et fait son aggiorniamento ou menace de disparaître. Mais il n’empêche, dans ce paysage qui aura beaucoup été marqué par une campagne électorale médiocre sur papier glaçant, l’année du jazz qui s’achève laisse une impression bizarre de curieuse atonie. Dire que la France du jazz ronronne serait alors oublier ce que nous disions précédemment. Laisser le temps au temps c’est accepter les mises entre parenthèses, les lentes maturités. C’est aussi attendre patiemment les révolutions de demain. Le premier disque de jazz avait cette année exactement 90 ans. 90 années durant le quel le jazz aura connu une évolution hallucinante.

De quoi nous admettre de souffler un peu. Que le temps du jazz ralentisse et qu’on laisse enfin le temps au temps.

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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 23:48

L'actualité du jazz nous donne ces derniers temps de bonnes occasions de nous réjouir et surtout d'arrêter (enfin) de râler. Il était temps ! Il faut dire que cette fin  d’automne a des petits airs d’été.
D’abord il vous suffit de voir le nombre de disques qui nous ont mis en état d'extase ce mois-ci pour vous rendre compte qu'il flotte en ce moment autour du jazz un doux parfum qui se traduit par une très grande qualité de la production discographique. Et là plus question de querelles de chapelles. Les frontières éclatent et il n'est plus question de vilipender les majors qui seraient responsable de tous les maux des sous-entendants de la planète accusés de nous servir continuellement des soupes de supermarchés. Pour vous en convaincre il vous suffit d'écouter le dernier album de Herbie Hancock pour admettre qu'un peu de capitalisme dans notre verre d'eau ne dilue pas le talent ni l'inspiration, bien au contraire. En tous cas, pas toujours.
Et les superproductions alors ? Il n'y a pas si longtemps elles étaient vouées aux gémonies sur la base d'un mot d'ordre qui voudrait que l'argent corrompt tout. Pas d’accord ! Approchez vos oreilles sur les derniers albums de Kontomanou et de David Linx. Du lourd dans les deux cas avec luxe de moyens mis en oeuvre (surtout dans le cas de David Linx où il est carrément fait appel au merveilleux Brussels Jazz Orchestra dans un format que l'on croyait totalement perdu au jazz vocal). Dans les deux cas le résultat est une pure merveille.

Mais tout est dans tout et bien sûr à côté de cela il y a le courant, le quotidien des petits labels qui ne cessent de nous éblouir. Tenez juste un exemple : écoutez ceux du label Laborie qui récidivent et font le pari de « Yaron Herman » et nous jettent comme un choc esthétique total le dernier album du pianiste. Comme quoi il suffit de pas grand-chose. Juste le talent et l’envie.
Parce que derrière tout cela, derrière ces majors, ces petits labels ces grandes ou petites production c'est toujours le talent et l'envie qui font la différence. Toujours. Et ceux qui se lamentent, montent au créneau et pensent qu'il suffirait de multiplier les pétitions auprès
des pouvoirs publics pour obtenir les subsides sans lesquels paraît il le jazz ne serait rien se trompent et doivent revenir à ces fondamentaux : mettons d’abord le talent et l’envie et les moyens ensuite. Sans quoi rien de possible.

Autre raison d’être heureux : cette année novembre est en été et la saison des festivals de jazz, c’est encore maintenant. Toujours aussi inattendu et improbable en cette saison froide : Nevers, Jazz au Fil de L’Oise, Reims Djazz Festival, Bleu Triton, Jazzycolors, Antony, Banlieues Bleues et j’en passe et des meilleurs. L’été commence enfin. Se laisse aller maintenant.

Alors tout pour se réjouir ?

Pas tout à fait car nous gardons en tête ce merveilleux concert d’Alexis Tcholakian un soir d’octobre. Un soir qui nous rendit aussi heureux qu’amer. Comment vous ne connaissez pas  Tcholakian ? Certainement pas et c’est bien là le drame. Hors des modes, hors du système, hors du temps et de la modernité obligée y aurait il un salut ? C’est là aussi toute l’injustice d’un système qui pourrait bien nous faire passer à côté de quelques talents essentiel si nous ne gardions pas nos sens en éveil et nos oreilles à l’affût. Pour paraphraser un auteur actuel : Derniers regrets avant l’oubli. Contre cela une nécessité vitale : écouter toujours. Se laisser séduire encore.

Et puis dans ce ciel de novembre quelques nuages bas comme cette annonce récente selon laquelle Jazz Hot cesserait (momentanément) sa parution. Qu’une institution comme celle-ci puisse disparaître serait assurément une très très mauvaise nouvelle pour le monde du jazz. Une de ces nouvelles qui nous rend tristes et nous montre l’obligation qui nous est faite à tous de faire notre propre aggiornamento. Le jazz évolue aussi. Rester en éveil toujours.

 

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5 septembre 2007 3 05 /09 /septembre /2007 07:27

Drôle d’été et drôle de rentrée ! Ce n’est pas vraiment que les vacances aient été moroses mais pour tout dire on aurait rêvé mieux. Déjà qu’on a eu du mal à passer entre les gouttes, fallait il encore que notre ciel de jazzeux en goguette s’assombrisse de quelques mauvaises nouvelles qui eurent le don de nous mettre les nerfs en pelote et de nous rendre bien amers, songeant, rêveurs, aux temps d’antan que les moins de 20 ans etc etc….. C’est vrai qu’il faisait beau à peu près nulle part mais il paraît que le ciel d’Uzeste charriait quelques nuages un peu lourds. Voilà l’un des plus sympathiques festival de « jazzcogne » en rupture de ban avec la mairie qui l‘abritait depuis si longtemps. Et ce n’est pas en Bourgogne que le ciel était plus clément. Là, point de nuage mais juste un ciel d’été vidé de ses nuits étoilées depuis qu’une obscure querelle de chapelle venait clore (très) bêtement l’histoire de Jazz à Cluny. Et de deux ! Autre temps, autres mœurs. Et pour ceux qui, comme nous erraient sur les pavés mouillés de la capitale, il y avait de quoi s’attraper un gros coup de blues rien qu’en lisant la rubrique nécrologique de nos journaux, en page culture. Songez en ce triste été : Ingmar Bergman, Antonioni et dans le domaine du jazz, en cette 40ème année après JC, la disparition de l’un de ses célèbres bassistes, Art Davis. Et puis bien sûr, la perte de l’immense Max Roach. Moi j’essaie de me consoler avec l’écoute des albums avec Clifford Brown qui me renverseront toujours.

Mais l’été sut parfois être clément et nous avons encore en tête un soir d’août à Marciac où comme cela devient l’habitude maintenant, John Zorn moins putschiste qu’à son habitude venait avec son Bar Khoba illuminer cette nuit gersoise. Ou encore ce tremplin d’Avignon qui a su consoler notre consoeur Sophie Chambon des morosités estivales. Ou encore paraît il ce beau festival de Ramatuelle qui connut quelques belles heures.

On se disait qu’avec la rentrée, avec ce beau festival de la Villette qui s’annonçait, le ciel s’éclaircirait un peu. Mais c’est bien connu, le mois de septembre réserve toujours des mauvaises surprises qui arrivent en même temps que le percepteur. C’est ainsi que l’on découvre avec toujours un peu d’appréhension… les nouvelles grilles du PAF. Pas de quoi se réjouir et pas de quoi pleurer non plus. On est heureux de voir Anne Montaron poursuivre ses rencontres en terre d’improvisation. On l’est moins en voyant certains de nos animateurs d’émission de jazz relégués à des heures indues, à l’heure où les notes bleues enveloppent la nuit et les ombres mouvantes. Alors que tout est aujourd’hui podcastable et que presque toutes les chaînes de Radio France présentent effectivement un grand nombre d’émission téléchargeables, on s’étonne que seule France Musique reste à la traîne de ce qui, il faut bien le dire représente l’un des progrès les plus importants de l’humanité après le poste à Galène.

Alors s’il fallait fixer à nos édiles quelques bonnes résolutions de rentrée, à l’heure où nos ministres nous annoncent plus de culture dans les écoles, rêvons qu’un jour très prochain nous puissions emmener dans nos voyages matutinaux et dans nos oreilles Ipodisées de prolétaires urbanisés, un peu d’Alex Dutilh, de Claude Carrière ou de Xavier Prevost. Bien sûr demander  cela c’est pas grand-chose mais par le sale temps qui courre en ce moment, ce serait déjà beaucoup. Mettre aujourd’hui plus de culture dans nos vies et plus de jazz dans la politique culturelle de notre pays est notre souhait de rentrée. Comme d’autres le disait jadis, We Insist !

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20 août 2007 1 20 /08 /août /2007 07:55

 

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Avec Max Roach, c’est un nouveau pionnier et témoin de l’évolution du jazz qui disparaît. A la fois tenant de la tradition par sa formation et garant de la révolution par ses expériences musicales, ce percussionniste exceptionnel a permis à la batterie de passer d’un rôle de pure rythmique à celui d’instrument à part entière au sein des formations de jazz. L’expression musicale des percussions prend avec lui tout son sens.

 

Né le 10 janvier 1924 Max va très vite intégrer les bases de la musique qui guidera sa vie. Sa mère est chanteuse de Gospel et il est bien sûr bercé très tôt dans la musique quand il l’accompagne dès 4 ans à l’office. Il joue du bugle dans les parades mais dès 10 ans il tient la batterie dans les orchestres de Gospel. Il se forme à l’académie de musique de Manhattan. Il était sans doute déjà excellent car à 16 ans à l’occasion du passage de l’orchestre de Duke Ellington à New York, il remplace au pied levé le batteur Sonny Greer malade. Dès l’âge de 18 ans il écume les clubs de Jazz de la 52 ème et 78 ème rue où il joue avec Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Miles Davis, Thelonious Monk, Coleman Hawkins, Bud Powell, et Miles Davis. Il est avec Kenny Clarke le  pionnier de la batterie Be Bop.

Max Roach tiendra une place essentielle dans les enregistrements de Charlie Parker notamment dans  les plages enregistrées en 1945 pour le label Savoy.

En 1952 il fonde le label Debut Records avec le bassiste Charles Mingus. C’est sous cette marque que l’on retrouvera Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Bud Powell, Mingus et Roach pour l’extraordinaire concert Jazz at Massey Hall. Sous cette marque sont également enregistrés les duos « Percussion / Discussion » avec Mingus, libres improvisations contrebasse batterie.

En 1954, il forme un quintet avec le trompettiste  Clifford Brown, le saxophoniste ténor Harold Land, le pianiste Richie Powell le bassiste George Morrow, Land sera remplacé quelques années plus tard par Sonny Rollins. Ce groupe prototype du hard bop sera de courte durée et disparaîtra à la mort prématurée de Clifford et de Richie dans un accident de voiture en juin 1956.

Néanmoins Roach continue d’animer des formations inspirées de ce premier quintet en développant l’utilisation des rythmes en ¾ dans les standards de jazz (Album Jazz in ¾ de 1957). Plusieurs disques essentiels se succéderont :

 

« We insist » en 1960 suite à sa participation à la commémoration du 100 ème anniversaire de la proclamation de l’émancipation par Abraham Lincoln. Ses positions politiques lui valent d’ailleurs d’être inscrit dans les années 60 sur la liste noire des maisons de disques,

images-copie-1.jpg 

« Money Jungle » en 1962 avec Duke Ellington et Charlie Mingus

« Drums unlimited » en 1966 lui permet d’apporter la preuve que la batterie est un instrument solo à part entière qui peut jouer des thèmes, des variations et des phrases rythmiques cohérentes.

Les années 70 et 80 lui permettent de développer de multiples expériences musicales dans le domaine des percussions soit seul pour des concerts de batterie soit en duo participant ainsi à l’avant-garde et eau mouvement free avec des musiciens tels que Cecil Taylor Antony Braxton ou Archie Shepp. Il crée des formations originales comme le «  Double Quartet » ou le “So What Brass Quintet” composé uniquement de cuivres

 

Il complète son activité de musicien par l’exercice de l’enseignement  à l’University of Massachusetts à Amherst.

Le talent de Max Roach, son extraordinaire contribution à l’évolution de la musique en général et du jazz en particulier  ont été reconnus, bien sûr par le monde des musiciens, il a inspiré et inspire encore de nombreux batteurs. Des instances plus « officielles. » ont également marqué cette reconnaissance du talent d’un musicien d’exception : la Fondation Mac Arthur qui lui attribue un « genius », il est nommé Commandeur des Arts et Lettres et deux fois titulaire du Grand Prix du disque en France, Docteur Honoraire des Universités de Bologne et de Columbia.

Jean-Pierre Foubert


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7 juillet 2007 6 07 /07 /juillet /2007 21:56

Telle une volée de moineaux en liberté vous allez donc prendre la route aux quatre coins de France ou du Monde. Nord-Sud-Est-Ouest. A coup sûr (et nous vous en remercions), vous allez emporter avec vous les quelques (douze derniers) numéros des DNJ que vous n’avez pas eu le temps de lire histoire de rester un peu connectés à l’actualité du jazz. Pour peu que le temps s’y mette ce sera pour vous hot jazz sur la plage. Mais surtout restez bien attentifs car vous ne le savez peut être pas mais là où l’on joue du jazz, il y a parfois sous la plage quelques pavés magnifiques.

Juillet 1965. Souvenez vous ce soir là ou plutôt imaginez. Côte d’Azur. Antibes. Dans la torpeur des nuits d’été lorsque le soleil a définitivement disparu mais que la chaleur reste là, étouffante, éreintante. Lorsque le climat est à l’orage, accablant malgré le léger vent frais venu de la nuit de la mer. Ce soir là dans cette nuit bleue s’élevait l’ivresse du chant de Coltrane. Un chant d’amour suprême. Un chant vers Dieu offert aux astres de la nuit azuréenne. Vers la nuit de ce bleue de Trane. Comme s’il s’agissait de mourir là, en jouant. Comme s’il était vital de dire alors ce qui apparaissait comme une vérité consubstantielle du chant et de l’amour. Le jazz n’était pas ce soir là affaire de musique mais de bien d’autres choses. Il y avait Dieu dans ce jazz là et il y avait aussi l’essence du génie qui n’en est certainement que le prolongement. Il y avait la coexistence brute et sauvage de la beauté radicale. La confusion magnifiquement suprême des astres, de l’amour, du musicien et de son chant poussé à la vie par la mort. Ce chant là était aussi divin qu’il portait en lui la marque (involontaire) d’une révolution en marche.

Et ce soir là bien sûr, même s’il ne s’agissait que d’amour, sous la plage se trouvait le pavé qu’il jetait sur la scène du jazz et qui, comme tout les pavés annonçait à sa façon une sorte de révolution et le monde ignorait alors sur l’instant que le jazz qui prendrait sa suite ne serait jamais vraiment comme avant, et deux ans plus tard l’âme de John Coltrane poursuivrait cette quête divine, d’une autre façon et John Coltrane disparaîtrait le 17 juillet 1967 il y a tout juste quarante ans, et John Coltrane laisserait à des générations de musiciens le témoignage de cette nuit qui n’aurait jamais dû finir sa marche universelle et donc éternelle parce qu’elle radicalisait alors tout ce que le jazz dit depuis toujours tant avec ses tripes qu’avec cette part viscérale de nous même qui tend vers le beau irrésistiblement attiré par une force aimantée et incontrôlable, qu’il dit un amour suprême auquel personne ce soir là ne pouvait alors résister tant il exprimait ce que chacun de nous sait de Dieu et de l’amour sans pourtant le savoir vraiment.

Cet été peut être partirez vous en vacances en chargeant A Love Suprême ou Chasin’ the Trane ou Ascension sur votre Ipod. Peut être pourriez vous aussi emporter cette réédition tant attendu du livre de Lewis Porter (John Coltrane – éditions Outre Mesure). Mais s’il vous plaît, si vous traînez quelque part dans un festival estival un soir vers le 17 juillet, écoutez bien ce qui se passe. Restez attentif à cette forme de musique que nous ne connaissons pas encore mais qui demain pourrait bien insuffler un nouveau vent venu cette fois des astres bleus. Et il se pourrait bien que ce soir là  aussi sous vos pieds se trouvent alors les pavés de demain.

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5 juin 2007 2 05 /06 /juin /2007 07:44

L’Ouverture !

Et voilà c’est déjà l’été qui pointe le bout de son nez que l’on sent déjà les apéros à la Mauresque et aux olives à l’ombre du marronnier sur la place du village à l’heure où les bandas viennent vous mettre de la joie plein les oreilles. Je m’y vois, posé sur un banc. Il fait chaud, très chaud et je sais c’est incongru mais là je laisse mon esprit divaguer et je pense à ce que me disait Monsieur Bidule l’autre jour qui n’arrêtait pas de nous parler d’ «ouverture ». Alors en écoutant cette fanfare, en divaguant je m’imagine ce que l’ouverture pourrait être au jazz. La dream team !  Et je songe au big band de l’ imaginaire : Earl Hines au piano (p)  Roy Eldridge (tp), Don Cherry (cnt), Miles Davis (tp), Sydney Bechet (ss), John Coltrane (ts), Lester Young (ts), Albert Ayler (ts), Charlie Parker (as), Steve Coleman (as),  Jimmy Blanton (cb),  Shelly Manne(dm), Joni Mitchell (vc), Nat King Cole (vc). Et là je ne sais pas pourquoi mais cette « ouverture » dont on parle tant me laissait tout à coup bien songeur.

Et puis je me suis mis à divaguer. Je pensais alors à l’ouverture d’esprit de Monsieur Gobet. Vous ne connaissez pas Monsieur Gobet ? Vous manquez quelque chose. Car en matière d’ouverture d’esprit Monsieur Gobet est une référence. Car Monsieur Gobet est une synthèse à lui tout seul. Comment vous dire, comment vous situer Monsieur Gobet, Maire D’Oyonnax ? Essayez dans un effort d’imagination  de vous représenter en matière culturelle une sorte de synthèse. Tenez allez puisque c’est vous , que c’est l’été avant l’heure et que finalement y a pas de raison que ce soit toujours les mêmes qui rigolent je ne résiste pas à l’envie de vous renvoyer dans cet édito (une fois n’est pas coutume) à la lettre de Gobet destinée aux Ogres de Barbak. Vous aurez ainsi une  image  à peu près correcte de ce que peut représenter l’ouverture pour Monsieur Gobet :

 

http://blog.myspace.com/index.cfm?fuseaction=blog.ListAll&friendID=153733863

 

 

Avouez qu’il y a là un certain sens de l’ouverture ! D’ailleurs qu’est ce que l’ouverture dans la musique occidentale sinon « le premier mouvement de certaines œuvres en comportant plusieurs ». Avouez qu’avec une définition on en mène pas large !

 

Tiens à propos de pas en mener large, savez vous qu’on a frôlé la correctionnelle. Il paraît qu’on a failli ne pas avoir de Ministère de la Culture ! Mais au raccroc quand même il en a été décidé autrement. Ben c’est vrai, sinon vous imaginez  plus de Star’ac ni de Nouvelle Star, plus de Galerie des glaces à Versailles, plus de Jane Manson faisant un 4/4 avec Gilbert Montagné. L’horreur quoi !

 

Mais laissez moi conclure cet édito absolument pas polémique pour un sou ( vous me connaissez ! ), et vous parler d’une autre ouverture, celle, la vraie, que pratiquent les élus de la Ville de Paris. Celle qui les conduit aujourd’hui à envisager d’implanter bientôt un jardin d’enfant rue des Rosiers à la place du fameux et magnifique club de jazz « le 7 Lézards » pour qui finalement l’avenir à coup sûr passera par …..une  fermeture

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6 mai 2007 7 06 /05 /mai /2007 23:11

Quel silence !

 

 

 

 

C’est incroyable, dans tout ce vacarme on entend rien. Les candidats ont beau  se battre et se débattre, donner même le coup de poing sur les retraites, sur l’Europe, sur la violence à l’école, sur le chômage, sur les 35 heures, pas un mot sur la culture. Le sujet est définitivement clos comme si l’on avait décrété une fois pour toutes que la culture n’intéressait pas les Français et qu’il ne s’agissait en aucune façon d’un enjeu de société.
Et le pire c’est que ce silence est consensuellement partagé. Prenez par exemple les instances représentatives du jazz. Elles ont eu le grand mérite de se distinguer durant toute cette campagne par une absence assourdissante publiant (après le 1er tour !) et confidentiellement une lettre ouverte mise en ligne on ne sait où.

 

 

Quel Silence !

 

 

 

 

Ces mêmes instances à  qui nous avons proposé d’ouvrir nos colonnes pour qu’elles s’expriment auprès de vous, n’ont pas souhaité utiliser cette possibilité. Ils en assumeront la responsabilité auprès de vous.
Quel silence assourdissant, vraiment ! Nous avons publié sur le site des DNJ le tableau comparatif des propositions des  deux candidats « finalistes» en matière de culture. Nous sommes carrément estomaqués par tant d’audace, de courage politique des candidats sur le sujet : gratuité des musées nationaux pour l’un, renforcement de l’enseignement artistique à  l’université pour l’autre, création d’une haute Autorité pour le pluralisme pour l’une, augmentation des obligations de diffusion culturelle…sur les chaînes publiques pour l’autre. On sent bien que la révolution culturelle du XXIème siècle est en marche ! Tant d’audace culturelle nous laisse sans voix. Le silence de la consternation.

 

 

Et pourtant à  y regarder de plus près c’est au travers de la culture bien plus qu’un  vrai choix de société qui s’offre à  vous. Car enfin, vous qui allez bientôt voter et qui par définition êtes intéressés par la Culture mais qui ne savez pas trop vous déterminer, posez vous simplement ces quelques questions : êtes vous plutôt culture de masse ou culture savante ? Etes vous RTL ou France Inter ? Etes vous Star Ac’ ou Spectacle vivant ? Etes vous Universal ou Harmonia Mundi ? Etes vous Jack Lang ou Donnedieu de Vabre ? Etes vous Verdi à  Bercy ou Martha Argerich à  Pleyel ? Etes vous Théâtre de l’Odeon ou Théâtre de Marigny ? Et finalement puisque c’est bien de cela dont il s’agit, lorsque vous aurez répondu à  ces questions demandez vous juste si la culture s’accommode du libéralisme ?

 

 

Nous ne répondrons pas ici à  votre place. Ce n’est pas le lieu et si le jazz n’est pas que binaire ce n’est pas pour être bipolaire, fort heureusement. Mais si l’on pense à  ceux qui répondent à  propos de cette question sur l’éducation : «Si je veux faire de la littérature ancienne, devrais-je financer mes études ? Vous avez le droit de faire littérature ancienne, mais le contribuable n’a pas forcément à  payer vos études de littérature ancienne si au bout il y a 1000 étudiants pour deux places. Les universités auront davantage d’argent pour créer des filières dans l’informatique, dans les mathématiques, dans les sciences économiques. Le plaisir de la connaissance est formidable mais l’État doit se préoccuper d’abord de la réussite professionnelle des jeunes ». S’impose alors avec évidence pour tous ceux qui comme nous veulent défendre le savoir, l’intelligence et partant l’art comme rempart aux assauts de l’homo economicus sacrifié volontaire sur l’autel de la sacro sainte règle de la rentabilité, l’idée que l’enjeu culturel n’est pas un débat anodin.  Mais une véritable question de civilisation.

 

 


Une question suffisamment grave en tous cas pour éclairer en ce qui me concerne mon choix devant l’urne,
 et rompre à ma manière, dans l’isoloir un peu de cet assourdissant silence

 

 

 

 

 

 

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1 mai 2007 2 01 /05 /mai /2007 06:17

     Tableau de campagne pour la culture :

 

 

 

Nicolas Sarkozy

 

Ségolène Royal

 

Gratuité des musées nationaux

Soutien à la création et à l’emploi culturel

 

Augmentation du budget de la culture, suppression des freins au mécénat

 

 

Renforcement de l’enseignement artistique de la maternelle à l’université

Accroître les obligations des chaînes de télévision publiques en matière de diffusion culturelle

 

 

Financement d’équipements culturels nouveaux par le biais des régions

 

 

Soutien aux droits d’auteur et aux droits voisins, création d’une agence chargée de régler les litiges entre ayants droits et professionnels d’internet

Création d’une haute Autorité pour le Pluralisme, nommée par le Parlement.

 

 

Soutien au développement du logiciel libre

  

 

 

Renforcement des mesures anti-concentration dans la Presse.

 

Taxation des revenus publicitaires des chaînes privées au profit de l’audiovisuel public

 

 

 

 

 

Source : http://www.lemonde.fr/web/vi/0,47-0@2-823448,54-883898,0.html

 

 

 

 

 

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