Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 février 2021 6 20 /02 /février /2021 20:55

Héraut du jazz un demi-siècle durant, producteur de radio, directeur de collection discographique, président de l’Académie du Jazz (1993-2004), pianiste, Claude Carrière décédé le 20 février à Paris d’un malaise cardiaque à l’âge de 81 ans, restera dans l’histoire de « la plus populaire des musiques savantes » comme l’infatigable admirateur de Duke Ellington.

 

L’une des dernières œuvres de cet aveyronnais de Rodez « monté » à Paris dans les années 50, aura d’ailleurs été la réalisation d’albums d’inédits d’Ellington pour la Maison du Duke, association dont il assurait la présidence, succédant à un autre fan du compositeur, Christian Bonnet.
Sa légitimité était incontestable. Claude Carrière avait, entre 1976 et 1984, diffusé en 400 épisodes l’œuvre intégrale de Duke Ellington sur les ondes de Radio France avec son émission simplement baptisée « Tout Duke ». Et c’est tout naturellement que Christian Bonnet et l’éditeur Slatkine lui avaient demandé de préfacer la version française de l’autobiographie du Duke (Music is my mistress, Mémoires inédits. Duke Ellington. 2016).

 

Mais il ne limitait pas sa passion du Duke à ces hommages de producteur et journaliste. Claude Carrière aimait à jouer la musique du Duke –et de son complice Billy Strayhorn- notamment en compagnie de la chanteuse Rebecca Cavanaugh et du guitariste Fred Loiseau (en attestent deux albums sous le label Black & Blue, ‘Looking Back' et ‘For all we know’).

 

Si le Duke était son idole, Claude Carrière n’aura cessé de prêter oreille à ce que le jazz pouvait apporter de vivant et surtout d’authentique et de lui donner droit de cité dans une émission unique en son genre, Jazz Club. Le tandem formé avec Jean Delmas présentera pas moins de 1150 émissions entre janvier 1982 et juin 2008 sur France Musique. Le concept, accepté par le directeur de l’époque de la station, René Koering, était révolutionnaire : inviter chaque vendredi soir pendant deux heures l’auditeur au cœur d’un club, ce « véritable laboratoire du jazz », selon l’expression de Claude Carrière.

« Sa principale qualité était que, comme il était lui-même musicien, il parlait d’égal à égal avec les musiciens, explique Arnaud Merlin, producteur à France Musique et programmateur de la série des concerts "Jazz sur le vif" à Radio France. Ce n’était pas un théoricien, il était de plain-pied avec la musique. » « Il avait une justesse de jugement sur les musiciens, j’oserais même dire une infaillibilité, qui m’étonnait en permanence » souligne Jean Delmas.

 

Le livre d’or de l’émission qui s’ouvrait sur un générique composé par le pianiste-chanteur Bob Dorough comprend le gotha du jazz planétaire : Dizzy Gillespie, Chet Baker, Elvin Jones, Roy Haynes, Milt Jackson, Brad Mehldau, Martial Solal, Jim Hall… Mais peut-être ce dont Carrière et Delmas étaient les plus fiers, c’est d’avoir ouvert leur micro à des jeunes musiciens, le guitariste Biréli Lagrène en 1982 (il avait 16 ans), le pianiste Manuel Rocheman en 1986 ou la saxophoniste Géraldine Laurent en 2007.

 

Cette passion pour le jazz, Claude Carrière la fera partager également aux lecteurs des magazines spécialisés ( Jazz Hot, Jazzman, Jazz Magazine) et aux collectionneurs de disques avec son travail pour plusieurs labels, dont RCA, Vogue, Dreyfus Jazz, Cristal Records.

« Le jazz est une musique fragile, nous confiait en 2007 Claude Carrière, il faut le soutenir » ... Mission accomplie par un amoureux du jazz, érudit (sans pontifier) et chaleureux, qui savait à merveille transmettre sa passion.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

©photo Jean-Louis Lemarchand
 

 

 

Partager cet article
Repost0
15 février 2021 1 15 /02 /février /2021 15:25
Oui, c'était tout ça Chick!
Oui, c'était tout ça Chick!

 

 

Chick Corea oui, c’ était tout ça Chick!

 

Tout le week end, les hommages ont afflué pour célébrer l’une des légendes du jazz des cinquante dernières années. Il a traversé toutes les esthétiques : d'une solide culture classique, amoureux du bop (Bud Powell), il devint le héros du jazz rock et de la fusion à son acme, et  il n'en a pas moins flirté un temps avec le free.

Passons sur les innombrables messages sur les réseaux sociaux, souvent dispensables, même si on pourrait me rétorquer que le ressenti ne ment pas, forcément subjectif,  pas moins “communicable” et “partageable”. 

Revenons plutôt sur les radios qui ont joué leur rôle, enfin surtout France Musique. Mais on n’en attendait pas moins de nos émissions préférées sur cette antenne qui sont revenues sobrement sur sa carrière, illustrées- et c’est ce qui importe, de généreux extraits musicaux. 

Notre Jean Marc Gelin des DNJ a bouleversé sa programmation sur Radio Aligre FM, 93.1, pour évoquer avec aisance, en une petite heure, trop courte, le pianiste.

Les journaux de la presse nationale se sont livrés au passage obligé, le “marronnier” de la nécrologie. C’est drôlement difficile de faire une bonne nécro, cela demande talent, connaissances et de partager son sentiment, forcément subjectif. J’ y reviens décidément, un ressenti qui serait universel, ou simplement intersubjectif?

Sur le blog de Jazz Magazine, Franck Bergerot nous a livré, dans Bonus, sa recollection de Now He Sings, Now He Sobs, sorti initialement sur Solid State. Bonne pioche. Il a découvert le disque, comme il le fallait, à sa sortie, il y a cinquante deux ans mais il cite encore l’article de 1971 d’Alain Gerber que j’aimerais bien lire…. sur Jazz Magazine n°171, d’octobre 1969. C’est ça qu’est Chick. Et dont je m'inspire car je n’ai jamais su trouver de titre accrocheur! 

J’ai acheté le même disque, ressorti sur Blue Note, bien des années après, mais à “mon” époque, je n’ai guère écouté de Chick Corea que l’incontournable Return to Forever, comme un torrent d'énergie  avec ses espagnolades, sans nuance péjorative de ma part, je précise.

C’est la dernière émission de Laurent Valéro, “Repassez-moi le standard”, hier soir à 19h, toujours sur France Musique, qui m’a donné envie de faire le point. Il nous fit entendre les thèmes obligés devenus cultes, mais aussi les standards ( émission oblige) aux quels, comme tout grand du jazz, Chick s’est frotté avec bonheur, éternelles compositions de jazz ou de la pop. En cherchant dans mes papiers, je n’ose dire “archives”, j’ai retrouvé une chronique que j’avais écrite, en 2002, témoignage d’une époque passée, où ECM se livrait déjà à une compilation, pas “dégoutante” du tout!

 

 

Dans son anthologie ECM RARUM, 2002, Chick Corea a choisi 13 titres de 6 albums et 3 groupes dont le mythique Return To Forever. Nostalgie oblige, il choisit de commencer avec la suite de 1972, qui évoquait déjà un monde idéal “Sometime ago” et “La Fiesta”. Qu’on nous pardonne d’écouter encore avec quelque émotion ces plages datées aujourd’hui, qui mettent en évidence le talent du flûtiste et saxophoniste soprano Joe Farrell, le percussionniste Airto Moreira transformé en batteur pour la circonstance, la voix perchée de Flora Purim et l’enthousiasme contagieux de Chick Corea au piano électrique, instrument adopté à l’époque pour faire sonner cette musique d’inspiration diverse, à la fois classique, jazz et brésilienne. Changement d’ambiance avec les délicats duos piano-vibraphone avec son pote de toujours Gary Burton, ou encore un live à Zurich en 1979, “Desert Air” choisi sur le remarquable Crystal Silence.

Mais la crème de la crème reste tout de même le trio avec Miroslav Vitous et Roy Haynes, “Now he sings, now he sobs” dans certaine reprise de Monk “Rhythm-ning” ou dans le final d’un live à Willisau en 1984 “Summer night/ Night and Day”: 14’22 de pur plaisir avec le trio : swing impressionnant, rythme intense, mélodies recherchées!

Corea a une qualité rare, il laisse ses partenaires suffisamment libres dans des échanges qui prennent leur temps et tout leur sens. Immense soliste, il sait aussi être un accompagnateur de premier ordre. Constamment en recherche, il a changé de direction maintes fois dans sa vie et il faudrait plus que cette première compil pour rendre compte de toutes les influences qui l’ont traversé et qu’il a su transcender. La carrière de Corea est si fertile que l’on attend avec impatience un nouvel opus: il faut en effet réentendre le soliste des Children songs, ou des Piano Improvisations, le révolutionnaire créateur de l’ensemble Circle. Oui Corea , c'est vraiment un chic type….

Sophie Chambon

Oui, c'était tout ça Chick!
Oui, c'était tout ça Chick!
Partager cet article
Repost0
27 janvier 2020 1 27 /01 /janvier /2020 20:40

La remise des Prix 2019 de l’Académie du jazz  a eu lieu lors de la soirée de gala organisée le lundi 27 janvier 2020 au ’Pan Piper’, 2-4 Impasse Lamier, à Paris (11ème), animée par le président François Lacharme et en présence de personnalités de la musique, du cinéma et des spectacles :

 

Prix Django Reinhardt (musicien français de l’année),avec le soutien de la Fondation BNP Paribas :
HUGO LIPPI, guitariste.
Finalistes : Théo Ceccaldi (violon), Leïla Olivesi (piano, composition, arrangements).


Grand Prix de l’Académie du Jazz (meilleur disque de l’année) :
YES ! TRIO, pour l’album « Groove du Jour » (Jazz&People / Pias).
Finalistes : Avishai Cohen & Yonathan Avishai pour « Playing the Room » (ECM / Universal), et Theo Croker pour « Star People Nation » (Okeh / Sony Music).


Prix du Disque Français (meilleur disque enregistré par un musicien français) :
LAURENT COULONDRE, pour l’album « Michel On My Mind » (New World Production / L’Autre distribution).
Finalistes : Leïla Olivesi pour « Suite Andamane » (Attention Fragile / L’Autre distribution), et Louis Sclavis pour « Characters On A Wall » (ECM / Universal).


Prix du Musicien Européen (récompensé pour son œuvre ou son actualité récente) :
DANIEL ERDMANN (saxophoniste).
Finalistes : Matthieu Michel et  Hanna Paulsberg.

 

Prix de la Meilleure Réédition ou du Meilleur Inédit :
BARNEY WILEN QUARTET pour l’album « Live In Tokyo ’91 » (Elemental Music / Distrijazz).
Finalistes : Paul Bley, Gary Peacock, Paul Motian pour « When Will The Blues Leave » (ECM / Universal), Stan Getz Quartet « Getz at The Gate » (Verve / Universal).


Prix du Jazz Classique :
ALBERT AMMONS « Complete Work, Albert Ammons (1907-1949) Boogie Woogie King » ( Cafe Society / eurenie@gmail.com).
Finalistes : Three Blind Mice pour « See How They Run » (autoproduction / www.threeblindmice.fr), Evan Christopher / Fapy Lafertin pour « A Summit in Paris » (Camille productions / Socadisc), Guillaume Nouaux & The Clarinet Kings (autoproduction / www.guillaumenouaux.com).


Prix du Jazz Vocal :
LEÏLA MARTIAL pour l’album « Warm Canto » (Laborie Jazz / Socadisc).
Finalistes : Jazzmeia Horn pour « Love & Liberation » (Concord Jazz / Bertus) et Veronica Swift pour « Confessions » (Mack Avenue / Pias).


Prix Soul :
MAVIS STAPLES pour l’album « Live in London » (Anti- / Pias).
Finalistes : Kelly Finnigan pour « The Tales People Tell » (Colemine / www.coleminerecords.com), et Michelle David & The Gospel Sessions pour « The Gospel Sessions, vol.3 » (Excelsior / V2).


Prix Blues :
JONTAVIOUS WILLIS pour l’album « Spectacular Class » (Kind of Blue Music / www.jontaviouswillis.com).
Finalistes : Atomic Road Kings pour « Clean Up The Blood » (Big Tone / www.bigtonerecords.com), et Robert Randolph & The Family Band pour « Brighter Days » (Provogue / Wagram).


Prix du Livre de Jazz,  EX-AEQUO :
NICOLE BERTOLT & ALEXIA GUGGÉMOS pour « Boris Vian 100 ans » (Éditions Heredium) et CHRISTELLE GONZALO & FRANÇOIS ROULMANN, pour « Anatomie du Bison – Chrono-bio-bibliographie de Boris Vian » (Éditions des Cendres).
Finalistes : Nicolas Fily pour « John Coltrane – The Wise One » (Le Mot et le Reste) et Jean-Pierre Jackson pour « Keith Jarrett » (Actes Sud).

Partager cet article
Repost0
27 janvier 2020 1 27 /01 /janvier /2020 20:30

L’Académie du Jazz a couronné dans son palmarès 2019 trois artistes français qui animent la scène avec bonheur dans des registres différents : le guitariste Hugo Lippi, prix Django Reinhardt du jazzman de l’année, le pianiste Laurent Coulondre pour son album-hommage à Michel Petrucciani, et la chanteuse Leila Martial avec le prix du jazz vocal. Et c’est une figure historique de la jazzosphère, prix Django Reinhardt 1958, le saxophoniste Barney Wilen (1937-1996) qui a également été distinguée avec un album inédit enregistré à Tokyo en 1991, lors de la cérémonie de remise des prix le 27 janvier au club parisien le Pan Piper par François Lacharme, président de l’Académie du Jazz.

 

 

Le Prix Django Reinhardt (soutenu par BNP Paribas) vient récompenser un jazzman confirmé, Hugo Lippi (42 ans) remarqué l’année passée par un album en leader (‘Comfort Zone’. Gaya Music) enregistré à New-York avec une formation franco-américaine et qui s’ouvre…avec une célèbre composition de Django, ‘Manoir de mes rêves’. Né à Portsmouth, Hugo Lippi a traversé la Manche et débuté sa carrière professionnelle à 17 ans en Normandie -son premier disque en leader, en 2000, se nomme ‘Live at Yport’, petite cité balnéaire près d’Étretat- avant de participer à de nombreux groupes sur la scène européenne (dont récemment la petite formation d’Eric Legnini ou le Michel Legrand Big Band). Coiffant sur le fil le violoniste Théo Ceccaldi, il devient le sixième guitariste à décrocher le prix baptisé du nom du génial gitan depuis sa création en 1954 (après Joseph Dejean, Christian Escoudé, Marc Ducret, Sylvain Luc et Nguyen Lê).

 

 

Année du 20 ème anniversaire de la disparition de Michel Petrucciani, 2019 aura vu Laurent Coulondre rendre hommage de belle manière à cette étoile du piano jazz. Participant au concert de All Stars réuni par l’Académie du Jazz en février 2019 (Joe Lovano, Aldo Romano, Géraldine Laurent…) le pianiste-organiste a donné au printemps sa vision délicate du répertoire de Michel Petrucciani dans ‘Michel on my Mind’ (Neworld). Une prestation qui est couronnée du Prix du Disque Français de l’année.

 

 

L’audace de Leila Martial s’est révélée payante. La chanteuse qui affirmait dès 2012 vouloir « s’aventurer à la limite extrême de ce que je peux faire », l’a emporté devant deux consœurs (Jazzmeia Horn et Veronica Swift) pour le Prix du Jazz Vocal. Avec ses comparses, le batteur Eric Perez et le guitariste Pierre Tereygeol, l’ancienne élève du collège de Marciac évolue dans le groupe Baa Box aux confluents du jazz, de l’électronique et du rock alternatif (‘Warm Canto’. Laborie Jazz).

 

 

L’Académie du Jazz s’est aussi souvenue du saxophoniste Barney Wilen qui était revenu dans ses dernières années à la sonorité veloutée remarquée trois décennies plus tôt dans Ascenseur pour l’échafaud. Le Prix de l’Inédit ou de la Réédition Marquante vient saluer une captation en direct d’un concert au Japon, (‘Live in Tokyo 1991’. Elemental), où Barney, tout en décontraction, bénéficiait de la complicité d’un jeune trio -Olivier Hutman (piano), Gilles Naturel (contrebasse) et Peter Gritz (batterie)-.

 

 

Défenseur du patrimoine jazzistique, l’Académie salue également un de ses glorieux anciens, Boris Vian dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance : le Prix du Livre de Jazz est attribué ex-aequo à deux ouvrages traitant avec exhaustivité du talent protéiforme du romancier-chroniqueur-trompettiste-auteur- ingénieur : Nicole Bertolt et Alexia Guggémos, pour ‘Boris Vian 100 ans’ (éd.  Heredium/Prisma) et Christelle Gonzalo et François Roulman, pour ‘Anatomie du Bison, chrono–bio- bibliographie de Boris Vian’ (éd. des Cendres).

 


 

Le palmarès 2019 récompense par ailleurs par son Grand Prix du Disque un trio qui fit les beaux soirs des clubs de la rue des Lombards, le Yes ! trio, groupe bien soudé -25 ans de travail en commun- formé d’Ali Jackson (batterie), Aaron Goldberg (piano) et Omer Avital (contrebasse),   pour l’album ‘Yes Trio ! Groove du jour’, publié par un label français : Jazz & People.

 


Jean-Louis Lemarchand.

 

Partager cet article
Repost0
14 janvier 2020 2 14 /01 /janvier /2020 19:14

de gauche à droite : Simon Goubert, Alex Dutilh, Jacques Périn & Arnaud Merlin

 

La primeur du palmarès Jazz, Blues & Soul était réservée cette année à l'émission Open Jazz d'Alex Dutilh, sur France Musique, le 14 janvier à 18h

.

Grand Prix Jazz

SIMON GOUBERT «Nous Verrons...» (Ex-Tension Records/Bertus Distribution)

.

Prix in Honorem Jazz

ZEV FELDMAN , de Resonance Records, pour son travail de réédition et de publication d'inédits, à l'occasion de la parution de NAT KING COLE «Hittin the ramp, the early years» (Resonance / Bertus Distribution)

.

Grand Prix Blues & Soul

LEYLA McCALLA "The Capitalist Blues" (Jazz Village / PIAS)

.

Coups de cœur Jazz

PATRICE CARATINI / ALAIN JEAN-MARIE / ROGER RASPAIL «Tropical Jazz Trio» (French Paradox / l'autre distribution)

TERRI LYNE CARRINGTON «Waiting Game» (Motéma / Pias)

THÉO CECCALDI Trio «Django » (Brouhaha / l'autre distribution)

MARC DUCRET «Lady M» ([Illuions] / l'autre distribution)

RÉMI DUMOULIN «Das Rainer Trio» (Neuklang / Pias)

ANDY EMLER-DAVID LIEBMAN «Journey Around the Truth» (Signature Radio France SIG 11116 / Outhere)

SIMON GOUBERT «Nous Verrons...» (Ex-Tension Records / Bertus Distribution)

HUGO LIPPI «Comfort Zone» Gaya Music / l'autre distribution)

LEILA OLIVESI NONET «Suite Andamane» (Attention Fragile / l'autre distribution)

SYLVAIN RIFFLET «Troubadours»Magriff / l'autre distribution)


 

Coups de cœur Blues & Soul

KELLY FINNIGAN «The Tales People Tell» (Colemine / https://www.coleminerecords.com/ )

LARKIN POE«Venom & Faith» (Triki-Woo / http://www.larkinpoe.com/ )

LEYLA McCALLA «The Capitalist Blues» (Jazz Village / PIAS)


 

La cérémonie de remise des Grand Prix de l'Académie se tiendra le jeudi 16 janvier 2020 à 19h au Théâtre Traversière, 75012 Paris

La commission 'Jazz, Blues & Soul' est composée de Xavier Prévost, Arnaud Merlin, Alex Dutilh, Philippe Carles, Jean-Michel Proust, Daniel Yvinec, Réza Ackbaraly, Jacques Périn et Stéphane Koechlin


 

Partager cet article
Repost0
21 novembre 2019 4 21 /11 /novembre /2019 21:33

Haut lieu du jazz parisien de l’entre deux guerres avec ses multiples cabarets et boîtes de nuit de Pigalle qui virent évoluer Sidney Bechet, Duke Ellington, Django Reinhardt, le 9 ème arrondissement compte désormais une nouvelle adresse indispensable pour les amateurs du circuit de la nostalgie. Une plaque sera prochainement apposée sur l’immeuble du 87, rue de Dunkerque, au coin de la rue Gérando, où Stéphane Grappelli, décédé le 1er décembre 1997, vécut les trente dernières années de sa vie.

 

 

Né le 26 janvier 1908 à l’hôpital Lariboisière, dans l’arrondissement voisin du Xème, Stéphane Grappelli a passé toute sa jeunesse dans le IX ème, a rappelé la maire de l’arrondissement Delphine Bürkli, en dévoilant le 19 novembre la plaque avec de nombreux musiciens et amis de l’artiste (Philippe Baudoin, Boulou Ferré, Patrice Caratini, Jean-Philippe Viret, Dominique Pifarély, Pierre Blanchard ...).

 

 Dans ce quartier, il vécut ainsi Square Montholon et Rue Rochechouart, et dès l’âge de 12 ans jouait du violon dans les cours d’immeuble. Le violoniste revint dans l’arrondissement de ses jeunes années en 1968, cette année bouillonnante de la société française qu’il évoquera en musique dans ‘Milou en mai’ de Louis Malle (1989). Là, Stéphane Grappelli aimait à travailler son instrument et aussi le piano (un piano droit Gaveau), lui permettant ainsi de se trouver toujours au top dans un duo avec Michel Petrucciani en juin 1995 (Flamingo. Dreyfus Jazz).

 

 

Etre « affable et élégant », selon son ami proche, Joseph Oldenhove*, Stéphane Grappelli, « homme espiègle » incarnait, souligna lors de la brève cérémonie de dévoilement de la plaque commémorative le musicologue Philippe Baudoin « le classicisme dans sa perfection ».

 
La ville de Paris avait en octobre 2003 donné le nom de l'artiste à une nouvelle voie créée dans le quartier de la porte d’Asnières (17ème arrondissement). Les cendres du jazzman sont déposées au colombarium du Père Lachaise.

Le musée de la musique, situé à la Cité de la Musique, conserve le plus célèbre des violons joués par Stéphane Grappelli. L’instrument, réalisé par Pierre Hel en 1924 à Lille, sur un modèle d’inspiration Guarneri, avait appartenu à Michel Warlop (1911-1947). Ce dernier l’offrit à la fin des années 20  au jeune Stéphane qui  en joua au moins jusqu’aux sessions avec Duke Ellington en 1963.


Jean-Louis Lemarchand.


*Joseph Oldenhove est co-auteur avec Stéphane Grappelli et Jean-Marc Bramy de « Stéphane Grappelli, mon violon pour tout bagage » (Editions Calmann-Lévy, 1994).

 

©photo X. (D.R.)

Partager cet article
Repost0
27 septembre 2019 5 27 /09 /septembre /2019 10:25

S’il avait une certaine idée de la France, comme le général de Gaulle, Jacques Chirac, décédé le 25 septembre à 86 ans à Paris, n’avait jamais caché son affection pour les Etats-Unis. Le Président de la République (1995-2007) aimait à rappeler comment il avait découvert le pays de George Washington en 1953, en tant qu’étudiant à Harvard mais aussi dans différents emplois saisonniers, garçon dans un restaurant Howard Johnson à Cambridge (Massachusets), cariste à St Louis ou encore journaliste au New Orleans Times-Picayune.  

 

Nul doute qu’au cours de cette année passée aux Etats-Unis le futur homme d’Etat aura découvert les musiques diverses, élément majeur de la culture américaine. Passionné des cultures du monde, et notamment des Arts Premiers auquel il consacra un musée quai Branly, amateur de poésie chinoise, Jacques Chirac eut l’occasion de témoigner de son penchant pour les musiques improvisées.  

 

En 1989, alors Maire de Paris, il avait organisé une réception à l’Hôtel de Ville en l’honneur de Frank Sinatra qui effectuait une tournée avec Dean Martin et Sammy Davis Junior et lui avait remis la plaque du bimillénaire de la ville de Paris. Ce jour-là, Jacques Chirac, se souvient un journaliste présent, Jean-Baptiste Tuzet, futur fondateur de Crooner radio, s’était lancé dans un discours en anglais extrêmement chaleureux et drôle avec des jeux de mots relatifs à de grands succès interprétés par l’artiste tels que « Strangers in the Night », auxquels Frank Sinatra avait répondu par « April in Paris ».  

 

Cette même année, le futur chef de l’Etat avait remis la grande médaille de Vermeil de la ville de Paris à Miles Davis, nouveau témoignage du respect que portaient l’ami des américains et la ville-lumière au prince de la trompette.

 

Longtemps, Jacques Chirac aura laissé croire que ses seuls centres d’intérêt personnels étaient les romans policiers, les westerns et la musique militaire. Ainsi, avait-il confié en souriant à un proche, « j’ai eu la paix pendant vingt ans sur la question de mes goûts culturels ». La vérité était tout autre.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

Partager cet article
Repost0
26 septembre 2019 4 26 /09 /septembre /2019 16:52

Rien ne prédestinait Eglal Farhi, disparue le 25 septembre à Neuilly à 97 ans (8 avril 1922/25 septembre 2019), à fonder à Paris un club de jazz , le New Morning,  qui allait devenir l’un des lieux mythiques des amateurs de la note bleue, au même titre que le Village Vanguard de New York ou le Blue Note de Tokyo.

 

L’ancienne élève de l’école des Dames du Sacré-Cœur du Caire avait dépassé le demi-siècle quand elle ouvre le 16 avril 1981, avec Art Blakey et les Jazz Messengers comprenant les frères Marsalis (Wynton, trompette, et Branford, saxophone ténor),  un club* dans un lieu tout à fait inhabituel, une ancienne imprimerie du Parisien Libéré au 7-9  rue des Petites Ecuries, à proximité de la Gare de l’Est.

 

 

Fan de jazz dans sa jeunesse, Eglal Farhi, qui écoutait dans la maison familiale au Caire Fletcher Henderson et Count Basie, avait décidé d’endosser le costume de chef d’entreprise et de prendre le relais de ses beaux-fils (Daniel et Alain) qui avaient rencontré quelques difficultés financières dans la gestion de leur club à Genève , dénommé déjà le New Morning, allusion à une chanson de Bob Dylan.

 

Tout le gotha du jazz est passé sur la scène du New Morning :  Stan Getz, Dizzy Gillespie, Dexter Gordon, Milt Jackson, Jim Hall, Elvin Jones, Art Blakey à plusieurs reprises et notamment pour ses 70 ans en 1989, Archie Shepp, Freddie Hubbard, Michel Petrucciani (la première fois à 18 ans), Nina Simone, Martial Solal, Michel Portal, Brad Mehldau, Joshua Redman… Le préféré d’Eglal Farhi restera Chet Baker : « un visage mélancolique, James Dean en plus beau, un fabuleux trompettiste qui me touchait beaucoup et a toujours tenu ses engagements même après avoir atteint dans l’après-midi un coma de stade 2 ».

 

 

Eglal Farhi nous confiait à la fin des années 90 « marcher au feeling » et « détester les ayatollahs » dans la musique.  « Le public jazz-jazz ne suffisait pas. Nous avons ouvert la scène à toutes les musiques afro-américaines », témoignait en 1996 Mme Farhi, une des rares femmes à tenir un club de jazz. « Chaque soir, c’est un coup de poker financier…. Et il m’arrive de perdre », ajoutait-elle, comme ce soir où un flutiste français (dont elle taira le nom) « fit » une dizaine de spectateurs.

 

La fondatrice du New Morning n’éprouvait qu’un seul regret : Miles Davis ne s’est jamais produit face au public exigeant de la rue des Petites Ecuries. Une consolation pour Eglal Farhi, le prince de la trompette a signé le livre d’or de l’établissement après y avoir tourné, acteur, l’année de sa mort (1991) quelques scènes du film Dingo dont il composa la musique avec Michel Legrand.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

*Depuis 2010, sa fille Catherine lui a succédé à la direction du club.

Partager cet article
Repost0
5 août 2019 1 05 /08 /août /2019 15:35
Le TREMPLIN JAZZ D'AVIGNON ouvre le 28 ème AVIGNON JAZZ FESTIVAL
PRIX DU PUBLIC  Nathan MOLLET trio

PRIX DU PUBLIC Nathan MOLLET trio

GRAND PRIX DU JURY  SHEMS BENDALI QUINTET

GRAND PRIX DU JURY SHEMS BENDALI QUINTET

Meilleur Instrumentiste Yaroslav Likachev du Daniel TAMAYO Quintet

Meilleur Instrumentiste Yaroslav Likachev du Daniel TAMAYO Quintet

Tremplin Jazz  au Cloître des Carmes, AVIGNON.

http://www.tremplinjazzavignon.fr

 

Retour à Avignon à la toute fin juillet, quand les murs se nettoient de leurs peaux d’affiches après que le festival de théâtre soit achevé.C’est à ce moment que l’association du Tremplin Jazz propose, dans le cadre exceptionnel du cloître des Carmes, concerts et tremplin européen. Commence alors le premier concours de jazz européen. Quoi de mieux que de glisser cette confrontation de jeunes talents au sein d’un festival estival? L’intérêt de ce concours européen, rare pour ne pas dire unique, est de rencontrer des musiciens du même âge, de créer des liens et de voyager ensuite dans les pays respectifs. Un « Erasmus du jazz», en somme.

Il n’est peut être pas inutile de préciser que c’est le premier concours de ce type créé en France, en 1993 : d’abord régional puis national, il est devenu international en 2000, profitant de la reconnaissance d’Avignon comme capitale culturelle européenne. L’association a reçu cette année une centaine de groupes qui proposaient leur maquette. Au final ne restent que six groupes européens à entrer en compétition dans la cour du Cloître des Carmes pendant deux soirées très courues et pas seulement parce qu’elles sont gratuites.

http://www.tremplinjazzavignon.fr/concours-europeen

C’est un cadeau fait au public local, attentif et connaisseur qui s’exprime également en votant. Et son choix, le Prix du Public rejoint très souvent celui du jury, le Grand Prix! Sera-ce encore le cas cette année?

De nombreuses pistes s’ouvrent aux jeunes musiciens aujourd’hui s’ils ont prêts à prendre des risques. En dépit de productions d’école un peu laborieuse, on entend souvent au tremplin des musiciens talentueux, en devenir. Ce qui confirme et justifie, au demeurant, la vocation d’un tremplin. Mais la première difficulté résulte lors de la présélection, qui peut poser problème. Pour l’avoir pratiqué, l’exercice est redoutable. Le souhait serait de réunir des groupes de chaque pays, lauréats de leurs tremplins nationaux respectifs. Les Européens du Nord sont bienvenus et toujours nombreux, la filière est bonne. Les Belges, souvent primés, sont des fidèles ainsi que les Allemands. L’Italie, l’Espagne ne sont pas souvent au rendez-vous. La Grande-Bretagne, Brexit ou pas, brille souvent par son absence…

 

31 juillet : Premier soir du Tremplin, cloître des Carmes, 20h 30.

  • PARALLEL SOCIETY QUINTET ( Irlande) Jan Enrik Rau (guitare, compositions), Yuzuha O’Halloran ( clarinette basse, saxophone alto), Luke Howard (piano et synthé), Eoin O’Halloran (basse), Hugh Denman (batterie)

  • BELUGAS QUARTET (France) Alain Siegel ( claviers), Renaud Collet ( flûte, saxophones), Fabien Humbert (batterie), Ahmed Amine Ben Feguira (oud)

  • NATHAN MOLLET TRIO (France) Nathan Mollet (piano), Dominique Mollet ( contrebasse, basse), Elvire Jouve ( batterie )

Dès la première soirée, y allait-il avoir équilibre entre les trois groupes ? De quoi satisfaire les goûts et esthétiques les plus divers du jury et du public?

Parallel Society proposa un patchwork de musiques diverses, de la gigue irlandaise aux tablas du Nord de l’Inde, selon les goûts du leader, le guitariste Jan Henrik Rau qui avoue encore sa prédilection pour le pianiste Richie Beirach. L’ensemble peine cependant à accrocher : ont-ils du mal à trouver leur rythme? L’ensemble manque de fluidité et d’aisance, d’une réelle cohésion. Le repertoire file et l’attention fléchit ...

Le deuxième groupe rémois, Belugas Quartet, joue la carte de l’originalité, de son nom à l’association assez improbable de certains instruments (oud, conques, flûte) qui peut laisser croire à une surprise, à des effets de timbres insolites et audacieux. Mais là encore, il ne se passe pas grand-chose, la forme autant que le répertoire ne sont pas convaincants, même avec la composition du «Serpentin du Temps».

La surprise vient avec le trio du jeune pianiste Nathan Mollet, âgé de quinze ans à peine, qui fait preuve d’une grande technique pour son âge, de naïveté et d’assurance dans sa présentation ( mais il a les défauts et les qualités de son jeune et bel âge). Il est admirablement soutenu par la rythmique (son père à la contrebasse, visiblement aux anges, et Elvire Jouve, une jeune batteuse dont la vivacité et la précision sont des plus convaincantes).

Un groupe qui joue vraiment, qui s’accorde avec élégance à la formule classique du trio, avec des compositions affirmées du jeune talent, certes un peu prévisibles, qui manquent encore de diversité : «Etoile filante», «Anubis», «La ronde des ombres», «Insolence». On peut aussi regretter de ne pas avoir entendu de standards qui sont toujours un exercice délicat mais révélateur. Le jury apprécie cependant, le public ne s’y trompe pas en tous les cas et il applaudit à tout rompre, saluant le trio d’une standing ovation. Tiens, tiens, aurait-on là le Prix du public? Le jury, souvent composé de musiciens, représentants de labels, tourneurs, directeurs artistique et de scènes de jazz, journalistes de la presse spécialisée, se livre à un premier débriefing, sous la présidence de la dynamique Marion Piras, à la tête de l’agence Inclinaisons (l’un des plus beaux catalogues de musiciens de jazz actuel). Le suspense reste entier et le public est invité à revenir le lendemain, à voter bien évidemment, d’autant que de nombreux prix ( Tee shirts, CDs…) sont offerts à l’issue du concours. 

1er août : Deuxième soirée du Tremplin Jazz

  • SALOMEA (Allemagne) Rebekka Salomea ( voix, compositions, effets), Yannis Anft (claviers, synthéthiseur), Olivier Lutz (basse électrique), Leif Berger ( batterie, drum pad)

  • Daniel TAMAYO quintet (Allemagne) Daniel Tamayo Gomez (guitare et composition), Moritz Preisler (piano), Simon Braumer ( batterie), Conrad Noll ( contrebasse),Yaroslav Likhachev (saxophone ténor).

  • Shems Bendali Quintet ( France) Shems Bendali (trompette), Arthur Donnot ( saxophone ténor), Andrew Audiger (piano), Yves Marcotte ( contrebasse), Marton Kiss (batterie).

Le lendemain entrent en scène trois nouveaux groupes dont deux Allemands, qui vont s’avérer très différents, bien que venant de Cologne, école réputée et vivier de la jeune génération.
Saloméa est assez étonnante, très différente de style et d’attitude des chanteuses repérées lors de précédentes éditions : elle ne minaude pas comme tant de ses consoeurs jeunes et moins jeunes qui pensent que le jazz vocal doit mettre en avant un certain glamour, elle ne rejoue pas non plus une pop acidulée trop influencée par Bjork, elle va sur les traces du hip hop avec des inflexions proches du cabaret parfois, de la soul et du funk, un mélange assez détonant qui révèle un parti pris, un choix affirmé et une façon bien à elle d’occuper la scène … qui tranche avec le trio qui la soutient, impeccable et stylé, qui manie également avec dextérité l’électronique et ses effets. Un groupe qui peut ne pas faire l’unanimité mais il s’est passé quelque chose. Sans chercher à séduire, Salomea s’investit dans son chant avec des compositions originales qui racontent sa vie : elle se livre de façon décomplexée, très honnête même si quelque chose résiste dans l’interprétation. Comme décalé et hors sujet pour le tremplin?

Sur le second groupe, les avis seront également très partagés. Certains reprochent au Daniel Tamayo quintet de former un ensemble inégal, sans direction, tiraillé par des duos au sein du quintet. Le soufflant, par moment, semble prendre les commandes dans ses alliances réussies avec le pianiste. Le leader, comme paralysé, ln’intervient vraiment à la guitare qu’au quatrième titre et lance le groupe sur la piste d’un jazz rock un peu dépassé . D’autres éprouvent une émotion réelle à l’écoute de certaines embardées de ce groupe peu conforme qui a pu prendre des risques, à l’énergie brouillonne mais vivante. Et à la jam organisée pendant les délibérations du jury, Daniel Tamayo retrouvera le plaisir de jouer ayant relâché la pression.

Le jazz advint enfin avec le dernier groupe qui sut s’approprier l’espace de cette belle nuit étoilée où ne soufflait plus aucun vent : voilà de jeunes instrumentistes très doués qui s’écoutent et s’entendent, savent gérer un son de groupe, très limpide, créent une musique subtile aux arrangements délicats, aux belles harmonies. Le trio rythmicien tire admirablement son épingle du jeu dans « Mad Train», sans l’aide des deux solistes, excellents, qui créent les plus beaux unissons qui soient. Il ne semble pas qu’il y ait dans le groupe des egos trop boursouflés mais de réels échanges et une communauté d’esprit et de jeu.

Mention particulière au saxophoniste ténor, même si le leader, très mature, montre une maîtrise réelle d’un univers qui découle du Miles période Gil Evans, évoquant même pour Frank Bergerot, Ambrose Akinmusire, ce qui n’est pas une mince référence. Un jazz certes daté mais terriblement attachant et tant pis si ce quintet n’ouvre pas(tout de suite) les nouveaux langages du jazz....Selon la formule consacrée, on oublia très vite qu’il s’agissait d’un tremplin pour écouter un concert, embarqué dans une croisière intersidérale. Avec élégance, ces jeunes musiciens surent séduire le public dans un silence révélateur.

Les jeux étant faits, le jury allait longuement délibérer, et leurs choix se partager assez équitablement entre les deux groupes les plus saisissants, remplissant le contrat du tremplin. Après une discussion des plus animées, le tout dernier groupe obtint le Grand Prix du Jury (enregistrement et mixage au studio de la Buissonne et première partie d’un concert du festival de 2020) et le prix de la meilleure composition «Anima» d’inspiration soufie. Quant au prix du meilleur instrumentiste, il revient au saxophoniste du Daniel Tamayo. Même si la jeune batteuse du trio de Nathan Mollet avait retenu toute notre attention, lors du premier soir. Elle reçoit d’ailleurs avec le groupe du jeune pianiste, le soutien du public qui lui attribue son prix et ce n’est pas une mince consolation. 

C’est la fin d’une belle édition avec des groupes de qualité, pas toujours originaux mais néanmoins talentueux et prometteurs. Le tremplin et le festival reposent sur un savoir-faire associatif et la générosité des bénévoles. Tous ceux qui sont venus au tremplin confirment que l’accueil chaleureux, simplement familial est l’un des atouts de la manifestation, mettant à l’aise candidats et jurys. Rendons encore une fois hommage à la formidable équipe de vrais amateurs qui se dépensent sans compter pour que la musique vive, et qu’on retrouve chaque année dans cette véritable fête entre amis.

Souhaitons à ce Tremplin Jazz sudiste de continuer longtemps cette aventure musicale chaleureuse et non sectaire. Et que cela jazze plus encore pour le rendez vous des trente ans, qui approche….

Un grand merci pour les photos de Claude Dinhut et de Marianne Mayen deux des quatre reporters-photographes et membres actifs de l’association.

Sophie Chambon

ELVIRE JOUVE DU TRIO Nathan MOLLET

ELVIRE JOUVE DU TRIO Nathan MOLLET

Partager cet article
Repost0
4 juillet 2019 4 04 /07 /juillet /2019 20:28
ALCAJAZZ 2019 à Marseille : expo photos, René Urtreger, Round Midnight
René Urteger à vingt ans, fan de Bud POWELL auquel il dédie son premier disque

René Urteger à vingt ans, fan de Bud POWELL auquel il dédie son premier disque

ALCAJAZZ 2019 à Marseille : expo photos, René Urtreger, Round Midnight

ALCAJAZZ 2019 : mercredi 3 et jeudi 4 juillet

Une exposition passionnante à Marseille dans la BMVR de l’ALCAZAR, ancien music hall, permet d’attendre le début du festival des Cinq Continents.

Mercredi 3 juillet avait lieu le vernissage en musique de l’exposition de quarante photos d'Alain Chevrier, présentée par Francis Lacharme, président de l'Académie du jazz : Les jazzmen étatsuniens ayant choisi de s’installer en France où ils sont reconnus et respectés (Kenny Clarke, Don Byas, Bud Powell, Sidney Bechet…) et la jeune classe du jazz hexagonal ont eu un témoin privilégié, Alain Chevrier. Au plus près des musiciens, ce photographe méconnu a capté leurs expressions, leurs émotions, leur complicité, leur joie de vivre et de jouer. Ces 40 documents, présentés ici ensemble pour la première fois, nous plongent au cœur d’une époque historique du jazz, quand Paris rivalisait avec New York. (l'Académie du jazz)

Et quel meilleur représentant de cette période que le pianiste René Urtreger, lien idéal entre Bud Powell et Lester Young, puisque ce grand pianiste qui s’inscrit dans la ligne du be bop, avait dédié son premier album à Bud Powell et avait joué dans le dernier de Lester. D’où l’idée bienvenue de l’inviter à la médiathèque marseillaise pour le vernissage de l’exposition photo. C’est une figure de notre jazz hexagonal dont le témoignage précieux a été recueilli par la romancière Agnès Desarthe à laquelle il s’est confié dans Le Roi René, aux éditions Odile Jacob, 2016. http://lesdnj.over-blog.com/2016/04/le-roi-rene-rene-urtreger-par-agnes-desarthe.html

Il attaque le mini-concert par “la Fornarina” issue de son album solo Onirica (label SKETCH, 2001). Puis il enchaîne avec une composition très connue de Bud, “Celia” et poursuit plus sentimental avec du Cole Porter et “Love for sale” de Gershwin. René URTREGER improvise, suivant le fil de ses pensées en laissant aller ses souvenirs, se laissant parfois aller au jeu des associations libres, qui lui permettent de démarrer une piste. Il n’est pas rare que John Lewis ou Bud Powell revivent sous ses doigts avec des citations pertinentes.

Avec le photographe Christian Ducasse qui partage son temps entre Marseille et la Normandie,et René Urtreger, François Lacharme va ensuite commenter, avec brio, chaque photo de l’exposition.  "Paris était vraiment une fête pour le jazz, ou plutôt les jazz. Les interprètes du tout nouveau bebop croisaient les adeptes du style New Orleans en pleine renaissance. Les stars américaines (Louis Armstrong, Duke Ellington, Count Basie... mais aussi Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan, Billie Holiday, trois divinités du vocal) côtoyaient les jeunes hérauts de la note bleue…"

Jeudi 4 juillet :

En lien avec l’exposition photos, était programmé, toujours à l’ALCAZAR, le film magnifique de Bertrand Tavernier, Autour de Minuit. Découvert à sa sortie, en 1986, je ne l’avais pas revu et avec le temps, il me semble s’être encore bonifié et incarner l’un des plus intenses témoignages sur le jazz de cette période. Ce n’est pas un biopic hagiographique à la mode aujourd’hui, sur les icônes rock, mais on entend la plus belle B.O de jazz des années 80, orchestrées par Herbie Hancock qui obtint d’ailleurs l’oscar pour la musique à Hollywood.

Bertrand TAVERNIER s’est inspiré de La danse des Infidèles (Editions Le mot et le reste) de Francis Paudras , sa relation compulsive avec Bud POWELL.http://lesdnj.over-blog.com/2019/04/la-danse-des-infideles-bud-powell-a-paris.francis-paudras-editions-le-mot-et-le-reste.html

Ce roman mélancolique souligne l’amitié entre ces deux hommes en montrant ce qui peut traverser, la tête embrumée de l’un des inventeurs du be bop… Tavernier eut l’idée géniale de choisir le saxophoniste Dexter Gordon qui joua avec Bud, pour incarner cette aventure. Il est le personnage! On entend de la musique d’un bout à l’autre du film, y compris des compositions de Dexter Gordon et on ne peut qu’applaudir à ce qui demeure un “labour of love”.

Encore chapeau Monsieur Tavernier et bravo à l’équipe de l’Alcazar.

 

Sophie Chambon

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0