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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 08:13

Bruno Costemalle

TSF  Jazz

latrompettededizzy.jpgNova Editions 2009 ;  138p

 

  Un petit ouvrage paru dans la collection de TSF Jazz sous la férule de Bruno Costemalle pour raconter un jazz fait d’anecdotes et de petites histoires décalées.  Pas l’histoire du jazz mais juste des petits faits souvent ignorés. Vous, les érudits saviez certainement que Fats Waller avait été kidnappé par les gangsters de Chicago pour venir jouer, un flingue sur la tempe à l’anniversaire de Capone. Mais saviez-vous ainsi que Richard Nixon avait fait la mule pour Louis Armstrong ? Vous saviez certainement que Phil Woods était si parkérien qu’il était aller jusqu’à épouser Chan, la femme de Bird.  Mais saviez-vous que Mussolini avait un fils, Aldo qui était pianiste de jazz ( le « Romano Mussolini all stars », pas moins). Et la curieuse histoire de Dorothy Lucille Tipton qui dans le monde un peu machiste du jazz des années folles réussit toute sa vie à se faire passer pour un homme jusqu’à épouser 5 épouses successives et crédules, vous la connaissiez ?

58 petites histoires amusantes du jazz vues par la toute petite fenêtre, par une bien réjouissante lucarne et qui se terminent par un quizz (trop facile !) pour tester votre culture du jazz.

De quoi passer pour un érudit à bon compte.

 

Bruno Costemalle est l’ancien rédacteur en chef de Nova Magazine et redac chef de l’émission « La Boîte à musique » de Jean-François Zygel. Sur le mê mde il avat déjà publié «  Mais où est passé le crâne de Mozart » en 2007.

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28 décembre 2009 1 28 /12 /décembre /2009 18:35

Alain GERBER  

Fayard , 2009

650 p, 25 euros

BLUES On écoute et lit Alain Gerber depuis si longtemps qu’il nous est devenu familier. Il creuse

le même sillon  « Black and Blue »  avec une énergie rare et éclaire d’un angle toujours original son

terrain favori d’exploration, la musique de jazz.

 Après nous avoir fait comprendre au travers des vies de ses drôles de héros, Louis Charlie, Billie, Chet que « le jazz est un roman», l’écrivain s’attaque à un gros morceau, aux racines même de cette musique, le  blues . Et à sa façon, il  réécrit la vie de ces petits, ces obscurs, ses sans-grade, qui ont façonné l’histoire de cette musique essentielle du XXème siècle, le jazz.

Il sait comme personne entrer dans l’insondable flux des consciences, mêler grande et petite histoire, raconter la guerre de Sécession, le sud  vaincu et dévasté, le destin de musiciens noirs au cœur de la tourmente. Car si les esclaves sont libres,  personne n’a encore le cœur à se réjouir. « Délivrés de nos fers, nous avons été pour la plupart d’entre nous, enchainés à notre malédiction par notre liberté même. »

Le pays est aux mains des profiteurs, des «carpetbaggers »  et les noirs font toujours les frais de la violence ordinaire. La mort, la violence, le désespoir orchestrent  ce récit haletant de cinq voix , cinq monologues qui se livrent à tour de rôle.

 Chaque chapitre qui porte le nom d’un personnage,  commence par "Je me suis levé ce matin".  Mais "pour l'homme noir, tout est toujours du pareil au même. Il se lève avec le jour, mais quand il sort de sa cabane, c'est pour pénétrer dans une autre sorte de nuit". Pourtant, que de  pulsions de vie, de désir, d’amour irriguent ce texte fluide.

Le roman traversé du souffle épique d’une histoire pleine « de bruit et de fureur » raconte cette Amérique esclavagiste, à travers la vie, l’errance, les souffrances de trois personnages principaux dont  les voix se relaient, au rythme des chapitres : Nehemiah, le surdoué qui apprend le piano en même temps que le fils de son maître, le vil Devereaux qu’il finira par tuer ; Silas, son ami, qui joue du banjo, de l’harmonica, et de la guitare, enrôlé dans l’armée, cherchant désespérément à retrouver sa femme, deviendra  « Blind brother Silas ». Quant à la  femme, Cassie,  ancienne esclave de la plantation Devereaux, elle  a fui avec sa petite fille Loretta, vers le Nord, terre promise, pour  retrouver son homme.

Le lecteur suit les routes, les cicatrices de la géographie américaine du Delta, de la Nouvelle Orleans où les musiciens se réfugient,  à la Californie dont les chemins de fer furent aussi construits par les Chinois .

Et la musique naît, chant réprimé le long de la ligne  Mason-Dixon , de démarcation raciale que suit le «  chemin de fer souterrain » gardé par de cruels serre-freins .

 

Nehemiah, improvisant pour la première fois, pour son maître sur « Yellow rose of Texas » connaît cette étrange sensation que d’ignorer ce qu’était cette musique  et pourtant de ne plus vouloir en jouer d’autre …

La musique, encore inouïe, où il aurait reconnu le mystérieux objet de son désir n’est ni celle de l’Afrique ni celle du Blanc : la musique du Noir déporté sur cette terre américaine.

 

Pour Silas,  « la musique ce n’était qu’une mixture, un cafouillis de toutes celles que je connaissais déjà. Je prenais un morceau d’un chant d’église, un morceau d’une valse ou d’une polka que jouait Néhémiah, des choses étranges apprises en Louisiane, et des souvenirs que les Anciens gardaient de l’Afrique.J’ajoutais des bruits de la nature, de la ferme et quelquefois des bruits de train. »

Alain Gerber s’est emparé de l’Histoire pour en faire une matière romanesque dense et colorée, lumineuse et violente . En éclaireur avisé du passé, avec une forte identification à ceux qui ont permis la naissance de cette musique qu’il aime tant, il recrée une Amérique très vivante.

On s’imprègne de ce  foisonnant récit comme d’ une fresque sur grand écran :  si l’arrière-plan brossé est celui d’ « Autant en emporte le vent », on est loin de son manichéisme ou de celui d’une fiction historique comme « New Orleans ».

 Blues,  ce serait vivre dans le comté imaginaire de Yoknapatawpha , non du côté des « petits blancs » de Faulkner ou Caldwell, mais avec les personnages de Toni Morrisson dans « Beloved ».  Avec,  en constant accompagnement, cette musique  «  qui n’appartient à aucun des hommes qui la colportaient de ville en ville … une musique immense, qui n’avait en aucun musicien ni son commencement ni sa fin. Une musique à peau sombre…

 

  LIRE LA SUITE........

 

 


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26 décembre 2009 6 26 /12 /décembre /2009 11:29

« VISITING JAZZ. Quand les Jazzmen américains ouvrent leur porte »

Thierry Pérémarti

Editions le Mot et le Reste

2009 – 372p

 

visiting-jazz.jpg

 

On se souvient avec un petit pincement au cœur de ces pages que signait Thierry Pérémarti dans feu le mensuel Jazzman. Deux petites pages où, pendant plus de 10 ans le journaliste qui vit Outre Atlantique nous racontait ses visites auprès des jazzmen américains. Des interviews faites là où toute interview digne de ce nom devrait se dérouler, dans l’intimité de leur appartement, dans leur salon, leur jardin ou leur bureau, au plus près de leur quotidien.  C’est que Thierry Pérémarti n’a pas son pareil pour briser vite la glace et approcher une certaine forme de complicité avec son sujet. Quelques minutes au plus près du cœur de ces anciennes gloires passées et pour quelques-unes (rares), encore actives de l’histoire du jazz. Je me souviens encore, non sans émotion de ma lecture de cette rencontre avec Freddie Hubbard parue quelques jours avant la mort du trompettiste (Rencontre mise à nue où le trompettiste nous dévoilait sa volonté farouche de revenir sur scène). Allant de la côte ouest à la côte Est, ces deux pôles essentiels, le journaliste est aller puiser dans le who’s who d’un jazz capté au travers de moments émouvants parce qu’emprunts de simplicité. Ces moments où l’interviewer et l’interviewé se laissent aller à une discussion sans but, sans objet, dans le flottement d’un souvenir suscité par Thierry Pérémarti que l’on sent en amour total de ses sujets, de ceux qui ont tant d’heures de gloire à leu actif qu'ils en incarnent le jazz . Henry Grimes, ce rescapé qui, pour le coup a repris du service après des années d’errance, en témoigne. C’est alors un défilé des héros du jazz : 77 musiciens captés ainsi entre 1999 et 2009 qui pour certains ont disparu depuis (Zawinul, Hubbard, Anita O’Day….), d’autres restant encore très présents aujourd’hui ( Erskine,  Shorter, Frisell ….). Et toujours quel que soit leur statut, ils livrent à leur nouvel « ami » français bien autre chose que ce que l’on a l’habitude de lire dans les interviews un peu « conventionnelles », des moments de souvenirs intimes.

Pourtant si au hasard des pages actu du mensuel on se trouvait happés par ces rencontres hors du temps et chaque fois décalées par rapport à la frénésie boulimique de l’actu du jazz, l’alignement dans un ouvrage unique de ces brèves interviews de ces musiciens pour  beaucoup à la retraite, donne l’impression d’un jazz sépia tout droit sorti de la résidence de Bleuets version limite sénile du jazz à l’heure du thé et des petits gâteaux dans le salon juste avant la promenade de 17h. C’est le  revers de la médaille de ces héros fatigués dont on avait oublié que malgré leur habit de lumière il s’agissait aussi d’hommes et de femmes qui tondent leur pelouse, jouent avec leur chien et font la cuisine. Moyenne d’âge à tout casser 75 piges.


Mais l’on passe outre cette vision un pue passéiste du jazz. Car l’écriture magnifique et délicate de Thierry Pérémarti suffit à nous émouvoir, à nous émerveiller avec les yeux de gosses qui rencontreraient pour de vrai leurs héros en chair et en os. Et nous sommes un peu dans l’émerveillement de ceux qui découvrent ainsi la profonde humanité de ceux qu’ils ont tant idolâtré.

L’ouvrage est précédé d’une très belle préface d’Alex Dutilh qui fut durant toutes ces années le Rédacteur en Chef de Jazzman et qui laissa à Pérémarti cette belle liberté. Cette audace du décalage. Jean-Marc Gelin

 

 

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2 décembre 2009 3 02 /12 /décembre /2009 22:16

Collectif publié sous la direction de Francis Hofstein

Editions du FELIN

 

 

Ouvrage publié avec le concours du Centre national du Livre

Et avec la participation de la Villa TAMARIS centre d’art de La Seyne sur mer 

 

 

 


 

Les livres de jazz ont tendance à se multiplier, essayant avec plus ou moins de bonheur de changer leur angle d’approche, pour plaire à un public chagrin.

L’art du jazz vise la qualité, avec une matière dense, qu’illustre une très riche iconographie (plus de 200 illustrations). Cette nouvelle publication sur un marché en crise ne joue pas la carte d‘une histoire analytique du jazz pour amateurs éclairés, ni d’une introduction, pour néophytes, à cette musique et à son écoute. Mais les curieux comme les connaisseurs prendront plaisir à découvrir ces regards singuliers sur la création et le jazz.

Espace privilégié des esthétiques, la revue propose une réflexion ouverte sur les différentes formes d’art relatives au jazz, créant des passerelles entre elles, autour de cet objet aimé .

Ouvrir un espace décalé, oblique entre le passé du jazz, mythique et les avatars plus actuels, est l’un des objectifs du collectif, qui tricote, au fil de vagabondages savoureux,  des rapprochements inédits, s’autorise en un mot des chemins de traverse réjouissants.

 

Après la sortie, en 1991, du volume Jazz de La revue d’esthétique et dans le souvenir vivace des Cahiers du Jazz , Francis Hofstein, psychanalyste, écrivain, collectionneur (fou) d’objets de jazz ( c’est lui qui prêta un certain nombre d’objets tout à fait  exceptionnels à Daniel Soutif pour l’exposition  Le Siècle du jazz  au Quai Branly ) décida la création d’une nouvelle publication.

Lire la suite.....
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3 novembre 2009 2 03 /11 /novembre /2009 06:14
 

Guillaume Belhomme

 

Ed. Le Mot et le reste

Collec. Formes

430p. ; 23 euros

 

Pour faire suite à l'article de notre rédacteur en chef au sujet du livre de Guillaume Belhomme, nous souhaitions faire part de nos impressions peut être plus sévères sur le contenu de « Giant Steps, jazz en 100 figures ». Belhomme consacre des recensions de cinq cds pour cent artistes de jazz qu'il a sélectionné suivant ses choix personnels. Guillaume Belhomme a donc écrit une anthologie du jazz. Partant de ce principe, il est naturel de trouver dans ce livre un point de vue : celui de l’auteur qui s’exprime avec subjectivité. Cette liberté se doit d'être « utile » : on s’attend à lire « autre chose » que ce qui est communément écrit, pour lever le voile sur des musiques habituellement occultées au grand public. De la part de Guillaume Belhomme, nous sommes confiant sur le sujet. Et en effet, il profite de sa liberté d'anthologiste pour évoquer des artistes qui sont rares dans les médias: par exemple, il ne consacre pas de pages à Keith Jarrett au profit de quatre au saxophoniste allemand Peter Brötzmann. C’est un point important qui donne son principal intérêt à ce livre.

Vous l'avez compris, faire un tour d'horizon, en quatre pages, au sujet de Ken Vandermark ou Thelonious Monk est un défi de taille. Comment s'y prend Belhomme? Pour chaque artiste évoqué, e point de départ est une petite biographie de l'artiste de jazz qui tient en une trentaine de lignes. Présenter en si peu de lignes et avec justesse des musiciens de jazz, dont la plupart ont beaucoup enregistré avec une carrière musicale longue et étendue, est une tâche difficile. S'il y parvient correctement vec Monk, l'auteur bâcle le travail pour Ornette Coleman. D'ailleurs, ces courtes biographies sont moins journalistiques qu’impressionnistes, ornées de quelques jugements de valeur, on regrette leur manque de précision historique. Ce défaut se propage dans les recensions des albums, pour certains parus il y des décennies, où l’auteur omet parfois de préciser l’époque de parution et de parler du contexte dans laquelle l’œuvre s’insère. Or, une recension en dix lignes se doit d'être percutante et évocatrice si elle veut donner un avis au lecteur. Ce n'est pas mission impossible puisque Jean-Louis Ginibre y parvenait avec talent dans Jazz Hot et guidait le lecteur avec acuité par les mots. Ce n'est pas vraiment le cas avec les quelques lignes écrites par Guillaume Belhomme. Par exemple, les dix lignes de « Painted Lady » d'Abbey Lincoln paraphrasent le livret en indiquant les musiciens qui y jouent et citent trois titres qui y sont interprétés sans que cela n’ait de valeur ajoutée. On y apprend que la chanteuse y est « régénérée ». De quoi? On ne sait pas. L'indulgence est de rigueur, donc, à la lecture de ce livre. Dans d'autres cas, le traitement accordé à la chronique posent encore problème: des formules à l’emporte-pièce, des paraphrases du livret, des imprécisions, des hors-sujets, des propos abscons, des exercices de style avec phrase à rallonge ne permettent pas clairement de savoir si l’auteur s’est enthousiasmé ou pas à l’écoute de la musique.

Plus ennuyeux encore, l’auteur occulte complètement des aspects importants de l’œuvre des artistes. Au chapitre «David Murray », l’auteur évoque plus sa période musicale Free Jazz, en omettant les incontournables « Deep River » et « Children » ou ces nombreux cds en hommage au jazz américain, que ses périodes africaine et caraibéenne qui occupent une large place, près de 20 ans, dans la carrière du saxophoniste. Il en résulte que l'image rendue de Murray est inexacte. Concernant David S. Ware, il est dit que le saxophoniste a côtoyé, sous entendant qu'il aurait joué avec eux, des musiciens comme Peter Brötzmann et David Murray. Il s'avère, dans ce cas précis, que Ware n'a jamais vraiment joué avec ces deux musciens, mis à part en jam probablement. Le principe d'anthologie n'autorise pas les imprécisions et les assertions non vérifiées.

En revanche, des grands noms historiques du jazz sont mieux décrits et mis en valeur comme Art Tatum ou Lionel Hampton.

C'est en cela que «  Giant Steps, jazz en 100 figures » revêt une certaine toxicité à sa lecture. Si le novice s'en empare croyant y trouver le guide nécessaire à sa culture jazz, l'amateur le referme aussitôt.


 

Jérôme Gransac

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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 07:25

Jean-marie Villemot, Yannis Perrin

Ed. les beaux Jours, 191p. 

7,90 euros



Le jazz à la sauvette. En 300 questions totalement aléatoires comme ça pour rire, pour voir si  finalement vous vous y connaissez vraiment, hein ! Genre petit livre à laisser traîner aux cabinets pour se challenger soi même avec ses questions à deux balles et ses réponses à deux balles cinquante.

22 thèmes inégaux : les racines / blues/la famille bop /free jazz / la côte ouest / duos,trios, quartet et plus encore/ vents et cordes / claviers/  fûts / chanteuses / chanteurs / surnoms et sobriquets /  standards éternels / un air de bossa / des sons venus d’ailleurs / la touche française / le jazz , la télévision et les ondes / le jazz et le cinéma / le jazz et la scène / bêtes de scène / abréviations / un êu de technique/ petits pièges / anecdotes et petites phrases / grands d’aujourd’hui.

Les érudits piègeront les petites erreurs glissées dans les réponses, les autres s’amuseront avec Jean-Marie Villemot (que les amateurs de la série Rivages Noirs connaissent pouur ses polars et ses enquêtes d’Abel Brigand, prêtre détective) et avec Yannis Perrin animateur du blog de kazz Akcentuate the positive.

 

Comme on dit : pour apprendre en s’amusant …..

Nb :

Moi y en a une que j’adore :

En montant sur scène avant le concert pour faire la balance du son, le pianiste aveugle George Shearing constate à l’oreille, que quelqu’un est déjà au piano. Il s’agit de Thélonious Monk en train de répéter. Que dit Shearing ? *

A « Je ne savais pas que Satan jouait du piano. »

B « Je reviendrai quand l’accordeur aura terminé »

C « Je me sens débutant »



* reponse b
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27 septembre 2009 7 27 /09 /septembre /2009 23:57

Ed. Le mot et le reste

208 p, 23 euros.

 

 

« Kind of Blue »… On pourrait croire que tout a été dit sur le chef-d’œuvre de Miles Davis, qui demeure toujours considéré, soixante ans après sa création, comme LE disque de jazz incontournable. Et pourtant, hormis quelques on-dits et rumeurs plus ou moins invérifiables, que savait-on vraiment sur ces légendaires séances du printemps 1959 ? Finalement pas grand-chose. C’est là qu’intervient le livre d’Ashley Kahn qui, publié dès 2001, trouve enfin sa traduction française grâce aux éditions Le mot et le reste.

Fort d’un travail de recherche approfondi reposant sur des sources de première main souvent inédites (notamment l’intégralité des bandes master), cet ouvrage vous dira tout, tout, tout ce que vous avez toujours voulu savoir cet album culte. On y trouve une foule de détails et d’anecdotes qui n’intéresseront guère que les jazzomaniaques que nous sommes (Vous le saviez vous, que Cannonball Adderley mettait du substitut de sucre dans son café ?), mais aussi beaucoup d’informations vraiment essentielles. Ainsi, on apprendra que contrairement à une légende tenace, aucun des morceaux n’a vraiment été enregistré en une seule prise. Après une sympathique préface de Jimmy Cobb (le seul survivant parmi les musiciens), Ashley Kahn adopte un plan chronologique simple et efficace. Les bons connaisseurs de la biographie de Miles pourront sauter sans trop de dommage les deux premiers chapitres retraçant la carrière du trompettiste à partir de 1949, pour se jeter à corps perdu dans le récit détaillé des séances du 2 mars et du 22 avril 1959. L’ordre d’enregistrement des morceaux (Freddy Freeloader en premier, Blue In Green pour finir), les différentes prises, les rapports entre les musiciens (mais pourquoi diable Wynton Kelly ne joue-t-il que sur un titre ?), mais aussi les événements ayant marqué les six semaines séparant les deux dates, rien n’est omis. L’auteur n’élude pas non plus l’épineuse question de la paternité des compositions, en faisant la part entre les apports de Bill Evans et de Miles (sans oublier Gil Evans, qui a peut-être écrit le prélude de So What). La dernière partie du livre explore le destin de l’album (avec des passages très intéressants sur les techniques de marketing en œuvre dans l’industrie du disque des années 50), et surtout sa postérité. Ashley Kahn y donne la parole à nombre de musiciens prestigieux (Herbie Hancock, Gary Burton, Brad Mehldau…) et défend avec brio une série de thèses plutôt iconoclastes. On retiendra notamment que : 1. « Kind of Blue n’a déclenché aucune révolution musicale » dans le jazz ; et 2. que le funk endiablé de James Brown découle tout droit de cet album pourtant si serein et contemplatif. Bref, un livre enrichissant à tout point de vue.

Pascal Rozat

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27 septembre 2009 7 27 /09 /septembre /2009 07:34

Edition Parenthèse, coll. Eupalinos

256p , 11,40 euros

 

C’est en 1997 que l’ouvrage de Christian Béthune consacré à Sidney Bechet a été publié la première fois et sa réédition aujourd’hui est une véritable aubaine pour tous ceux qui ne parvenaient plus à se le procurer.

Fort belle et indispensable synthèse biographique en effet, de la vie du maître du soprano depuis sa naissance dans la Cité du Croissant en 1897 (du moins le croit-on) jusqu’à ses dernières heures en France en 1959. En 160 pages à peine Christian Béthune nous livre, avec une grande lucidité et sans lecture agiographique aucunes toutes les clefs pour découvrir son œuvre. Un condensé aussi efficace qu’un chorus de Bechet.

Pas de vrai scoop. Ce que nous savions déjà sur le côté sombre, peu sympathique et plutôt coléreux de Bechet n’en est que renforcé. Bechet n’était pas un musicien à l’aise dans le rôle du soliste solitaire comme cela se pratique dans le jazz dit moderne. Il souffrait peu de partager la vedette. Avec Bechet, toujours soucieux de tirer la couverture à lui, les rencontres ne se fon jamais, en témoigne malgré plusieurs essais, les rencontre peu concluantes avec Louis Armstrong (p. ex).

Pourtant, privilégiant un jeu inséré dans un ensemble plus large (ce que Béthune nomme  l’Hétérophonie), Bechet, qu’il joue avec les Feetfwarmers dans les années 30/40, avec les Noble Sissle’s Swingsters ou encore plus tard avec les Lorientais, s’impose toujours comme le maître absolu du contre-chant au milieu d’autres solistes. Bechet qui témoigna toute sa vie d’une ardeur à jouer et d’une vigueur exceptionnelle (à peine deux mois après une ablation quasi totale de l’estomac, Bechet entre en studio sans faiblir un seul instant), impose toujours l’extraordinaire puissance de son jeu à la manière d’un leader des fanfares comme l’analyse fort justement Béthune. Et puis il y a Le « Son » Bechet jamais égalé avec ce vibrato qui agacera certain mais qui témoigne toujours chez Bechet d’une maîtrise époustouflante ( écouter Dear Old southland, un pur chef d’oeuvre).

Et si l’on a reproché à Bechet d’avoir reproduit un peu toujours le mêmes enregistrements  (Vogue ayant multiplié les sessions plus ou moins bonnes), et même si l’on a pu lui reprocher aussi le succès commercial de sa Petite Fleur ou des Oignons ( 1.350.000 disques distribués par Vogue !), on ne doit pas oublier ce que lui doit le jazz moderne. Un morceau comme Shag enregistré le 15 septembre 1932 est un modèle du genre qui ne cessera d’inspirer des générations de musiciens obsédés par la question de l’émancipation du cadre. Ce n’est pas un hasard si un saxophoniste comme Roland Kirk ne cessait de rendre hommage à Bechet (on aurait bien aimé d’ailleurs que Béthune n’mete pas les influences de Bechet sur certains saxophonistes de la dimension de Coltrane par exemple)

Remarquablement documenté, sans jamais donner dans l’érudition absconse, l’ouvrage de Christian Béthune donne aussi de très bonnes références bibliographiques ainsi qu’une remarquable discographie classée par titres de morceaux.

Un ouvrage-référence que, pour notre part nous conseillons de lire en écoutant le beau coffret paru chez Fremeaux «  Sidney Bechet , The quintessence, New-York-Glovesville-Chicago 1932/1943 »

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14 septembre 2009 1 14 /09 /septembre /2009 08:22

Pierre Hild

Editions de l’Attente  CollectionSPOOM

39p ; 5€

 Petite poésie autour de la vie de Moondog, ce compositeur américain né  Louis Thomas Hardin, génie du contrepoint du XXème siècle, égérie de la beat génération. Zappa fit son maître de ce compositeur génial, personnage fantasque qui puisait dans un syncrétisme hallucinant entre Pallestrina, le jazz et la musique des tribus indiennes d’Amérique. Steve Reich l’adulait.

Ce petit livre d’à peine une 30aine de page est une petite respiration entre les grandes étapes chronologiques de la vie de Moondog. Un peu comme un rappel furtif à nous souvenir de ce musicien d’un autre monde. Une parenthèse qui commence aux Etats-Unis en 1916 et s’achève du côté de Francfort en 1999 là où Moondog acheva sa vie dans un dénuement voulu. Un exil.

Pierre Hild divague, laisse s’échapper quelques repères biographiques, et nous invite à nous plonger dans la découverte de cet absolu génie méconnu.

 

 

Ceux qui voudraient en savoir plus pourront se plonger dans quelques-unes de ses oeuvres majeures au titre desquelles

More Moondog ( 1956 – Prestige)


Sax Pax for a Sax ( d’où est tiré le fameux Bird’s lament) ( 1997 – Atlantic)

Ou encore




The German Years (1997-1999 Roof Music)

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6 août 2009 4 06 /08 /août /2009 21:53

 

Editions CHRISTIAN  BOURGEOIS

304p, 24 euros

 

 On pourrait facilement se laisser abuser par un titre, par une image, par une première impression placée sous les auspices d’un astucieux marketing si l’on y prenait pas garde. Tenez, moi par exemple. Z’imaginez bien qu’en entrant dans ma librairie favorite, en voyant le titre «  l’église de John Coltrane », en voyant mon « Dieu » en prem de couv’, eh ben forcément j’ai pas pu résister. Couru l’acheter illico ! Parce que dans ma petite tête, Coltrane en couverture c’est forcément que ça jazz un chouia… Et puis j’avais en tête les autres fêlés, les créateurs de « l’ Eglise Africaine Orthodoxe Saint John Coltrane » à San Francisco ( non, non c’est pas une blague, elle existe et a même un sacré bon orchestre) et je me suis dit qu’il y avait peut être un rapport.

Que  nenni! Car  si le jeune romancier Néo Zélandais Chad Taylor s’intéresse un peu au jazz (en général) et encore moins à Coltrane (en particulier) c’est juste par incidence, par distraction pourrait-on dire. Dans son 7ème et dernier roman paru chez Christian Bourgeois il y est en effet vaguement question d’un fils partant à la recherche des souvenirs de son défunt père, journaliste de jazz, collectionneur invétéré de Vinyles et découvreur d’une obscure chanteuse chinoise. Dans  son errance de vieux loup solitaire ( bonjour les clichés !), notre homme, Robert Marling, « architecte désabusé » (et encore un !), semble déambuler sans que l’on sache vraiment vers quoi, rencontre des personnages auxquels on ne prête ni  attention ni intérêt, raconte son moment de vie sans que cela ne nous atteigne un seul instant. Car ce roman qui manque pour le moins d’une certaine profondeur et surtout d’une réelle trame ne va réellement nulle part, effleure tous ses sujets, n’accroche jamais l’attention. L’ensemble est écrit (ou traduit) sans style. Inodore, incolore et sans saveur, sa lecture , pour celui qui comme moi recherchait Coltrane désespérément, tourne malheureusement bien vite au pensum. Jean-Marc Gelin

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