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26 janvier 2011 3 26 /01 /janvier /2011 07:37

A BIOGRAPHICAL GUIDE TO THE GREAT JAZZ AND POP SINGERS

by Will Friedwald

Ed. Pantheon 2010

 

will-friedwald.jpg  Ramenés dans la besace de mon dernier voyage à New York, deux ou trois tonnes de disques et de livres introuvables en France. Et notamment ce gros pavé de notes biographiques de plus de 800 pages consacré essentiellement aux chanteurs de jazz. Plus que des notes d'ailleurs, plutôt des mini études de plus de 300 chanteurs et chanteuses où l'on retrouvera aussi bien Bessie Smith ou Ethel Waters que Michael Bublé ou encore Jamie Cullum.

À la différence de tous ces ouvrages qui font flores et qui se contentent de brèves fiches faites à la va-vite, il s'agit ici du fruit de 10 ans de travail du journaliste New-Yorkais. 6 pages pour Cassandra Wilson, 7 pour Dinah Washington etc.... Plus que de simples notes biographiques, Will Friedwald, on l'a dit, se livre à des vraies études musicales sur son sujet dans une approche véritablement analytique et chronologique de leur oeuvre. Will Friedwald n'est assurément pas du genre à recopier des infos sur Wikipedia. Il s'est visiblement donné le temps d'étudier, d'écouter surtout et fait montre d'une réelle grande culture jazzistique sur laquelle il s'appuie pour prendre des positions engagées. On pourra certes lui reprocher une piètre lisibilité puisque les indications discographiques ne sont pas synthétisées mais se retrouvent dans le corps du texte. On appréciera cependant le temps qu'il se donne à l'étude.

Forcément dans ce genre d'exercice, choisir ,c'est fatalement renoncer et l'on pourra regretter que tel ou tel artiste n'y figure pas. Choix cornélien pour le coup.

Ouvrage absolument remarquable et décalé. Monumental

Will Firedwald n'est pas un inconnu dans l'édition jazzistique. Critique au Wall Street Journal puis au New York Sun, il a écrit plus de 500 liner notes et reçu 8 nominations au Grammy's. Il collabore aussi occasionnellement à Vanity Fair, Entertainment Weekly ou encore the New York

 

 

THE NEW FACE OF JAZZ

new-faces.jpgAn intimate look at today's living legends

Cicily Janus

Billboard Books 2010

 

Bien plus dispensable en revanche est l'ouvrage de Cicily Janus consacré aux nouvelles personnalités du jazz. Deux bons motifs pourtant pour se procurer l'ouvrage. D'abord une préface de Marcus Miller et une postface de Sonny Rollins qui, en soit sont pourtant de sérieux arguments de lecture. Autre raison pour le coup essentielle : l'espace consacré à la présentation des musiciens de la scène actuelle, éternels oubliées des dictionnaires et autres encyclopédies du jazz. De manière très aléatoire l'auteur propose un choix très subjectif et limité où l'on retrouve cependant des musiciens souvent oublié comme Jaleel Shaw ( le sax du Mingus Big band entre autre), Luis Perdomo  ( camarade de jeu de Miguel Zenon), Franck Carlberg, Chris Cheek, Jeremy Pelt etc..... Mais aussi des figures que l'auteur qualifie de légende vivante comme Joe Lovano, Dave Liebman, Toshiko Akyiyoshi.

Cependant, rien de biographique pour autant. Car les Etats-unis ont (eux aussi) ce genre d'écrivain qui réussissent la prouesse de n'écrire aucune ligne. C'est donc les musiciens eux-mêmes qui se racontent et expliquent leur trajectoire en musique et leur approche personnelle de leur art.

Pas inintéressant au demeurant mais bien éloigné de ce que l'on en attendait.

 

 

Jean-Marc Gelin

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20 novembre 2010 6 20 /11 /novembre /2010 21:52


bd - bye bye blackbirdBande dessinée + 2CD
Bande originale collection de BD MUSIC
www.bdmusic.fr
octobre 2010
Sortie 22 octobre 2010

Une nouvelle graphique sur une bande originale très jazz

Il y a toujours du neuf dans le noir. Témoin la dernière livraison de l’impeccable collection de Bruno Théol chez Bd music qui une fois encore, selon l’approche choisie opère une sélection parfaite.
Dès l’ouverture de ce nouveau numéro de la collection Bande Originale  (BD Fiction) qui en est à son quatrième opus, ce « Bye Bye Blackbird »  éveille bien des souvenirs :  on est absolument soufflé par la présence de ce « Buhaina Chant »  du 7 mars 1957 où officient quelques uns des meilleurs batteurs et percussionnistes de l’époque dans cet Art Blakey / Orgy in Rhythm  Art Blakey, Jo Jones, « Specs » Wright, Sabu, Potato Valdez, Jose Valiente  Ubaldo Nieto…On rêverait de réunir aujourd’hui pareil « all star » de batteurs percussionnistes !  
C’est Marc Villard l’auteur de romans noirs, de policiers troublants que les lecteurs de Jazzman connaissent bien (Nouvelles noires)  qui illustre ce numéro avec un petit poème en prose sur New York, la ville tentatrice et inspiratrice des  musiciens de jazz. Ce texte fort  ne pouvait s’écrire ailleurs qu’en cette ville, dépeinte avec plus de détails, de perspicacité, de sensibilité qu’un simple décor.  Un New York où les paysages sont comme des artifices montrant une certaine déréliction - la mort qui plane autour de toutes les choses humaines.   
La fascination qu’il éprouve pour cette ville d’acier et de verre se nourrit aussi de mystère. On comprend que le jazz ne peut vivre et se développer que dans cette jungle urbaine, dans cette obscurité troublante et  cette poésie qui ne se réfère qu’à elle même. Un monde où même l’air que l’on respire est à nul autre comparable, épais et poisseux comme les traits des portraits de Joe.G Pinelli qui a concentré la force expressive  dans un graphisme gras et cerné, rehaussé de noirs bitumeux. On pense à Rouault  sans le mysticisme du peintre ou pour certains nus charbonneux à Auguste Chabaud.
 Billie Holiday évidemment, figure en couverture, coiffée de son gardenia,  emblématique de ce blues tragique comme dans « Gloomy Sunday », ou « Strange fruit ».
Cette histoire dans laquelle se retrouvent des figures de légende et d’autres du quotidien, se lit, s’éprouve, se traverse comme au volant d’un « yellow cab » qui sillonne les avenues tirées au cordeau. Le rythme est nerveux, haletant, assorti à la violence sèche et à la « photo » somptueuse de ce décor cinématographique. On est plus proche de  Taxi driver dont la musique est de Bernard Herrmann que du Manhattan de rêve, en noir et blanc de Woody Allen, tourné en 79 avec en arrière fond,  cette musique « rétro » de l’ère du swing et des big bands.
On pense aussi à Kerouac et à son approche allumée, instinctive. La vie glisse dans le glauque et chaque matin est comme un coup de matraque : plongé dans un profond chaos émotionnel, s’abandonnant à l’appel de l’ombre et des puissances de l’irrationnel.
Pour la bande son, il ne s’agit pas précisément d’une énième compilation mais d’un album thématique qui choisit ce tournant extraordinaire du jazz, à l’orée des années soixante : Charles Mingus, Art Blakey, Art Pepper, Gerry Mulligan, Horace Silver, Miles Davis, Yuseef Lateef côtoient encore Coleman Hawkins ou Armstrong et sans renier leurs pères impriment une autre impulsion à cette musique.   Si on suit avec intérêt et même passion l’évolution de cette musique aimée, reconnaissons que cette période qui anticipait le free jazz et ce bouleversement absolu des règles et de l’écoute est formidable. Elle nous semble étonnamment moderne, c’est à dire intemporelle.

Sur deux Cds, 29 titres du « Black and Blue » d’Armstrong en 1929 au « Jazz Heat, Bongo Beat » de Buddy Colette, en 1959.
C’est une alchimie particulière que de constituer un montage sonore qui fait découvrir le son du jazz , sa quintessence : de l’émouvant « Lonely Woman » d’ Ornette Coleman (The shape of jazz to come), à l’impeccable « Jordu » enlevé par Clifford Brown et Max Roach.
Coltrane est dans la liste sur le « So what » de Kind of Blue du quintet de Miles en mars 1959, et sur « Blue Train » mais, entre 1956 et 1959, il cherchait et se préparait à  la dernière décennie qui allait le faire entrer dans la légende.

Si vous vouliez faire connaître le jazz de façon assez précise, sans viser l’exhaustivité, c’est tout de même la quintessence qui figure sur ces deux albums. Avec  maîtrise et virtuosité- l’un des éléments clés pour comprendre le jazz et son développement- on s’abandonne à la fascination envers ces légendes du jazz, dans un tour de la question des générations et des styles d’une période particulièrement faste.
A découvrir rapidement !

Sophie Chambon

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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 23:36

Jean-Pierre LELOIR : «  Portraits Jazz »

Textes de Stéphane Koechlin

Edition Fetjaine

La Martinière ( www.lamartinieregroupe.com)

leloir.jpeg Je me souviens de ce concert cet été aux Arènes de Montmartre. À côté de moi un photographe assistant au concert de Norma Winstone absolument incapable de comprendre la musique et usant bruyamment de son déclencheur dans les moments de silence et de suspension de la chanteuse. J’enrageais sur ma chaise et me disais que ce photographe-là, si visible, si prévisible aurait peu de chance de faire jamais de très bonnes photos.

Car l'art de la photographie est en effet souvent proche de celui de la dissimulation. C'est souvent celui qui consiste à se faire oublier pour capter l'instant rare et précieux que justement seuls certains photographes parviennent à immortaliser.

Les clichés de Jean-Pierre Leloir, bien connus et vus souvent, témoignent assurément de cet art. Sauf que chez lui, la dissimulation ne relève pas du vol de l’instant précieux mais d’une appropriation de l'instant de grâce en toute intimité avec l'artiste. Témoignage d’une très grande proximité aussi.

Sinon quoi ? Comment serait-il parvenu à saisir le grand Louis affalé sur sa chaise, le pantalon relevé dans un pur moment d’abandon ? Sinon comment parvenir à capter John Coltrane jouant seul devant sa glace devant la photo de son ami Eric Dolphy, avant d'entrer sur la scène d'Antibes pour ce fameux concert de 1965. Comment ne pas être troublé et ému par cet instant ? Et s'il n'y avait pas cette proximité intime, comment serait-il parvenu à saisir ainsi le doute chez Bill Evans, qu'aucun photographe n'avait approché de si près. Ou encore le sourire, si rare de Miles Davis.

Jean-Pierre Leloir est à lui seul une page entière de l’histoire de la photographie de jazz . Leloir a traversé depuis les années 50 tous les festivals de jazz de l’hexagone depuis qu’un GI à la libération lui tend un appareil de photo. Image déjà sublimée d’un décor de cinéma.

Le Loir va alors traverser les moments du jazz en apportant le témoignage d’une certaine approche esthétique ancrée dans son époque. Au plein cœur de la Nouvelle vague, Jean-Pierre Leloir baladait son regard dans les années 50 avec une sorte de vision en technicolor, si cinématographique qu’il n’en oubliait jamais la mise en scène spontanée où le décor et le détail sont presque aussi importants que le sujet lui-même. Le manteau de Bill Evans comme une œuvre de peintre hollandais.  Le chapeau de paille posé sur les genoux d’un Dexter Gordon altier. Le public en profondeur de champ derrière Ornette Coleman au Jazzland en 1965. La masse orchestrale qui se dégage visuellement de l’orchestre de Count Basie. Le rouge vif de la mallette de Dizzy Gillespie jouant en maillot de bain lors de l’enregistrement de French Riviera en 1962 et le jaune du décor derrière Bud Powell devant ce piano monumental. Chez Leloir le tout et l’unique se confondent dans un art de la lumière et du champ visuel. Il y a chez lui une approche de grand mâitre de la peinture classique.

 

Alors que la photo de jazz a longtemps été figée dans une posture en noir et blanc comme canon esthétique incontournable et à l'aune de laquelle Herman Leonard fut intronisé comme champion dans sa catégorie, les clichés de Jean-Pierre Leloir avait cette audace de la couleur et de la lumière.

 

Si les textes qui les accompagnent sont parfois un peu candides (voire légers) lorsqu’ils se veulent biographiques, les anecdotes de Jean-Pierre Leloir sont en revanche souvent savoureuses.

 

Les premières photos de Leloir n’existent pas. Elles furent prises avec un appareil non chargé un soir de concert de Duke Ellington devant le Palais de Chaillot. Et c’est donc un peu sur un malentendu que toute cette histoire a commencé. Le reste est ensuite un festival à lui tout seul. Une vision éclatante de ce jazz revigoré si tant est qu’il dût l’être. Son oeil captait la résurgence des sourires et des regards d’où émerge un peu l’âme des musiciens et peut être le mystère de leurs plus beaux chorus.

Jean-Marc Gelin

 

Pour être un peu chipoteurs , on notera une visible erreur de pagination qui vient placer, dans la « chronologie », Art Blakey et Kenny Clarke entre John Mc Laughin et Sun Ra ( !!).

 

 

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16 octobre 2010 6 16 /10 /octobre /2010 10:05

Paolo Parisi

Editions Sarbacane

125pages, 17,50 euros

coltranecouv-copie-1.jpg Paolo Parisi est un dessinateur italien amoureux de musique et de jazz en particulier. La lecture de l‘ouvrage de Lewis Porter, ouvrage de référence s’il en est, consacré à la vie et à l’œuvre de John Coltrane fut, selon ses propres notes de fin d’album, une révélation. Choc au point de vouloir l’exprimer comme il sait le faire, en BD.

125 pages qui retracent donc la vie du saxophoniste, 125 pages découpées en 4 chapitres dont les titres sont tirés de « A love Supreme » : part 1 Ackowledgement / part 2 Resolution / part 3 Pursuance / part 4 Psalm.

Très fidèle à la biographie de Porter, Paolo Parisi parvient avec candeur et parfois avec une réelle émotion à éviter toute lourdeur, à esquisser les grands traits de l’œuvre et de la vie du musicien, en restant au plus près d’une atmosphère qui respire la musique. Tout en gardant une trame chronologique, tout en respectant les dialogues et réflexions tirées fidèlement  du livre de Porter, le dessinateur italien parvient en quelques dessins à saisir l’essence du mythe Coltranien et reste au plus près de la musique qui exhale de chaque planche.

On n’évitera pas, bien sûr , quelques poncifs sur la mystique Coltranienne et quelques réflexions philosophico-musicales ( «  Au début était le son…. »).

coltraneimage2.jpg

Mais avec une certaine forme d’élégance, Paolo Parisi, visiblement lui-même très attaché à son sujet, transmet là son amour du saxophoniste et offre aux néophytes une première approche intéressante.

Seul regret : dans une approche didactique, cet album aurait tout aussi bien pu s’accompagner d’une sélection discographique. Reste au lecteur à agrémenter sa lecture d’une discographie qu’il se constituera finalement lui-même.

Jean-Marc Gelin

parisi-1.jpg

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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 23:59


RAY CHARLES
BD Blues
(2Cd + 1 bande dessinée)
jazz ray jpegBDBlues est une collection  des Editions BDMusic

Sortie le 23 septembre 2010

« Quand j’étais gosse, il y a trois choses que je n’ai jamais voulu avoir : un chien, une canne et une guitare.» (Le blues dans la peau)
Ray Charles ? Aussi connu sous le nom de  THE Genius….
Une volonté  farouche de s’en sortir en dépit de tous les obstacles, un talent incroyable, voilà les traits marquants de la personnalité de Ray Charles Robinson, qui abrégea son nom pour ne pas laisser s’installer de confusion  avec le grand boxeur Ray «Sugar» Robinson.
Des années cinquante jusqu’à sa disparition en juin 2004, Ray Charles aura été le plus grand chanteur noir, le plus populaire aussi, au répertoire alliant blues, R&B, gospel, soul, mais aussi country, pop, et traditionnel (« My Bonnie » ou « Swanee river »). On peut tout aimer de Ray Charles mais c’est souvent dans le blues « poisseux» qu’il est irrésistible comme dans cet émouvant «A fool for you ».
A ses débuts, Ray Charles est totalement sous influence, captivé par le charme du chanteur Charles Brown, de Louis Jordan et fou de son idole le pianiste-chanteur Nat King Cole. Il connaît ses premiers succès dès 1954 avec le terrible « I got a woman » et un an plus tard, avec « Hallelujah, I love her so », c’est le public blanc qui l’adopte à jamais.
Surfant sur la vague du rock & roll naissant, il eut la grande intuition de mêler blues et gospel, en remplaçant les discours enflammés des «preachers» dont il conservait le ton, par des paroles profanes, très orientées sexuellement, qui pouvaient entraîner l’hystérie et la transe…d’un public tout acquis.
L’étendue exceptionnelle de ses  possibilités vocales lui permettait de passer d’un style à l’autre sans hiatus, de chanter le blues comme Billie (en moins tragique cependant, comme dans l’arrangement sweet de « Am I blue ? » de Ralph Burns en 1959, avec Bob Brookmeyer et un tapis de cordes), ou de « crooner » à la Frankie Sinatra dans « When your lover has gone ». Il alterne voix douce et sensuelle « Dont’ let the sun catch your crying » ou rauque, sachant tenir son public en haleine, retenant le tempo en un suspense quasi orgasmique… « The right time »
Il fut un musicien et un showman incomparables avec un grand orchestre qui assurait magnifiquement derrière lui, au piano : Marcus Belgrave, Joe Hunt, Phil Guilbeau (tp), David Newman, Hank Crawford, Don Wilkerson, Leroy Cooper (anches) et le chœur féminin des Raelettes ( entre autre Margie Hendrix et Mary Ann Fisher), une invention géniale qui inspira  avec plus ou moins de bonheur, certain chanteur de ce côté de l’Atlantique !

La collection BD music de Bruno Théol, qui embrasse jazz, ciné, chansons et ici le blues, sort un nouveau « long box » des plus réussis dont la sélection reprend judicieusement, non pas les titres internationalement connus, mais des choses plus rares, à découvrir en tous les cas.
Vous ne trouverez donc  pas les immortels “Georgia”, “Hit the road Jack”, ou “I can’t stop loving you”. Mais Christian Bonnet  et Claude Carrière proposent une anthologie des enregistrements studio du chanteur de 1953 à 1959, sans les faces instrumentales, pour le premier Cd. Ce sont les années Atlantic sous la direction éclairée d’Ahmet Ertegun, qui imposa le Rhythm & Blues dès 1953 ; le deuxième Cd consacre des  enregistrements «live» de 1958 à 1961 avec de superbes morceaux instrumentaux incluant Ray Charles à l’alto, en plus du piano et du chant. Pour l’accompagner figurent des pointures, la tromboniste Melba Liston, les batteurs Charli Persip, Mongo Santamaria , le souffleur Frank Wess (fl) et une autre des idoles de Ray Charles, l’inoubliable Paul Gonsalvez, ténor dans l’orchestre de Duke Ellington.

Pour la partie BD, scénario et illustration sont l’œuvre de José Correa qui avait déjà illustré Léo Ferré dans la collection BD Chanson. Ce dessinateur d’origine portugaise, qui aime les aquarelles, a su capter l’univers de Ray Charles : harmonies subtiles de couleurs étendues en  larges aplats, une palette de teintes vives qui se répartissent en joyeux accords complémentaires. Les portraits très vifs, faisceaux de lignes rapides, immédiatement reconnaissables ont souvent un bleu lumineux : les expressions sont très justes captant Ray au piano, large sourire, gorge déployée et totalement renversé, avec ses lunettes noires indissociables de son look si particulier. Les textes toujours pertinents renseignent sur les moments (décisifs) de la carrière du chanteur qui suivent l’histoire de l’émancipation (très progressive) des noirs américains depuis les années soixante.
La vie de Ray Charles est vraiment un roman, elle a  d’ailleurs inspiré le metteur en scène Taylor Hackford, pour son film RAY, sorti peu de temps après la mort du chanteur, dans lequel Jamie Foxx a réussi à se glisser mimétiquement  dans la peau du « genius ».

Sophie Chambon

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4 septembre 2010 6 04 /09 /septembre /2010 22:27

REGIS CANSELIER

Collection Formes

Le MOT et le RESTE/ Harmonia mundi

2010

25 euros.

jimi hendrix

lien

 

Régis Canselier est le spécialiste français de Jimi Hendrix, comme Aymeric Leroy est Monsieur «Rock Progressif».(1) Musicien, improvisateur, administrateur du forum français consacré à Hendrix, Canselier livre, dans ce Jimi Hendrix le rêve inachevé, un travail des plus sérieux sur l’oeuvre enregistrée par le génial gaucher. Difficile de résumer un tel ouvrage, si riche en informations et analyses mais, une fois encore, les éditions marseillaises Le Mot et le Reste s’attachent à rendre visibles, avec une grande générosité, le travail d’amateurs fous, ce que les Anglo-saxons nomment «labour of love», «a work in progress» sisyphien.

Jimi Hendrix est mort, il y a aura quarante ans, le 18 septembre 1970. Pourtant, dès mars 2010, on pouvait acheter un «nouvel» album Valleys of Neptune, comprenant des parties instrumentales du bassiste Noel Redding et du batteur Mitch Mitchell, un scandale et une formidable arnaque, d’autant que le mastering est lourd, le son compressé.

Comment savoir quels sont les albums à se procurer dans cette discographie d’Hendrix chaotique, alignant titres majeurs et autres purement anecdotiques, sans oublier des albums très inégaux sous son nom (évidemment vendeur) où le guitariste n’est que «sideman» ? Son dernier album demeure inachevé, et il reste encore des heures d’enregistrement inédits, exploités par des hommes d’affaires souvent peu scrupuleux. 

 Si Hendrix est au cœur d’enjeux financiers considérables, Régis Canselier tend à rétablir une certaine vérité, à gommer quelque peu le mythe de la rock star, à montrer un musicien autodidacte, à l’imagination époustouflante : «les solos de Hendrix sont souvent complètement imprévisibles, tout en étant parfaitement construits ». Il faisait preuve d’une inventivité rythmique, alliée à une sonorité exceptionnelle. C’était un génial improvisateur même s’il n’était pas un jazzman, encore moins un guitariste de be bop, mais l’aspect révolutionnaire de son jeu de guitare est ici souligné, ce qui ne pouvait qu’intéresser Miles Davis et Gil Evans : leur rencontre programmée l’eût sans doute orienté sur d’autres voies, des plus fécondes.

 

C’est à un véritable travail d’analyse musicologique que se livre l’auteur, décrivant les enregistements majeurs d’Hendrix et les replaçant dans leur contexte : les différents chapitres s’articulent sur la chronologie (3), traitant par exemple des très grands concerts Monterey (1967), Woodstock (1969), Isle of Wight (1970) et Royal Albert Hall (1969). Sans oublier un passionnant «Une vie après la mort (slight return)» qui développe tout le travail entrepris par Alan Douglas (sorte de « mea culpa » après certaines erreurs passées) sur  Jimi Hendrix : Blues, sorti le 26 avril 1994. Cette thématique s’avère passionnante . Elle complète, sur les sept films que Martin Scorsese consacra au blues, celui honorant Hendrix, une sorte de Blues, volume 2 qui peut séduire les amateurs de l’album de 1994, d’autant que les titres sont différents. 

 

A qui s’adresse le livre de Régis Cancelier ? Sûrement pas à ceux qui achètent des compils souvent «dégoûtantes», par effet de mode ou attirés par le  sensationnel (Jimi le guitariste qui jouait avec ses dents, ou la guitare dans le dos, qui incendiait sa guitare un beau jour de 67 à Monterey, pour répondre au défi des Who –le groupe le plus assourdissant de l’époque).  Alors, comblera-t-il  les seuls «spécialistes», les fans absolus ? Oui, mais pas seulement ! Il est écrit pour tous ceux qui aiment et aimèrent Hendrix et ont du mal à faire le tri dans les parutions innombrables et les fonds de tiroirs raclés avec acharnement, depuis la mort du guitariste. D’autant qu’à partir de 1997, le père de Jimi Hendrix et sa fille adoptive Janie reprirent le fonds discographique (héritage des plus lucratifs) sorti sous le nom de Experience Hendrix L.L.C  et sous le label Dagger dès 1998 (souvent des pirates officiels). Si ce livre ne se lit pas tout à fait comme un roman- ce n’est pas une fiction romancée sur un des mythes du rock, l’une des trois figures tragiques de cette période avec Jim Morrisson et Janis Joplin - il se feuillette au gré de l’humeur et des chapitres, comme une passionnante histoire musicale. Sans oublier, en fin de livre, la cerise sur le gâteau, les reproductions en couleur des pochettes psychédéliques des principaux albums vinyls.

Ajoutons enfin tout l’appareil éditorial : une chronologie fine et précise des sessions  (avec seulement des prises officielles), une discographie qui souligne l’ère de deux producteurs incontournables mais souvent discutables, l’ancien manager Michael Jeffery (1971-1973) et Alan Douglas (1974-1995), ancien producteur de jazz dans les années soixante.(2)

Encore plus précieux, les «setlists» des différents concerts reconstituent le concert original sans les coupes sombres et oublis plus ou moins pardonnables, effectués sur les nombreux Cds et DVDs sortis depuis la mort d’Hendrix. La bibliographie, copieuse, inclut aussi des ouvrages et études des plus sérieux (d’universitaires jazzmen comme Laurent Cugny) et enfin l’index des chansons permet, en un temps record, de retrouver dans le livre tout le «matériel» à disposition.

Sophie Chambon

Tous deux sont nés dans les années soixante dix, après la mort d’Hendrix et sont bien trop jeunes pour avoir connu ces musiques qui les passionnent. 

On doit à Douglas les scandaleux Crash Landing et Midnight Lightning , recomposés en studio avec des musiciens professionnels qui n’avaient jamais rencontré Hendrix !

Les trois single londoniens, Are you experienced? , Axis : Bold As Love, Electric Ladyland, Winterland, Royal Albert Hall, la fin de l’Experience, Woodstock, Band of Gypsys,  The Cry of Love Tour,  Isle of Wight          

 

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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 08:30

Gérard Nguyen

Ed.Camion Blanc 551p, 32 euors

atem

 

Durant 4 ans, de 1975 à 1979, une poignée de fondus de rock, totalement amateurs mais tous érudits à leur façon et passionnés à donf’ décidaient de lancer leur propre fanzine ( on disait fanzine à l’époque où les blogs n’existaient pas). Aventure palpitante qui leur permit rapidement de rencontrer les plus grandes stars du moment. Entre analyses critiques et  interviews, ces journalistes en herbe allèrent à la rencontre des voix du rock mais aussi des musiques dites tranverses de la musique contemporaine:  Kevin Ayers, Robert Wyatt, Philipp Glass, Steve Reich, Tom Waits, Brian Eno, Robert Fripp, Henri Crow, Magma, Suicide, Kraftwerk, Tim Buckley, Nick Drake et tant d’autres , passèrent au crible de ces jeunes critiques en herbe.

Sous la houlette de Gerard Nguyen, cette sélection, d’articles parue chez le petit éditeur Camion Blanc permet de retrouver quelques papiers  de cette époque auxquels on pardonnera parfois la naïveté du style, et l’écriture assez pauvre qui a obligé pour cette réédition Nguyen a retravailler légèrement les textes tout en conservant leur fraîcheur d’origine.

Les amateurs de jazz trouveront aussi au travers de ces portraits et analyses, le liens entre le rock et le jazz qui ne cessaient de se tisser durant cette période prolifique comme en témoigne le regard porté par Robert Wyatt sur son travail avec Carla Bley.

Certains seront un peu perdus par les propos un peu hallucinés de Robert Fripp, passionnés par ceux de Robert Wyatt justement ( fausse-vraie interview) ou encore par l’engagement intègre d’un Christian Vander et d’un Klaus Blasquiz . Tous y  retrouveront en tous cas le témoignage de cet âge d’or avec un brin de nostalgie.

Un judicieux travail de compilation.

 

 

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21 août 2010 6 21 /08 /août /2010 18:52

 

Jean Sylvain Cabot et Philippe Robert

Le mot et le reste

2009

 hard-n-heavy.jpg

Hard ou Heavy rock ? Vous donnez votre langue au chat? Il n’y a pas que AC/DC, Metallica, Iron Maiden, Mega Death, Deep Purple, Led Zep, Scorpions…

Vous saurez tout justement sur ce sujet en lisant le livre de deux passionnés, éminents spécialistes

qui rendent intelligible cette musique pleine « de bruit et de fureur » dans le contexte

d’une époque  fantastiquement énergique qui avait une « soif (inextinguible) de décibels ». (1)

La «décade prodigieuse» (1966 à 1978) est l’objet d’étude de ce premier tome, intitulé « Sonic attack». Pendant ces années culte qui précédèrent l’arrivée du Punk, fleurirent d’innombrables groupes de rock qu’on eut vite fait de diviser en des « ramifications tribalo-claniques », une jungle de genres et de sous-genres où l’amateur, même un peu «éclairé», perd son latin. D’autant que les fans et journalistes de la presse spécialisée n’ont pas toujours contribué à défricher ces sentiers touffus et  très fréquentés. Les éclaircissements de la préface (parfaite), comme souvent les introductions des bouquins des éditions LE MOT ET LE RESTE, remettent les idées en place : on découvre avec stupeur que certains de nos groupes chéris font partie du « heavy metal ». A moins que ce ne soit du « hard rock » ?  Comment s’y retrouver ? (1) Car les fondateurs du hard rock ne se résument pas aux seuls Led Zep et Deep Purple que tout un chacun  connaît à présent, avec les (souvent) dérisoires tentatives de reformation récentes –avec ce qu’il reste des musiciens « originaux ». Aujourd’hui les jeunes générations adoptent  un grand ancien en général, pas plus, loin de la relation fusionnelle de l’époque, où chaque groupe restait proche de son public.

Avec une présentation toujours aussi claire, simple et néanmoins précise, les auteurs ont constitué une anthologie en 101 albums de Hard‘N’Heavy music, justifiant leurs choix par leurs commentaires affûtés. En feuilletant cette bible, on  retrouve des noms familiers (tant mieux), des univers inoubliables avec des albums emblématiques comme le « métallique » Jeff Beck Ola-Beck avec la pochette inspirée de Magritte, l’intense live The Who at Leeds, le grand-guignolesque Killer d’Alice Cooper, l’éruptif Disraeli Gears des Cream. Quel régal,on plonge dans un bain nostalgique en lisant

la chronique de chaque album. Mais même si vous avez quelques bases, car vous avez aimé The Who, Cream, Aerosmith, Jeff Beck, Alice Cooper, Lynyrd Skynyrd, Iron Butterfly (le In-a-gadda-da-vida de toute une génération ), Iggy Pop and the Stooges, Johnny Winter, Ten years after, Hot Tuna, Robin Trower (parti du suave Procol Harum), vous n’avez pas toujours idée de la production pharaonique et de l’inventivité débridée de cette décennie.

Si Led Zeppelin est un monument ayant rapidement conquis ses lettres de noblesse, dès le volume II du « brown bomber », en 1969, existaient d’autres formations plus éphémères mais tout aussi excitantes : plus pop, psychédéliques, brassant les influences les plus diverses et des univers allant des « marvels » à la S.F comme  Hawkwind, Pink fairies, Budgies, Thin Lizzy ou Captain Beyond.

 

Le rock a sa place à présent dans le panthéon des musiques reconnues « sérieuses », il s’est institutionnalisé, a gagné en respectabilité sauf pour les extrêmes, considérés avec dédain par les «ayatollahs» encore trop nombreux dans cette musique. Certes, les avant-gardes actuelles  aident à ouvrir des voies, à se frayer un passage sur un chemin pourtant balisé d’ornières : un Mike Patton avec son Mr Bungle, le très recherché John Zorn -il se produit à Marciac, c’estdire- Sonic Youth se revendiquent de cette mouvance ou du moins y vont puiser des sources d’inspiration.. 

 

Voilà le livre qui aidera à se constituer une discothèque idéale quand on est un brin collectionneur et que l’on ne se veut pas sectaire. C’est toujours une mission impossible que de sélectionner des albums: il faut en enlever de sa liste, pécher par omission, ce que l’on finira par vous reprocher forcément. Cet ouvrage est plus que nécessaire pour comprendre autrement  ces mouvements musicaux souvent dédaignés, reconstituer certains liens, faire que les marges rejoignent aussi leur centre.

Ajoutons que la bibliographie est soignée, et que la liste d’addenda à écouter, en plus des albums retenus, mérite d’être examinée. Le MOT ET LE RESTE constitue aujourd’hui une référence des plus sérieuses avec un catalogue passionnant pour amateurs de musiques libres et décomplexées.

 

 

(1 ) Certains font démarrer le hard rock avec Led Zep et le heavy metal avec Black Sabbath , deux courants prallèles nés du blues rock  

(2 ) Les Who se voulaient le groupe le plus assourdissant de l‘époque, rivalisèrent avec Jimi Hendrix et ses murs d’ampli Marshall à Monterey

 

Sophie Chambon

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5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 22:03

  Le langage du blues du jazz et du rap »

Dictionnaire anthologique & encyclopédique

« Des mots pour aimer la musique » annonçait Alain Rey dans la préface d’un précédent ouvrage des éditions Outre Mesure (1). Des mots pour la comprendre également. La musique s’écoute mais pour que nous la percevions mieux, à défaut de la « saisir » un jour dans toute son essence, pour qu’elle parle, il faut en connaître sa langue . Or, la compréhension de langue anglaise, essentielle dans toutes ces musiques (blues, jazz, rap), s’avère souvent délicate, voire impossible, pour tout lecteur-auditeur français. 
Ce Dictionnaire anthologique et encyclopédique est un formidable outil pédagogique qui passionnera les linguistes confirmés, les anglicistes convaincus, car combien de

spécialistes se sont penchés sur l’opulent lexique du blues, du jazz, du rap, du riff au rap? Il est pourtant indispensable de connaître ce copieux vocabulaire de mots et d’expressions anglais que les Noirs se sont appropriés depuis la fin du XIXème siècle, d’autant que leur parole était condamnée à la clandestinité.

Avec son appareil éditorial impeccable (qui manque souvent cruellement à la plupart des publications actuelles sur le jazz ), les Editions Outre mesure ont encore frappé juste et fort. Claude Fabre continue inlassablement à  diffuser une culture, pas vraiment «mainstream», s’entourant d’auteurs érudits,compétents, passionnés et exigeants qui ne laissent rien au hasard. Inutile donc de chercher l’erreur dans le  travail de Jean Pierre Levet, cette nouvelle édition revue, augmentée de Talkin’ that talk.
Voilà une somme de références, à plus forte raison dans le «mundillo» du jazz, un livre qui méritait le prix Charles Delaunay de l’Académie du jazz

lors de sa première édition.

Souvent on ne perçoit dans les textes de chansons que des bribes, des mots justement qui perdent sens et saveur si on ne peut les replacer dans leur contexte historique, linguistique, politique, socio-économique, sans compter les savoureuses allusions, si fréquentes, au sexe. (2) Au fil de l’alphabet, le lecteur se balade dans ces pages, découvrant ainsi des horizons insoupçonnés. Comme dans tout dictionnaire, le lecteur s’amuse à rebondir dans ce labyrinthe de possibles, sans en épuiser jamais tout à fait le (s) sens : c’est un lieu d’ouvertures, de passages, d’euphories, d’admirations où allusions et grilles peuvent enfin être décodées.

Ainsi, toutes les approches sont permises : ce dictionnaire qui n’est ni étymologique, ni argotique, peut se consulter studieusement, ou se lire, page après page, comme une histoire dont on suit avidement l’intrigue. C’est le viatique parfait pour défricher les terres encore insoupçonnées du jazz, du blues et du rap. Absolument nécessaire !

Sophie Chambon

(1) Le Dictionnaire des Mots de la musique, Jacques Siron

(2)  On se plaît d’ailleurs à rêver à de telles études en français sur le vocabulaire argotique,

si imagé et connoté, des chansons de Frank Zappa.

PS : La préface d’Alain GERBER est impeccable. Avec son talent d’analyse, il a su trouver les mots

qui  donnent envie de découvrir cet ouvrage.

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29 juillet 2010 4 29 /07 /juillet /2010 08:29

Frédéric MARTEL

Flammarion, 460p., 22,50euros

 

mainstreamQuel est l’état de la culture et de la diffusion des contenus dans le Monde et quels sont les modèles dominants ?  quel est l’avenir de ces modèles dans un monde global où les flux circulent plus facilement et où internet bouleverse la donne, voilà le constat que Frédéric Martel ambitionne de réaliser au travers de cette magistrale enquête qui a mené le journaliste aux quatre coins du monde à la rencontre de tous les grands décideurs en matière de culture. 30 pays visités et plus de 1200 personnes interviewées dans le monde !

 

A priori, rien de très nouveau dans cette étude. Le constat de départ est sans appel en tout cas dans sa présentation un peu tronquée des chiffres : les Etats-Unis diffusent 50% du contenu culturel dans le monde avec une balance commerciale très largement excédentaire. Rien de très nouveau sous le soleil pourrait-on dire. La Culture mainstream vient de là-bas c’est toujours une évidence incontournable et se diffuse dans le monde entier grâce au savoir faire des américains, à leur puissance financière mais aussi à la maîtrise impressionnante de tous le processus « créatif » qui ne peut se résumer aux seuls blockbusters et autre produits hypermarkétés. Les studios d’Hollywood continuent d’inonder le monde avec des films à la stratégie marketing de supermarché mais les « agences de talent » où se font désormais les contenus de demain ouvrent la voie à des processus créatifs plus audacieux et laissent libre cours à un grand nombre de producteurs et d’artistes indépendants. Tout l’art du savoir faire américain est ainsi de pouvoir rendre à peu près tout mainstream.

 

Mais Frédéric Martel, qui nous avait livré une intéressante étude sur la culture en Amérique («  de la culture en Amérique » - Gallimard, dont « Mainstream » reprend une grande partie de l’analyse),  nous montre surtout un monde culturel bien plus complexe qu’il n’y paraît.


Lire la suite : MAINSTREAM, enquête sur cette culture qui plaît à tout le monde

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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