TRIO M. MICHEL/J.C CHOLET/D. ITHURSARRY
SORTIE DU VINYLE STUDIO KONZERT
NEUKLANG/HARMONIA MUNDI
Concert enregistré aux studios BAUER à Ludwigsburg, en décembre 2019, cette musique en trio venait d’être écrite, répétée, et donc jamais jouée en public. Une première qui faisait entendre les cinq compositions de Jean Christophe Cholet et Didier Ithursarry dans une ambiance particulière. Gageons que le trio a dû apprécier, puisque selon JC Cholet, ils sont toujours sur le fil, en invention permanente! Construire et déconstruire, souffler et apaiser, cette musique se révèle impressionnante à l’écoute, faussement fragile, sans doute surprenante pour les musiciens eux mêmes qui devaient, selon la loi de l’improvisation, faire surgir ce qui advient.
La direction qu’a toujours suivie le pianiste JC Cholet avec ses diverses diverses formations, grand format (Diagonal), divers trios CKP ou Initiative est d’aller selon des voies obliques, à travers les paysages musicaux, du traditionnel au contemporain, puisant dans le répertoire, le patrimoine européen.
Dans la continuité de projets transversaux, après avoir traduit des impressions de voyages en suites, alpestres, slavonnes, le programme commandé par le festival “Glatt und Verkehrt” s’inspire de traditionnels de l’Atlantique, de la Bretagne au pays de Loire.
S’ensuit une succession de climats sereins ou plus nuageux, sans jamais atteindre le plein soleil. L’entente entre le pianiste JC Cholet et le bugliste Matthieu Michel est évidente et cordiale puisqu’ils se connaissent depuis près de 25 ans: si l’on se souvient de leur Whispers (2016), puis Extended Whispers (2018) où ils invitaient déjà l’accordéoniste Didier Ithursarry, il était presque naturel d’essayer la formule du trio avec le basque. Le résultat est formidable, dépeignant la poésie du temps qui passe. Avec un son délicat, un phrasé d’une limpidité saisissante dont on se plaît à suivre les méandres, à la fois sensible et technique, Matthieu Michel enchante .
Cela commence avec un “Bird” qui s’élève avec une certaine intensité, le traditionnel “Aureska” égrène sa mélancolique chanson douce, rêverie souvent caressante, jouant à merveille des timbres du bugle et de l’accordéon, soutenus par un piano intimiste. Avec le formidable titre, si étrange, “Half Moon in a blue sky", on entend que le trio ne manque pas de vigueur quand il le faut. Reconnaissons le rôle décisif de l’accordéoniste, Didier Ithursarry, toujours bondissant, qui a le pouvoir de nous entraîner tous dans une ronde effrénée, follement envoûtante. Quelle frénésie dans ce final! On en redemande...
Sophie Chambon