BENOIT MOREAU TRIO REVE PARTY
Sortie 21 janvier 2022
Inouïe Distribution
Benoît Moreau guitare/compositions Olivier Pinto contrebasse Raphaël Sonntag batterie
Issus du Conservatoire National à Rayonnement Régional Pierre Barbizet de la cité phocéenne, les musiciens du trio du guitariste Benoît Moreau, connus de la scène Marseillaise, sont les acteurs d’un premier album prometteur Rêve Party.
On est vite frappé par l’homogénéité du son, l’équilibre constant des voix, le souci d’un chant mélodieux, dans ce triangle équilatéral parfait (guitare,contrebasse, batterie ) dès le “Stellar” originel qui prend jusqu’au crescendo final. Tout semble couler de source sous les doigts du guitariste qui sait doser les effets de réverb et de saturation, ne jouant jamais d’éclats trop tranchants ni de riffs torturés fréquents avec l’électrique.
Benoît Moreau installe avec cette suite de huit morceaux qui évoluent sans se perdre comme dans cet “Encore” qui débute pop pour virer à un rock plus énergique, ou flottant comme dans la ballade étrange, suspendue “Aurinko”. “Day Fever” est contre toute attente plutôt raisonnable, alors que le titre qui sonne résolument jazz est ce “Blues boppers” dansant de façon plus endiablée.
Si le guitariste est un passionné et virtuose du skate, il semble loin des acrobates-joueurs un peu trop impulsifs. Peut-être compulsif dans l’utilisation de tout un jeu de figures dans l’espace sonore ( l’équivalent des “tricks”du skate), il exploite les silences, occupant l’espace sonore avec des variations subtiles d’intensité.
La musique de ce Rêve Party a un style certain, une qualité introspective traversée d’un souffle original. C'est une épure accrocheuse par la clarté des plans et des traits, les articulations soigneusement amenées, la fluidité et sophistication du phrasé.
Ce disque d’une juste durée, cohérent dans l’enchaînement des titres, creuse une veine souvent instrospective, jamais froide, ni sentimentale, distillant un climat onirique, aux effets souvent hypnotiques. La rythmique n’y est pas étrangère : jamais dans l’énergie brute, elle suit, soutient, relance en parfait accord. La pulse est tenue vigoureusement mais avec finesse tout du long, le tempo se nourrit d’un groove moelleux, délicieusement triste parfois (“5321”), la contrebasse sinue souterrainement sans précipitation avec une intensité palpable, magnétisante.
Doté d’une musicalité certaine jouant de l' alliage heureux des timbres, cette première réalisation est une réussite. L’album se referme avec une douceur et une grâce qui détourne astucieusement le titre “She says I talk too much about my music”.
Sophie Chambon