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24 septembre 2022 6 24 /09 /septembre /2022 08:22

Studio Sextan (Malakoff) février-mars 2022.

Peewee !/Socadisc. Sortie le 30 septembre.

   

    Dans les temps anciens, le solo de batterie divisait les spectateurs des concerts de jazz, les néophytes s’émerveillaient devant la virtuosité et le spectaculaire tandis que les puristes (les plus radicaux) en profitaient (c’était permis) pour sortir « griller une cigarette » ou « s’enfiler un canon ». Une époque (quelque peu révolue) où les solistes prenaient leur temps au risque de « jouer la montre ».


    L’heure étant à la sobriété si ce n’est au minimalisme, cet exercice a quelque peu disparu. Il n’en reste pas moins que le solo de batterie a ses maîtres, ainsi que vient de le rappeler Frank Bergerot dans le cd « Les As de la Batterie Moderne » livré avec le dernier numéro de Jazz Magazine (n°752, septembre 2022). Et quels as ! Kenny Clarke, Max Roach, Philly Joe Jones, Art Blakey, Roy Haynes (seul survivant à ce jour). A cette courte liste, pourrait bien s’ajouter désormais Simon Goubert. L’un des rares batteurs couronnés du Prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz (c’était en 1996) s’est lancé dans un défi à la hauteur de ses talents. Construire une œuvre en s’inspirant d’un univers sonore mis au point par le compositeur Ivan Wyschnegradsky (St Petersbourg 1893- Paris 1979) sur un piano accordé au ¼ de ton. A l’issue d’un concert de ce dernier en 1977, « je m’étais juré d’un jour me rapprocher de cette musique », témoigne-t'il. Il aura donc fallu plus de quatre décennies pour sa concrétisation.

 

   

    En studio, le batteur a monté un dialogue entre deux batteries (une Gretsch, assez classique, et une Repercussion de conception acoustique innovante). Le résultat surprend, séduit, estomaque. Foin de toute virtuosité, place à la musicalité dans « Le Matin des Ombres », suite en trois parties (pièce centrale de l’album complété de compositions courtes et percutantes signées également du jazzman) ... Une expression qui renvoie aussi bien au jazz qu’à la musique contemporaine. Un objet sonore non identifiable qui donne à réfléchir et jamais ne lasse.

 

    Laissons le dernier mot à la vice-présidente de l’association Ivan Wyschnegradsky, Martine Joste : « en mariant ses impros percussives à de brèves séquences extraites d’œuvres de Wyschnegradsky mises en répétition (….) Simon Goubert a superbement réussi cette intégration qui aurait pu paraître improbable ».

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

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