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Eve Risser (composition, piano, piano préparé, voix), Antonin-Tri Hoang (saxophone alto, synthétiseur analogique), Sakina Abdou (saxophone ténor), Grégoire Tirtiaux (saxophone baryton, percussion), Nils Ostendorf (trompette, synthétiseur analogique, Matthias Müller (trombone), Tatiana Paris (guitare électrique, voix), Ophélia Hié (balafon, bara, voix), Mélissa Hié (balafon, djembé, voix), Fanny Lasfargues (basse électro-acoustique), Oumarou Bambara (djembé, bara), Emmanuel Scarpa (batterie, voix), Céline Grangey (prise de son)
Rezé (Loire Atlantique), décembre 2021
Clean Feed Records CF 609 CD / Orkhêstra
Une rencontre. Pas une fusion, plutôt un dialogue, entre un groupe européen et des percussionnistes d’Afrique de l’Ouest. Le choix du titre, Eurythmia, fait référence à une heureuse configuration du rythme, mais aussi à une forme d’harmonie. Quand, dans La République de Platon (livres III & VII) la notion d’εὐρυθμία fait son apparition dans le dialogue entre Socrate et Glaucon, il s’agit des disciplines (danse, gymnastique, musique….) qui pourraient (ou pas) donner accès à la sagesse que recherche la philosophie. On est en plein dans le sujet dans les deux cas : harmonie et dialogue…. Dans la première plage, c’est l’euphonie, monde idéal de l’harmonie consonante. Puis le rythme fait son entrée, entre sonorités des percussions africaines et ingrédients européens, voire technologiques. On est de plain pied dans les univers que la pianiste-compositrice affectionne : musique plurielle, libre, où les accords tendus du piano font écho aux sons issus des instruments à vent ou des sources électroniques, sous l’impulsion des percussions. Une sorte de procession harmonique stimule les solistes, en pleine liberté, un peu comme le faisait Carla Bley quand elle composait pour de grandes formations.
À l’effervescence rythmique des ensembles de percussions fait écho une atmosphère mélancolique suscitée par certains arrangements et quelques solistes. Et le dialogue est éminemment collectif dans cette musique qui s’est élaborée, de l’aveu même de la pianiste-compositrice-cheffe d’orchestre «… à l’oral car tout le monde ne lit pas la musique, et surtout voulant éviter ‘l’efficacité’ de l’écriture, et rentrer dans un processus lent». Il en résulte une incontestable réussite, tant sur le plan du dialogue artistique que sur celui de l’expression individuelle. En grec ancien εὐ (eu) signifie l’adverbe bien, et sert de préfixe à tout ce qui est heureux. D’une certaine manière, ce disque est celui d’une musique heureuse.
Xavier Prévost
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Le Red Desert Orchestra sera en concert le 14 octobre à Rouen (Le 104), le 15 à Perpignan (festival Jazzèbre) et le 20 à Paris au Studio de l’Ermitage