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23 mai 2023 2 23 /05 /mai /2023 15:12

JAZZ SOUS LES POMMIERS (42eme édition)


 

 

Jeudi 18 mai

 

YESSAï KARAPETIAN

Yessaï Karapetian (p), Norayr Gapoyan (duduk), Avag Margaryan (blul), Marc Karapetian (cb), Gauthier Garrigue (dms)

@jmgelin


Comme tous les ans, le festival donnait carte blanche à un artiste pour jouer avec le musicien de ses rêve. Pour le jeune pianiste arménien Yessaï Karapetian et son frère Marc (contrebassiste) il s’agissait de la grande batteuse américaine Terry Line Carrington. Malheureusement, après avoir répété durant une semaine ensemble, Terry ne pouvait finalement pas faire le concert étant rappelée aux US pour des raisons familiales. Du coup c’est notre « immense » Gauthier Garrigue ( batteur d’Henri Texier ou de Flash Pig entre autres) qui prenait la place de la batteuse. Et, le concert ayant été conçu pour laisser beaucoup de place aux solos de batterie, Gauthier Garrigue pouvait revêtir sur la musique de Yessai Karapetian ses habits de lumière avec un incroyable brio. Trouvant là toute la place pour démontrer à quel point la musicalité de ses toms fait de lui l’un des plus grands sur l’instrument en ce moment. La musique du pianiste évoluait alors entre ses propres compositions et des thèmes traditionnels arméniens, avec deux superbes solistes au duduk et à la flûte.

Beau voyage pour un public ravi de se laisser séduire par ce programme qui l’emmenait entre deux mondes.

 

 

ANA CARLA MAZA

Ana Carla Maza (cello, vc), Fidel Fourneyron (tb), Irving Acao (ts), Norman Peplow (p, claviers), Luis Guerra (percus)

@jmgelin


La violoncelliste-chanteuse de Cuba est la véritable diva du moment. Elle nous avouait d’ailleurs en interview qu’elle avait déjà donné plus de 150 concerts aux quatre coins du monde depuis le début de l’année ! JSLP qui l’avait déjà accueillie l’an dernier dans le programme de Fidel Fourneyron, ne pouvait pas passer à côté de cette musicien aussi solaire que charismatique qui venait présenter en avant-première son nouvel album, « Caribe » écrit autour des musiques d’Amérique latine ( Cuba, Brésil, Pérou, Colombie, Argentine etc…). Le moins que l’on puisse dire c’est que la violoncelliste-chanteuse sait y faire pour mettre le public dans sa poche, l’invitant à chanter avec elle sur des gimmicks de salsa ou de rumba. Avec Ana Garla Maza c’est le sourire allié à une énergie débordante de vitalité au service d’une musique qui donne au public sa dose de bonne humeur et de soleil.

Ana Carla Maza utilise son violoncelle à l’archet ou comme contrebasse, chante avec une voix venue des faubourgs de la Havane, rend hommage à ses ancêtres sud-américains et apporte dans ce monde parfois si terne, une bouffée d’air frais. Le public, là encore est aux anges et se levait pour danser et chanter avec Ana Carla Maza, véritable star du moment.

@jmgelin


 

Vendredi 19 mai

 

Girls in Airport

Martin Stender (saxs), Mathias Holm (claviers), Victor Dybbroe (percus), Anders Vestergaard (dms)

Pour le coup il s'agissait d'une totale découverte puisque jamais entendus auparavant. On en avait entendu parler mais c'est tout.

Et franchement, autant vous dire que ce groupe de jeunes musiciens Danois a été pour nous une véritable révélation. Découverte donc de leur musique et de leur vision d'un jazz totalement modernisé basé sur un intrumentarium original. 4 jeunes garçons dans le vent réunissant un batteur, un percussionniste magicien, un sax minimaliste et un clavier ultra créatif. Au début on peut avoir un peu de mal à entrer dans leur climax. Mais très vite s'en suit une sorte de fascination hypnotique. La musique est hyper bien construite et ce quartet nous embarque totalement dans leur trip. Dans une sorte d’onirisme fait de nappes et de tapis sonores sur lesquelles se greffent mille détails électro-acoustiques. Une sorte de jazz psychédélique et planant. Leur prochain album ( « How it is now ») dont ils donnaient un aperçu sortira en août 2023. A découvrir d’urgence.

 

THIERRY MAILLARD, ensemble Caméléon

Thierry Maillard (p), Chris Jennings  (cb), Yoann Schmidt (dms), Maë Defays (vc), Christelle Racquillet (fl), Olga Malechenko (as), Olivia Gay (cello), Virna Nova (g), + le groupe Vagabondes : Zoe Brocard, Sofie garcia, Clémence Marcourant, Gladys Roupsard, Thifaine Zerbib, Louise Challieux (vc)

L’occasion ici de réentendre cet album du pianiste Thierry Maillard, artiste étonnant par la diversité des projets auxquels il s’attaque. Son ensemble « Caméléon », composé uniquement de femmes repose ( à l’exception de la rythmique) sur un répertoire original à la frontière du jazz et du lyrique, dans une veine qui n’est pas sans rappeler celle de Magma. On est frappés par la richesse des compositions au service de chanteuses vestales qui, telles des prêtresses romaines, semblent inviter les oracles et en appeler à des divinités païennes.

Thierry Maillard faisait aussi appel à quelques invitées avec la violoncelliste Olivia Gay, l’incontournable saxophoniste Olga Malechenko ou encore l’incroyable flutiste Christelle Racquillet.

 

FEMI KUTI

@jmgelin



Changement de décor radical à la salle Marcel Helie pour accueillir le descendant de Fela, en l’occurrence son fils, Femi Kuti.

Arrivée sur scène tonitruante du chanteur et multi-instrumentiste accompagné de trois danseuses plantureuses revêtues de leur (mini) tenues de guerrière africaines.

Celui qui perpétue la tradition et poursuit la voix de l’afro-beat faisait résonner tambours et cuivres sur des tempos sur lesquels le public, en partie debout sur le parreterre ne pouvait pas résister. Toujours empreint de cette colère politique et africaine, Femi Kuti transmettait son énergie à la scène et au public avec en ligne de mire, le ballet sensuel et dechorégraphié des trois grâces que l’on avait du mal à quitter des yeux.

Coutances dansait dans les faubourgs de Lagos.

@jmgelin



FLASH PIG

Maxime sanchez (p), Adrien Sanchez (ts), Florent Nisse (cb), Guathier Garrigue (dms)

 

@jmgelin



Notre coup de cœur, ever ! Ce groupe fait définitivement partie de ce qui se produit de mieux dans l’hexagone. Que voulez-vous, ce groupe transpire le jazz ! L’essence même du jazz. Sa quintessence. On a beau les avoir entendus maintes fois, ce groupe nous bluffe par son talent et par la cohésion du quartet. Et, quand 4 musiciens parviennent ensemble à élever leur jeu à un tel niveau, il n’y a plus, pour nous public, qu’à se laisser porter pour atteindre avec eux, les sommets du jazz. Tout en haut des cimes. Toute une histoire du jazz entre leurs mains et dans nos oreilles, en passant par Sonny Rollins ou Ornette Coleman. Avec Flash Pig on a affaire à des passeurs. On pourrait parler des quatres, individuellement et énumérer leurs talents mais une page n’y suffirait pas. Alors on préfère s’attarder sur le collectif. Qu’il nous propose un étonnant morceau qui sera dans leur prochain album où Adrien Sanchez prend des allures lesteriennes, qu’ils nous embarquent dans des morceaux spaciaux où tout est presque murmuré ou bien qu’ils balancent un groove irrésistible, tout y est ! On est dans le jazz. En plein cœur.

 

 

MARCUS MILLER

Marcus Miller (b), Donald Hayes (as), Russell Gunn (tp), Xavier Gordon (p), Anwar Marshall (dms) + Tom Ibarra (g)


 

Et oui, ça le fait toujours avec Marcus Miller ! Grosse machinerie à l’américaine, certes mais avec un savoir-faire qui ne se dément pas. On le sait et l’on sait exactement à quel type de concert s’attendre, mais toujours l’effet whaouh !

Pourtant le concert n’avait pas très bien démarré et sur les 3 ou 4 premiers morceaux on sentait le bassiste un peu en dedans, un peu las. Les solos des uns et des autres alternaient sans que l’on en relève quoique ce soit si ce n’est ceux du jeune guitariste français Tom Ibarra dont Sylvain Luc nous avait parlé et que l’on promet être un futur grand de l’instrument. Et puis, il suffisait que Marcus Miller se dise, c’est bon on va faire décoller ce concert pour qu’il nous livre un solo époustouflant dont il a le secret pour qu’enfin tout à coup tout se réveille.


Bien sûr avec Marcus Miller il y a les incontournables références à Miles en passant par Amandla ( Mr Pastorius) ou, forcément, Tutu qu’il reprend à chaque concert. Et là du coup tout se met en marche et l’on découvre un Russell Gunn bien plus inspiré par son rôle à la Miles Davis.

Quelques rappels alors pour un public debout qui n’avait pas envie de cela s’arrête.

@jmgelin


 

Le même public, bon enfant, gourmant de musique et si attachant de Coutances qui se retrouvait dehors avec l’envie de poursuivre la soirée. Parce que définitivement personne n’avait envie de voir la fête s’arrêter.

Et que, à l’aube venue nous avions déjà une seule envie en tête :  être déjà l’année prochaine.

Jean-marc Gelin

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