Ouvrage de photos de Guy Le QUERREC.
Textes de Jean Rochard et préface de Bernard Perrin.
Les Editions de Juillet. 400 pages. Plus de 300 photos.
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Une épopée musicale d’un demi-siècle, un parcours en zig-zag de Mozart au free jazz. Telle est l’aventure de Michel Portal saisie au plus près par l’objectif (toujours subjectif) de Guy Le Querrec dans un ouvrage monumental qui ravira amateurs de jazz, de photographie et plus largement de culture.
« Le photographe est un funambule sur le fil du hasard qui cherche à attraper des étoiles filantes », aime à dire Guy Le Querrec, une des figures de proue de l’agence Magnum à qui l’on doit notamment « Jazz, de J à ZZ » (Editions Marval. 1996), encyclopédie visuelle de la musique syncopée vivante depuis les années 60.
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C’est à cette époque-là qu’intervient la première rencontre du photographe avec le 1er prix de clarinette du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris en 1959. Ce 13 mars 1964, à la salle Wagram, Michel Portal joue dans le big band de Sonny Grey lors d’un concert de bienfaisance destiné à régler les frais médicaux de Bud Powell, présent dans la salle. Le dernier instantané de son « modèle » signé Guy Le Querrec date de mars 2011, un an avant que ce dernier range définitivement son Leica : il nous montre le poly-instrumentiste en compagnie du pianiste Yaron Herman saisi dans les caves bordelaises de Château Palmer.
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Entre ces bornes, un périple qui nous mène sur les scènes du monde et surtout dans les coulisses et les loges où se concocte ce curieux exercice qu’est la musique de jazz sous les doigts de Michel Portal. Ce tandem musicien-photographe, Jean Rochard (producteur, fondateur du label nato), auteur de textes éclairants et précis sur ce demi-siècle, la résume ainsi : « Au fond, Michel Portal a toujours le même âge que les gens avec lesquels il joue. (…) il n’a jamais cessé de chercher et plus souvent qu’à son tour de déclencher. Guy Le Querrec, avec le déclencheur de son Leica, s’ajuste aux questions posées, pénètre en nombre d’or l’espace qui confine à l’expérience personnelle, expérience poétique ».
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Au fil des 400 pages et des quelque 300 photos (en noir et blanc), se déroule toute une vie d’artiste, faite de rencontres de haut vol où l’on croise Max Roach, Jack DeJohnette, Joachim Kühn, Henri Texier, Martial Solal, Bernard Lubat, Didier Lockwood, Trilok Gurtu, Gil Evans, Richard Galliano… Et bien entendu, notre héros-héraut, souriant, pensif, espiègle. Car « Michel Portal, au fur et à mesures » c’est non seulement un document riche sur un demi-siècle de vie musicale mais aussi une histoire d’un compagnonnage qui se dévoile, révélant l’œil acéré de Guy Le Querrec et invitant à écouter la musique toujours libre de Michel Portal.
Jean-Louis Lemarchand.
©photo Sergine Laloux et X. (D.R.)