Visiblement dans le jazz, à force de vouloir inventer des modèles économiques qui tiennent la route, il semble que la presse en oublie le sens de certains mots qui, s’agissant du 4eme pouvoir devraient tomber sous le sens : déontologie ? indépendance ? liberté de la presse ? Conflit d’intérêt ?
C’est le triste constat que l’on peut faire lorsque le rédacteur en chef d’un journal se retrouve nommé à la tête d’un nouveau label lié par son actionnariat à ce même journal. Déjà là on sent que ça ne va pas bien tourner cette histoire et que le mélange des genres n’annonce pas grand-chose de bon au niveau des grands principes que l’on s’obstine pourtant à défendre.
L’étape suivante est annoncée et logique : ce même journal chronique par le biais de ses pigistes l’album sorti de ses propres productions. Imaginer que ces journalistes écrivent en toute indépendance serait surréaliste. Il ne s’agit pas d’un procès d’intention mais d’une logique implacable auquel le modèle économique circulaire doit se soumettre.(Quelle crédibilité accorderiez vous à un journaliste du groupe Bolloré qui irait faire un reportage sur… Bolloré ?)
Dès lors c’est gênant et c’est gênant pour tout le monde (quelle que soit la qualité de la production musicale). C’est gênant parce que tout, dans cette histoire est entaché de soupçon et donc forcément totalement délégitimé.
C’est gênant pour l’artiste, c’est gênant pour le journaliste et c’est gênant pour les autres productions qui sont en concurrence sur le marché, c’est gênant pour toutes les instances qui gravitent autour du jazz et au final c’est gênant pour le sérieux de toute la profession.
Mais rassurez-vous il y a bien une solution toute simple pour sortir de cet environnement un peu nauséabond : se pincer le nez et regarder ailleurs.
Jean-marc Gelin