ECM 2025
Billy hart (dms), Ethan Iverson (p), Mark Turner (ts), Ben Street (cb)
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Les équilibristes.
Bien sûr les grincheux vous diront que c’est une production ECM fidèle à sa ligne éditoriale et que rien de neuf sous le soleil. Et bien sûr on ne pourra pas qu’acquiescer : rien de neuf sous le soleil effectivement.
Et pourtant, quelle tuerie une nouvelle fois ! Car il faut bien se le dire, le batteur légendaire Billy Hart âgé de 85 ans a un don : celui de transformer la musique en or. Et aussi, et ce n’est pas le moindre des talents de l’ancien batteur de Miles Davis, de s’entourer d’une équipe de très haute volée. Une équipe soudée depuis près de 20 ans.
Dans cet album où chaque membre (à l’exception de Ben Street) a apporté ses propres compositions, on sent un collectif à l’œuvre, à la fois dans la concentration de la musique qui se joue mais aussi dans une mise au service des autres. Et dans cet exercice toute la lumière tombe sur un Mark Turner absolument exceptionnel de lyrisme tout en contrôle de la ligne mélodique. D’album en album le saxophoniste de l’Ohio prend une dimension qui le propulse au rang des géants du saxophone ténor. Tout avec lui est douceur et velouté. Comme une évidence fluide et une agilité féline.
La ligne mélodique tout au long de l’album creuse le sillon sur lequel s’organise la musique avec limpidité. Et c’est la rencontre de 4 personnalités musicales a priori bien différentes qui se retrouvent en osmose. Ils se connaissent bien, fusionnent dans l’écoute et le partage, cherhchent de nouvelles portes à ouvrir sans jamais les forcer, laissent la musique se porter elle-même. Evan Itherson chatoie les couleurs harmoniques comme autant de lucioles autour du soliste alors que l’association de ben Street et du maître des lieux, Billy Hart sonne comme une évidence rythmique tout en subtilité et en frémissement. Une rythmique de velours.
Comme souvent sur le label de Manfreid Eicher, l’album est nimbé de couleurs pastels et d’une atmosphère un peu nostalgique où le poétique n’est jamais très loin.
Tout respire l’élégance et le charme dans cet album une nouvelle fois de haute volée sous l’égide de l’un des plus grands maîtres de la batterie. Un tendre sorcier.
Jean-Marc Gelin