Robinson KHOURY
Prix Django REINHARDT
La plus prestigieuse récompense de l’Académie du Jazz, le prix Django Reinhardt, décerné à l’artiste de l’année, a été remise lundi 10 mars pour l’édition 2024 au tromboniste Robinson Khoury, lors d’une cérémonie-concert qui s’est déroulée au Beffroi de Montrouge (92).
Recevant son trophée (doté d’une allocation par la Fondation BNP-Paribas) des mains du président de l’association d’érudits indépendants, Jean-Michel Proust, le jeune jazzman s’est déclaré honoré de devenir ainsi le second tromboniste –après François Guin en 1969- de l’histoire de l’Académie, fondée en 1955, à décrocher ce prix.
Natif de Vienne (Isère), Robinson, qui fêtera ses 30 ans en avril, doit sa « passion de la musique » à ses parents, tous deux enseignants au conservatoire (piano pour le père et chant pour la mère).
Le collège des académiciens a tenu à saluer la personnalité d’un jazzman qui s’est affirmée en 2024 en faisant « chanter son instrument » : sortie d’un album (le troisième sous son nom) MŸA (Komos Records/Big Wax-Believe) dans lequel se retrouvent la musique de ses origines libanaises, Jean-Sébastien Bach et l’électronique ; résidence (2024-2026) au festival Jazz sous les Pommiers à Coutances (Manche).
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La soirée, dédiée à la mémoire de Martial SOLAL, président d’honneur de l’Académie disparu en décembre dernier (et … compositeur par ailleurs de « Balade du 10 mars ». Soul Note 1999), a mis en lumière deux pianistes venus jouer quelques minutes après la réception de leur trophée : le norvégien Tord GUSTAVSEN (un « contemplatif » selon le producteur de France Musique Arnaud Merlin), Prix du Musicien Européen et l’américain Sullivan FORTNER (déroutant), Grand Prix de l’Académie du Jazz pour ‘Solo Game’ chez Artwork Records, co-lauréat avec la chanteuse Meshell NDEGEOCELLO (‘No more water’ : the gospel of James Baldwin, publié par Blue Note).
Le jazz français d’aujourd’hui a vu sa diversité récompensée par deux autres prix majeurs. Pour le Prix Vocal, le chanteur André MINVIELLE, le béarnais de Nay, « concasseur de mots », a coiffé d’une courte encolure, selon le vocabulaire des champs de courses, la populaire chanteuse Youn Sun Nah, au troisième tour de scrutin pour un album consacré à Charles Trenet (‘Trenet en passant’ avec Guillaume de Chassy, piano, et Géraldine Laurent, saxophone alto) co-produit par sa propre maison au vocable surprenant, 'La complexe articole de déterritorialisation'.
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Quant au trophée récompensant le Disque du Jazz Français, il a été attribué à la dernière production d’un quartet évoluant depuis une quinzaine d’années, FLASH PIG, formé des frères SANCHEZ, Maxime (piano) et Adrien (saxophone ténor), Florent NISSE (contrebasse) et Gautier GARRIGUE (batterie) pour leur arrangement de la bande originale du chef d’œuvre du cinéaste de Hong-Kong Wong Kar Wai, sorti en 2000, ‘In the Mood for Love’ (The Mood for Love. Astérie/L’Autre Distribution).
La mission de l’Académie et de ses quelque 71 membres est également (et essentiellement) de couvrir l’ensemble du spectre du jazz de ses origines à nos jours. Le palmarès 2024 l’illustre à merveille dans des choix qui font fi des frontières, nationalités et toute autre critère discriminant. Le Prix Héritage, destiné à récompenser une approche actuelle de l’expression classique du jazz (l’avant be-bop), a été accordé au batteur norvégien vivant au Danemark Snorre KIRK (‘What A Day’. Stunt Records) ; le Prix duPatrimoine au site internet (https://www.nicole-eddie-barclay.com/) consacré à Nicole et Eddie BARCLAY (couple majeur dans la diffusion du jazz, spécialement américain, en France au lendemain de la Libération) par Daniel RICHARD, infatigable historien du jazz et ancien patron d’Universal Jazz.
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Le Prix Blues, Soul & Gospel au chanteur américain Marcus KING (‘Mood Swings’ - Republic).
Dernier prix en date dans l’histoire de l’Académie, le Prix Evidence devant distinguer un enregistrement d’un jeune talent, est venu couronner la chanteuse française Charlotte PLANCHOU (‘Le carillon’ -Quais Son Records) devançant au tour final deux espoirs tricolores (la chanteuse Sophye Soliveau et le vibraphoniste Alexis Valet) et le fougueux saxophoniste US de Chicago Imanuel Wilkins.
En résumé, neuf prix qui révèlent l’œcuménisme de l’Académie du Jazz, par des résultats obtenus à l’issue de débats souvent épiques et parfois de faibles différences de voix. On est loin cependant, relevaient certains anciens lundi soir à Montrouge, de la profusion dominante lors de la présidence de Maurice Cullaz, une générosité qui avait porté le palmarès en 1985 au chiffre de 20 prix !
Jean-Louis Lemarchand (membre de l’Académie du Jazz).
Le palmarès complet avec les sélectionnés dans chacune des catégories est consultable sur le site de l’Académie du Jazz