MATTEO PASTORINO LIGHTSIDE
Matteo Pastorino - Jazz Clarinet - Official Web Site
Matteo Pastorino (clarinette basse & compositions)
Domenico Sanna (piano)
Dario Deidda (contrebasse)
Armando Luongo (batterie)
Label A. MA Records / Distribution I RD
Sortie le 21 mars 2025
Concerts : 17 avril au Sunside,
18 avril 2025 à la Jazz Station (Bruxelles).
Teaser : Matteo Pastorino - Lightside
Bien qu’il vive à Paris depuis 2008, qu’il y ait étudié, qu’il ait aussi fait ses classes à New York, le Sarde Matteo Pastorini n’a jamais pu oublier d’où il vient. Adoubé par son compaesano le trompettiste bugliste Paolo Fresu qui lui a montré la voie, il revient souvent dans son île et y a fondé lui aussi un festival à San Teodoro en 2016. “Une île n’est une île que si elle devient le point de départ pour mieux y revenir” écrit Fresu dans un texte introductif.
Ce Lightside dont le clarinettiste signe les neuf compositions est son troisième album en leader avec son quartet italien. Du jazz instrumental à fleur de vent, un rêve éveillé que poursuit le soliste en se laissant dériver au fil des mélodies. C’est en somme un concept album autour du thème de l’exil, empreint de nostalgie, du besoin impérieux de retrouver ses racines après les remous de la vie. Un sentiment que connaissent nombre d’Italiens du Sud mais aussi les migrants de toutes origines. Aussi loin d’un revival folklorique sarde, le quartet explore les liens entre tous les immigrés méditerranéens par le jazz. Mais ce sujet des plus actuels est abordé ici avec sérénité, voire un groove certain dans ce Coming back enlevé, thème de (l’éternel) retour où brille la section rythmique.
S’il commence à Gorée, lieu éminemment symbolique de toutes les servitudes et départs obligés, Matteo Pastorino a choisi de ne jouer que de la clarinette basse qui sait être une basse discrète, d’une extrême douceur dans les nuances. Il recherche la lumière, celle de la Méditerranée, évoque le cycle de la vie avec un titre tendre dédié à sa fille Elvira et finit sur une ballade sensuelle plutôt élégiaque au printemps (Marzo) après une pirouette, esquisse malicieuse d’auto-portrait (Scarabucchio qui peut signifier “gribouillage” mais aussi “barbu”). Les titres et la musique s’offrent comme la matière même de cette réflexion que le texte de Fresu encourage. Pour sortir Lightside, commande de 2021 du Festival Time in Jazz du trompettiste, Matteo Pastorino a pris du temps, attendu le moment propice. Une énergie positive se dégage du travail collectif où tous dans cette osmose au long cours semblent plus libres de laisser aller les compositions à leur rythme, donnant chair et vie au projet.
La musique du clarinettiste suit unchant intérieur quasi ininterrompu, nourri de toutes les influences puisées au coeur de ses voyages, dilatant le temps et l’espace. Plongeant dans de sobres vertiges de mélodies limpides et accrocheuses, le quartet tisse une toile intimiste, souvent mélancolique, aux textures douces mais insistantes. Entre rêveries liquides et réminiscences douces, le jazz demeure, fidèle : ce Lightside où tout est léger et grave mérite qu’on s’ y attarde.
Sophie Chambon