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24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 18:00

Antoine-Herve-La-lecon-de-jazz-Antonio-Carlos-Jobim-et-la-b.jpgANTOINE HERVE
La leçon de Jazz  un concert commenté DVD+CD
ANTONIO CARLOS JOBIM et la bossa nova

 

Montage et réalisation Thomas Chatelet
Production RV Productions (Antoine Hervé)


Bienvenue à cette leçon de jazz consacrée à un génie de la musique brésilienne, magnifique compositeur, interprète, arrangeur, spécialiste de studio qui a écrit des chansons inoubliables.
C’est ainsi que commence cette première leçon de musique d’Antoine Hervé, enregistrée en live à Nanterre, à la Maison de la Musique. Le pianiste, musicien classique et jazzman accompli, qui fut l’un des directeurs  de l’ONJ de 1987 à 1989, se propose dans cette collection pédagogique d’illustrer au piano, la vie et l’oeuvre de ceux qui ont fait le jazz. Le dispositif de l’émission est simple : Antoine Hervé  présente sa leçon de jazz, les 88 touches noires et blanches du clavier apparaissant sur l’écran pour suivre les doigtés et comprendre comment ça joue. Le premier numéro est consacré à Antonio Carlos JOBIM, considéré comme le père de la bossa nova ; il a écrit des musiques superbes et réussi le tour de force d’un accord parfait avec les paroles « le mot devient son, le poème devient musique ». Pour illustrer son répertoire, Antoine Hervé  est accompagné pour chaque chanson par Rolando Faria, un vrai Carioca qui fit partie du duo « Les étoiles ».
Le pianiste  mène cet exercice avec une aisance  décontractée, et de l’humour dans les commentaires toujours pertinents qu’il a d’ailleurs rédigés. Quand il évoque le personnage élégant qu’était Jobim,  et sa vie, c’est une plongée au cœur de Rio dans l’univers de la bossa, dans les années cinquante, âge d’or politique du démocrate qui comptait « rattraper cinquante années en cinq ans ».  Cet acte créateur se fit en compagnie de Joao Gilberto, venu de Bahia et Vinicius de Moraes qui composa le magnifique « Chega de saudade ». La bossa allait faire le lien avec la samba des rues où domine le « surdo » (gros tambour de samba) et le jazz moderne. C’est un vaste mouvement intellectuel qui  se développa avec  le succès d’Orfeu negro en 59 de Marcel Camus, Palme d’or à Cannes.  Si « la Bossa Nova est la bande sonore d’un Brésil idéal », elle fut récupérée sur le continent nord-américain pendant les années soixante par le saxophoniste Stan Getz  avec les enregistrements au succès planétaire de  « So danço samba » avec Joao Gilberto et « The girl from Ipanema » avec Astrud Gilberto. Ainsi, nombre de ces chansons ont fourni des standards du répertoire des musiciens de jazz (« Desafinado », « Samba do aviao », « Agua de beber », « Corcovado »).
Le DVD est intelligemment découpé en chapitres qui permettent de suivre ce courant musical, l’influence romantique, de Chopin en particulier dans l’immortel «  Insensatez ». Sont développés des points plus techniques comme l’usage d’une seule note mélodique (Samba de una nota So), les accords en quartes qui donnent un aspect liturgique, les  harmonies impressionnistes à la Debussy (« Dindi »), l’influence de certaines compositions de Darius Milhaud sur les quartiers de Rio.
Antoine Hervé illustre son propos, avec le talent qu’on lui connaît, quand il est invité par Jean François Zygel,  à la télé de service public, dans son émission La Boîte à Musique. Enthousiaste à l’idée de s’embarquer pour cette aventure, il est dans le fil créatif, toujours entre improvisation et recréation, séduisant comédien dans son discours. Passionné des instruments et des sonorités, des jeux de couleur et de timbres, prêtant sa technique et sa virtuosité à un sujet qu’il connaît sur  le bout des doigts. Aussi plaisant à écouter parler qu’à voir jouer, puisque l’œil écoute.
Voilà un cycle de rencontres à ne pas manquer : la suite fait envie Wayne Shorter, Louis Armstrong, Bill Evans, Keith Jarrett...sont au programme. De quoi se familiariser avec l’univers de ces grands du jazz. Une invitation fort plaisante d’un piano « raisonné » dès ce premier numéro.

Sophie Chambon

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