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4 janvier 2013 5 04 /01 /janvier /2013 22:46

 

ECM 2012

Nik Bärtsch (p), Sha (clb, as), Björn Meyer (b), Kaspar Rast (dms), Andi Pupato (perc), Thomy Jordi (b)

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C'est un double album live que nous livre le pianiste helvétique et son groupe Ronin, que Nik Bartsch a créé il y a plus de 10 ans. Réaliser un album double, pour une musique qui ne cesse de cultiver son jardin autour de la musique répétitive sur les traces d'un Steve Reich ou d'un Philippe Glass relève en soi d'un vrai pari. C'est en effet prendre le risque de la longueur, sorti de son contexte "live" et donc prendre le risque de lasser l'auditeur. Et pourtant curieusement, le pianiste Zurichois n'ennuie pas. Bien au contraire. Car, toute minimaliste que soit la musique de Nick Bartsch, elle parvient à créer tout au long des ces 2 heures des effets de surprises et des reliefs, et surtout des mises en tensions qui fascinent toujours. A la limite de l'hypnose. La musique tourne sur elle-même, répète inlassablement le même motif en boucle jusqu'à créer une attente aiguisée et presque insupportable. Mais, comme dans toutes mises en tension, le procédé alterne ici avec des phases de libération de l'auditeur lorsque celui-ci se trouve un tant soit peu libéré des ostinatos et des motifs répétés qui enferment à la limite du stress dans un système d'écoute cadenassé. C'est le cas chaque fois qu'apparaît un nouveau motif qui rompt avec le précédent ou lorsqu’un soliste apparaît. Ici ou là les motifs musicaux émergent dans des sortes d'apparitions furtives, sortes de fantôme musicaux que l'on suit et que l'on perd rapidement. Et ce que nous aimions en studio prend alors ici une autre dimension en "live" puisque ces phases de libération concernent non seulement l'auditeur mais aussi les musiciens eux-meme qui sont brièvement appelés à lâcher un peu le cadre étroit. Les tourneries se font alors dansantes et l'énergie circule sur elle-même, cycliquement et de manière totalement convaincante. Envoûtante et percussive la musique de Nick Bartsch qui ne manque pas de groove, invite à la transe même si la pianiste préfère que l'on parle à son propos de musique "Zen-funk" .

Il y a dans cette musique des références évidentes à la musique contemporaine (on l'a dit) mais aussi des riffs de basse funk voire encore des systèmes musicaux tirés la musique rituelle japonaise ( « Ronin »  n’est-il pas le nom donné aux Samouraïs sans maîtres). La musique n'y est alors plus appréhendée comme une performance de musicien mais avant tout comme un ensemble systémique, une organisation architecturée. Et la vraie performance c’est que loin d'être glaçante ou cérébrale, cette musique-là parvient néanmoins à créer chez celui qui l’écoute une totale fascination qui ne le lâche pas.

Jean-Marc Gelin

 

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