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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 23:04

PealaAngeliniBearzatti_MoveIs_w.jpgRE: think-art records/ Musea

Sortie française 15 novembre 2011

Concerts de sortie de l’album : 18 janvier 2012 au NEW MORNING

Bruno ANGELINI (p) Francesco BEARZATTI (cl, sax) Thierry PEALA (voix)

 

La musique au cinéma... une histoire d’amour passionnée,  car cinéma et  musique entretiennent des rapports complexes, complices, toujours intenses. Je me souviens d’avoir entendu ébaucher le projet de ce Move is par le pianiste Bruno Angelini  à Cluny, il y a 3 ans déjà.Cette nouvelle aventure a été proposée par le chanteur Thierry PEALA à ses amis. Le trio, sans contrebasse ni batterie, a eu très vite l’envie de composer une musique en relation directe avec des films culte A bout de souffle, Mulholland Drive, Umberto D,  Il Sorpasso  (Le Fanfaron), L’important c’est d’aimer , Gloria,  Marnie, et des metteurs en scène non moins mythiques  comme John Cassavetes, Spike Lee,  Ettore Scola, Mario Monicelli. Les portraits en filigrane sont ceux de comédiens disparus, Romy Schneider, Vittorio Gassman, Jean Seberg.  Qu’évoquent ces  douze films  sélectionnés et visionnés par le trio ? Ils mettent  en partage des histoires et des émotions  dans un film imaginaire (24 images/ seconde) qui dure le temps de douze chansons, en hommage au cinéma de toujours, à celui de nos vies. Projet original et singulier à plus d’un titre...  C’est une histoire libre où les sentiments sont  à transcrire dans le langage musical de l’improvisation que nos trois compères possèdent merveilleusement. Une musique très ouverte au partage, sans souci de se replacer dans le temps ou l’histoire du film. C’est en suivant la voix sensuelle de Thierry Péala et en lisant les paroles (en français, anglais, italien), que l’on a un retour, un écho, même lointain. On revoit alors certaines images, on repense au scénario, au story telling, on confronte sa propre mémoire du film à la vision des musiciens. Seuls les textes peuvent obliquement nous mettre sur la voie, puisque la musique ne s’inspire pas du tout de celle qui irrigue les films choisis.  A l’inverse du travail d’un Stephan Oliva qui recompose, improvise, part et revient sans cesse aux  thèmes de Bernard Herrmann dans son voyage imaginaire de Ghosts of Bernard Herrman.  

Move is est donc un véritable travail de création dont la source est méconnaissable, transformée. De quoi franchement dérouter à la première écoute, puis on comprend et on s’éloigne de ses propres souvenirs musicaux , suivant enfin le cheminement du trio.  C’est Bruno Angelini qui a composé la plupart des musiques avec le romantisme dans « Mulholland », l’ardeur dans « Gena », qu’on lui connaissait déjà, à sa manière emportée et rythmique. Il accompagne divinement, suit constamment le jeu, relance ; il est  partout à la fois et pourtant, il reste toujours discret, ne souhaitant pas se distinguer par des solos échevelés. Cheville ouvrière, il assume pleinement le rôle percussif.  Thierry Péala  dont la flexibilité de la voix est rare, a un phrasé implicitement swing et la clarté de son élocution n’a d’égal que la justesse de son interprétation. Il s’enflamme, s’emballe quand il scate,  ce qui va bien au thème espiègle du fanfaron que sous tendent une clarinette au klaxon allègre et un  piano prêt lui aussi aux embardées. On sait qu’il aime prendre des risques depuis son album consacré au trompettiste canadien Kenny Wheeler. Péala n’est jamais autant meilleur que quand la musique suit son fort potentiel émotionnel. On le préfère dans l’ émouvant hommage « See Berg » ou dans ces mots « Tout seul » qui commencent « Face à l’inconnu »  du film-errance de Sean Penn Into the Wild : la musique vrille les nerfs, suit le crescendo tragique de cette histoire terrible. Sa voix est instrument au même titre que la clarinette ou le piano, les suivant ou s’en détachant pour improviser de son côté. Francesco Bearzatti est le petit diable agité, remuant, virevoltant, moqueur (Guardieladri) tel le « Puck » du Songe d’une nuit d’été. Toujours remarquable à la clarinette,  il est le soliste du trio, imprimant sa couleur, un goût très vif du détail dans des traits qu’il veut fantaisistes ou plus sombres.

Voilà un album bien attachant et ce, dès sa pochette astucieuse, aux dessins-esquissés au fusain d’Alberto Locatelli,  qui font penser au story-board du film du trio, et au mini poster (format du Cd oblige) qui rappelle la grande époque des vinyles.

Sophie Chambon

 

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