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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 21:26

 

ACT 2012  ( dist. Harlunia Mundi)

Yaron Herman (p), Logan Richardson (as), Emile Parisien (ts,ss), Stéphane Kerecki (cb), Ziv Ravitz (dm)

yaron-herman.jpg

Je fais partie de ceux qui tiennent cet album pour une étape majeure dans l’œuvre que le pianiste Yaron Herman poursuit depuis quelques années d’abord chez Laborie puis maintenant chez ACT. Bien qu’il s’en défende et affirme que cet album est un autre visage de lui-même, un « Alter ego », il marque à mon avis un vrai tournant dans sa carrière de pianiste compositeur, arrangeur et surtout dirigeant ici d’un exceptionnel quintet.

On ne saura d’abord que se réjouir de ces retrouvailles entre le pianiste et le contrebassiste Stéphane Kerecki compagnon de longue route mais que le parcours discographique de l’un comme de l’autre avait un peu éloignés. Leur entente, ici appuyée par les trésors et les perles magiques de Ziv Ravitz en font ici un trio de très très haute volée. La pulse grave et le battement frémissant. Mais l’autre coup de génie de cet album est aussi d’avoir associé deux saxophonistes immenses : Emile Parisien d’une part, jeune prodige de Marciac qui phagocyte avec autant de gourmandise que de talent inouï la scène du jazz  ( avec entre autres Daniel Humair, avec Jean-Paul Céléa ou encore avec son propre quartet),  et le saxophoniste américain exilé depuis peu dans notre capitale, Logan Richardson dont nous suivons (depuis « Cerebral Flow », son premier album chez Fresh Sound) le parcours de très très haute classe.

 

Vrai tournant dans la carrière du pianiste qui met là ses compositions au service d’autres interprètes que lui. Qui offre avec générosité des plages d’improvisations superbes.

Dès l’ouverture avec Atlas et Axis on entre dans un univers très personnel du pianiste auquel on aurait bien du mal à rattacher un autre modèle qui l’aurait précédé. Et le fait qu’il ne s’expose pas seul ou en trio, n’empêche pas Yaron Herman, de livrer ici un de ses albums les plus personnels. Oubliées les références explicites à Keith Jarrett (elles sont implicites). Oubliées les reprises pops ( elles sont implicites aussi) mais en revanche bien présentes et prégnantes, les racines culturelles qui effleurent ( sur Hatikva ou encore sur ce thème de Gideon Klein sublimement arrangé) et enfin plus que jamais la passion pour un certain classicisme ( on pense à Debussy ou Fauré sur Your eyes par exemple).

Comme toujours avec Yaron Herman la musique est dense, ensorceleuse, faite du syncrétisme de tout ce que l’on vient de citer. Une musique à la fois intelligente et sensorielle et qui respire avec une certaine urgence à être ( Mojo) ou à exprimer une forme de dramaturgie intérieure ( Heart break through). Et puis il y a des fulgurances, celles notamment de l’expression du son de Logan Richardson se jouant de la défragmentation du tempo (Madeleine) et, chez le saxophoniste cette façon de chercher et de fouiller les harmonies justes, la phrase juste ( Kaos).

Il est des albums qui parce qu’ils ont leur propre existence relèvent presque d’une certaine forme de philosophe. Celle de Yaron Herman groove terriblement, emballe tout, fait danser et respirer et d’une certaine manière nous appelle à l’intelligence des sens.

Jean-Marc Gelin

 

 

 

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