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13 mai 2025 2 13 /05 /mai /2025 21:39

 

Yaron Herman (piano, composition),

Maria Grand & Alexandra Grimal (saxophones ténors), Haggai Cohen Milo (contrebasse), Ziv Ravitz (batterie)

Tilly (Yvelines), 4-7 juillet 2024

Naïve / Believe

 

Une nouvelle aventure du pianiste, en quête de saxophone(s). Deux musiciennes au ténor, séparément, mais aussi simultanément sur deux plages. Un désir manifeste de collectif, d’interaction, de jouage, entre le trio et ces saxophonistes si différentes, et pourtant parfaitement en phase avec le pianiste. Des unissons qui lancent des histoires comme autant de voyages dont l’horizon se dévoile pas à pas, mesure pour mesure (ou mesure contre mesure ?). Il ne s’agit pas ici d’accompagner au sens musical, mais plutôt de cheminer, de suivre un sentier qui bifurque, comme dans la nouvelle de Borges, et de se perdre avec délices. La connivence entres les partenaires (au sein du trio, et avec les saxophonistes) est exceptionnelle : limpide à certains égards, et pourtant pleine de mystères tapis dans les volutes de la musique. Fascinant d’un bout à l’autre : un grand disque !

Xavier Prévost

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Yaron Herman jouera en quartette le 16 mai à Paris, festival ‘Jazz à Saint-Germain’, et le 24 à Coutances , ‘Jazz sous les Pommiers’. Puis Londres Bayreuth, Munich, Berlin…. Et le 8 juillet au festival Radio France Occitanie Montpellier, puis le 18 à Millau en Jazz

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Une émission de Jean-Marc Gélin sur Aligre FM avec Yaron Herman à propos de ce disque

https://aligrefm.org/podcasts/jazzland-12-04-2025-yaron-herman-2988

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=sk5at6SWBhc

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11 mai 2025 7 11 /05 /mai /2025 11:50

 

Philippe Mouratoglou (guitares acoustiques, voix), Bruno Chevillon (contrebasse), Ramón López (batterie, percussions)

Vision Fugitive / l’autre distribution


 

Comme dans le disque «Univers-Solitude» enregistré par le même trio en 2017, la musique procède autant d’une proposition inaugurale (thèmes originaux, mais aussi reprises : Ornette Coleman, Blind Willie Johnson….) que de développements aussi ouverts que tendus, dans la liberté du dialogue, et dans la passion de la sonorité qui donne matière à la musique. Le son est ici, tout à la fois, réalité concrète et magie, corps et âme. La guitare (les différentes guitares utilisées au fil de la séance) semble donner le chant inaugural, le motif offert à la liberté de la musique, tandis que la basse et la percussion, se glissant dans le paysage, prennent la parole, et parfois le pouvoir. La musique afro-américaine (de tradition comme de développements prospectifs) irrigue aussi ce terreau où l’expressivité s’impose, sans jamais oblitérer le souci (le désir) de la forme. Un savant dosage - qui semble naturel – de jubilation assumée et d’introspection au plus intime. Remarquable et jouissif : une offrande de beauté intemporelle.

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=BPclII3kbV4

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Le trio est en concert à Paris, au Studio de l’Ermitage, le jeudi 15 mai 2025

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7 mai 2025 3 07 /05 /mai /2025 21:59

Franck Amsallen (piano), David Wong (contrebasse), Kush Abadey (batterie)

New York, 18 juin 2024

Continuo Jazz / UVM distribution


 

En dépit de son titre le disque n’est pas exclusivement consacré à la musique de Michel Legrand. On y trouve effectivement le thème du film Un été 42, et quelques autres standards, parfois rares. C’est le cas de La Chanson d’Hélène, composée par Philippe Sarde pour le film Les Choses de la vie : une version dépouillée, et d’une très belle intensité. Des chansons du répertoire de Nat King Cole (Blue Gardenia, rajeuni par un tempo vif ; Unforgettable, avec la même vivacité), mais aussi un thème de Kurt Weill. Et You Won’t Forget Me, rendu naguère inoubliable par Shirley Horn, dans un phrasé alangui, avec un contrechant de Miles Davis ; et là encore Franck Amsallem le joue avec un tempo plus marqué. Et aussi un Morning Star qui n’est pas celui chanté par King Cole mais un thème que Getz, notamment, aimait jouer. Le pianiste nous offre aussi trois de ses compositions qui coïncident magnifiquement avec la proximité de ces standards revigorés. Tout le disque respire un swing omniprésent, et une très belle qualité de jouage, d’interaction, avec le bassiste et le batteur (deux orfèvres!). Bref un grand disque de jazz, vivant, brillant et subtil.

Xavier Prévost

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Le disque sort le 14 mai. Franck Amsallem jouera en trio le 11 mai à Marseille (Le Jam), et le 17 mai à Paris au Sunside

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Des avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=o1qqTt1EdpQ

https://www.youtube.com/watch?v=xQJY47S4sFI

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4 mai 2025 7 04 /05 /mai /2025 17:09

 

Fabrice Moreau (batterie, compositions), Ricardo Izquierdo (saxophone ténor), Nelson Veras (guitare), Jozef Dumoulin (piano & autres claviers)

Pernes-les-Fontaines, 10-12 juillet 2024

Bram / l’autre distribution


 

Le titre de l’album est tiré d’un poème de Yeats (On remarque depuis quelques années que les artistes de jazz, et pas seulement les vocalistes, font souvent référence à la poésie de langue anglaise). Est-ce que cela nous dit que cet Art fait table rase des savoirs pour se livrer à la primauté des sensations ? C’est une possible clé d’écoute. Depuis le précédent disque sous son nom, en quintette (‘Double Portrait’, publié en 2019), le batteur-compositeur a perdu un partenaire de choix en la personne du contrebassiste Mátyás Szandai. Et le choix s’est imposé de continuer en quartette : le dernier thème du CD est un hommage éloquent à ce musicien disparu tragiquement. Comme toujours la musique conçue par Fabrice Moreau est d’une subtilité féconde. Pas d’effets de manche, pas d’exacerbations inutiles ; toujours la juste nuance, l’alliage souvent inattendu des timbres, le cheminement harmonique sinueux, pour rester au plus près de la sensation, mère de l’émotion. Il y a dans l’écriture des thèmes, et le choix de la dramaturgie instrumentale, dans le déroulement (écrit comme improvisé), une sorte d’alchimie insondable. Ici le mystère tend à prévaloir, et nous suivons pas à pas ces musiciens exceptionnels, en totale cohésion. Le dialogue entre les sonorités de la batterie et les autres instruments est une sorte de magie ; une magie qui réside en partie dans le choix de ces partenaires de haut vol. Grand disque de Grande Musique.

Xavier Prévost

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Le quartette jouera à Strasbourg, au ‘Fossé des Treize’, le 13 mai, dans le cadre de la saison de Jazzdor. Et aux Lilas, près de Paris, le 23 mai au Triton

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25 avril 2025 5 25 /04 /avril /2025 10:01

 

BRASS DANSE ORCHESTRA

Geoffroy Tamisier (trompette), Didier Ithursarry (accordéon), François Thuillier (tuba), Jean-Louis Pommier (trombone)

Sarzeau (Morbihan) , février 2024

Yolk Records J 2097 / l’autre distribution / Believe

https://www.yolkrecords.com/fr/index.php?p=album&id=115


 

Une confrérie du souffle (car l’accordéon vibre par son soufflet), qui avait publié voici un peu plus de dix ans un premier disque, où s’épanouissaient milonga, tango et chansons françaises à danser, et des originaux conçus dans le même esprit. Cette fois le répertoire convoque les Bee Gees (2 fois), et aussi Tico Tico (dans une version très différente de celle de Charlie Paker en 1951….). Et bien sûr des compositions de chacun des quatre, le tout dans l’optique fondatrice : danser, faire danser ; mais on peut danser dans son for intérieur, les amateurs de jazz savent faire ça, tant ils ont l’habitude de ‘danser dans leur tête’, selon l’expression d’Ornette Coleman. Pourtant cette musique est une vraie invitation à la danse, à l’expression du corps par le mouvement, jusqu’à l’oubli de la pesanteur, jusqu’à l’effacement du temps (qui pourtant mesure le rythme). Cette musique est aussi une invitation à écouter avec les oreilles et l’esprit autant qu’avec les pieds. Une ballade nous transporte dans un monde qui se souvient de Miles et de sa suite. Une autre nous emmène dans un univers d’harmonisations d’où émerge un soliste. Puis c’est une mélopée tendue de mélancolie. Voici maintenant une sorte de groove fracturé, avant un Tico Tico allusif qui se révèle progressivement. La danse prétextée est ici l’agent double qui révèle le cœur de la musique, avant un retour triomphal vers la pulsation des Bee Gees. Décidément, le quartette du souffle nous aura bien fait voyager, mais toujours en terrain de haute musique.

Xavier Prévost

https://www.youtube.com/watch?v=6Z4tH4ccSzA

Le disque paraîtra après la fin d’avril, mais le groupe est sur scène le 25 avril à Montonvillers (Somme), puis le 26 à la Cazalisa de Palaiseau (Essonne). Et en mai Amiens (le 9), Remiremont (les 10 & 11)

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24 avril 2025 4 24 /04 /avril /2025 11:53

 

Un double album du guitariste maltais devenu parisien voici quelques lustres. Le premier disque est en quartette, et le second en solo

 

SANDRO ZERAFA Quartet «Limestone»

Sandro Zerafa (guitare, compositions), Noé Huchard (piano), Yoni Zelnik (conrebasse), Francesco Ciniglio (batterie)

 

SANDRO ZERFA Solo «Mostly Slow tunes»

Sandro Zerafa (guitare)

PJU Records

https://sandrozerafa.bandcamp.com/album/limestone https://sandrozerafa.bandcamp.com/album/mostly-slow-tunes


 

Parution simultanée, mais deux disque très différents : le premier, en quartette, propose des compositions originales ; et le second se compose de standards, dont certains dédiés à des musiciens avec lesquels le guitariste a joué.

Côté quartette, musique de groupe, avec une vraie attention à l’interaction, même si le guitariste tient le premier rôle. Des mélodies très lyriques, assez mélancoliques, souvent sur un tempo medium, et ce talent de Sandro Zerafa pour phraser et improviser avec une belle expressivité. Des cheminements harmoniques assez sinueux, d’une richesse musicale indiscutable, et des développements aventureux dont le terme est toujours un horizon limpide. Belle réussite que ce quartette.

Côté solo, Sandro Zerafa a choisi des standards qui manifestement sont chers à son cœur de musicien. Pas seulement des chansons de Broadway bien connues du jazz (Sweet And Lovely, I’m Getting Sentimental Over You…..) mais aussi un standard du jazz (le plutôt rare Ugly Beauty de Monk), des thèmes brésiliens, et une chanson d’Elvis Costello. Bref le choix d’un improvisateur qui sélectionne avec soin son terrain de jeu. Riche élaboration guitaristique, avec ces lignes qui se croisent et font penser que le musicien a plus de deux mains dans son escarcelle. Lyrisme toujours, superlatif même, servi par une musicalité sans faille, et une imagination aux ressources largement déployées. Le solo est à l’aune du quartette : brillant et authentique.

Xavier Prévost

Des avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=7tG2o5S1aUs

https://www.youtube.com/shorts/ZEip8C1FGrA

https://www.youtube.com/shorts/AjLbYAtlIWQ

Sandro Zerafa est en concert le 24 Avril à Paris au 38Riv, et le 25 avril sur l’île de Malte (Malta Spring Festival)

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20 avril 2025 7 20 /04 /avril /2025 17:39

 

Myra Melford (piano, compositions), Michael Formanek (contrebasse), Ches Smith (batterie, vibraphone)

Winterthur (Suisse), 29-30 juillet 2024

Intakt CD 436

https://intaktrec.bandcamp.com/album/myra-melford-splash

 

Inspiré par la peinture de Cy Twombly, comme l’était le CDMyra Melford’s Fire and Water Quintet’ (enregistré en 2021 et publié sous le label Rogue Art), ce nouveau disque en trio approfondit encore cette double exigence de liberté radicale et d’audace formelle. Des sections très segmentées cohabitent avec des improvisations très ouvertes, comme si la forme et l’expression dialoguaient, par transitions fluides ou par oppositions. Même si la pochette du CD renvoie à une partie d’une œuvre de Cy Twombly, cette référence ne constitue pas une sorte de décodeur, et encore moins une illustration. Simplement la source d’un désir d’expression, d’expressivité, qui avance à mesure que les titres s’enchaînent, et qu’une insondable liberté s’affirme. La contrebasse, la batterie (et le vibraphone) sont partie prenante de cette œuvre en mouvement. Il n’est plus qu’à s’immerger, non pour se laisser bercer (ce n’est pas ce genre de musique….) mais pour entendre vraiment ce qui nous est dit. Instrumentalement, musicalement et esthétiquement remarquable, ce disque nous confirme que cette musique que l’on appelle ‘jazz’, au sens le plus large, écrit encore, et encore, de nouvelles pages. Passionnant !

Xavier Prévost

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18 avril 2025 5 18 /04 /avril /2025 16:04

Emmanuel Bex (orgue), Antonin Fresson (guitare), Tristan Bex (batterie), David ‘Catman’ Taïeb (platines, électronique), Arnaud Dolmen (batterie), Dominique Pifarély (violon), Simon Goubert (batterie), Fidel Fourneyron (trombone), Michel Alibo (basse), Arnold Moueza (percussions), Phil Reptil (électronique), André Minvielle (voix), Fréderic Fresson (programmation), Vincent Mahey (électronics), La fanfare de la grande soufflerie, La fanfare du carreau.
Studios Sextant juin-octobre 2024. 
Peewee ! /Socadisc.
Paru le 11 avril.

    

      La Bastille, 1981. Brasserie Bofinger. Emmanuel Bex découvre Eddy Louiss en concert. « Dès que son orgue Hammond s’est mis à ronfler à côté de moi, j’ai eu la sensation qu’un jardin extraordinaire, comme aurait dit Charles Trenet, s’ouvrait devant moi » confiait-il récemment à Jazz Magazine. Séduit par ce « meuble magique », le jeune musicien normand (22 ans) va rapidement faire l’acquisition d’un orgue Hammond B3 déniché par petites annonces à Pau !


      Par un de ces hasards incroyables, c’est en compagnie d’un palois, le chanteur André Minvielle qu’Emmanuel Bex rend hommage aujourd’hui à Eddy Louiss dix ans après sa disparition (30 juin 2015 à Poitiers). Les deux musiciens, qui ont participé à des périodes différentes, au collectif de l’occitan Bernard Lubat à Uzeste, co-signent la composition « Eddy m’a dit » qui donne son nom à cet album plein de fougue et de tendresse. Douze titres qui passent en revue la carrière d’un jazzman d’origine antillaise qui anglicisa son nom, de Louise à Louiss sans pourtant renier ses racines et son père (Pierre) trompettiste.

     Emmanuel Bex a joué la carte de la générosité et de l’éclectisme dans cet hommage. Sont ainsi évoquées les multiples facettes de l’art d’Eddy, en petite formation (les trios avec notamment René Thomas à la guitare ou encore Jean-Luc Ponty, ici avec Antonin Fresson et Dominique Pifarély) ou en big band en format hyper avec un Multicolor Feeling dépassant les 50 interprètes (Bex a ici convoqué deux fanfares).
 

     Côté répertoire, on retrouve quelques-unes de ces compositions qui ont assuré la gloire d’Eddy Louiss (et étonné également entre autres Stan Getz), telles Dum-Dum-Our Kind of SabiCaraïbes, Espanol. A cette sélection, Emmanuel Bex a contribué par des airs de sa plume (Eddy ou Blues for Eddy, ce dernier donné avec son fils Tristan à la batterie) tout en conviant un vieux complice, Bernard LUBAT pour un message en quelques mots (un salut à l’homme libre refusant les contraintes) clôturant cette heure musicale gorgée d’énergie et de tendresse.

       Un album d’une grande beauté qui (ré)unit deux « hénaurmes » organistes.
 


Jean-Louis Lemarchand.

 


 Concert de sortie le 6 mai au New Morning (75010). Le 19 mai au Pan Piper (75011), Emmanuel Bex co-animera avec le saxophoniste Olivier Temime le concert de jazz solidaire "Secours Pop Live" organisé par le Secours populaire de Paris auquel les artistes participent à titre bénévole.

 

 

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8 avril 2025 2 08 /04 /avril /2025 18:46

Bruno Angelini (piano, composition), Sakina Abdou (saxophone ténor), Angelika Niescier (saxophone alto)

Pernes-les-Fontaines, 9-10 juin 2024

Abalone AB 035 / l’autre distribution


Un disque, et un projet, inspirés par Wayne Shorter, qui décrivait ainsi la fleur de lotus : «La fleur de lotus est la seule à pousser dans le marais qui est comme le monde, trouble et boueux [….] Quand la fleur s’ouvre dans le marais, tout autour de la tige, l’eau s’éclaircit ! C’est un symbole de lumière». Et cela conduit Bruno Angelini à imaginer une suite de compositions dédiées à des militantes et militants qui ont alerté les consciences, de Rosa Parks à Nelson Mandela, en passant par les Mères de la Place de Mai, en Argentine, Berta Cacéres et sa fille Laura qui s’opposèrent à la construction d’un barrage destructeur pour l’environnement au Honduras, et d’autres lanceuses et lanceurs d’alerte…. Plus deux dédicaces à Wayne Shorter et Paul Éluard. Des inserts sonores nous feront aussi entendre les voix de certaines de ces figures tutélaires (Rosa Parks, Nelson Mandela). De plus un titre évoque les pertes croisées d’enfants par les peuples palestiniens et israéliens. De ce programme nourri de références surgit une musique chargée de sens : mais en rien une musique ‘à programme’. Plutôt une musique qui, par sa liberté et son inventivité, secoue notre sens esthétique en faisant éclore des sensations et des émotions qui nous parlent. De cet instrumentarium inusité (deux saxophones et un piano) surgit tout un monde de formes, de langages, d’expressivités croisées et de lyrisme de tous les instants. Lyrisme du compositeur, mais aussi des deux musiciennes dont l’expression, tempérée ou violente selon les plages, épouse les contours du projet dont elles portent l’oriflamme. À découvrir d’urgence, pour en découvrir toutes les nuances, la force, et la beauté.

Xavier Prévost

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7 avril 2025 1 07 /04 /avril /2025 09:13

Géraldine Laurent (saxophone alto), 

Noé Huchard (piano), François Moutin (contrebasse), Louis Moutin (batterie)

Jazz Eleven JZE 11015 / BacoDistrib

 

Une idée qui a germé, par la rencontre de Géraldine Laurent et des Frères Moutin, en vue de réaliser un projet commun. Et ils choisissent pour partenaire le pianiste Noé Huchard, pour cette connexion de créativité et d’énergie que suggère le nom du groupe. Un siècle après le début des années 1920, ils ont l’ l’envie de revoir les chansons de cette époque, dont le jazz a fait ses standards, mais en ouvrant de nouvelles perspectives : le présent, la liberté d’interpréter et d’improviser, le goût de marquer le cadre pour en mieux transgresser les contours. Jouer ‘dedans-dehors’, prenant en compte les harmonies, les rythmes et les mélodies dont un siècle de jazz a paré ces thèmes, tout en s’offrant la liberté de passer outre. Bref faire vivre et revivre, de la manière la plus organique, ce que cette musique a insufflé dans l’histoire culturelle.

Liberté à tous les étages : les tempi consacrés par la tradition du jazz, les métamorphoses rythmiques et harmoniques qui étaient devenues les nouveaux standards normatifs de ces thèmes, tout cela est remis en question, ou plutôt remis en scène : musique intensément vivante, et aussi composition plastique selon une nouvelle perspective.

De ces thèmes qu’une tradition ancienne, partagée par les amateurs et les artistes, qualifiait avec une affectueuse ironie, de ‘vieux saucissons’ (comme ailleurs on parlerait de vieilles rengaines), ce quartette fait son miel : en faisant chanter les mélodies, pour mieux les subvertir, en dynamitant les ingrédients autant que les repères (y compris ceux dont le jazz a fait des versions de référence). C’est à la fois fidèle et transgressif, respectueux et iconoclaste, bref intensément jouissif pour qui aime, dans cette musique, l’inextinguible soif de liberté.

Entre After You’ve Gone (1918) et Ain’t Misbehavin’ (1929), un bouquet de standards de la musique populaire états-unienne devenus des emblèmes du jazz. Des thèmes de Fats Waller, George Gershwin, Kurt Weill, Duke Elligton, Irving Berlin…., mais aussi d’autres mélodies dont les versions de référence dans le jazz ont plutôt émergé à partir des années 50 (Softly As in a Morning Sunrise, Bye Bye Blackbird). Et chaque fois c’est un moment de jazz vivant, estampillé ‘présent absolu’, qui ne néglige pourtant pas, incidemment, les échos du passé. Un manifeste ? Une leçon de vie ? En tout cas une sorte de cri du cœur pour les musiques d’hier conjuguées au présent. D’une plage à l’autre, entre vertiges de l’effervescence et incendies de lyrisme, un bonheur musical....

Xavier Prévost

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Le groupe est en concert à Paris le mercredi 9 avril au New Morning

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Des avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/shorts/DDTA1B_JMlM

https://www.youtube.com/watch?v=XKmaTHrXb7I

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