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25 janvier 2024 4 25 /01 /janvier /2024 22:48

Tim Berne (saxophone alto), Marc Ducret (guitares), Devin Hoff (guitare basse), Ches Smith (batterie, électronique), David Torn (guitare & effets)

New Haven (Connecticut), 5-6 septembre 2022

Intakt CD 415 / Orkhêtra International

 

Une rencontre radicale entre 5 artistes qui ont des complicités croisées depuis pas mal de temps, et souvent à proximité de Tim Berne. Dans son texte du livret, Brandon Ross les désigne comme ‘cinq des voix les plus éminentes de la scène New Yorkaise de jazz’. Assurément certains d’entre eux ne revendiquent pas le jazz comme marqueur identitaire, mais c’est bien de cette musique, au sens le plus large, qu’il s’agit. Car leurs improvisations, par leur densité et leur interactivité, relèvent bien de l’idée que beaucoup - dont votre serviteur – se font de cet idiome. Folles explorations sonores, paroxystiques ou retenues, lancinement mélodique du saxophone, frénésie des boucles de guitare de David Torn, traits virulents de Marc Ducret, pulsation entêtée, et jamais corsetée, de la batterie, grondement souterrain de la basse qui tient le fil et semble le pousser chaque fois plus loin. Avec aussi des moments d’accalmie qui sont autant de respirations comme de tremplins à une nouvelle effervescence : une très jouissive expérience d’écoute, et de décollage vertical.

Xavier Prévost

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21 janvier 2024 7 21 /01 /janvier /2024 17:40
FABIEN MARY Never Let Me Go

FABIEN MARY Never Let Me Go

For musicians only

Label Caramba records /Distribution Universal

 

 

Fabien Mary – trompettiste / compositeur / arrangeur

 

 

Point de “révélation” avec le nouvelles sorties du trompettiste Fabien Mary en ce début d’année, plutôt des retrouvailles avec un musicien  inspiré qui trace son sillon, continuant obstinément sa route…

Une formation en quartet qui fait resurgir ce que l' on attend toujours mais n’entend plus guère , sous les auspices du véritable For musicians only enregistré en 1956 par la dream team de Dizzy Gillespie, Sonny Stitt et Stan Getz, entourés d’une rythmique aux petits oignons: John Lewis, Herb Ellis, Ray Brown et Stan Levey.

Dans la présente production discographique- pléthorique, pourquoi ne pas s’accorder un retour de temps à autre vers des choses connues et aimées ? D’ailleurs si la recherche d’une musique enfuie anime certains d’entre nous, il ne semble pas que ce soit la nostalgie qui motive le trompettiste Fabien Mary. C’est simplement le goût d’une musique et d’une esthétique jugées à l’écart des modes et donc peu «actuelles». Le trompettiste écrit en référence à un jazz qui le conduit sur le versant bop et hard bop, ainsi que West Coast.

Une technique brillante qui donne à ses partitions- il est arrangeur , compositeur, leader et sideman, fraîcheur et élégance. Sans jamais verser dans la brillance des suraigus et la seule virtuosité, sur certains thèmes, il entre sans éclat, avec une sonorité légèrement voilée sur ces standards l’émouvant “Never let me go” de Nat King Cole. Ou “I’ve never been in love before” que maîtrisait Chet Baker. Un son plein, une articulation ciselée, un phrasé mélodique rapide et sûr, une tenue énergique. On ne sera donc pas surpris qu’il ait choisi de reprendre ensuite non des tubes mais des thèmes racés de connaisseurs, “Ceora de Lee Morgan, “I'm Glad There Is You de Jimmy Dorsey ou le poignant “Invitation de B. Kaper qu’il revitalise sur un tempo nettement plus vif avec son pianiste-inconnu jusque là, mais à suivre  de près. Gael Rakotondrabe vient d'ailleurs d'enregistrer dans la même collection un premier album en trio Shadow. 

Pas sûr que l’on puisse encore les appeler standards ces reprises singulières... C’est un répertoire joué pour le plaisir et cela s’entend. C’est ainsi d’ailleurs que naquit sur le label Caramba la collection For Musicians Only, un soir de la fin 2023 dans un club parisien pour enregistrer ce concert et le diffuser à un public plus large. “Avec Gael Rakotondrabe à la batterie, Laurent Vernerey a la contrebasse, Stéphane Chandelier à la batterie, trois des musiciens français qui font de l'accompagnement un art majeur”. Pour mieux entendre Fabien.” dit le dossier de presse. Pas faux!

Un quartet vibrant et sophistiqué à la fluidité et  musicalité parfaitement maîtrisées. Ils jouent tous avec une belle conviction et rendent ce Never let me go formidablement accessible.

 

Sophie Chambon

 

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14 janvier 2024 7 14 /01 /janvier /2024 21:57

Benoît Delbecq (piano), Étienne Renard (contrebasse), Guilhem Flouzat (batterie)

Meudon, 5 juin 2022

dStream n° 108 / l’autre distribution

Une entreprise très singulière, fondée sur le désir de viser sans cesse le point de rupture d’équilibre. Cette fièvre multiple, c’est celle qui tend à prévaloir quand les musiciens, de manière collective, tentent le pas au-delà, l’abandon, la transgression, le défi. Et s’ils naviguent à vue, c’est toujours en connivence, à l’écoute de chaque autre. Sous un abord de trio tranquille, soudain l’un ou l’autre met le grain de sable qui devient graine féconde. On navigue avec eux, dans ce paysage d’incertitude qui n’est pas de l’indécision, mais le vif désir d’aller ailleurs, plus loin, en contournant les codes, en défiant l’équilibre ou le convenu, par petites touches ou par de hardies fractures. J’ai retrouvé là le plaisir que j’avais éprouvé au concert, en janvier 2023 au Sunside, une sorte de familiarité traversée d’écarts, d’étonnements, d’évasions furtives. Subtil, foisonnant : jouissif !

Xavier Prévost

 

Le trio est en concert à Paris au Sunside le mardi 16 janvier

 

Un avant-ouïr sur Vimeo

https://vimeo.com/878286750

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27 décembre 2023 3 27 /12 /décembre /2023 15:09
Csaba PALOTAÏ Steve ARGÜELLES Simon DRAPPIER    SUNAKO

CSABA PALOTAÏ STEVE ARGÜELLES SIMON DRAPPIER   

Sunako

 

Label BMC www.bmcrecords.hu

 

 

BMC Live | Csaba Palotaï | Simon Drappier | Steve Argüelles: THE TRAIL (youtube.com)

 

Après le poétique Cabane Perchée en 2021, le guitariste hongrois Csaba Palotaï et le batteur britannique Steve Argüelles continuent en trio cette fois, avec le Français Simon Drappier autre guitariste qui joue un modèle baryton, polyinstrumentiste qui pratique aussi l’arpeggione (guitare violoncelle) et la contrebasse.

Enregistré sur le très actif label de Budapest BMC, sans casque, ensemble, en condition de totale improvisation. Lâcher prise? On laisse tourner les bandes et comme le suggère Wladimir Anselme dans des notes de pochette plutôt inspirées, ici point d’ego, ni de power trio. Ce n’est pas le Crossroads de Cream pour vous donner une (contre)idée, mais techniquement c’est aussi très fort et plutôt cohérent en dépit d'influences diverses.

 

Dix compositions aux titres mystérieux forment donc Sunako. Kesako? Du japonais, un prénom féminin qui signifie “l’enfant des sables” , on partirait alors sur une musique des espaces désertiques, nomadiques du Niger, du Sahara avec “Aïr”. Sans être nécessairement aride ces mélopées induisent une transe douce, accentuée par des boucles et autres effets électroniques (synthé omnichord, vocoder sur le dernier titre chanté “Ricerca”). Le périple ne fait que commencer, la boussole s’affole pour une errance guidée par ces thèmes répétitifs en diable que sont “Buckboard”, “Arsenal”. On s’agite avec le tempo rapide de “Phosphore II” avant de replonger dans les brumes électr(oni)ques d’Henriette” qui peuvent faire songer en plus continu et langui à certains effets et effluves de Neil Young dans Dead Man. “Dark side” peut d’ailleurs être une autre traduction de Sunako. “Dalva” marmonné par Steve Argüelles est-il conçu en souvenir de Jim Harrison, des musiques tribales de l’ouest américain, des galops au ralenti dans la prairie perdue? Après le chariot (buckboard), la piste “Trail” qui sera peut être la dernière. Les guitares recréent certaines images du genre ou plutôt les contournent en restant dans une même perspective, horizontale cette fois. Le trio au maintien hiératique nous fait voyager immobile dans la musique d’un film rêvé inspiré par ce Sahara quelque peu revisité et ces western blues qui peuvent charmer ou lasser. A moins que l’on ne se laisse envelopper par ces guitares psychédéliques qui n’ont pas la furia de certains groupes rock et rock prog des années 70 mais ramènent pourtant irrésistiblement en arrière.

Finalement le courant passe, suffit d’être en phase.

 

Sophie Chambon

Csaba PALOTAÏ Steve ARGÜELLES Simon DRAPPIER    SUNAKO
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9 décembre 2023 6 09 /12 /décembre /2023 17:31

 

Miguel Zenon (saxophone alto)

Dan Tepfer (piano)

New York, 19-20 juin 2018

Main Door Music

https://dantepfer.bandcamp.com/album/internal-melodies


 

Un duo enregistré voici 5 ans, et qui paraît enfin ! Car cette musique est d’une qualité et d’une créativité qui rendait urgente sa parution. En l’écoutant, je ne peux m’empêcher de penser à Lee Konitz, dont Dan Tepfer fut le partenaire privilégié durant une dizaine d’années, et que Miguel Zenon reconnaît pour une influence majeure. Il faut dire aussi que Dan et Miguel jouent en duo depuis près de dix ans. Et dans leur manière d’improviser, je retrouve cette liberté qui existait chez Konitz : on entre dans la phrase comme par une porte vers l’inconnu, et pourtant tout s’édifie dans la cohérence, la clarté, mais aussi le vertige. Des compositions de l’un et de l’autre, et aussi deux thèmes (des improvisations ?) en commun, voisinent avec l’une des Études pour piano de Ligeti (Fanfares), et l’indispensable hommage à Lennie Tristano (et à Konitz) : 317 East 32nd Street. D’un bout à l’autre du disque, un formidable moment de connivence, d’intelligence musicale et joie de jouer : jouissif pour qui écoute !

Xavier Prévost

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5 décembre 2023 2 05 /12 /décembre /2023 10:26

Giles Coronado (guitare, composition), Olivier Laisney (trompette), Christophe Lavergne (batterie)

Invitées : Sarah Murcia (synthétiseur), Élodie Pasquier (clarinette)

Moulin-sur-Ouanne (Yonne), février 2023

Onze Heure Onze ONZ 051 / Socadisc

https://gillescoronado.bandcamp.com/album/la-main-2?fbclid=IwAR1YWKxUenNK9JukgXxQOtPGeNbHXOM7lInp8gX4-XGDz18kpII1prL9X0k


 

Ce disque est comme un manifeste de singularité : par son instrumentation de base (trio guitare-trompette-batterie) ; par l’accueil d’invitées qui partagent ce même tropisme d’identité artistique singulière ; par la référence à toutes les expressions qui incluent la main, de la main ferme à la main tendue en passant par ‘ma main dans ta gueule’…. Et parce que les cinq doigts du quintette n’empêchent pas d’envisager les trois ou quatre doigts du trio ou quartette. Libre donc, inclassable aussi : on ne s’en étonnera pas. Tous les artistes de ce disque sont des électrons libres, habités par l’exigence musicale, le refus des facilités des courants dominants, tout en prônant et pratiquant une musique dont les portes d’accès, ouvertes aux perceptions les plus immédiates, offrent aussi des trésors de finesse, et de complexités en cascade qui se révèlent à chaque écoute. Cela fait maintenant plusieurs décennies que j’écoute Gilles Coronado, dans ses propres groupes ou en sideman, et chaque fois je me dis : voilà un talent essentiel, foncièrement original, d’une grande richesse sur le plan du répertoire, de l’improvisation, comme de l’instrument. Mélancolique ou incisif, abstrait ou immédiat, selon les instants, ce disque confirme, une fois encore, l’immense plaisir à écouter et redécouvrir chaque fois une nouvelle facette d’un Art que l’on croyait familier.

Xavier Prévost

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Le groupe est en concert le mercredi 6 décembre à Paris, au Studio de l’Ermitage, en co-plateau avec le groupe Abhra de Julien Pontvianne

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Des avant-ouïr sur Youtube

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4 décembre 2023 1 04 /12 /décembre /2023 10:50

Daunik Lazro (saxophone ténor), Benjamin Duboc (contrebasse), Mathieu Bec (batterie)

Paris, 17-18 novembre 2022

Dark Tree DT 18

http://www.darktree-records.com/en/daunik-lazro-benjamin-duboc-mathieu-bec-%E2%80%93-standards-combustion-%E2%80%93-dt18

 

Une manière de saluer de grands thèmes (Ayler, Lacy, Shorter, Coltrane) dans un CD dont le recto et le verso font explicitement référence à l’esthétique des pochettes Blue Note des année 50-60 (photo, graphisme, mise en page, police des caractères). Le choix de ces standards (qui n’en sont pas tous vraiment : Deadline de Steve Lacy a été enregistré par lui 2 ou 3 fois dans les années 80 ; Love et Vigil de Coltrane n’ont pas inondé sa discographie, et me semblent peu repris). L’essentiel est ailleurs : dans l’évocation amoureuse de thèmes qui ont marqué le trio, qui les fait revivre à sa manière, et les emmène parfois ailleurs : ainsi Nefertiti de Wayne Shorter est très différent de la version historique avec Miles Davis en 1967. Il s’agit bien, comme le titre de l’album l’indique, d’enflammer ces standards d’une nouvel embrasement (voir les reprises de Ghosts de Mothers d’Albert Ayler). Une composition de Daunik Lazro en hommage à Lacy, et deux improvisations collectives, complètent ce bel objet musical, enregistré aux Instants Chavirés : un de sorte de cri d’amour vers le jazz qui nous a fait vibrer, et qui n’a pas cesser d’émouvoir les générations successives de jazz fan.

Xavier Prévost

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28 novembre 2023 2 28 /11 /novembre /2023 08:01
Sait on jamais  Jonathan Orland joue Serge Gainsbourg avec Jean Michel Pilc

Sait on jamais

Jonathan Orland joue Serge Gainsbourg avec Jean Michel Pilc

 

Label Klarthe

www.klarthe.com

Sortie du CD le 17 novembre 2023

Concert au Sunside le 20 décembre 2023

 

 

On retrouve avec plaisir depuis Something Joyful, le saxophoniste Jonathan Orland dans un nouveau projet en duo cette fois, avec un autre pianiste que Stéphane Tsapis ( leur dernier Cd sorti en 2022), puisqu’il s’agit de Jean Michel Pilc, enseignant rencontré à Montreal. C’est que le saxophoniste nous revient après un séjour de quatre ans au Canada et il a choisi de célébrer ce retour avec un répertoire qu’il aime particulièrement, celui de Serge Gainsbourg, un mélodiste de rêve. Une matière riche et inspirante toujours car ce Sait on jamais n’a que peu à voir avec le trio d’André Manoukian ou l’Homme à la tête de chou en Uruguay du tromboniste Daniel Zimmermann pour ne citer que deux des musiques entendues récemment.

Sait on jamais donne le titre à l’album et justifie en un sens la photo de la pochette. Avec ce sixième album depuis l’inaugural Homes en 2012, on remarque que Jonathan Orland aime changer de formation comme pour marquer une étape dans son évolution et sa quête musicienne.

Treize compositions toutes de Gainsbourg furent choisies dans des disques différents qui couvrent une grande partie de la carrière de l’artiste, avec une prédominance des albums des années soixante et soixante-dix. Si on retrouve de tubes comme “Couleur Café”, “la Javanaise”, “Bonnie and Clyde” ou la “Ballade de Melody Nelson”, j’avoue que je ne connaissais ni “Baudelaire” de l’album Serge Gainsbourg n°4, de 1962, ni “Sait on jamais” (où va une femme quand elle vous quitte?) de Confidentiel en 1963. Tous deux aiment la (bonne) chanson française et ce répertoire s’il n’est pas nécessairemnt facile, les autorise à se faire plaisir dans un jeu spontané, immédiat. On s’abandonne volontiers à ce duo instrumental, sans cliché où le swing constant n’est jamais forcé. Le phrasé langoureux et lyrique, assez rond de l’altiste est soutenu par l’énergie rythmique du pianiste, parfait contrepoint.

On appréciera leur art de la reprise intelligent et sensible, la science commune du duo à retravailler ces standards de la grande époque de Gainsbourg : une maîtrise rare en changeant le tempo sur la ligne de basse de “Bonnie and Clyde”, un changement de métrique sur la “Javanaise” dématurer la mélodie chantée à l’époque. 

Une aventure musicale due au hasard d’une rencontre qui va se révéler des plus fécondes, où l’improvisation semble immédiatement naturelle : seulement une heure et demi de répétitions, une demi journée de studio.

C’est encore Jonathan Orland qui en parle le mieux dans ses notes de pochette : la musique de Gainsbourg, par delà les styles musicaux touche à des émotions complexes et souvent contradictoires, passe du sophistiqué au trivial,mêle classicisme et avnt-garde, profondeur et légèreté.

 

 

Sophie Chambon

 

 

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27 novembre 2023 1 27 /11 /novembre /2023 11:40

Jean-Christophe Cholet (piano & direction), Matthieu Michel (bugle), Didier Ithursarry (accordéon), Frédéric Chiffoleau (contrebasse), Sara Chenal & Virginie Turban (violons), Catherine Demonchy (alto), Claire-Lise Demettre (violoncelle)

Paucourt (Loiret), février 2023

Infingo INF 320211 / l’autre distribution

 

Le pianiste et compositeur creuse le sillon, tracé avec constance depuis plus de deux décennies en compagnie du bugliste Matthieu Michel : après «Whispers», en quartette, enregistré en 2014, il y eut «Extended Whispers», en quintette, enregistré en 2018 (chronique ici). Cette fois c’est un quartette augmenté du quatuor à cordes Sine qua non. Ce qui frappe, comme toujours chez ce musicien, c’est la densité et la finesse des harmonisations : le quatuor à cordes paraît n’avoir aucun secret pour lui. Et la confrontation-collaboration-osmose entre le quartette ‘de jazz’ et le quatuor est formidablement féconde. La touche mélancolique est toujours très prégnante, tempérée par les accents rythmique, entre les pizzicati du quatuor et le phrasé du quartette. On entend comme souvent des emportements lyriques qui se métamorphosent dans les interventions solistes. Dans les glissements progressifs de l’harmonie de So British, le mélomane de base que je suis retrouve les sensations éprouvées à l’écoute de Samuel Barber (un Nord-Américain, mais venant d’un état, la Pennsylvanie, encore un peu british), de Silence de Charlie Haden, voire de John Graas (né comme Haden dans l’Iowa, pas vraiment british), corniste qui composa dans les années cinquante un jazz qui me semblait influencé par la musique anglaise des siècles anciens. Comme d’habitude, le chroniqueur cède aux phantasmes de jazzophile transversal, et pas toujours pertinent…. Très beau dialogue au fil des plages entre les solistes de jazz, Jean-Christophe Cholet en tête, et le quatuor ; magnifique expressivité de Matthieu Michel et Didier Ithursarry, et permanence d’une inspiration musicale qui a puisé dans toutes les sources du vingtième siècle. Bref de la très belle musique de jazz… et d’ailleurs, à découvrir d’urgence !

Xavier Prévost


 

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26 novembre 2023 7 26 /11 /novembre /2023 09:15

 

Régis Huby (violon, violon ténor, électronique, composition), Tom Arthurs (trompette), Eivind Aarset (guitare, électronique), Bruno Chevillon (contrebasse, électronique), Michele Rabbia (batterie, percussions, électronique)

Les Lilas, juin et juillet 2023

le triton TRI-22566 / l’autre distribution
 

Ce disque prolonge des projets antérieurs (avec d’autres instrumentations), où les cordes croisaient déjà les sortilèges de l’électronique, toujours sous le sceau d’un lyrisme qui jamais ne se dément. La trompette et le violon se font vocalité et une pulsation, tantôt explicite, tantôt subliminale, parcourt cet univers intérieur qui se donne à voir en même temps qu’il se dissimule. Mystère de l’intériorité, magie de l’implicite. Bouleversante expressivité de tous les instruments. Ici la technologie, discrètement présente dans le traitement du son, est au service de «la musique de musiciens, entièrement faite à la main», comme aimait à le dire naguère l’Ami batteur-chanteur Jacques Mahieux. Tout un monde surgit de cette rencontre musicale, brassant un instant une sorte d’énergie rock dans une pulsation qui réveille le Stravinski d’avant 1914 : en cet instant ce serait presque une espèce d’électro-rock de chambre…. Comme l’expression ultime d’un projet esthétique qui est foncièrement artistique.

Le disque est dédié à la mémoire de l’Ami Denis Badault, parti en quelques semaines d’une maladie foudroyante. À quelques jours des séances d’enregistrement, le 27 juillet, au Crématorium de Sète, Régis Huby était là, avec beaucoup d’amis communs dont certains avaient traversé la France, pour un ultime hommage à Denis Badault. Encore une trace de ce monde intérieur, caché sans doute, mais qui, dans la vie comme dans la musique, nous rappelle la force du partage.

Xavier Prévost

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