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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 17:34

DUMOULIN_rainbow_body.jpg

BEEJAZZ/Abeille Musique

 

 Voilà un trio curieux et délicat qui entraîne dans une musique surréaliste (avec nos amis belges, rien d’étonnant), une sorte d’happening poétique, du aux effets des keyboards et Fender dont Jozef Dumoulin use en maître. Nous sommes invités à entrer, un peu à notre insu, dans une boîte à musique, rythmée par la pulse invariable, métronomique d’Eric Thielmans (« Fuga X »). Il n’est pas pour rien dans le sentiment d’inquiétante étrangeté  de ce « Mei » que suit le bruitiste « Shinji» où le bassiste Trevor Dunn ferraille vaillamment avant d’enchaîner sur l’enjoué et lyrique «The Dragon Warrior». Tendues et atmosphériques, les compositions du claviériste-compositeur découpent des  tranches d’une électro pop sombre mais toujours intrigante, comme  dans « Sosuke ». Ce Rainbow Body aux titres qui concassent les rythmes, aventure un pied dans le lunaire  tout en squattant notre salon, avec ce « Volkan » presque mystique, comme si Dumoulin s’était mis à l’orgue. Une musique enfantine « For The Monsters Under Our Bed » et  spectrale, une électro sinueuse qui suit le son d’un clavier, fragmenté dans l’acier des machines. Si on avoue ne pas comprendre grand chose à l’écriture des titres, ni à l’inspiration « exotique » venue d’un est lointain , on se laisse faire (comme dans certains films) sans trop savoir pourquoi ni comment par ce spleen électro rock. Ce n’est pas toujours une partie de plaisir pour nos oreilles formatées plus classiquement ( ?) mais on sent néanmoins que les musiciens s’en sont donnés à cœur joie, mixés et supervisés par le grand Dré Pallemaert ! C’est souvent du hors piste, sautillant et triste, frémissant et léger, protéiforme : la musique du trio respire, chante toujours et domine le tempo avec aisance. On s’approche des nuages dans une langueur enveloppante avant de redescendre brusquement... entre envolée réjouissante, electro « ambient » et même new age…Décidément ce Rainbow body (douce allitération ) a quelque chose de dérangeant et de diablement envoûtant !

Sophie CHAMBON

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4 décembre 2011 7 04 /12 /décembre /2011 22:06

 

Songline 2011

Benoit Delbecq (p), François Houle (cl)

 delbecq-houle.jpg

La révélation dont nous parlait récemment le tromboniste Samuel blaser c'est François Houle, clarinettiste canadien encore trop peu connu ici.

Dans une formule ultra-exigeante ( piano/clarinette), ou les thèmes ont été pour partie enregistre en « live » et pour partie en studio, proche parfois de la musique de chambre, les deux instruments se livrent à une démarche exploratoire de sons, de rythmes et de polyphonies africaines.

 

 

François Houle semble réinventer constamment l'instrument et en exploite toutes les possibilités. Non, la clarinette n'est pas figée dans les concertos de Mozart ( qu’il affectionne au demeurant) ni dans les mariages klezmer où quelques excités pensent que pour jouer bien il faut jouer vite et fort. François Houle c’est une synthèse à lui tout seul. On pense a Giuffre, à Hodges, à Buddy de Franco ou à Eddie Daniels (réentendre justement ses duos cl/p avec Roger Kellaway). Tout est exprimé dans ce son-là avec parfois beaucoup d’air dans le son et parfois au contraire le tranchant d’une lame affûtée et puissante. La clarinette a ce niveau demande une maîtrise d'une exigence incroyable.

Et là où les bois se rencontrent, là où les résonances harmoniques du piano enveloppent les lignes sinueuses et précises de la clarinette, le son touche au sublime. Et l'accompagnement de Benoît Delbecq d'une rare intelligence. Jamais vraiment soliste et pourtant.... Il donne à la fois le tempo et les harmonies, semblant déployer a lui seul un vrai orchestre.

Les deux hommes se sont rencontrés en 1995 et jouent régulièrement ensemble. Plusieurs titres de cet album sont tirés de leurs précdents duos ( Dice Thrown en 2002 et Nancali) en 1997. C'est dire si leur entente touche à une certaine intimité de la musique. Une proximité sensible et évidente.


Brillants, jamais à court d’idée les deux musiciens semblent prendre un plaisir communicatif à la création de cette musique, entre dialogue écrit et improvisation.

Et c’est juste et simplement beau.

Jean-marc Gelin

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 23:06

Criss Cross 2011

John Escreet (p), David Binney (as), Eivind Opsvik (cb) , Nasheet Waits (dm)

john-escreet-.jpg John Escreet jeune pianiste anglais, pour le moment un peu hors de portée des radars des critiques français ( à l’exception de quelques uns) signe un nouvel album totalement décomplexé. Qu’il joue en trio ou en quartet avec le saxophoniste David Binney, Escreet fait passer un sérieux coup de jeune sur l’art du piano jazz.

On l’entend plus héritier de Jason Moran (dont i a d’ailleurs été l’élève – que voulez-vous les chiens ne font pas des chats), références monkiennes en moins ; ou de Dave King, le batteur pianiste de Bad Plus, qu’en successeur de Keith Meldhau.

Car son  travail est pianistique mais pas que. Pour preuve Restless, morceau totalement flippant où les bruitages nous balaient d’un souffle cauchemardesque. On se croirait dans la bande son d’Amytiville ! On ne voit d’ailleurs pas bien ce que cela vient faire là et c’est un peu décousu mais finalement pourquoi pas. Créations sonores aussi lorsqu’il manie subtilement l’électro pour créer des espaces musicaux parfois étranges  (Electrotherapy, Red Eye), souvent très cinématographique, à la limite des comics d’anticipation. C’est dire combien le pianiste avec l’énergie de son jeune âge, a à cœur de bousculer les conventions du genre.

Très percussif ( parfois un  peu trop) on l’entend malmener son clavier avec la rage des morts de faim et avec derrière lui, un Nasheet Waits génial ( comme d’hab’) qui ne se fait pas prier pour en surajouter dans le survoltage ( sur le titre éponyme notamment). L’apport de David Binney est aussi essentiel. Le plus prolifique des saxophonistes New Yorkais fait ici parler la poudre et y affirme une formidable présence rythmique.

Sur le fond, le pianiste, remarquable technicien explose les conventions, on l’a dit. Inutile de chercher à se raccrocher à des idées mélodiques simples. John  Escreet malmène les atonalités et les structures rythmiques comme Steve Coleman ou parfois Threadgill.

Les idées neuves et l’énergie de ce jeune pianiste d’à peine 27 ans ne suffisent pourtant pas à se convaincre qu’il est d’ores et déjà un pianiste «  essentiel ». Ses trouvailles sonores et les interventions aussi brillantes soient-elles de Binney pourraient tout aussi bien être interprétées comme signe d’une difficulté à tenir le discours, seul sur la durée.

Il n’empêche, Escreet est assurément une valeur montante du jazz transfrontalier ( jazz métissé de pop-rock) dont les apparitions  sur la scène promettent d’être de vrais feux d’artifice.

A ne pas manquer. On est prêts à en prendre le pari.

Jean-marc Gelin

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 21:43

Olivier Laisney (tp), Yacine Boulares (ts), Benjamin Rando (p), Simon Tailleu (cb), Cédric Be k (dm).

La Fabrique 2011

 dress-cde.jpg L’émergence constante de nouveaux groupes sur la scène du jazz donne parfois à Paris des airs de Big Apple. Là aussi foisonnent les talents et la passion de la musique bien faite . Et lorsque l’on écoute par exemple celui-là on prend conscience d’une certaine universalité  de cette musique dont les codes franchissent allègrment les frontières et les océans. Des codes qi viennent bien souvent de quelques prestigieux aînés et qui ne laissent de perpétuer l’héritage de Miles et de Wayne Shorter, au point que la forme du quintet trompette/ ténor/ Piano / Basse/ Batterie  ramène bien souvent de nos jours à cette période bénie des dieux du jazz.

Attentionnés à faire sonner des harmoniques très Shorteriennes (Far away), à créer une spatialité de la musique et au final à faire émerger l'homogénéité du groupe, ces jeunes-là affichent un réel savoir faire artistique qui épate. Au point aussi de reter un peu figé dans cette forme envoutante où le jazz s’évapore dans quelques volutes bleutées. On le voudrait parfois pmlus sauvage, un peu plus libre et moins concentré à faire sonner.

Mais n’empêche, les éléments organiques se mettent en place et d’auytres émergent. Comme par exemple Olivier Laisney dont chaque note est une boule d’énergie capable de porter le groupe très haut ( Dear Emma). Si Yacine Boulares semble parfois bien sage, très concentré sur son sujet, c’est pour y affirmer un son superbe, un son d'un grain aussi suave que voluptueux, entre l'héritage Lesterien et les promesse d'un Mark Turner.  L'ecole de Chris Cheek oubde David Biney (pour moderniser les références)  ne sont d’ailleurs  pas très loin.

Quand à Simon Tailleu, qui prend désormais sur la scène du jazz une importance considérable et justement reconnue il a compris, à la mnière d’un Charlie Haden l'alliance

parvient depuis quelques années Les compos portent la marque d'un réel savoir faire qui emprunte à leurs aînés et modèles mais tournent cependant un peu à vide.

Cependant dans ce jazz très intimiste, aucune fièvre mais juste la patience de l'artisan qui fignole et cisèle, qui travaille la pâte, harmonise les chants et les contre chants, dessine une aire de jeu. Everyting's under control.

Et au final  un vrai plaisir à l'écoute de ce groupe qui possède la belle fluidité d'un geste assuré. A la manière d'un calligraphe,ou d' un maître zen.

Jean-Marc Gelin

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 07:50

ECM 2011

Enrico Rava (tp), Giovanni Guidi (p), Fabrizio Sferra (dm), Gianluca Petrella (tb), Gabirele Evangelista (cb), GIacomo Ancilotto (g)

Rava-tribe.jpg

 

Enrico Rava a la sérénité des vieux sages. De ceux qui ont tout fait ou à peu près, et qui gardent de la révolte le goût d’une certaine mélancolie désenchantée et une grande tendresse pour les jeunes cadets bien plus fougueux. Sa relation avec le jeune tromboniste Gianluca Petrella est de cet acabit.

Avec l’âge, Enrico Rava sait que l’essentiel est dans l’épure. Il sait que l’on dit parfois plus en disant moins à l’image de cet « Incognito » où Rava donne du temps au temps, maîtrise l’expression de ses propres sentiments. Ce faisant, bien sûr il se fond dans l’esthétique (obligée) de son label. Il y a dans les allures du maître quelque chose de Miles. Cet art de retirer tout le superflus pour parvenir en quelques notes à la vérité intrinsèque de la musique. Quelques notes à peine pour faire s’envoler la mélodie. Comme sur Choctaw où il fait respirer la rythmique dans une sorte de danse tribale presque chamanique.

Ces mélodies sont un peu tristes parfois jusqu’à l’insondable ( Tears for neda, bouleversant). Mélodies porteuses d’un regret irréparable. La cause en est souvent la terre avec un «  T », la planète sur le sort de laquelle Rava semble s’être résigné malgré quelques salutaires bouillonnements ( Planet earth, Song tree, Garbage blues).


Ce quintet parle d’une même voix. Profonde. Inspirée. Presque mystique ( comme ce Song tree d’une beauté zen, sublime !). Et Giovanni Guidi y est aussi étincelant dans la clarté lunaire de l’album. Il faut entendre aussi les ponctuations qui viennent de Fabrizio Sferra à fleur de peaux, au drumming tout en frôlement sensuel ( Paris Baguette). Last but not least, Gianluca Petrella, apaisé fait sortir de son trombone des couleurs sombres nimbées de trames épaisses, ecrin de velours hyper sensuel. Un album simple et juste beau.

Jean-marc Gelin

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 07:42

Sunnyside 2011

Adam Kolker (ts,clb, fl, cl), John Hébert (cb) , Billy Mintz (dms), John Abercrombie (g), Russ Lossing (p), Judi Silvano (vc), Kay Matsukawa (vc)

kokler.jpg

 On le sait bien, en jazz tout est question de feeling et de son. Il suffirait, pour ceux qui en ont une vague idée d'entendre le duo de ce saxophoniste américain avec le guitariste John Abercrombie pour s'en rendre compte. Adam Kokler fait partie de ces inconnus de ce côté-ci de l’Atlantique qui risque de n’intéresser qu’une petite poignée d’aficionados qui viendront s’échouer un soir au bar d’un club parisien et qui repartiront content d’avoir pu entendre le prodige. Pourtant le garçon a ses titres de noblesse : Gunther Schuller, John Abercrombie, Maria Schneider, Kenny Wheeler, Rick Margitza, Billy Hart. 

Dans l'arbre généalogique, Adam Kokler vient de Stan Getz qui vient lui même de Lester Young. Ce qu'il faut entendre par là : le souffle, la colonne d'air qui fait que chaque note est comme une caresse. Il y a des saxophonistes ténors pour qui l'instrument est une fine lame tranchante, il y en a d'autres pour qui le sax ténor est une sorte de velours soyeux.

Pas énervé pour deux sous, Adam Kokler donne l'impression de tout maîtriser et de s'affranchir de toutes les difficultés avec une aisance qui frôle l'élégante insolence.

Il peut jouer un bop (Boscarbob) et doubler à l'instrument le scat chantè, tout cela semble d'une légèreté déconcertante. Idem lorsqu'il joue de la flûte avec une inspiration magnifique sur Nature Boy, inspiration hélas pas très partagée par la chanteuse qui l'accompagne.

Le format n’est pas très original par les temps qui courent où tous les saxs ténors de la planète semblent avoir oublié l’existence du piano. Heureusement Russ Lossing vient prêter son clavier sur quelques titres. Mais sans révolutionner le genre , il y a là l’art et la manière.

Pas radical mais totalement convaincant.

A découvrir.

Jean-Marc Gelin

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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 07:27

Microcidi 003

Produit par ZOONE LIBRE et CIRCUM DISC

Distribution Anticraft /MVS Distribution, les Allumés du Jazz

 vazytouille.jpg

 

www.circum-disc.com

www.zoonelibre.com

www.zoonelibre.com/les-groupes/vazytouille

 

Voilà un premier album épatant, excellent aperçu de ces musiques actuelles qui savent intelligemment fédérer amateurs de rock, jazzeux, amoureux de groupes vocaux ou inconditionnels de musique de chambre : le Vazytouille au nom sans ambiguïté, nous plonge dans une cuisine roborative, un délicieux mesclun de sons et d’ambiances. Ce jeune orchestre regroupe 14 musiciens (formidables) du collectif lillois Zoone Libre, lié au label nordiste Circum, que l’on suit de près aux DNJ. Ils n’ont pas peur de remuer diverses combinaisons, parfois au sein d’un même titre : on entend un trio rock progressif, des cordes (Nahisa Abdou au violon et Sureya Abdou au violoncelle), des vents (Audrey George et Marylin Pruvost à la flûte), mais aussi des parties a cappella. Cette fine équipe marie à l’envie cette variété de thèmes et de climats en alternant, superposant et redistribuant les timbres au sein de compositions comme « Orgiak Suite » ou « Masay Christo » proprement réjouissantes. Ces alliages, sans être inouïs, sont assez insolites pour nous surprendre. Si on ne sait où ces musiciens nous conduisent, on leur fait volontiers confiance, portés au large de cette musique  sérieuse et ludique, énergique et ambiante. Cet album combine des tentatives d’improvisation collectives et/ou dirigées tout à fait  réussies  qui côtoient les règles de l’écriture la plus précise. On ressent la plénitude et l’intensité des sonorités, le sens de la construction dans ces pièces longues, difficiles à tenir. L’enchaînement des titres, cohérent, alterne des climats différents, tel ce « Dégel » peu apaisant,où la flûte apparaît inquiétante, après le crescendo intensément enjoué du morceau précédent. Voilà des musiciens qui ont tiré parti des collages de Zappa, dans la joyeuse cacophonie très orchestrée de « Si…Si », dans le drive d’une section rythmique attentive et efficace. La deuxième partie de « Masay Christo », proprement «emballante», dominée par la guitare électrique de Jean Louis Morais, (ré)sonne avec le plus bel effet. Comment ne pas être saisi par les sons qui sortent du pavillon du baryton (Vincent Debaets), des saxhorns (Michael Potier et Luze Grazilly), de la trompette (Christian Pruvost) dans « La chute », qui s’achève en berceuse, « nursery rhyme » pour boîte à musique ?

Pour un coup d’essai, l’album est un coup de maître, révélant une complicité originale et exigeante de tous les instants. Chaque nouvel échange complète et éclaire différemment le tableau de ces variations en série. Le final, « Bill » qui se développe entre voix, trompette et piano, est tout simplement superbe. Avec Vazytouille, formation qui s’active en région, voilà des Nordistes qui exaltent saveurs et savoirs dans des histoires impossibles que l’on se délecte pourtant à suivre, entre conte et rêve éveillé. Réjouissant !

 

NB : Encore un mot sur la pochette joliment colorée, au graphisme enfantin et délicat, entre « Donjon et Dragon » et Dubuffet !

 

Sophie CHAMBON 

·     

 

 

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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 18:21

J.D ALLEN : “ Victory”

Sunnyside 2011

JD-ALLEN.jpg

JD Allen (ts), Gregg August (cb), Rudy Roston (dm)

 

David Weiss & Point of departure:” Snuck out”

Sunnyside  2011

David-Weiss---Point-of-Departure-Snuck-Out.jpg

David Weiss (tp), JD Allen (ts), Nir Felder (g), Matt Clohesy (cb), Jamire Williams (dm)

 

 

 

Deux disques sortis récemment chez Sunnyside nous donnent l'occasion de faire connaissance avec un magnifique ténor totalement méconnu en France, JD Allen.

Les meilleurs observateurs du jazz n'auront pourtant pas manqué les apparitions de ce ténor de Detroit (Michigan) qui à près de 39 ans a fait déjà des apparitions remarquées aux côtés des plus grands que ce soit dans le big band de Franck Foster, de Dave Douglas, Lester Bowie, George Cables, Betty Carter, Ron Carter, Jack DeJohnette, Me'shell Ndegeocello etc... Excusez du peu. On le voit, ce gars-là qui roule sa bosse depuis pas mal de temps a de quoi se faire la réputation d’être un sérieux client.

 

Dans la tradition des grands ténors de l'après-bop entre Sonny Rollins, John Coltrane ou encore Joe Henderson, Jd Allen c'est d'abord une formidable densité du son et un placement rythmique exceptionnel alliés à une parfaite maîtrise du langage harmonique des maîtres de l’après bop. Et JD Allen a suffisamment de métier en tout cas pour tenir la baraque en trio à la façon du colosse du sax en formation pianoless ( dans l'album "Victory") ou alors pour s’imposer dans un quintet de pure facture hard bop aux côtés d'un autre fameux, le trompettiste David Weiss qui, quant à lui n'est pas sans évoquer Lee Morgan.

Deux occasions d'assister non pas à la réinvention du jazz mais juste l'occasion d'y entendre la marque d'un jazz aussi vif hier qu'aujourd'hui. C'est un peu la maqie de ce qui ne s'apprend pas mais se forge nuit après nuit dans les meilleurs clubs de l'autre coté de l'Atlantique.

Dans « Victory » on est tout d'abord saisi par la force du discours et par la cohérence de ce trio dans cette formule pianoless magnifiée jadis par Sonny Rollins. Trois éléments en marche qui se propulsent l'un l'autre. Et s'élevant au-dessus, la voix du sax de JD Allen dont le grain est d'une densité bien palpable, fort et massif, viril et lyrique à la fois. Aussi sensuel que viril d’ailleurs.

Dans « Snuck Out » de David Weiss où JD Allen partage l’essentiel des soli avec le trompettiste, on croit voir renaître de leurs cendres, les messagers du jazz dans la période Wayne Shorter. C’esy grisant et admirablement bien fait. On s’y croirait.

 

 

Alors, si vous passez à New-York, jetez un oeil sur la programmation. Il y a de fortes chances que vous ayez l’opportunité de découvrir ces musiciens qui inlassablement perpétuent un certain geste du jazz. Avec un peu de chance JD Allen sera de la partie et vous donnera de quoi, définitivement tomber amoureux de cette musique si toutefois vous ne l’étiez pas encore.

Jean-Marc Gelin

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 08:19

 

Nicolas Parent Trio : « Moments »

2011

Nicolas Parent (Gt), Tommaso Montagnani (Cb), Guillaume Arbonville (Dms)

 

 parent1.jpg

Construit à part entière comme un passionnant Road-movie, ce premier opus du guitariste français Nicolas Parent est une remarquable réussite. Un projet audacieux, aux doux reflets d’ambre et de palissandre. Dès le début du disque, entre les musiciens s’installent fréquemment avec folie des joutes rythmiques interactives. Le timbre boisé des guitares entremêlées provoque un irrésistible appel au voyage des sens. Une incommensurable poésie émane de chacune des envolées mélodiques. Par le biais de sa contrebasse, Tommaso Montagnani offre à l’ensemble une assise d’une étonnante solidité, en permanence relié aux autres par la précision de son jeu. Ce trio use de l’honorable héritage du Jazz par le biais de cadences reconnaissables, ainsi que l’utilisation de codes rythmiques, comme par exemple dans Sunday Afternoon ou bien Bang in Blue. Harmonieuse succession d’accords teintés d’un profond onirisme. Chez le batteur et percussionniste Guillaume Arbonville demeure un sage accompagnateur à l’écoute des autres, sachant aussi bien contrôler avec finesse les nuances que donner la réplique aux appels rythmiques de ses comparses, variant le plus souvent l’utilisation de différents timbres. Largeur du son, lenteur des effluves, la correspondance des sujets sonores abordés est totale. Dans When Dreams come True s’immisce aussi un brin d’Afrique, résonnant dans le claquement des cordes en nylon, ainsi qu’un certain lyrisme évoquant un court instant la culture musicale sub-saharienne. L’ivresse improvisatrice de l’introduction de Zyryab évoque aussi une part culturelle de ce continent. Définir un tel ouvrage dans son ensemble comme une merveilleuse bande son d’un film mélancolique serait sans doute réduire l’importance de ce projet artistique. Il va de soi que la découverte d’un tel album ne laisse pas indifférent. Tristan Loriaut

 

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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 07:43

ECM – 2011

Gianluigi Trovesi (Clarinette Alto/Piccolo), Gianni Coscia (Accordéon)

 trovesi.jpg

 

Après « Cerca in cibo » et « Round about Weill », c’est au tour de l’œuvre de Jacques Offenbach d’être revisité par l’infatigable duo italien. Ce compositeur français d’origine allemande fût au 19e siècle le compositeur de pièces aussi pétillantes qu’espiègles, souvent dédiées à différentes danses telles que la polka, le quadrille, la valse ou encore le tango… Les arrangements des œuvres d’Offenbach présentes sur ce disque sont le fruit du travail des interprètes milanais Gianluigi Trovesi aux clarinettes et Gianni Coscia à l’accordéon. Cette revisite se fait évidemment sous l’égide du Jazz et de l’improvisation, et une fois n’est pas coutume, orienté vers la légèreté de la danse. Ce duo retranscrit à merveille toute la poésie de l’œuvre du « Frère Jacques », ornée pour l’occasion de plages d’improvisations. C’est dans ce registre que Gianluigi Trovesi trouve un remarquable moyen d’expression, par le biais du timbre limpide de ses clarinettes, accompagné de la plus belle des manières par Gianni Coscia et son accordéon, emprunt d’une sincère simplicité. D’ailleurs, il faut rappeler qu’Offenbach était bien insouciant du fait que l’on considère son œuvre comme faisant partie d’un certain intellectualisme. En outre, il ne cachait pas sa frivolité au sein de ses compositions, et avait une certaine indifférence pour les raisonnements complexe. Ce qui ne l’empêchait pas de jouer avec la sincérité et le sérieux qui le caractérisent, notamment en tant que contemporain au 19e siècle. Trovesi et Coscia veulent justement rendre hommage à cette légèreté au travers de cette forme d’art considérée à l’époque comme mineure, l’opérette.

Tristan Loriaut

 

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