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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 06:45

aeroplanes.jpg

BEE 046

Sortie le 16 juin

 

BEEJAZZ/ ABEILLE Musique Distribution

 

 

Si « la valeur n’attend pas le nombre des années », dans le cas d’Antonin Tri Hoang, la formule semble se vérifier une fois encore.

Après des études de clarinette au conservatoire, le jeune homme découvre le jazz en écoutant Hubert Rostaing, Benny Goodman. Ce qui est en soi, déjà formidable. Il se met à l’alto, quand il découvre le bop et Charlie Parker. Entrant au CNSM, il est repéré à 20 ans par Daniel Yvinek, authentique « talent scout », directeur artistique d’un ONJ nouvelle formule, qui a choisi parmi la jeune scène française des musiciens pluri-instrumentistes, de cultures différentes.

Antonin a intégré l’histoire du jazz, en connaît ses pères et repères mais il a écouté autant Monk que Ligeti ou Sonic Youth.

La suite, on la connaît… Antonin est vite remarqué au sein de l’orchestre et comme il a envie de de voler de ses propres ailes, il se lancera dans une nouvelle aventure, galvanisé par l’audacieux Mohamed Gastli, directeur artistique de Bee jazz, toujours à l’affût de nouvelles aventures musicales.

Composant son premier album, Antonin souhaitait jouer en duo avec un pianiste … Ce sera Benoît Delbecq qu’il admire depuis la nébuleuse Hask, Kartet et évidemment le duo Ambitronix.

Ecoutons le saxophoniste exposer son projet, nul ne saurait mieux en évoquer les lignes directrices :

«  Fabriquer des aéroplanes en papier c’est un peu ce que j’ai essayé de faire : composer des structures plus ou moins complètes auxquelles il manquait un angle et une impulsion pour voler. C’est en les jouant avec Benoît Delbecq qu’elles ont trouvé leur trajectoire, leur itinéraire.

Le résultat est un disque étonnant, épuré, de onze pièces, prétextes à une démonstration de sobriété et de finesse, pensées chacune comme une étude d’atmosphère précise, nettoyées de toute scorie. Une parfaite justesse de ton fait de chaque morceau un concentré d’univers musical.

Les deux complices mettent en avant la souplesse de ce jazz de chambre qui n’est jamais mieux servi que quand il est joué avec douceur. Donc une entrée sans fracas, prélude à l’envol qui suit, d’autant plus étonnant qu’on demeure ainsi, longtemps, en apesanteur, porté par de faux rebonds, des suspens harmoniques et rythmiques.

Quelle est la teneur de cette musique ? Délicate et fragile, sans effet virtuose apparent. Benoît Delbecq prépare toujours son piano, accompagne en filigrane, s’impose subtilement en arrière-plan, alors qu’Antonin Tri -Hoang fait entendre son fredon doucement, alternant avec bonheur saxophone alto et clarinette basse. Leur langage privilégie le discontinu, la césure, quand ce n’est pas le retrait, avec cependant des phrases peaufinées, comme polies, qui brillent d’un éclat renouvelé, à chaque intervention d’Antonin. Du coup, Benoit Delbecq se livre avec bonheur au jeu d’un texte ouvert.

C’est qu’à l’encontre du discours actuel, l’émotion seule n’envahit plus le champ musical, dans ce duo qui favorise la circulation du sens poétique : autant de signes qui ne répondent à aucune nostalgie malgré l’apparence du souvenir et une discrète mélancolie qui parcourt l’album.

Soulignons enfin tout l’intérêt de la maquette, des plus originales, dont le graphisme suivant les plis et replis de l’aéroplane fait penser au travail des origamistes. Des citations de Proust, de Gainsbourg (Marilou) et d‘Elena Andreiev, illustrant le titre « Aéroplanes », sont comme autant de prédelles précisant l’exposé narratif d’un tableau -dont on aperçoit d’ailleurs une reproduction de paysage flamand du seizième, masqué par un cache peint à l’aérosol ou à l’acrylique. De quoi emporter définitivement notre adhésion envers ce projet cohérent, esthétiquement réussi, éclectiquement de bon ton.

Hautement recommandé en ce début d’été pour survoler les plages.

 

Sophie Chambon

 

 

 

 

 

 

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14 juin 2011 2 14 /06 /juin /2011 07:25

PJU Records 2011

Sandro Zerafa (g), Laurent Coq (p), Yoni Zelnik (cb), Karl Jannuska (dm)

URBAN-POETICS-SLEEVE.jpg On a encore en tête le premier album du guitariste qu’il signait avec son White Russian Quintet et que nous avions chroniqué ici même il y a trois ans ( http://www.lesdnj.com/article-24668956.html). Nous avions alors remarqué la très grande qualité d’écriture du guitariste maltais. Et c’est sans surprise que, dans ce nouvel album en quartet l’on se laisse prendre par ses belles compositions où la finesse de l’écriture le dispute à l’élégance de jeu du guitariste.

Evitant avec autant de tact que de « savoir-jouer », tout effet virtuose, Sandro Zerafa est un  gentleman du jazz. Rien d’étonnant d’ailleurs à ce que son camarade de jeu soit Laurent Coq. Tous les deux se répondent à merveille. Les eux se sont évidemment trouvés. Et rien d’étonnant non plus qu’il s’inscrive dans cet écrin de velours que constitue la rythmique Zelnik/Jannuska. Et l’on s’attardera d’ailleurs sur le drive du batteur canadien qui donne ici relief et frémissement à cette musique. Jannuska qui se situe un peu entre le point de croix et l’orfèvrerie, tout en ornements et en petites fioritures, dans cet art de pousser la pulse avec discrétion. On se délecte donc de ce jouage des 4.

Pourtant cette musique souple et raffinée donne parfois le sentiment de l’être un peu trop. A tourner autour des mélodies avec quelques manières, les musiciens donnent parfois le sentiment de jouer un peu entre eux. Et la subtilité de leurs échanges ne se livre qu’à la condition de l’écouter et de l’entendre.

Ceux qui auront cette écoute-là entendrons chez Sandro Zerafa cette façon de jouer avec grâce qui nous rappelle un peu Tal Farlow. Ce sens du jeu qui semble si facile. Comme coulant de source.

Car cette poésie urbaine, c’est bien de cela dont il s’agit : une sorte de source régénérante.

Jean-marc Gelin

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14 juin 2011 2 14 /06 /juin /2011 07:11

Music by Olivier Benoit

http://www.circum-disc.com/olivier-benoit-serendipity/

www.muzzix.info

 olivier-benoit-copie-1.jpg

Premier album solo d’Olivier Benoît, Serendipity est sorti dans la collection HELIX du label nordiste Circum, que nous suivons avec attention, depuis ses débuts.

Expérimentateur dans les recherches électro acoustiques, ce guitariste se livre ici à une exploration des plus personnelles, ayant tout conçu de ce projet, de la musique à la photographie.

Etrange OVNI sonore qui commence par une longue plage d’un quasi silence ponctué de grésillements et autres effets techniques. Inutile de lancer un départ fracassant puisque la première partie dure 21 minutes. A la septième minute de cette même plage sans nom, un son persistant et saturé s’élève, qui vrille les oreilles sans que cela ne soit insupportable. C’est ce ressassement qui permet de donner du sens à la structure, à la texture affranchie que le musicien tisse et trame continûment, nous conduisant à l’égarement ou à un équilibre instable. Moment de méditation et de rêve éveillé, entre réflexion et transe, dans une tension constante qui jamais ne va jusqu’à l’explosion et la cassure.

Oser le dire est parfois dérisoire mais Olivier Benoît est un adepte de l’extrême en musique, il se laisse conduire et construire par une errance calculée, créative. Il arrive à manipuler sa machine, à en faire absolument ce qu’il veut. On se situe ici dans les marges, le domaine de l’expérimentation sonore, l’expérience des limites.

Comme le joli mot de Serendipity  renvoie au « don de faire par hasard des découvertes heureuses », le guitariste s’abandonne au hasard, à la « music of chance » comme diraient les Anglosaxons, avec une détermination têtue et une patience à toute épreuve. Comme quand il dirige avec une concentration folle l’immense ensemble de La Pieuvre. 

Plus qu’un Vulcain ahanant au cœur de la forge brûlante, en martelant ses enclumes, Olivier Benoît nous immerge dans un son irréel, industriel, intercalé de « dreams » non moins étranges, dans un voyage immobile, en partance pour un ailleurs indécis, floconneux. Ces sonorités travaillées, ces effets inquiétants d’étrangeté installent un climat d’éternité, musique d’accompagnement d’un cinéma virtuel à la « Eraser head ». Les sons saturés, infrabasses, cadences suggestives plongent dans une douce hypnose, fantasmagorie où le temps étiré à l’extrême  finit par se rappeller brutalement à nous, en dernière plage, par un gong inéluctable.

Qu’importe les bricolages et autres imprévus de cette musique dérangeante, l‘album conserve une unité, une dimension originale et poétique. En dépit d’un matériau sans intérêt apparent, s’écoule un magma  très personnel. Étonnant !

 

Sophie Chambon

 

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5 juin 2011 7 05 /06 /juin /2011 16:52

ECM 2011

Craig Taborn (p)

craig-taborn-avenging-angel.jpg

C'est toujours l'exercice le plus compliqué pour un pianiste que celui de l'exposition en solo pour celui qui est aujourd'hui l'un des plus recherché pour ses talents de sideman. Mais là, Taborn est tout seul, totalement exposé dans sa musique et ses talents d'improvisateurs. Et dans cet exercice-là, il doit avant tout composer avec ce studio de Lugano et ce son ECM. Son ample avec un effet cathédrale où les résonances et le tournoiement des harmonies est important dans la construction même des espaces improvisés.

L'exercice est comme souvent chez le label ( lorsqu'il ne s'agit pas Jarrett.... quoi que....) terriblement introspectif et crépusculaire. La marque ECM, l'esthétique à laquelle le label de Manfred Eicher nous a habitué. On sent la direction artistique de l’allemand. Le pianiste alterne les pièces très espacées comme sur the Voice says so où les intervalles laissent penser à des musiques expérimentales comme celles de Brian Eno, avec des pièces très serrées et denses ( comme sur le titre éponyme Avenging Angel).

Mais cet exercice aussi brillant soit il ne convainc pas toujours. Très concertant (il est curieux d'ailleurs de voir que Craig Taborn a été programmé à Paris dans une salle comme le Sunside alors qu'un tel programme aurait pu justifier Pleyel p.ex), l'ensemble n'embarque jamais réellement son auditeur. Trop introspectif et parfois trop cérébral, il renvoie une image, non pas glacée mais néanmoins parfois une peu figeante. Mais, parfois, Craig Taborn dessine comme des poèmes furtifs, des sortes de haïku minimalistes qui ont la légèreté du vent (True Life near). Parfois au contraire c'est le flot d'une improvisation (à la Jarrett justement) qui s'exprime dans une liberté sauvage ( Gift horse/over the water ou encore Spirit hard Knock) sur des ostinatos de la main gauche dont il explique dans le dernier numéro de Jazzmagazine sa conception. Craig Taborn utilise alors tout le registre du grave du piano dans ses moindres recoins.  Au détour de cette déambulation surgissent parfois des paysages magnifiques, à fleur de peau comme de simples cartes postales tirées d'un mémorial intime (Forgetful).  Il y a  dans cet exercice solitaire la recherche d'une véritable esthétique.

L'exercice a déjà été entendu du côté de chez Manfred Eicher. On peut tout aussi bien s'y ennuyer avec élégance et retenue. S'assoupir un peu mais avec beaucoup de chic. Le jazz joué ainsi en piano solo à tout pour plaire aux thuriféraire de ce jazz aristocratique que côtoierait avec tenue un Alexandre Tharaud au théâtre des Champs Elysées. Car ce jazz-là doit moins à Monk qu'à une certaine école classique. Mais avec cet album Craig Taborn semble surtout accomplir le rite initiatique destiné à le faire entrer dans la loge des grands pianistes sérieux, de ceux qui comme le "maître" de Pensylvanie ou comme François Couturier peuvent s'offrir le luxe de pénétrer dans le studio d'enregistrement de Lugano et accéder ainsi  à 41 ans au statut supposé d'immortel du label.  Espérons juste que cela ne soit pas digne d'un enterrement de première classe et que le pianiste continuera sa voie aux côtés de Chris Potter ou de Dave Binney. Avec cette façon si clase qu’il a de poser le swing.

Jean-Marc Gelin   

 

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2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 19:06

Archieball - Harmonia Mundi

Archie Shepp – saxophones ; Joachim Kühn – piano

 shepp-kuhn-copie-1.jpg

 

 

C’est de la rencontre de ces deux géants du jazz au festival « Jazz à Porquerolles » que naîtra le disque Wo ! Man.

En 2008, le festival Jazz à Porquerolles invite le trio Kühn/Bekhas/Lopez. Pendant la balance, Kühn troque son piano contre son sax ténor et se lance dans un chorus déchainé et surprenant. C’est à ce moment là que Samuel Thiebault, directeur du festival, imagine non seulement une rencontre musicale entre Archie Shepp (fidèle du festival) et le pianiste germanique mais aussi un échange d’instruments entre les deux.

Ces deux monstres sacrés ont respectivement un parcours riche de rencontres et d’expériences musicales qui les a portés aujourd’hui au rang de légendes. L’un comme l’autre a déjà pratiqué des duos sax/piano durant leurs longues carrières, lesquels ont donné des albums réussis (Shepp/Adullah Ibrahim ; Joachim Kühn/Ornette Colman…).

Enregistré à la mi-Novembre 2010 au Studio de Meudon, Wo ! Man rassemble des compositions du saxophoniste, du pianiste ainsi que trois standards.

Complices artistiquement, leur dialogue intimiste occupe pleinement l’espace. Le saxophone d’Archie Shepp aux sonorités reconnaissables, improvise sans compromis sur les morceaux de Kühn. De fait, seul avec le pianiste, Shepp n’a d’autre choix que de puiser au meilleur de lui-même. Le pianiste quant à lui improvise avec la virtuosité qu’on lui connaît sur la musique de Shepp. Même sur un morceau de blues, les deux musiciens parviennent à faire oublier l’absence de base rythmique : leurs seuls instruments suffisent à offrir une musique pleine de lyrisme et d’émotion, partagés entre passé et présent tant sur leurs compositions respectives que sur les standards qu’ils interprètent.

 

Lors du concert donné le 12 Mai dernier à la Fondation Cartier à l’occasion de la sortie de leur disque, les deux artistes nous ont fait partager la même émotion. Le public est venu nombreux ce soir-là écouter deux étoiles encore bien vivantes sous le ciel de Paris. Si les deux artistes n’ont pas échangé leurs instruments comme le souhaitait Samuel et bien qu’Archie Shepp ait mis du temps à se donner, le concert fut un moment de magie où les musiciens nous ont transportés avec générosité dans l’intimité de leur rencontre.

 

Julie-Anna DALLAY SCHWARTZENBERG

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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 07:57

Amina Alaoui : « Arco Iris » ***

ECM – 2011

Amina Alaoui (vc, daf), Saïfallah Ben Abderrazak (vl), Sofiane Negra (oud), José Luis Montón (gt flamenca), Eduardo Miranda (mandoline), Idriss Agnel (perc, gt élec)

 

Amina-Alaoui-Arco-Iris.jpg

 

Pour un cinquième disque sous son nom, la chanteuse d’origine marocaine Amina Alaoui nous revient avec « Arco Iris », entourée ici majoritairement par des instruments à cordes. Avec aussi le daf et quelques percussions orientales, ce divin enrobage instrumental nous transporte tout au long du disque au-delà des frontières musicales. La suavité de cette voix aux mille émotions voyage entre Andalousie, Portugal, Maghreb et Orient, au gré d’improvisations libres autour de thèmes traditionnels. Les langues et les cultures se mêlent entre elles au fil des œuvres, allant de l’arabe au portugais, en passant par l’espagnol. Il est possible aussi d’y trouver un certain parfum occidental de cadences harmoniques qui à l’écoute ne nous est pas inconnu, en témoigne l’introduction de Flor de nieve. L’équilibre entre toutes ces origines s’approche de la perfection par ce savant mélange entre les effluves sonores improvisés d’une guitare flamenca et le lyrisme d’un violon sauvage du désert. Que dire encore de l’ambiance d’un Fado venu de nulle part emplissant nos cœurs de mélancolie par le biais d’une mandoline aux cordes sensibles, dans Fado menor. Paradoxe de la lenteur du discours et de la chaleur intense de l’émotion. Quelques années après cette formidable collaboration avec Jon Balke et Jon Hassell dans « Siwan », enregistré sur ce même label ECM en 2008, Amina Alaoui nous offre à nouveau de belle manière l’occasion de voyager par la Musique.

Tristan Loriaut 

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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 07:53

Black & Blue – 2011

Laurent Marode (pno), Karim Gherbi (cb), Abdesslem Gherbi (dms)

 

Le-Trio-Invite-Grits-and-Groceries.jpg

 

Après l’expérience très convaincante du sextet, le pianiste Laurent Marode nous offre ici un disque en trio accompagné par une rythmique de choc en la personne de Karim et Abdesslem Gherbi, respectivement contrebassiste et batteur. Le concept de ce trio est simple, il s’agit d’un socle prêt à accueillir tout soliste désireux d’évoluer en harmonie avec un groupe solide. Dans « Grits & Groceries », Le Trio Invite a enregistré d’audacieuses compositions, parfois sous forme romanesque avec Three Robberies at Grits and Groceries, ainsi que quelques standards aussi fameux que légendaires commeTaking a Chance With Love, Recorda Me, I’ll Remember You, Easy Living, Old Devil Moon ou bien encore On Green Dolphin Street. En ressort un groove incommensurable, arrangement après arrangement, toujours au sein d’une mécanique bien huilée, d’un son de groupe relativement homogène. Ce trio rend hommage de fort belle manière à la tradition du Jazz et plus précisément à celle du trio piano. En témoigne d’ailleurs les collaborations passées avec certains ayatollahs français de ce style inépuisable de Musique, comme David Sauzay ou encore Fabien Mary, pour ne citer qu’eux. On attendait dans ce disque peut être un peu plus de folie, de surprise, de nouveauté dans l’improvisation ainsi que dans l’arrangement des thèmes. Mais l’originalité des compositions nourrira quand même de sincères félicitations, celles-ci étant particulièrement dédiées aussi bien aux interprètes qu’aux compositeurs évoluant sur ce disque. Force est de constater que la puissante alchimie qui anime la collaboration entre ces trois musiciens remarquables est promise à un futur prolifique.

Tristan Loriaut 

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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 07:50

ECM – 2011

Mathias Eick (tp), Audun Erlien (bass), Andreas Ulvo (pno), Torstein Lofthus (dms), Tore Brunborg (sx ten), Gard Nilssen (dms), Morten Qvenild (key), Sidsel Walstad (harpe)

 eick.jpg

  Musicien reconnu de la décennie passée, artiste devenu incontournable sur le mythique label ECM, le trompettiste norvégien Mathias Eick nous offre un second disque sous le nom de « Skala ». En plus de son savoir-faire de trompettiste arrangeur et compositeur, on lui découvre ici des talents de guitariste, vibraphoniste ou encore contrebassiste. Teinté d’émotions aussi intenses que diverses, ce nouvel opus est habité par le côté Pop du Jazz actuel. Fraicheur et inventivité des compositions, science de l’économie dans l’improvisation, le son général de ce projet musical est maîtrisé à l’extrême, de façon à transmettre avec le plus de justesse possible un message clair et distinct. Mélancolies passagères (Skala), lyrisme des harmonies (Edinburgh), démesure de l’écho (Oslo)… tels sont quelques uns des ingrédients utilisés par le créateur d’origine nordique. A noter aussi le groove incommensurable d’une rythmique évoluant parfois sur une thématique Electro. L’ensemble du disque offre une ambiance langoureusement homogène, le timbre des instruments étant pour beaucoup dans cette succession de morceaux à ambiances quasi-identiques, pour ne pas dire monotone. Ce qui ne dénaturera pas la qualité et la quantité du travail accompli. Signalons au passage la robuste participation en tant que sideman du saxophoniste ténor Tore Brunborg qui distille magistralement ses phrases pendant le solo de Day After. Avec audace, nous pourrions entrevoir chez ce trompettiste une certaine filiation avec la carrière de musiciens comme Erik Truffaz ou bien encore Dave Douglas. Ce disque est fait de blanc, de gris et de pourpre, en accord parfait avec la nature. C’est dans Epilogue que prend fin ce voyage à travers des effluves sonores enchanteurs.

Tristan Loriaut 

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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 07:46

Cam Jazz – 2011

Kenny Wheeler (bugle), John Taylor (pno), Steve Swallow (elec. bass)

 

kenny-wheeler-one-of-many.jpg

 

Trois amis. On imagine bien la scène. Trois monstres sacrés de l’improvisation se retrouvant en studio pour le bonheur de nos oreilles, réunis pour l’occasion d’enregistrer ensemble ce qui deviendra, pour sûr, un disque de plus dans le rayon chef-d’œuvre de nos discothèques personnelles. Cent ans d’histoire du Jazz sont résumées le temps de ces quelques compositions, interprétées par les maîtres de Musique que sont le bugliste Kenny Wheeler, le pianiste John Taylor et le bassiste Steve Swallow. Chaque mesure offre la possibilité d’être transporté à chaque fois dans un monde différent, aux travers des modes harmoniques se succédant avec élégance, comme dans Phrase 3, le thème ouvrant l’album. Elégance aussi dans le touché magistral du britannique John Taylor qui séduit toujours un peu plus à chaque album où lui est donné l’opportunité d’évoluer. Steve Swallow quand à lui arbore toujours aussi fièrement le timbre si caractéristique de sa basse électrique, lui qui est en recherche perpétuelle autour du son de instrument de prédilection. Soulignons aussi, et surtout, la ferveur incommensurable de Kenny Wheeler qui habite chacune de ses improvisations avec sobriété et lyrisme, comme au bon vieux temps de « Gnu High », tel un peintre insatiable déclinant les formes et les couleurs à l’infini. L’intéraction entre ces trois artistes est elle aussi infinie. La formule risquée du trio sans batterie est évidemment une réussite en la présence du talent de ce genre d’oiseaux rares. Et puis combien de musicien voudrait avoir à 81 ans autant de ferveur que ce bugliste légendaire !

Tristan Loriaut 

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31 mai 2011 2 31 /05 /mai /2011 22:36

Dreyfus 2011

Marcus Miller (b), Christian Scott (tp), Alex Han (as), Frederico Gonzales Pena (clav), Ronald Brun Jr (dm)

 marcus-miller-tutu-revisited-feat-christian-scott-live-live.jpg On serait bien tenté de se dire que Miles Davis constitue aujourd’hui un filon inépuisable que d’aucuns auraient tendance à exploiter jusqu’à la corde en se gavant de rééditions multiples et variées et de commémoration en hommage divers. Sauf qu’il ne s’agit pas ici du nième album de Ron carter rendant hommage au trompettiste mais de la captation live d’un concert donné en décembre 2009 à Lyon pour revisiter « Tutu » l’œuvre majeure de Miles de 1986, par son principal protagoniste, Marcus Miller qui en fut à la fois le compositeur, l’arrangeur, le bassiste et le producteur. Et là, forcément on se dit que le garçon a bien le droit de se faire plaisir et de faire revivre ce répertoire en l’animant d’une autre flamme. En plus des compositions de l’album de 86, Marcus Miller y adjoint d’autres thèmes de Miles, plus un sentimental mood un peu plus incongru dans le contexte.

Et si on sent quand même l’affaire commerciale à plein nez, on ne peut pas s’empêcher de prendre un panard monstrueux à l’écoute de ce live au cours duquel tous les acteurs sans exception ont largement mouillé la chemise pour donner ce soir-là le meilleur d’eux mêmes. Marcus Miller était accompagné pour l’occasion d’une jeune garde et notamment de deux jeunes pousses remarquables. Christian Scott aussi frimeur que Miles, flamboyant, balançant des grooves terribles (Ecouter sa version de Tutu) fait un très honorable Miles alors que le saxophoniste Alex Han fait lui aussi très très bonne figure, propulsant une dynamique extrême et un sacré son qui l’impose certainement comme l’un des talents de demain à suivre.

Marcus Miller avec son côté « bass-hèro » que l'on retrouve constamment chez lui aligne des chorus de folie, funky en diable mais parfois un peu lassants, comme autant de moments de prouesses à la manière d'un chien savant. Mais on lui pardonne cette manie bien communicative de se faire plaisir et de se la donner à fond. Car dans cet exercice, Marcus Miller fait exploser le groove comme personne. Ce qu'il fait sur Tomaas ( entre autre) montre qu'il est bien aujourd'hui la référence absolue de la basse moderne, dont le lyrisme dispute au beat infernal. Insurpassable. N'en reste pas moins que certains de ses interminables chorus, qui se conçoivent en concert lorsque Marcus fait le show, auraient peut être gagné à être ici raccourcis au montage.

Aux claviers, signaler absolument un extraordinaire Fredrico Gonzalez Pena qui irradie la scène de ses nappes sonores.

Marcus Miller n’avait jamais donné Tutu en live avant ce concert Lyonnais. Il y met l’âme et la braise.Ne donne jamais dans l'économie. Dans cet écho au concert de Miles de 1991, Marcus Miller fait revivre cette flamme de manière intense et totalement probante. Le public lyonnais (le veinard) que l’on peut voir dans le DVD qui accompagne le CD, exulte et s'emballe, chaud bouillant à l’unisson.

Jean-Marc Gelin

 

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