U suite
Les raisons –nances d’un territoire
Sortie le 17 mars 2011
www.zigzag-territoires.com
www.outhere-music.com
Raphael Imbert sur le net
www.ninespirit.org
www.raphaelimbert.com
www.myspace.com/raphaelimbert
www.facebook.com/raphaelimbert
Installé en Haute Provence entre Durance et Verdon, le saxophoniste Raphael IMBERT a su créer un réseau, rencontrer utile, créer des liens dans un contexte rural et montagneux ; pour un musicien jouer est essentiel, et pour cela, il faut trouver des lieux utiles de diffusion, des scènes comme ces bistrots de pays, ou encore la scène voisine de l’AMI à château Arnoux (on connaît bien aux DNJ le travail de cette structure), qui organisent rencontres, concerts événements…
LE TRACTEUR, restaurant à Puimoisson , tout près des lavandes du plateau de Valensole, (04), accueille autant les locaux que les amateurs venus de loin. « Ce territoire entre Oraison et Riez, chargé de mystères, de vécus, de paysans mystiques et d’ésotéristes terriens » ne pouvait qu’ inspirer le saxophoniste, toujours en verve. Ce projet est mené avec le label Zig Zag Territoires, qui suit son travail depuis longtemps : après un voyage dans le Dixieland des origines du jazz, en juin 2010, pour un projet Improtech autour du dévelopement du logiciel Omax, Raphael Imbert a composé une suite la USuite en 5 parties, transposées dans son Sud à lui. Il était donc totalement légitime de créer au Tracteur cette musique jouée par un quartet mixte, composé d’une rythmique américaine Gerard Cleaver à la batterie et Joe Martin à la contrebasse, déjà sur son précédent New York Project, et le fidèle Stéphan Caracci , vibraphoniste doué de la jeune génération.
« Le jazz est le geste musical qui me permet de jouer, avec qui je veux, quand je le veux »
dit Raphael Imbert, qui a vécu à Marseille, connaît bien Paris, s’est installé en Haute Provence dans une démarche de néo-rural, de développement local.
Sous-tendant ses différents projets depuis le début de son histoire, toujours intelligemment menés, on le retrouve plus mystique encore que cool… vers une quête de l’essence des choses, de la spiritualité dans l’art et la musique.
Il définit les différentes parties de sa suite dans un carnet bien conçu : les vertus pédagogiques de l’artiste ne sont plus à démontrer :
1- Shared suite (4’35)
2- Ecosystem of Citybirds (12’03 ) : hommage à tous ces « birds » fameux de l’histoire du jazz, du sax, de la muique urbaine
3- Poboy : echo sur un rythme de valse, cajun, Blue grass, gospel
4- Jamin’ with jamin
Intensément lyrique, immédiatement accrocheur, le groupe nous plonge au cœur de sa musique. L’idée de génie est d’intégrer au trio vibrant et bondissant, le travail inventif et subtil sur les lames de Stephan Caracci . Le résultat ne se fait pas attendre : ça joue vite et bien, entraînant dans un tourbillon de sons. Le vibraphoniste tapisse de nappes sonores l’arrière plan sur lequel brode lyriquement le saxophoniste qui joue de tout son corps et des saxes, corps à cœur, sans souffler pourrait-on dire paradoxalement.
Sensible et pourtant ardente, irriguée d’une énergie souterraine, la rythmique pilonne en continu et nous lance dans une poursuite infernale que relève le développement plus léger du vibraphone.
Voilà un vrai « live » ponctué des cris et clameurs pour une structure classique lisible, qui s’écouterait en boucle, avec infiniment de plaisir. Un voyage spirituel et sensible, frémissant et sensuel. C’est l’esprit d’un jazz résistant, militant qui demeure, éblouissant dans chacun des chorus que prennent égalitairement les musiciens du quartet.
Sophie CHAMBON