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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 18:01

cjpgarnival-skin-jpgKugel / Eisenbeil / Robinson / Evans /  Greene - Carnival Skin

Nemu Records – 2006

 

Bruce Eisenbeil: guitar; Klaus Kugel: drums; Perry Robinson: clarinet; Peter Evans: trumpet, piccolo trumpet; Hillard Greene: double bass.

 Site du groupe


A l'initiative du batteur allemand Klaus Kugel et du guitariste Bruce Eisenbeil, le quintet Carnival Skin réunit ici des pointures d'un free-jazz polymorphe. Avec Carnival Skin, Nemu Records regoupe essentiellement des musiciens américains, dont certains pourraient être les grand-pères des autres, et le batteur allemand Klaus Kugel. Avec des horizons musicaux aux écoles différentes mais afférentes à l'improvisation américaine, chacun des membres du quintet Carnival Skin a son histoire propre, une carrière à part entière dans le free jazz: ainsi Perry Robinson a officié auprès d'Henry Grimes, Lou Grassi ou William Parker; le trompettiste Peter Evans a collaboré avec Fred Frith, Moppa Elliot (Mostly Other people do the Killing) ou Evan Parker; le contrebassiste Hilliard Greene avec Leroy Jenkins et Charles Gayle. Quant à Klaus Kugel, il vient du monde du free européen et des musiques improvisées au sens large, il collabore avec de très nombreux musiciens de la scène européennes de l'est et du nord du continent.

Ce quintet gagne ne originalité dans le choix des instruments et leur tessiture. Habituellement omniprésent dans le free, le saxophone laisse avantageusement sa place à la clarinette de Perry Robinson et Peter Evans double sa trompette d'une trompette piccolo, instrument plutôt rare.

Ce quintet est un collectif sans leader et chaque musicien a composé un morceau dans l'album qui en compte six avec une improvisation collective en guise de conclusion. « Journey to Strange » de Perry Robinson, avec la trompette de Peter Evans sur le thème à l'unisson, fait irrésistiblement penser à Dolphy, « Monster », écrit par le trompettiste, a des accents lacy-iens, Ornette et Don font leurs apparitions sur le plaintif et incantatoire « Iono » de Greene, et « Bobosong » de Kugel suit un schéma taylorien... Toutes ces pièces ne sont pas jouées avec une recette à l'ancienne car les saveurs d'un free moderne (Parker, Drake, Mateen...) constituent le langage de Carnival Skin.

La qualité essentiel de cet album réside aussi bien dans le collectif que dans la qualité exceptionnel des musiciens qui semblent tous s'être transcendés pour l'occasion. Le guitariste américain Bruce Eisenbeil adopte un discours et des sonorités qui vont de Bill Frisell à Sonny Sharrock; Peter Evans, dont la trompette est éclatante, puissante et vigoureuse, a le discours frais et créatif, offre des textures sonores stupéfiantes et brille par son placement. Avec Kugel, ces trois « jeunes » musiciens font éclater leur créativité quand ils se combinent avec les vieux de la vieille que sont Robinson et Greene au jeu plus « classique » mais très expérimenté. Pas question de fléchir avec Carnival Skin! Ce n'est pas autorisé à l'auditeur attentif tant la musique se crée au fil du rasoir avec l'intention de casser les règles et les dissonances d'un jazz que l'on veut croire (dé)passé. Une petite pépite que ce quintet!

C'est par Klaus Kugel que ce cd est  arrivé aux DNJ; d'autres cds l’impliquant suivront bientôt. Ce batteur technique et très solide développe un jeu tout en stimuli au bénéfice des musiciens du quintet. Notons que Klaus Kugel est cofondateur du label allemand Nemu records, qui produit ce cd, avec Albrecht Maurer.

 

Jérôme Gransac

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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 19:06


VrakTrio.jpg 

Label Manivelle

  Enregistrement les 20 et 21 avril 2010

Un drôle de titre, un nom improbable de groupe Vrak ‘ Trio, voilà l’ association  insolite d’un tuba, d’une flûte et d’une batterie, sans instrument harmonique ! Ce trio  sort de la formule classique, la fameuse triangulaire piano-basse-batterie peinant ces derniers temps à trouver un nouvel élan. C’est donc une découverte, celle d’un trio franco-espagnol de musiciens « régionaux » au sens d’ une « Eurorégion » entre  Catalogne et Languedoc Roussillon , le siège du label Manivelle étant situé à Narbonne (Aude). Le trio a d’ailleurs remporté le concours de jazz de Barcelone en 2007. Cet ensemble parfaitement équilibré joue sur l’équilatéral, du plain-chant au contrechant, et crée une texture sonore riche et très personnelle, la flûte s’adossant au tuba, cette union reposant efficacement sur le doux et incessant rebond de la batterie, subtile. Un travail sur le son qui nous a plu, original et poétique, aux frontières incertaines et souvent repoussées du jazz et de la musique contemporaine. Un climat insolite, onirique, « rage » de l’expression improvisée, complexe, constamment sous tension avec  une fascination du chant et de l’expression libre. La musique ne recherche pas ces vibrantes démonstrations de free, elle joue plutôt d’accords en demi-teinte, intimistes et pourtant rebelles : intemporelle, ne manquant ni de délicatesse ni de force, elle forme la bande-son d’un film imaginaire. Qui sont ces musiciens que nous avons eu plaisir à écouter ? 
ETIENNE LECOMTE à la flûte, responsable du mixage et du mastering,  LAURENT GUITTON au tuba, ORIOL ROCA à la batterie. Ils brossent tout un arrière-pays dans une tonalité sourde (instrumentarium oblige), à l’ émotion souvent contenue : babil, souffle, distorsions, notes tenues  dans un élan continu « Question 3 ». Les titres sont bien un peu bizarres mais il y a longtemps que l’on ne s’interroge plus sur le sens des intitulés et diverses dénominations. Les quinze compositions assez courtes mais nerveuses s’enchaînent en une suite continue, sans brutale transition. On écoute donc l’album dans sa cohérence, d’une traite jusqu’au dernier titre «Hypnotique » : l’enroulement du tuba autour de la flûte à moins que ce ne soit l’inverse, plonge dans une transe qui n’a rien d’oriental. Un festival-récital de modulations de la flûte, instrument  rare en jazz et pourtant si mélodique, que le tuba soutient et exalte. L’apport des cuivres, rond et souple, comme dans ce  « Brass »qui évoque fugitivement Ralph Vaughan Williams,  nous fait replonger au fond des graves et dans des « ailleurs » instrumentaux, au temps des musiques premières.Pour nous, voilà un album qui révèle un groupe des plus prometteurs qu’il faudrait suivre et même proposer …ailleurs qu’en région. Avis aux pros du spectacle !

 

Sophie Chambon

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 01:07

remi_panossian_trio-add_fiction-copie-1.jpg

Plus Loin Music

/harmonia mundi

Site de l'artiste

Rémi Panossian (p), Maxime Delporte(cb), Frédéric Petitprez (dr)

 

 

Sortie 20 JANVIER 2011

 

Nous voilà à nouveau confrontés à un ensemble piano-batterie-contrebasse, formule des plus classiques et sans doute des plus exigeantes : ainsi l’art du trio est remis sur le métier avec conviction, fougue et savoir-faire dans cet album du Rémi Panossion trio.

Un album prend parfois son temps pour séduire, la révélation peut aussi survenir en voyant

les musiciens en scène mais là, en dépit de la concurrence des trios jazz, dès les premières mesures d’Onda’s mood, d’évidence, la musique captive. Cette immédiateté se confirme avec le deuxième titre, Life is a movie, une ballade obsédante, romantique et nerveuse sans virtuosité démonstrative mais une sincérité jusque dans ces phrases simples et répétitives . Add Fiction- c’est aussi le nom de l’album- finit d’emporter l’adhésion : un peu inquiétant, intrigant même par une brutale rupture, un motif qui s’annonce, se cherche bien plus qu’il ne s’installe et une fin rapide, « névrotique », entêtante et chaotique. Ce serait bien notre « tube » du moment, si dans cette musique aimée, cela existait encore…Disons alors qu’il est emblématique d’un jazz teinté fortement de rock, dans un désir évident de mélodie.

Vite happés par la suite énergique des neuf compositions, narration cinématographique rythmée par un piano ardent et énervé, que soutiennent à merveille la contrebasse lyrique- très bien enregistrée- et la batterie toujours précise, cliquetante,qui impulse avec fougue et emportement un groove intense ! Un sens de l’interaction rare en trio sans pianiste leader même si Rémi Panossian a composé beaucoup de morceaux !

Présentons donc ce jeune trio sudiste (sans aucune complaisance de notre part) : un Marseillais, un Niçois et un Montpelliérain, basés à …Toulouse, qui enregistrent leur premier album chez PLUS LOIN, label rennais !

Emballant ! Cette formation plus que prometteuse n’a pas fini de nous faire voyager , même dans la curieuse petite voiture rouge de la pochette aux couleurs

qui claquent …

 

Sophie Chambon

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 19:16

ECM 2011

Trygve SEIM – (ts, Ss), Andreas UTNEM – (p)

Trygve Seim andreas utnem
 

 Le saxophoniste Trygve Seim sort ici son deuxième album en duo en tant que leader et compositeur.

Alors que sur son précédent album il était accompagné par l’accordéoniste Frode Haltli, il enregistre ici en duo avec le pianiste Andreas Utnem avec lequel il collabore depuis plus d’une décennie sur des projets menés par Utnem qui parallèlement au jazz compose de la musique d’église.

Des différents projets menés ensemble, résulte cet album introspectif qui propose 14 morceaux plutôt courts regroupant des musiques religieuses, (Pater Noster, Agnus Dei, Kyrie …) des chansons folks (Solrenning, 312…) et des morceaux improvisés sur des compositions des deux musiciens. On remarquera la reprise de Praeludium, Improvisation, morceaux que l’on trouve déjà sur son album Yeraz.

L’ambiance générale du disque est assez homogène. Les morceaux se succèdent parfaitement donnant comme lignes directrices à cet album la simplicité et l’épure. Les sons respectifs du saxophone et du piano sont purs probablement dû au fait que l’enregistrement a eu lieu dans une église d’Oslo.

Aux compositions de Andreas Utnem, vient se mêler l’improvisation de Trygve Seim qui varie entre le ténor (parfois juste son souffle) et le soprano avec lequel on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec Jan Gabarek (son inspirateur). Le piano d’Andreas Utnem accompagne très, voire trop discrètement, Trygve Seim.

Les deux musiciens naviguent aisément entre la musique religieuse et la musique folk et ce mélange des genres s’étend vers des sonorités plus orientales comme sur le morceau Postludium, Improvisation qui vient nous surprendre vers la fin du disque.

Et pourtant, même si l’union de ces deux musiciens rend l’ensemble mélodieux, cela devient répétitif et un peu ennuyeux.

Julie-Anna Dallay Schwartzenberg

 

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 19:00

ECM/UNIVERSAL  2011

Roscoe Mitchell (sax, fl), Corey Wilkes (tp, fchn), Craig Taborn (p), Vijay Iyer (p), Jaribu Shahid (cb),Harrison Bankhead (cb, cello),  Tani Tabbal (dm), Vincent Davis (dm)

roscoe-mitchell-far-side

Membre fondateur et saxophoniste de l’Arts Ensemble de Chicago, Roscoe Mitchell s’entoure ici de ses fidèles compagnons de route Jaribu Shahid, Tani Tabbal, Craig Taborn, Corey Wilkes.

Ce disque est l’enregistrement d’un concert donné à Stadtsaal lors du Burghausener Jazzstage en 2007. Les instruments y sont doublés, deux pianos, deux batteries, deux contrebasses, et deux soufflants.

Le premier morceau qui donne son titre à l’album Far Side/Cards/Far Side se compose en trois parties et dure 30 minutes. La première partie est plus proche de la musique contemporaine, avec une rythmique plutôt lente, dans des tonalités graves, des bruissements de trompette et autre souffle continu de saxophone ou de violoncelle : le réveil des instruments. Après 15 minutes de réveil, l’ensemble s’emballe, déferlante de notes pour le piano - on est saisi par la virtuosité de Craig Taborn qui claque du piano avec fluidité et cette rapidité - sur lequel arrive sans prévenir le chorus de Roscoe Mitchell qui fait sonner son saxophone sans aucun temps de pause jusqu’au chorus de trompette, plus aérien, de Corey Wilkes, étoile montante élu « New Star 2007 » par le Musica Jazz d’Italie. Curieuse fin de morceau puisque la troisième partie s’achève en à peine trente secondes.

Suivent ensuite deux morceaux Quintet 2007 A For Eightet Trio Four For Eight qui paraissent appartenir à un répertoire de musique contemporaine laissant plus d’espace au violoncelle, à la contrebasse et la flûte. On sent là toutes les expérimentations de Mitchell et son attachement à la composition dans l’improvisation.

Le disque s’achève sur Ex Lover Five, morceau résolument jazz, avec un chorus de Mitchell à couper le souffle.

On ne peut s’empêcher d’applaudir la puissance et l’aisance des musiciens qui naviguent entre les compositions et les espaces improvisés et pour saisir ces moments, il nous manquerait presque l’image. Ce qui résulte de cet album c’est cette frontière parfois imperceptible entre l’improvisation et la composition, cette frontière entre le jazz et la musique contemporaine.

Enfin, on regrette un peu de ne pas entendre plus Corey Wilkes qui apporte de belles envolées sur des moments parfois plombés par la double rythmique.

 

Julie-Anna Dallay Schwartzenberg

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14 janvier 2011 5 14 /01 /janvier /2011 21:08

 

Manuel Adnot ( sax, compos), Élie Dalibert (sax), Arthur Narcy (dm)

YOLK 2010

 sidony.jpg

Nouvelle production des studios du label Yolk avec ce nouveau et jeune groupe jusque là relativement inconnu. Dans un format assez classique sax/guitare/contrebasse / batterie, ce trio-là puise son inspiration dans le jazz moderne. Celui là même qui va des récentes productions de Paul Motian à Rosenwinkell, ce qui est, je le conçois et m'en excuse dans le même geste, un peu " tarte à la crème". Mais pour dire le vrai, et c'est finalement ce qui importe, chacun y entendra les références qu'il veut.

On est surtout frappé, dés l'entame, par leur très grande maîtrise dont ils font preuve et  par le très grand soin apporté à la réalisation de cet album, notamment dans sa réalisation artistique. Sur ce coup-là les garçons se sont foulés, chiadant la part compositionnelle autant que les arrangements d'un album qui navigue toujours entre de tendres climats doucereux portés par un saxophone chantant et par la douceur des harmonies distillées par une guitare particulièrement inspirée.  Pas de révolution en marche certes ( ce qui est en soi appréciable tant commencent à nous gaver sérieusement les prétentions à révolutionner le jazz tous les 4 matins) mais une attention  toute simple a faire sonner la musique et à nous emporter dans leur univers. Et là, ça interagit avec force d'écoute entre les 3 musiciens très concentrés sur leur affaire. La rythmique notamment parvient à naviguer entre effacement discret mais efficace et pulse portée à discrète ébullition . C'est que l'on sent malgré tout une pointe de réserve chez ces p'tits gars dont on sent que leur musique pourrait servir de trame à des improvisations plus échevelées dans une version live. Où l'on se dit aussi que l'ouverture un peu tonitruante sur Irrésistibles finlandais avec un Elie Dalibert déchaîné aurait pu se renouveler un peu durant l'album histoire que la mayonnaise ne tombe pas trop tôt ni trop vite. Pareil pour ce titre bien mystérieux Wemistikoshiwqui laisse présager un crescendo débridé qui malheureusement semble ne pas aller au bout de l'idée. On se console l'instant d'après avec les évanescentes bleutés de out of the Queen qui laisse les harmonies planer en suspension. Et de l'album on retiendra un morceau " chouchou" (Rigole ) dont l'espace étiré crée une atmosphère en suspension du temps dans une sorte de long travelling avant que le sax n'entre dans le champ de la camera imaginaire. Et puis il ya enfin ce dernier morceau qui clôture l'album sur près de 15 mn dans un mélange de jazz et de rock alternés, remarquable espace d'improvisation, morceau à tiroirs remarquablement agencé. Ce morceau de clôture ouvre sur une autre histoire, prometteuse.

Le sens esthétique qu'ils développent s'inscrit a la fois dans un élégant raffinement que dans une parfaite maîtrise de l'expression. Un disque mature avec les inconvénients de ses avantages. Une réussite en tout cas qui confirme le choix de Jazz Migration qui s'était arrêté l'an dernier sur ce groupe a qui il fut proposé de jouer au festival de Vienne. L'écoute de ce premier album nous confirme que cela était très largement mérité.

A suivre absolument.

Jean-Marc Gelin

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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 00:03


Pierre-Diaz-jours-de-vent.jpgStudio la Buissonne/Harmonia mundi

 

Sortie le 2 Décembre 2010

 

Jours de vent est une perle rare, création de Pierre Diaz et du Trio Zéphyr, coup de foudre musical entre 3 musiciennes et un saxophoniste. Le thème en est la guerre d’Espagne mais on est assez loin des chants révolutionnaires de Giovanni Mirabassi dans son album romantique, paru chez Sketch en 2001, Avanti ou du disque militant des chants de la guerre d’Espagne, du bouillant andalou Ramon LOPEZ.

On pense par ailleurs à Ken Loach et à son vibrant « Land of freedom » et peut-être aussi –à cause du titre- à son terrible « Le vent se lève » sur une autre guerre fratricide, dans la lande irlandaise, en 1920, un film poignant qui demeure en mémoire, faisant frissonner à sa seule évocation !

L’union des cordes du trio féminin formé en 2000 à Montpellier et des vents (saxophones) de Pierre Diaz, l’adjonction de voix et d’extraits sonores, archives de la révolution espagnole, bribes de discours de Franco, forment un ensemble étrange, mystérieux, sensible. Nous sommes à la lisière du classique occidental et des musiques du monde : les rythmes envoûtants des Balkans, autre territoire stratégique, douloureusement convoité, les transes orientales, le flamenco convulsif, le tango lascif d’Amérique du sud complètent et enrichissent ce portrait coloré, sensuel et mélancolique.

On est subjugué dès la première composition, et cette chronique fut écrite, contrairement à la norme, sans regarder l’enchaînement des titres : point besoin de ces béquilles pour suivre d’un trait continu, sans reprendre souffle, la suite offerte par ces musiciens enthousiastes et sincères, engagés sur une voie étroite, celle du cœur. Ils ont le mérite de combiner le général - l’histoire et le politique - au particulier de la musique, abstraite, ouverte à l’imaginaire. Ainsi leur musique sonne et résonne avec l’éclat et la fluidité du chant, la vérité et la vitalité du cri !

Un vent orageux se lève ici mais il n’a plus le goût de cendres, il nous réveillerait plutôt, suscitant quelques phases d’exaltation, puisque les peuples de l’ombre l’accompagnent. Pour vous en convaincre, écoutez Jours de vent, projet singulier, cohérent et réussi !

Ah! N’oublions pas de citer les membres de ce collectif créé en 2007 que l’on a pas fini d’entendre : Jours de vent ce sont Delphine CHOMEL (violon et voix), Marion DIAQUES (alto et voix), Claire MENGUY formé en 2000 à Montpellier (violoncelle), Pierre DIAZ (saxophones et voix)

 

 

SOPHIE CHAMBON

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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 08:57

Yolk 2011

Daniel Casimir (tb alto), Alban Darche (as, bs), Sebastien Boisseau (cb), Mathieu Donarier (ts,cl, clb), Jean-Louis Pommier (tb ténor )

 

 daniel casimir-copie-1

 

Cette nouvelle production de Yolk repose avant  tout sur un gros travail de composition qui fait parfois sonner la petite formation des  comme un orchestre d'harmonie. Ceci tient en grande partie au fait qu'il n'y a pas, à l'exception de la contrebasse de Boisseau, aucune corde ni batterie. C'est donc dans un format original que l'on retrouve les habitués de l'écurie Yolk avec deux saxs, deux trombones et une contrebasse.

Un peu "inclassifiable" l'album construit comme une suite, navigue entre plusieurs climats. Où l'on y entend une musique de chambre dont les racine sont plus axées sur le classique et la musique contemporaine que sur le jazz proprement dit. Le swing y est d'ailleurs réduit à la portion congrue étant pour le coup purement anecdotique et l'absence de batterie contribue à le desancrer du jazz. Entre unissons, frottement des harmonies, discussions et échanges contrapuntiques et passages de témoins, entre hyper-écriture et libre improvisation, Daniel Casimir fait preuve d'une très grande exigence musicale. Sa musique relève de dédales, de fenêtres ouvertes qui se comprennent souvent au second degré et qui recèlent derrière l'apparence d'une musique sérieuse, à la limite de l'austère, une légère pointe d'humour décalé (il suffit de jeter un œil aux liners en forme de roman-photo hyper kitsh). Mais l'exigence du jeu est là et c'est un vrai travail de musicien conçu pour un public de musicien. Émergent alors des moments et des sons. Où l'on notera l'apport énorme de Sebastien Boisseau pilier indispensable de l'ensemble, ancrant le son dans une forme de profondeur.

Et, bien sûr il y a Daniel Casimir que l'on aime si souvent suivre dans ses autres périples et qui marque les esprits par l'intelligence de son écriture. Dans cette écriture le tromboniste sait donner corps à un ensemble orchestral à partir d'un rien. Il peut s'agir d'un rift, d'un motif entrepris par le baryton de Donarier ou le tenir de Darche ou d'une pulse imprimée par le growl de Pommier, tout est prétexte à donner consistance à la masse orchestrale.

Un regret toutefois : on aurait cependant aimé l'entendre dans un registre plus exposé, plus égocentrique tant on apprécie toujours ses qualités de soliste qui, en l'occurrence se diluent quelque peu dans le collectif.

Jean-marc Gelin 

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1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 18:07

Huby---All-Around.jpg

Music Régis Huby

Lyrics Yann Apperry

Vocals Maria Laura BACCARINI

 

 

Voilà un projet étonnant, épatant même, mené à bien et au bout par le violoniste Régis Huby, la chanteuse Maria-Laura Baccarini et une fine équipe de musiciens improvisateurs et jazzmen (dix musiciens au total qui couvrent tous les pupitres) :

un opéra contemporain sur un thème pressant et actuel, sur fond d’écologie et de retour à la nature... On se souvient que Régis Huby, directeur musical et arrangeur avait recréé une enivrante Nuit américaine autour de Lambert Wilson, de Maria-Laura Baccarini et Stéphy Haïk, en réunissant une solide formation (sensiblemnt le même ensemble que dans All Around ) pour interpréter quelques incontournables de la musique vocale américaine du XXème siècle : songs et mélodies de Broadway devenus standards de jazz... Il était assisté de musiciens que l’on aime tout particulièrement sur les scènes de musiques plus « actuelles », a priori éloignés de la comédie musicale : Catherine Delaunay, Christophe Marguet,

Jean-Marc Larché,  Guillaume Séguron. On pourrait donc penser que l’on est de nouveau sur la 42ème rue, rendant hommage à Cole Porter, Rodgers & Hart, Bernstein, tant le projet tient par moment de la comédie musicale, vu la performance vocale et une certaine théâtralité.

Mais le livret de Yann Aperry est une ode à Dame Nature, un conte onirique et intriguant, initiatique qui mêle habilement influences celtes dans ces 9 chansons écrites toutes en anglais. Le résultat est une musique qui se joue des styles, folk, pop, rock, un courant hybride et vigoureux qui jaillit à flux continu, les instrumentistes offrant l’écrin le plus délicat et le plus complexe à la voix de la seule soliste. Cette musique estompe en tous les cas les frontières, rend vraiment ténue la ligne de démarcation entre les genres, tissant des liens entre les épisodes de la narration. Plongé dans le « merveilleux » de la lande battue par les vents, de la forêt parcourue par elfes, gnômes, farfadets et autres « pucks », immergé dans une nature pas vraiment hostile, juste un peu indifférente, l’homme perd ses repères au milieu des « Falling birds » ! Coïncidence particulièrement troublante, si l’on songe aux récentes chutes d’oiseaux dans certains pays européens. Mais pour autant, les références cinématographiques   Les Oiseaux  d’Hitchcock ou la pluie « surréaliste » de batraciens dans Magnolia (Paul  Thomas Anderson) ne sont pas de mise. Les oiseaux sont bien des animaux pacifiques autant qu’insaisissables mais ils ne deviennent pas une menace, l’assaut de volatiles n’annonce pas le Jugement dernier. Cette partition enchantée révèle une vision panthéiste : l’homme, entouré d’un bestiaire riche (taupe prêcheuse, carcajou, hirondelles, alouettes,  faucons, dauphins …) se perd dans l’infini : « Life is a merry limbo », « Suck amnesia to the marrow » …

 Laura-Maria Baccarini est le fil conducteur de cet All Around, confirmant les qualités d’une chanteuse lyrique complète, une mezzo-soprano qui aurait mené

une revue à Broadway : un désir vibrant parcourt toute son interprétation qui refuse l’évanescence, l’étirement « à la mode » parmi les chanteuses.

Sans abuser du souffle brut, du chuchotement, du soupir, elle chante. Avec une belle puissance et un sens raffiné des modulations. Sans vocaliser de façon céleste,   jamais elle ne lasse, mais découvre un beau tempérament. Là encore ce n’est pas du jazz mais cette mélodie qui court frémissante sur les neuf titres, prend une vigueur, un relief, une fougue peu contenus. Le rythme est étourdisssant : comme un déluge sonore, une averse vitale, les musiciens unis dans cette lecture originale, montrent la beauté d’un engagement complice. On attend avec impatience de les voir sur scène !

Catherine Delaunayà la clarinette, Roland Pinsard à la clarinette basse, Jean-Marc Larché aux saxophones, Sabine Balasse violoncelle, Olivier Benoît aux guitares, Guillaume Séguron (contrebasse et basse électrique) et Claude Tchamitchian (contrebasse), Benjamin Moussay et Sylvain Thévenard (piano), Christophe Marguet (batterie)

Régis Huby (violon et violon ténor electro accoustique).

 

Sophie Chambon
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1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 15:48

Stefan orins - stotCircum disc 2010 / Anticraft

Produit par Circum et Muzzix


 Concert de sortie de disque le 17 janvier 2010 au Sunset Sunside à Paris.

Stefan ORINS (p),Christophe HACHE (cb), Peter ORINS (dr)

 

Parfois, on aime suivre certains artistes, les voir évoluer avec le temps: s’il est une aventure qui vaut la peine d’être suivie, c’est celle de ces musiciens nordiques (si éloignés géographiquement en tous les cas de notre horizon immédiat) autour du collectif lillois et du label Circum.

Extrait de ce formidable potentiel à géométrie variable, un trio est né, composé du pianiste Stephan Orins composant toutes les musiques, à partir d’improvisations, entouré de son frère Peter à la batterie et de Christophe Hache à la contrebasse.

Ces trois là se sont trouvés, arpentent le même rivage, vers un horizon partagé depuis leur premier album Natt resa, en 2004, qui faisait déjà référence aux espaces nordiques (Stephans Orins est d’origine suédoise).

C’est sans aucun doute la signature d’un album Jazz que dessine ce STÖT aux couleurs fraîches et vives, tout en impulsions(c’est le sens du titre suédois)

Mélodie et rythme se combinent toujours admirablement dans ces compositions ciselées : crescendos entêtants comme dans le premier Trappaan (escalier) ou le second morceau «Tabea fylter sju».

Neuf compositions constituent un album d’une durée parfaite où les morceaux prennent le temps de s’étirer («Tristan»). Pourtant, les ballades s’emballent vite comme cet étonnacnt « Sergeï », allusion au maître Prokofiev ou au grand Rachmaninov? C’est que jamais le trio ne semble au repos, déployant un romantisme ébouriffé :art de l’oxymore ou maîtrise des contrastes ? Il en résulte une douceur intense, une farouche perception du temps et de l’espace : Une musique qui ne coule pas de source, mais d’évidence, possède une énergie fluide. On aime la vivacité de ce jazz actuel qui ne flirte pas vraiment avec le rock ou la pop, qui assume certaines influences (E.S.T, Bobo Svenson…) et propose groove persistant et désir ardent de mélodie. Une simplicité apparente? Efficace et sincère en tous les cas.

Sans aucun signe d’essouflement -ces trois là savent prendre leur temps- cette formation déjà ancienne et pourtant stable, fait entendre trois voix singulières qui s’ajustent parfaitement, en liberté, improvisant sur le fil et avec bonheur.

Le résultat est un album homogène et élégant, traversée initiatique d’un univers clairement exposé : pas étonnant que les Nordiques, toujours attirés par la crudité des cieux méditerranéens, aient cette intensité dans leurs veines. Mais sans le tragique azuréen, ils voyagent toujours plus près, cinglant vers le Nord et la Scandinavie! On les accompagnerait bien volontiers…

 

Sophie Chambon

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