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Adrien Moignard (guitare), Diego Imbert (contrebasse)
Saint Laurent du Mottay (Maine-et-Loire) 14-16 juin 2022
Label Ouest / Hachette distribution
Cela fait des années que j’écoute Adrien Moignard avec grand plaisir, et admiration. C’est l’Ami Franck Bergerot qui avait attiré vers lui mon attention. Le 23 janvier 2010, jour du centenaire de la naissance de Django Reinhardt, je l’avais invité à donner en trio un concert ‘Jazz sur le Vif’ au studio 105 de la Maison de Radio France. La veille, il jouait à Copenhague avec le big band de la Radio Danoise : les Scandinaves ont toujours accordé une attention particulière au prolongement du jazz manouche en Europe. Lors de ce concert, il n’y eut pas que des compositions de Django, ni même que des thèmes de son répertoire : par exemple le trio joua So What de Miles Davis. Ce que j’aime chez ce guitariste, c’est la liberté avec laquelle il prolonge cet héritage, liberté harmonique, autonomie du phrasé…. Le retrouver, 70 ans après la mort de Django, dans ce disque sur les compositions du guitariste (et aussi un thème co-signé par Stéphane Grapelli), c’est redécouvrir son art de dire sa singularité dans l’approche de cet univers. La complicité du contrebassiste Diego Imbert, orfèvre ès-duo, y contribue largement. La sonorité de la guitare chante comme on respire, et les phrases de l’improvisation, côté guitare comme à la contrebasse, s’engagent dans des méandres qui nous transportent au-delà de l’univers de référence. On est tout à la fois chez Django et ailleurs, du côté de ce que le jazz a produit depuis 1953, et que le Prince du jazz manouche entrevoyait dans sa période ‘électrique’, vers 1947. Le choix d’Adrien Moignard est de jouer un instrument acoustique - choix constant chez lui – avec ici des cordes nylon, confirme cette singularité. Et de plage en plage la réussite est constante : les thèmes de Django sont comme revivifiés, sans le syndrome naphtaliné qui affecte parfois de telles entreprises. Belle réussite, et considérable plaisir d’écoute.
Xavier Prévost
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