JJJ JEAN-MARIE MACHADO : « Sœurs de sang »
Chant du Monde 2007
JJJ JEAN-MARIE MACHADO : « Sœurs de sang »
Chant du Monde 2007
Enja 2007 JJJJ ROBERTO FONSECA : « Zamazu »
Jean-Marc Gelin
JJJJ GIOVANI FALZONNE: « Meeting in Paris »
Soulnote 2007
Giovanni Falzone (tp), Robin Verheyen (ts, ss), Bruno Angelini (p), Mauro Gargano (cb), Luc Isenmann (dm)
Jean-Marc Gelin
JJ MANU DIBANGO : « Hommage à Sydney Bechet »
Cristal 2007
Le saxophoniste qui a choisi pour l’occasion de s’appuyer sur les services de Danny Doriz aux mailloches y déploie à l’alto le jeu d’un très grand. Véritablement impressionnant de groove, de phrasé, de souplesse rythmique à l’alto il joue comme Bechet des trucs à vous donner une banane immense. Quel son ! A écouter Si tu vois ma mère ou encore son chorus sur Strutting with some Barbecue où Manu transpose la même maestria à l’alto que celle de Bechet à la clarinette. Sur les tempi lents ou medium Manu impressionne (Don’t you know what it means to miss Orleans). Et Manu malgré cette excellence y est toujours attachant, s’amuse, chantonne (Petite fleur) se fait hâbleur (Les Oignons). Hommage est parfaitement réussi tant dans l’esprit que dans la lettre. Cependant lorsque l’on entend par moment Manu Dibango laisser échapper ça et là quelques raucités bien senties dans la pure verve Dibangienne, on se prend à regretter que l’exercice fût aussi respectueux du maître empêchant à la rencontre des genres, tant attendue de se produire. Un peu d’irrévérence n’aurait pas fait de mal. Car ceux qui comme nous aiment Manu auraient souhaité entendre Dibango. Et l’on se prend à imaginer alors ce qu’un Rollins aurait pu faire d’un répertoire comme celui là.
Quand au DVD qui vient s’ajouter à l’album il est épouvantablement mal réalisé (shame on Art Studio et son réalisateur !) et n’apporte pas grand chose à l’affaire si ce n’est s’offrir ce luxe totalement inutile sur seulement 3 titres qu’il contient de passer deux fois le même ! Le travail vidéo est totalement bâclé (cochonné devrait on dire) et indigne d’un artiste qui ne méritait pas d’être traité de la sorte. Et qui nous rend tout triste de quitter ainsi cet immense saxophoniste que l’on aime tant.
Mais au final on laissera ses pieds fourmiller Dans les rues d’Antibes car l’on sort de cet album avec des pépites de joie dans les oreilles, heureux d’avoir croisé un jour cette musique là qui à nos yeux c’est sûr ne prendra jamais la moindre ride.
Jean-Marc Gelin
JJJJ LAURENT COQ: « The thing to share » Cristal 2007 Laurence Allisson (vc on 1 et 10), Laurent Coq (p), Olivier Zanot ( as), David El Malek (ts)
Ce que nous dit Laurent Coq dans ce deuxième album, relève de l’intime. Dès les premières notes de l’album ou plutôt dès les premières paroles (puisque le premier et le dernier morceau sont chantés par Laurence Allison) il apparaît effectivement que cette « chose à partager » nous est proposée avec une très grande proximité et une grande pudeur aussi. Un peu comme si entre amis nous nous retrouvions là, évoquant les choses graves et légères avec pour lien complice, celui de la musique. La musique comme moment de partage. Et Laurent Coq nous surprend et nous émeut aussi avec une écriture totalement neuve dans le paysage. Nous l’avions entendu il y a six mois dans un club parisien lorsqu’il présentait cette formation et nous avions déjà alors été totalement conquis et transportés par le charme irrésistible de cette musique. Son format de trio original (sans basse ni batterie) privilégie le rapprochement des formes. On est là très loin des clichés des trios pour piano qui tendent si souvent au narcissisme introspectif dans lequel inévitablement le pianiste se met en avant d’un bout à l’autre. Ici parce que le volume naturel des saxophones les place rarement derrière le piano et parce que les compositions de Laurent Coq jouent sur une constante mise en valeur de l’échange des trois nous en sommes aux antipodes. On se laisse alors captiver par ce superbe Seaweeds Dance ou par les souvenirs de 257 Church Street. Derrière l’exposé de thèmes simples, c’est tout l’art des contrepoints et des unissons qui se met en oeuvre. Les voix se chevauchent, dialoguent, s’écoutent et se répondent avec toujours cette élégante réserve, celle du dialogue chaleureux entre amis. Cette grâce captivante qui parfois réinvente Monk. Cette entente fusionnelle, au sens propre du terme qui émerge entre Olivier Zanot à l’alto et David El Malek au ténor y révèle alors une extrême finesse.
Jean Marc Gelin
JJJ FRANCK CARLBERG: « The State of the
Fresh Sound New talent 2007-02-05
Frank Carlberg (p), Chris Cheek (ts), Christine Correa (vc), John Hebert (cb), Michael Sarin (dm), gests : Andrew Rathburn (as), George Garzone et Paul Lichter (spoken word)
Dans un autre moment des extraits du « Bill of right » lus par un acteur sont mélangés avec des bribes de textes de Allan Ginsberg et sonnent comme une sarcastique dénonciation de la guerre. Plus loin le propos politique s’éloigne (s’éloigne t-il ?) pour aborder les rivages d’une poésie pleine de sous entendus. Ginsberg est, avec d’autres écrivains de la beat generation (Kerouac) une source d’inspiration constante qui revient souvent dans un esprit flirtant moins avec le psychédélisme qu’avec un sens du surréalisme Lewis carrollien que l’on pense retrouver dans la déstructuration des morceaux et dans l’atonalité de la forme. Avec Frank Carlberg c’est un peu comme si on poussait les portes d’un café littéraire de San Francisco dans les années 70. D’où une théâtralité dans cette musique jamais improvisée mais ressentie parfois comme une sorte de happening. Un propos dans lequel on verrait le prolongement d’un travail engagé comme on pu le développer en leur temps Max Roach et Abbey Lincoln. Un travail post monkien (Red piano) dans lequel l’ironie n’est jamais très loin. Avec Carlberg, les textes prennent une autre dimension, une sorte de relief où le surréalisme se confond dans une musique très écrite, jamais improvisée mais toujours très libre finalement. Ce qui exige de la part de ses camarades musiciens et chanteurs une très grande musicalité pour s’adapter à l’ensemble de contraintes fixées par Carlberg. La manière avec laquelle Chris Cheek se coule dans ce jeu expressionniste est étonnant ( Disembloweled babies ou State of Union ou encore Sight is Just dust). A ses côtés le batteur Michael Sarin soutient et souligne toujours le propos. Christine Correa est quand à elle de ces chanteuses dans la ligné des Abbey Lincoln ou des Jeanne Lee. Son exercice quasi hypnotique de répétition des thèmes dans sa forme presque théâtrale invite à une toujours à une seconde lecture (écouter A very valentine plus poignant qu’il n’y paraît de prime abord) Si toutes le compositions n’emportent pas la même adhésion, il n’en reste pas moins que dans le paysage du jazz actuel qui souffre d’un formatage aseptisé, ce travail est d’une très grande originalité. Il invite à l’intelligence de l’auditeur. Ce qui en soit est absolument remarquable.
Jean-Marc Gelin
JJJ RABIH ABOU-KHALIL: “Songs for sad women”
Régine Coqueran
JJJ ZEPHYR QUARTET + 3 - "Au gré du Vent"
Poésie subversive aux odeurs bretonnes, ce conte musical appelé à juste titre « Au gré du vent » est le fruit d´un énorme travail du Zéphyr quartet. Sur ce disque sont présents 3 solistes aux énormes coeurs, capable de joutes magistrales. La beauté des arrangements séduit dès les premières secondes, malgré un accordage imparfait des instruments. S´enchaîne sur ce disque les visites de plusieurs atmosphères différentes, par delà les montagnes et les ruisseaux. La guitare Jean-Pierre Le Guen est quasi-omniprésente, passant du coté électrique au coté acoustique en gardant parfois un effet de reverb trop affirmé. La danse se met quand même en place par le groove des rythmiciens du Zéphyr, Yoram Rosilio et Jean-Luc Carminati. On y trouve un d´ailleurs le coté électrique de Miles. Les choix d´accompagnements du guitariste sont parfois étonnants de fébrilité. Il y a là une trop grosse place au hasard, la dramaturgie du contexte ne mérites pas tant d´à peu près. Il aurait peut être fallu un équilibre entre les rôles. Le silence est parfois plus difficile à réaliser que
solistes intéressants, Stéphane Thomas et John Knight, respectivement flûtiste et tromboniste. Leur assortiment est dû à une attention toute particulière aux combinaisons d´instruments, chaque fois différente
suivant les mélodies ou les improvisations collectives. Hélas, il manque peut être une certaine lucidité du coté de l´accompagnement harmonique des solistes.
retranscris de façon aléatoire. Et si nous maîtrisions tout ?
Tristan Loriaut
JJJJ COLLECTIF SLANG: “Addict”
Chief Inspector 2006
Maxime Delpierre (g), Mederic Collignon (t, vc), Larent Geniez (ts), Olivier Lété (b), Olivier Sens (electro), David Aknin (dm), Mike Ladd (vc), Bruce Sherfield (vc)
Jean-Marc Gelin
JJJJ ERIC LEGNINI : « Big Boogaloo»
Label Bleu 2007
Eric Legnini (p), Stephane Belmondo ( bg), Julien Lourau (ts), Mathias Allamane ou Rosario Bonacorso(b), Franck Aghulon (dm)
Il nous livre, toujours chez Label Bleu, la suite de ce réjouissant album funk hard boppien. Car il est loin d’avoir épuisé le répertoire qu’il affectionne. 7 des douze compositions sont du pianiste, mais Eric Legnini aime aussi reprendre quelques standards. Avec « Smoke gets in your eyes » de Jérôme Kern, ou « Reflection » de Ray Briant, il sait que certains peuvent l’attendre au tournant. Mais il aime les mélodies et sait en restituer toute la nostalgie sans mièvrerie. Cet Italo-Belge, adopté par les Français, a l’art de dépoussiérer certains tubes plus pop, comme « Where is the love » et « Going out of my head ». Il sait les accommoder sans en trahir l’esprit et il a su s’accompagner d’une équipe de choc : le batteur sudiste Franck Agulhon assisté du chantant Rosario Bonaccorsi ou de l’élégant Mathias Allamane, assure une rythmique impeccable, permettant de belles envolées aux solistes, une fois calés sur cette assise qui tourne rondement ! Et d’ailleurs dans « Big Boogaloo » et « Mojito », on assiste au renfort des souffleurs, Stéphane Belmondo à la trompette et au bugle et Julien Lourau au saxophone ténor, qui groovent grave et l’on retrouve cette qualité du funk qui éloigne définitivement toute tentation chagrine.
Tonique et lyrique sans être trop effusif, tendre dans les ballades, musclé voire très percussif dans les rythmes vifs, on écoute sans se lasser le pianiste et son Big Boogaloo. C’est une qualité aujourd’hui où les albums sont souvent trop longs ou mal architecturés. Certes les tenants d’un jazz free ne s’y reconnaîtront pas vraiment. Ils n’ont peut être pas besoin de revenir au temps des Horace Silver, Phineas Newborn Jr. Mais, et ce n’est pas l’un de ses moindres attraits, Eric Legnini peut aussi faire redécouvrir tout un courant déjà ancien et jouer auprès des plus jeunes le rôle de passeur. Il connaît cette musique et arrive sans revivalisme aucun, à rendre toujours actuelle une musique révolue. Avec lui, on apprécie le retour aux sources de la soul et du gospel, « l’école noire » du piano.
Et si vous n’êtes toujours pas convaincu, écoutez donc le final triomphal, du trio en marche dans « The preacher ».
Sophie Chambon
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