JJJ BRAD MELDHAU: « The house on the hill »
Nonesuch 2002
Brad Mleldhau (p), Larry Grenadier (b), Jorge Rossy (dm)
JJJ BRAD MELDHAU: « The house on the hill »
Nonesuch 2002
Brad Mleldhau (p), Larry Grenadier (b), Jorge Rossy (dm)
JJJ Le Monde de Kota : « Murmures »
Olivier GOULET - harmonica ; Stéphane MONTIGNY - trombone ; Julien OME - guitare ; Guido ZORN - c.basse
Le Monde de Kota c’est quatre musiciens : Olivier Goulet (harmonica et voix), Stéphane Montigny (trombone), Julien Omé (guitare) et Guido Zorn (contrebasse). Ils se sont rencontrés en 2003 dans la classe de jazz du CNSM dirigée par le contrebassiste Riccardo Del Fra.
Un soir ils dînent ensemble, sortent leurs instruments et jouent. Satisfaits du résultat et surtout conscients qu’ils ont tous les quatre la même démarche, ils décident de continuer. Les choses vont alors très vite : premier concert à Paris en novembre 2003, puis au Centre Georges Pompidou et à
« Murmures », entièrement autoproduit, est leur premier disque ; il ne comporte que des compositions originales, sans doute une volonté des quatre musiciens de créer un « monde » qui soit le leur. Et il faut reconnaître que c’est réussi.
Certes tout n’est pas parfait : certains morceaux s’étirent un peu, l’influence du « Quartet Azur » de Texier avec Glenn Ferris est parfois trop présente (mais comme influence il y pire). Ce qui fait l’intérêt de ce disque, c’est la constante recherche de sonorités, de timbres particuliers qui se mêlent avec bonheur et souvent avec originalité. Chaque titre est conçu comme un conte où chacun y va de sa petite histoire sans pour autant nuire à l’ensemble. On sent le plaisir que ces musiciens ont à jouer ensemble (plaisir très palpable quand on les écoute en « live ») et à triturer leurs instruments pour en tirer des sons nouveaux..
Bref, s’agissant là d’un premier disque, c’est plus que prometteur et l’on ne peut que se réjouir de cette recherche sonore.
Michel Grillot
JJJJ BRUNO ANGELINI SOLO : "Never Alone"
Minium 2006
Bruno Angelini (p)
Quand Angelini(e) tout va.
Où il est question d'une re-visite de standards qui ont marqué le parcours personnel de différents musiciens.
Lorsque Philippe Ghielmetti lui a tendu une liste de morceaux tirés de "The Newest Sound Around" par Jeanne Lee et Ran Blake, Bruno Angelini a d'abord répondu << non, c'est impossible de faire ça.>> Puis son ami Stephan Oliva lui présente le projet comme une forme de << psychanalyse musicale >>. L'homme s'enthousiasme. L'idée vertigineuse de s'appuyer sur un univers musical ancré dans une conscience collective pour en faire émerger un nouveau, approprié aux souvenirs précis de notre existence, a de quoi séduire, certes, mais se risque à la confiture de respect itératif et donc à la déconfiture!
Pour réussir un tel pari, il faut de la bouteille et le doigté qui va avec... Bruno se lance. Le piano se fait divan; divin! A l'arrière de la pochette, une photo de Bruno en lévitation inspirée : en solo, il n'est << jamais seul >> ça s'voit, très habité. Nous sommes tous des héritiers; lui transcende les airs des autres. On connaît mais on reconnaît à peine tant le pianiste réharmonise subtilement. C'est l'univers personnel du musicien qui apparaît là (délicate attention que cette confidence) entraînant des émotions esthétiques variées et profondes. Il vient chez soi, proposer comme des portraits à la beauté poignante. La rencontre est réelle, complètement originale. Il y a de l'éclat dans cette musique là, tour à tour d'une folle délicatesse, troublante, presque éthérée "Where Flamingos Fly", impressionniste et sautillante "Seasons In The Sun" ou délicieusement dissonante quand il
propose un Summertime incontournable à la montée envoûtante et à la fin suspendue (éternelle?) Et souvent l'ange fredonne son inspiration cathartique, c'est torride...Sur "Sometimes I Feel Like A Motherless Child",
Bruno reprend le thème d'un Summertime percussif, douloureux par le grincement du piano aux cordes pincées et frappées. Étonnante version aussi à peine identifiable d'un Blue Monk plongeant dans un autre univers; bouleversant "Left Alone" aux accents de Thomas Newman (l'inoubliable compositeur du film American Beauty)...les adjectifs ne manquent pas pour qualifier cette musique indécemment sensorielle.
Chacun répondra à ces standards avec son histoire. Celle de Bruno est un enchantement, savoureusement moderne, tonique, sensible et passionnant qui met (attention!) en état de haute ébullition.
Donc, disais-je, quand Angelini(e) tout va!
Anne-Marie Petit
JJJJ CHRISTOPHE WALLEMME: “Namaste “
Nocturne 2006
D’abord par la qualité du line up. Le noyau dur du projet Namaste comprend, en plus du leader et contrebassiste Christophe Wallemme, des solistes de premier plan : le saxophoniste et multi-instrumentiste Stéphane Guillaume, ce brillant souffleur jouant aussi bien ici de la clarinette, de la flute, que du soprano ; Manu Codjia (guitare), Stéphane Galland (batterie), et Stéphane Edouard (percussions indiennes et divers instruments éthniques). Avec pour invités : Nelson Veras (guitare), Matthieu Donarier (sax ténor et soprano), Prabhu Edouard (tabla, kanjira), Minino Garay (cajon, caxixi, palmas, vocals) et Thomas de Pourquery (sax alto et soprano). Excusez du peu. Mais cet album n’est pas une simple conjugaison de grands talents… Un gastronome vous dirait qu’un plat digne de ce nom ne comporte pas que de très bons ingrédients, mais surtout un savoir-faire abouti, une volonté, une idée directrice… Il y a de fait une véritable alchimie entre ces musiciens, qui semblent portés par le lyrisme du maître de cérémonie, insufflant à l’ensemble une sorte de supplément d’âme. Il suffit d’écouter le début du premier morceau pour s’en convaincre : beauté du thème et des timbres, intelligence de la mise en place et de l’orchestration… Superbe ! Et la suite ne déçoit pas, loin de là ! Tout coule de source avec naturel, brio, élégance… Deux guitaristes ? Cela pourrait vite tourner à une joute stérile, comme on en rencontre trop souvent... Or il n’en est rien. Leur virtuosité respective n’est plus à démontrer, on se concentre sur la seule musique et l’auditeur n’en perd pas une miette… L’électro-acoustique nylon de Nelson Veras complète à merveille le timbre électrique de Manu Codjia, donnant à entendre, notamment dans les ballades, de fort subtils entrelacements mélodiques… Un mot sur le son de Codjia, qui en son clair (non saturé) est reconnaissable entre mille, signe d’un grand de la six cordes : une esthétique proche de Bill Frisell dans son aspect « étheré », cristallin, son contrôle de la dynamique et du volume, la raréfaction des notes… Bref cela respire, fraîcheur et musicalité atteignent des sommets ! Veras n’est pas en reste, on retrouve son « balançao » unique dans les intros, son phrasé très fluide et inspiré… Tous deux apportent une véritable couleur aux superbes composition du leader, parfaitement épaulées par les anches inventives et bouillonnantes, les percussions. Notons qu’il n’y a dans ce disque aucune reprise, du moins de l’univers jazz… (seule concession en forme de bonus track, une étonnante Javanaise, celle de Serge Gainsbourg, très chantante par ailleurs… l’Orient, encore !). Si toutes les compositions sont réussies, captivantes, leur auteur a de surcroît eut le bon goût de ne pas choruser systématiquement, mais de tenir discrètement la barre de main de maître, assurant un groove parfait, afin de mettre en valeur la mélodie, l’énergie de l’ensemble, ses partenaires… Bravo ! Ses soli n’en ont que plus de charme et leur concision fait davantage penser à une dentelle sonore qu’aux marteau-slappeurs de certains bassistes ‘fusion’ (sic !)… C’est qu’il est question ici de poésie, d’invitation au voyage, voire d’initiations… Dans « Namaste » aussi bien que « Tandoori groove » la pulsation devient danse, transe jubilatoire et débridée. Cela ferait en effet parfois penser à une sorte de « Sacre du printemps » à la sauce orientale… On ne se plaindra pas auprès d’un bassiste de savoir pimenter ses œuvres ! L’Inde dévoilée dans ce disque relève d’un folklore imaginaire, échappe aux clichés du genre, on sent une approche à la fois personnelle et sincère… Au fil de l’écoute le climat des pièces semble gagner en intensité, jusqu’au titre « Réflection », à l’atmosphère plus âpre et énigmatique, dans laquelle Codjia nous offre un solo d’anthologie, avec cette fois une distorsion rauque, incandescente… Dans cette plage, on est très proche des heures de gloires d’une autre formation drivée par un tandem de choc : le fameux batteur-percussionniste Trilok Gurtu et le guitariste américain David Gilmore… Pour une fois soyons un peu chauvin : vive
Namasté veut dire bonjour en indien, et on a surtout une très bonne, une grande écoute…
Ce projet semble né sous une bonne étoile, je le recommande sans réserve à tous les mélomanes, qui sauront sûrement en apprécier les multiples éclats…
Jean-Denis Gil
JJJJ JEAN-CHARLES RICHARD: “ Faces”
HERRADE 2006
Jean Charles Richard (ss, bs), Dave Liebman (dm)
Jean Marc Gelin
JJJ Diana KRALL: « From this moment on »
Verve 2006
JJJJ Bill Frisell, Ron Carter, Paul Motian
Nonesuch 2006
Bill Frisell renoue ici avec une sorte de country jazz qui trouve ses racines dans son Amérique profonde avec un style inimitable et qui ne l’a d‘ailleurs jamais vraiment quitté. Sur des thèmes comme ce magnifique thème traditionnel arrangé par Frisell Pretty Polly et qui semble tout droit sorti du folklore de son Colorado natal, il fait tourner le motif mélodique en lui imprimant avec sa pedal steel guitar des effets réverbérés au moelleux métallique. Il ne s’agit pas de longs étirements de la musique mais simplement d’une exploration juste du thème exposé. D’une déclinaisons des nuances et du son. Ron Carter et Paul Motian créent alors des formules irrésistibles, motifs à géométrie variables de profondeur et légèreté mêlées à l’image de la rondeur d’un Ron Carter qui à 70 ans fait ici un numéro époustouflant. Sa façon de décliner ses walkin bass simples mais incomparables dans leur sonorité et leur feeling crée une assisse dans laquelle Paul Motian n’a plus qu’à prendre place, déroulant alors son jeu de fin coloriste aux balais frissonnants. Montrant qu’ils sont avant tout des joueurs de jazz, les trois hommes s’attaquent aussi et avec autant de bonheur à des standards réinventés comme le Misterioso de Monk ou ce standard un peu moins joué On the street Where you live où l’occasion leur est donnée de montrer combien ils maîtrisent aussi le swing. Jamais ils ne s’y font démonstratifs. Alors Bill Frissell avec son sens inné du blues nous embarque dans une sorte de road movie où défilent ces images d’Amérique et toutes ses déclinaisons de couleurs qui vont avec. Défilent alors de grands espaces sauvages. Espaces imaginaires comme dans cet Introduction ou encore ce Misterioso joué d’une manière un peu poisseuse. Avec I’m so lonesome, I could Cry la guitare country de Bill Frisell affirme ses
Jean Marc Gelin
JJJJ FRANCK AVITABILE: “Short Stories”
Dreyfus Jazz 2006
Il y a un an à peine Avitabile nous avait séduit avec son Just Play sorti en 2005 chez Dreyfus. Il revient aujourd’hui avec ces Short Stories, ensemble de 18 morceaux très courts qui ne sont pas sans rappeler les petites pièces de Debussy. D’ailleurs ce n’est pas un hasard si le premier morceau se nomme Arabesque (Debussy ayant lui-même composé plusieurs Arabesques) et le deuxième Childhood memory. Et s’il faut convoquer des références, appelons à la table de Franck Avitabile Ravel, Satie ou même Darius Milhaud qui excellait dans l’exposé de pièces très brèves. Et ces influences auxquelles se mêlent aussi Art Tatum parfois, Keith Jarrett et dans une moindre mesure Bill Evans se mêlent dans l’expression très personnelle de Franck Avitabile dans une sorte de syncrétisme musical enchanteur autant que raffiné. Irrésistible. Car toujours Avitabile joue avec une sensibilité qui le porte à faire chanter son piano avec un romantisme toujours délicatement retenu. Délicatesse, c’est le mot qui s’accorde à son jeu. Survolant de manière aérienne le clavier, Avitabile donne le sentiment de se dédoubler tant son jeu de main gauche donne parfois l’impression d’un piano à quatre mains capable de dérouler des arabesques mélodiques tout en explorant quelques profondeurs harmoniques (Inside Out). Son Meddley est moment fort et bouleversant de romantisme et de swing mêlé. Une sorte d’expression émouvante de l’artiste mariée avec une extrême pudeur. Seulement deux titres sont issus de standards : un There is no greater Love que n’auraient reniés ni Art Tatum ni Bud Powell (excusez du peu) et un Over The Rainbow qui vient avec beaucoup de finesse clôturer ce remarquable album.
Avec une passion toute en retenue Franck Avitabile nous raconte ici de brèves histoires, sorties d’une sorte de songe éveillé résonnant comme des réminiscences pianistique de ce qui fonde son jeu. Ces histoires ne disent rien d’autres qu’un amour, son amour de la musique et du piano. Un amour que Franck Avitabile parvient à nous transmettre ici avec une sensibilité rare.
Jean-Marc Gelin
JJJ PATRICK ARTERO: “ Artero - Brel”
Nocturne 2006
Les musiciens embarqués dans l’aventure tirent tous leur épingle du jeu avec toutefois une mention spéciale pour Giovanni Mirabassi dont le toucher aérien au clavier, la précision et l’originalité des chorus sont un réel bonheur. Les arrangements particulièrement soignés réservent une bonne place aux solistes «
Un disque inclassable si l’on tient absolument à ranger la musique en général et le jazz en particulier dans des boîtes hermétiques mais, sans aucun doute, un disque intéressant qui conquiert l’auditeur au fil des écoutes successives. A recommander.
Jean Pierre Foubert
JJJJ FRANCOIS COUTURIER: “Nostalghia – Songs for Tarkovski”
ECM 2005
Régine Coqueran
Les Dernières Nouvelles du Jazz