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*Barney WILEN Quartet feat. Tete MONTOLIU, Grenoble ’88 ‘BARNEY AND TETE’, avec Barney Wilen, (saxophones ténor et soprano), Tete Montoliu (piano), Riccardo Del Fra (contrebasse) et Aaron Scott (batterie).
Elemental Music – 5990438 / DISTRIJAZZ.
Sortie le 4 décembre.
Le fait est qu’on ne peut qu’envier et jalouser les veinards qui ont pu assister à ce concert (Martine Palmé en premier lieu) : la seule, unique et éphémère occurrence de l’existence de ce quartet, de la rencontre musicale entre Barney Wilen et Tete Montoliu, deux monstres du jazz du vieux continent, façonnés au creuset du bop dans les années 50 ; Barney très influencé par Lester Young, adoubé par Miles Davis et Art Blakey, Tete dans la mouvance d’Art Tatum et reconnu par Lionel Hampton et Don Byas.
A l’époque de ce concert, Barney tournait habituellement en quartet, avec Alain Jean-Marie (piano), Riccardo Del Fra (contrebasse) et Sangoma Everett (batterie).
Tete, quant à lui, rompu à l’accompagnement des plus grands solistes américains de passage en Europe (de Ben Webster à Anthony Braxton ...) dirigeait son propre trio de part et d’autre de l’Atlantique, associant N.H.O.Pedersen, Herb Lewis ou Georges Mraz (contrebasse) à Albert ‘Tootie’ Heath, Lewis Nash, Al Foster ou Billie Higgins (batterie).
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On ne sait qui, de Jacques Panisset, qui programma ce concert et aimait favoriser les rencontres musicales inhabituelles, ou de Robert Latxague, alors directeur de l’information de la radio régionale, rebaptisée depuis ‘France Bleue Isère’, eut l’idée de ce quartet de circonstance, associant Aaron Scott (à l’époque batteur régulier de l’Orchestre National de Jazz dirigé par François Jeanneau) et Tete Montoliu, qu’ils admiraient tous deux, à Barney et Riccardo. Le saxophoniste y fut d’ailleurs dans un premier temps opposé, préférant promouvoir son dernier album avec son quartet habituel, avant de finalement adhérer au projet.
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Martine Palmé, alors agent de Barney, rapporte qu’il n’y eut pas de répétition avant ce concert, juste une courte discussion entre les musiciens, pour choisir le répertoire à jouer, les enchainements, les tonalités ... bref, la petite cuisine habituelle, que tous les musiciens classiques envient aux jazzmen.
Au menu : des standards bien sûr, sur lesquels chacun de ces sorciers excelle à se réinventer en surfant sur l’écoute de l’autre, mais aussi quelques mélodies françaises (Barney avait enregistré son album ‘French Ballads’ en 1987). La suite est magique, de l’Âme des Poètes’ de Charles Trenet, subtilement réharmonisée et introduite en duo soprano-contrebasse, à un joyeux ‘Someday My Prince Will Come’, donné en deuxième rappel sur un rythme de valse.
C’est à un panorama de l’histoire du jazz et de la musique du XXème siècle que l’on assiste, du swing au bop, de la pop à la comédie musicale, de ‘Billie’s Bounce’ (Ch. Parker) à ‘La Valse des Lilas’ (M.Legrand, E.Marnay, E.Barclay), de ‘Round Midnight’ (T.Monk), magnifiquement exposé au soprano, à ‘All The Things You Are’ (J.Kern, O.Hammerstein), ou encore de ‘Summertime’ (G.&I. Gershwin) aux ‘Feuilles Mortes’ (J.Prévert, V.Kosma, J.Mercer) et ‘Sous le Ciel de Paris’ (J.Drejac, H.Giraud).
Ces deux CDs reflètent et témoignent de l’intensité et de la réussite d’une rencontre que Barney et Tete devaient pressentir qu’elle serait unique (et elle le fut), et donc qu’elle se devait d’être parfaite.
Tous deux nous ont quitté depuis, trop tôt, Barney le 25 mai 1996, Tete le 24 août 1997.
Leur musique vous tend les bras !
Indispensable.
Francis Capeau.
©photo X. (D.R.)