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30 novembre 2024 6 30 /11 /novembre /2024 14:41

Christiane Bopp (trombone), Bernard Santacruz (contrebasse), Bruno Tocanne (batterie)

Trois Palis (Charente), 24 février 2024

Instant Music Records IMR 024

https://www.helloasso.com/associations/l-affiche/boutiques/cd-bopp-santacruz-tocanne-what-about

Dès la première plage, on est dans le vif du sujet : dialogue libre et tendu, énergie maximale, modes de jeu hétérodoxes. Comme un manifeste en somme. La plage suivante, apaisée, donne l’exacte mesure de ce que peut produire l’improvisation en termes de lyrisme, d’écoute mutuelle, d’expressivité. Et cela se confirme plage 3, avec une touche mélancolique. Ensuite le disque utilise très librement tous les ressorts de la belle improvisation quand elle cultive la réactivité à ce que produisent les partenaires, tout en demeurant dans une expression collective. C’est une éthique autant qu’en esthétique. Chaque membre du trio propose, à chaque instant un discours, une sonorité, une expression, qui entrent immédiatement en dialogue avec les partenaires. Quand Christiane Bopp commence dans le son très ténu, ses amis se mettent immédiatement dans la dynamique annoncée, et le dialogue chuchoté entre les instruments tiendra du miracle, pendant plusieurs minutes, avant qu’un crescendo partagé fasse surgir un nouveau mode d’expression. Chaque membre du groupe est au maximum de sa présence, et les interludes en solo, tout comme les échanges en duo, sont autant de rebonds pour une nouvelle aventure,. Bref ce disque est à bien des égards exemplaire de ce peut produire la musique improvisée dans son meilleur. Plongez dans son écoute, vous en rapporterez des émotions, des sensations, et surtout un très vif plaisir esthétique.

Xavier Prévost

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30 novembre 2024 6 30 /11 /novembre /2024 12:48
Sweet Dog On The Moon

Sweet Dog On The Moon

 

 

C’est le dernier opus de ce trio jusqu’alors parfaitement équilatéral Sweet Dog créé en 2015 par des personnalités affirmées, le saxophoniste ténor Julien Soro membre de Ping Machine et par là même du dernier ONJ de Fred Maurin, le batteur Ariel Tessier ( du quintet Lennie’s, Charlie Rose trio entre autre, PJ5 où il retrouve le guitariste Paul Jarret à la tête du grand format ALE (Acoustic Large Ensemble).

L’originalité de ce nouvel album est d’avoir élargi le groupe, enrichissant les textures avec de nouveaux timbres dont celui du cor de basset de la grande clarinettiste Catherine Delaunay. Sans oublier la voix et le chant très personnel d’Emilie Lesbros. Un choix qui ne doit rien au hasard puisque ces deux musiciennes mettent l’improvisation au coeur de leur pratique et que le trio très masculin souhaitait approfondir cette démarche. Leur aventure musicale se poursuit donc à cinq en suivant la thématique de l’espace qui ouvre grand l’imaginaire : la musique décolle littéralement se projetant dans l’espace Sur les chemins vers la lune dans la nostalgie de la découverte spatiale, de ces rêves de fuite en apesanteur, entre Gravity et Interstellar.

Le titre de l’album est clair, explicitant le projet car à l’écoute des dix titres improvisés collectivement d’En Orbite jusqu’au Black Hole final qui n’engloutira pas le groupe, on ressent la puissance de cette musique expérimentale sur le vif, déchaînée, explorant l’inconscient avec ce curieux Sub Conscious S qui ne renvoie pas à Lee mais à Steve Lehman avec lequel a joué Julien Soro dans le dernier ONJ. Avec un drumming comme décalé, on est envoyé ad astra et qu’importe l’alunissage. Les nombreux effets électroniques plus ou moins débridés ( claviers de Julien Soro) confèrent un groove et un son parasite très particulier, sale parfois, grésillant, noisy. Brouillage sur fonds de cliquetis de baguettes, effervescence de The Great Battle, titre punk enregistré au Triton en juin 2023, au son gras dans l’énergie pure de la prise en direct. Le groupe alors en résidence pour quatre jours a sélectionné les morceaux les plus marquants pour l’enregistrement.

Certains interludes plus délicats alternent tel le tranquille Windmills of the moon résolument folk avec une guitare apaisée. Plus surprenant Les gens, une sorte de “sprechgesang” proféré avec une certaine ironie tranquille, étrangement distanciée sur un arrière-plan brossé par une guitare aux doux gratouillis et couics du sax. Quel est le rythme qui semble frappé à la main de ce Life is about dancing? Il s’agit en fait d’une batterie "préparée", les peaux étouffées avec des draps, ce qui confère un son très sec, étouffé, aux cymbales sans résonance.

Dans l’espace ainsi créé le groupe organise son travail précis sur les textures et les sons plus ou moins bruts dans une matière sonore musicale complexe qui tend à une certaine abstraction. Boucles, sinusoïdes d’une guitare électrifiée, drive permanent de la batterie en tension, chants du sax ténor ou soprano, de la clarinette parfois  comme désaccordés, mêlés au souffle de la voix. On n’écoute plus tellement le son pour ce qu’il est mais comme une forme musicale expressive dans une démarche intuitive et libre. On se laisse embarquer dans cette expédition vers des terres non défrichées encore. Si la destination importe compte plus encore le voyage éphémère qui reste poétique.

 

Sophie Chambon

 

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29 novembre 2024 5 29 /11 /novembre /2024 20:18

Pierrick Pédron (saxophone alto), Carl-Henri Morisset (piano),Thomas Bramerie (contrebasse), Élie Martin-Charrière (batterie), Laurent Courthaliac (arrangements),   Daniel  Yvinec (direction artistique)

Pompignan (Gard), 3-5 octobre 2020

Continuum Jazz / UVM Distribution

 

Un hommage, un vrai, ce qui nous change de certains supposés témoignages d’admiration qui, dans le pire des cas, ne sont que des entreprises opportunistes, et dans des cas plus bénins, des révélateurs de manque d’inspiration.

Un hommage assorti d’un pas de côté,  en faisant de cette évocation quelque chose d’autre : ‘Something Else’ est le sous-titre, et c’est aussi l’intitulé du premier disque d’Ornette Coleman, enregistré un peu plus d’un an avant ‘The Shape Of Jazz To Come’, dont le présent opus reprend le répertoire. Un ‘Something Else’ qui commençait, en 1958, de tout changer, et même de tout chambouler.

Et ce que le présent disque de Pierrick Pédron chamboule, c’est d’abord l’instrumentation. Du quartette d’Ornette, avec cornet (Don Cherry), contrebasse (Charlie Haden), et batterie (Billy Higgins), nous passons à un groupe avec sax alto, piano, contrebasse et batterie. Avec, il faut le souligner, le concours extrêmement fécond de Laurent Courthaliac pour les arrangements, et l’oreille avisée de Daniel Yvinec (qui a eu l’idée de cette aventure) pour la direction artistique. Les titres sont donnés dans l’ordre du 33 tours désormais légendaire publié par Atlantic en octobre 1959 (ce qui n’était pas l’ordre de la séance d’enregistrement en mai 1959).

Dès la première plage, l’immarcescible Lonely Woman, on sait que ce sera quelque chose d’autre : les unissons désinvoltes entre trompette et cornet de la version originale deviennent dialogue entre le thème du sax et les harmonies du piano. Et pourtant c’est bien de cette même musique qu’il s’agit. Et la liberté est tout aussi présente, il suffit d’écouter comment cela tourne à l’émeute, en petit comité, du quartette de Pierrick Pédron. Dès l’abord la finesse du travail d’arrangement de Laurent Courthaliac s’impose comme une évidence. Dans le titre suivant, Eventually, un unisson vertigineux du sax et du piano va précéder une sorte d’interlude stride de Carl-Henri Morisset, lequel plus loin s’envolera pour une impro en trio digne des aventures les plus folles. La basse cursive et les explosions des tambours vont préparer un déboulé de folie chez Pierrick Pédron , avant une nouvelle bouffée de stride, frénétique.

Je ne vais pas détailler toutes les plages dans le registre comparatif : l’impression générale c’est la liberté, l’excellence, l’inspiration, avec des moments de lyrisme doux et serein : un TRÈS grand disque !

Xavier Prévost

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Le groupe est en concert les 5 & 6 décembre à Paris au Sunside, le 7 à Auvers-sur-Oise (Pavillon Van Gogh), le 14 à L’Osons Jazz Club de Lurs, et les 17-18 décembre à Saint Brieuc (La Passerelle)

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Un avant-ouïr sur Youtube

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29 novembre 2024 5 29 /11 /novembre /2024 10:05

 

Distribués en France par Socadisc, deux maillons essentiels dans le parcours de la compositrice-arrangeuse-cheffe d’orchestre qui avait fait ses débuts phonographiques avec le disque ‘Evanescence’ (enregistré en 1992, publié deux ans plus tard) sous le label allemand Enja (Ce disque sera réédité en janvier 2025 sous son label ArtistShare)

Et le premier volume de cette livraison, ‘Concert in the Garden’ (2004) est ce qui fut la première référence (0001, désormais AS 0115) du label qu’elle avait créé pour assurer l’indépendance des artistes. Et le suivant est celui qui lui succéda dans ce même catalogue, ‘Sky Blue’ (2007)

Dans les deux cas la maestria d’une musicienne inspirée, mêlant intensité du lyrisme et finesse de l’écriture, et servie par des solistes totalement en phase artistiquement avec le projet musical et la personnalité de l’artiste.

À découvrir, ou à réécouter, absolument !

Xavier Prévost

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28 novembre 2024 4 28 /11 /novembre /2024 22:30

SWEET DOG ON THE MOON

Trio ‘Sweet Dog’

Julien Soro (saxophones ténor & soprano, clavier), Paul Jarret (guitare électrique), Ariel Tessier (batterie)

invitées :

Catherine Delaunay (clarinette, cor de basset), Émilie Lesbros (voix)

Les Lilas, juin 2023

Pégazz & l’Hélicon / Inouïe Distribution


 

Une somptueuse bouffée d’ailleurs, un ailleurs assez radical, né de la rencontre du trio Sweet Dog et de deux invitées qui en connaissent un fameux rayon dans la faculté de sortir du cadre tout en restant dans l’art musical. Le trio Sweet Dog, féru d’improvisation à risque, se trouve le partenaire idéal de ces deux musiciennes qui traquent l’inouï avec talent depuis pas mal de temps. Il en résulte une musique dont je peinerais à cerner l’identité, si toutefois c’était le propos. Entre musique expérimentale improvisée (ou écrite), jazz punk, rock transgressif et lyrisme exacerbé, le disque nous conduit, de plage en plage, à des paysages sonores oniriques, des textes rêveurs ou incisifs, teintés de surréel. Des phrases issues d’un univers nimbé de jazz contemporain entrent en collision avec des sons électroniques, ou des riffs de guitare traversant les langages de référence pour les subvertir et les recomposer. La batterie scande, organise, et se dérobe quand il le faut, apportant un subtil décalage dans un déroulement qui, décidément, ne peut être définitivement balisé. Bref c’est une très belle aventure sonore et musicale dans laquelle il convient de se jeter à corps perdu. Bonne plongée dans cet inconnu : vous en reviendrez en pleine métamorphose !

Xavier Prévost

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Le groupe donnera un concert de sortie le 30 novembre à 20h au Pavillon de la Sirène, Paris (75014)

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Un avant-ouïr sur Youtube

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27 novembre 2024 3 27 /11 /novembre /2024 21:43

Daniel Humair (batterie), Vincent Lê Quang (saxophones ténor & soprano), Stéphane Kerecki (contrebasse),

Samuel Blaser (trombone)

Les Lilas, mai-juin 2024

Le Triton / l’autre distribution

https://letriton.bandcamp.com/album/prismes-leau

 

Presque un manifeste musical de ce que doit être cette musique selon le désir, fondé sur une longue expérience, du Maître d’œuvre Daniel Humair. De jeunes partenaires au long cours, avec lesquels il a partagé un trio (Vincent Lê Quang et Stéphane Kerecki) et un souffleur helvète croisé dans de multiples rencontres musicales (Samuel Blaser), pour jouer un répertoire où se mêlent des improvisations sans filet, des thèmes conçus par les membres du groupe, et des compositions des compagnons de route historiques du batteur : Joachim Kühn, mais aussi Franco Ambrosetti. Sans oublier une Cavatina d’un compositeur britannique de musique de films. Quel que soit le terrain de jeu choisi, la circulation des formes et des idées est incessante, riche de liberté, d’audace et d’inventivité. Le tuilage de l’écrit à l’improvisé relève de la magie. Chacun trouve sa place dans ce jeu éminemment collectif où s’épanouissent pépites et joyaux : un régal de bout en bout.

Daniel Humair, musicien ET peintre, a conçu le titre de cet album en référence allusive à une collection de crayons de couleurs, Prismalo, créée en Suisse par Caran d’Ache, en 1931. L’école de Daniel, lorsqu’il était enfant, se trouvait près de l’usine où l’on fabriquait ces crayons, et les écoliers visitaient cette fabrique, repartant avec des échantillons…. Sans vouloir tirer à outrance vers les correspondances ou la synesthésie, on peut dire que, dans cette musique, la palette est large, et même profuse, et que l’objet final nous fait voir toutes les couleurs du jazz, du présent au futur.

Xavier Prévost

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Le groupe est en concert au Triton, près de la Mairie des Lilas, le vendredi 29 novembre à 20h30 

 

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13 novembre 2024 3 13 /11 /novembre /2024 18:43

Fidel Fourneyron (trombone), Thibault Soulas (contrebasse), Antoine Paganotti (batterie)

Uqbar #3 / l’autre distribution

 

Une musique élaborée par le tromboniste lors d’une résidence au festival ‘Jazz sous les pommiers’, et dont la source est du côté des divinités Yoruba. Mais plus largement, c’est un hymne à la musique afro-américaine comme à toutes les musiques de la Caraïbe, une sorte de retour aux sources, et au souffle primal qui jaillit dès l’origine du jazz, et même en-deçà. C’est d’une évidence confondante, et pourtant les nuances, les circonvolutions, les digressions et les inventions sont légion. Le trio nous embarque dans un voyage qui nous semble familier, et dans lequel, pourtant, les surprises sont nombreuses. Avec un virtuosité d’Artisan d’Art pour qui chaque geste est un condensé de pratiques immémoriales, Fidel Fourneyron attise un vibrant dialogue avec ses partenaires : la contrebasse de Thibault Soulas connaît tous les ressorts de ce langage, même dans le jaillissement de l’improvisé ; et la batterie d’Antoine Paganotti attise le feu, même quand il couve : un régal. En cours de route une sorte de calypso nous rappelle que le grand Sonny Rollins fut une sorte de pionnier, à le fin des années 50, dans cet art du trio conduit par un souffleur avec le renfort de la basse et de la batterie. Très très bon disque !

Xavier Prévost

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Le trio est en concert le 14 novembre à Paris, à l’Atelier du Plateau

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9 novembre 2024 6 09 /11 /novembre /2024 18:44

Deux enregistrements inédits des années 90 voient le jour : un duo Annick Nozati – Daunik Lazro, et un quartette qui les associe à Paul Lovens & Fred Van Hove

 

ANNICK NOZATI – DAUNIK LAZRO «Sept fables sur l’invisible»

Annick Nozati (voix & textes), Daunik Lazro (saxophones alto & baryton)

Vandœuvre-lès-Nancy, 13 mai 1994

Mazeto Square 570 566-4

https://www.mazeto-square.com/product-page/sept-fables-sur-l-invisible-digital

 

C’est à l’édition1994 de l’historique festival de création musicale ‘Musique Action’ que ce concert a été saisi sur le vif. L’enregistrement est désormais publié, bonheur d’écoute pour ceux notamment qui se souviennent des mémorables prestations musicales de la très regrettée Annick Nozati, morte voici 24 ans, et qui m’avait dans les années 80 & 90 bouleversé l’oreille, en solo, en duo avec Joëlle Léandre, ou dans d’autres configurations. Dès la première plage, je suis saisi par ce mélange de maîtrise vocale et d’absolue liberté de création. Le sax et la voix paraissent surgir d’une même matière sonore et musicale, avant de se disjoindre dans une autonomie faite de convergences, de tensions et de sublimes conflits. Daunik Lazro dialogue avec la vocaliste en une sorte d’audace (très) attentive. Chant et autres langages sonores et musicaux : les deux partenaires sont en phase, et quand le texte conçu par la chanteuse s’en mêle, l’échange s’enflamme derechef. Bref, surprises, émotions et vertiges d’un bout à l’autre !

 

DAUNIK LAZRO, PAUL LOVENS, ANNICK NOZATI & FRED VAN HOVE «Résumé of a Century»

Daunik Lazro (saxophones alto & baryton), Paul Lovens (batterie, cymbales & gongs), Annick Nozati (voix), Fred Van Hove (piano & accordéon)

Vandœuvre-lès-Nancy, 21 avril 1999

Fou Records FR-CD 65

https://fourecords.com/FR-CD65.htm


 

À nouveau au festival ‘Musique Action’, cinq ans plus tard, Annick Nozati & Daunik Lazro dialoguent avec Fred Van Hove et Paul Lovens, compagnons de route des musiques, aussi improvisées qu’extrêmes, de cette grande époque. L’effervescence se fait folie, les balustrades du possible sont une fois encore franchies, et au-delà du dicible. La liberté franchit encore de nouveaux confins, pour le bonheur de l’auditeur imprudent que je suis. Ce concert édité sur disque est l’exact reflet d’une aventure musicale, surgie voici des décennies, et qui par bonheur ne s’est pas éteintes. Extraits en suivant le lien ci-dessus : bon voyage dans le Jardin des délices ! On dit souvent que ces musiques s’écoutent mieux in vivo et in situ : fermez les yeux, vous êtes au Centre Culturel André Malraux de Vandœuvre-lès-Nancy, dans les années 90….

Xavier Prévost

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3 novembre 2024 7 03 /11 /novembre /2024 17:51

Musina Ebobissé (saxophone ténor, composition), Olga Amelchenko (saxophone alto), Simon Chivallon (piano), Étienne Renard (contrebasse), Stéphane Adsuar (batterie)

Malakoff, 11-12 janvier 2024

Quai Son Records / PIAS

 

Troisième disque du saxophoniste, mais avec un nouveau groupe. La saxophoniste alto était déjà dans le groupe du disque précédent, «Engrams», publié par Jazzdor Series, et chroniqué ici-même : http://lesdnj.over-blog.com/2023/05/musina-ebobisse-quintet-engrams.html

Les thèmes font référence à des personnages de fiction, au théâtre militant ou à une peinture engagée, mais l’essentiel est ailleurs : ces récits abstraits sont d’abord le lieu d’une sorte d’abstraction musicale, tissée de contrepoints subtils, et rehaussée de belles interactions entre les solistes. Le contrepoint entre en majesté dès le début de la première plage, mais la conception ne se réfugie pas dans la complexité de l’arrangement et les méandres de la mise en forme. De cette apparente sinuosité jaillit une vraie force expressive, nourrie par les solistes. Le résultat, musicalement, est d’une richesse impressionnante. On se laisse porter par ces beautés furtives ou ces emportements collectifs qui tutoient la perfection. Une fois encore une belle réussite de ce saxophoniste

Xavier Prévost

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En concert à Paris au Sunside le 21 novembre 2024

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29 octobre 2024 2 29 /10 /octobre /2024 17:41

Gautier Garrigue (batterie, guitare, composition), Federico Casagrande (guitare), Maxime Sanchez (piano), Florent Nisse (contrebasse)

invités : Henri Texier (contrebasse), Émile Parisien (saxophone soprano), Vincent Lê Quang (saxophone ténor)

Malakoff, 18-20 septembre 2023

Pee Wee PW 1015 / Socadisc & Believe

 

Depuis la première fois que j’ai écouté Gautier Garrigue dans un groupe, voici plus de dix ans, j‘ai eu cette sensation que c’était un batteur musicien. Je m’explique : au sein d’un groupe, il n’est pas seulement un pourvoyeur de rythmes, de sons et d’accents ; il joue une sorte de partition parallèle, ou plutôt croisée, qui dialogue avec le groupe. Et avec son propre groupe il en va de même : les musiques qu’il a composées sont autant de dialogues, avec les membres de son quartette et les invités. Dans beaucoup de disques de batteurs (pas tous heureusement !), souvent certaines plages commencent avec un passage de batterie très appuyé, comme pour marquer le territoire du leader. Ici, rien de tout cela. Gautier Garrigue se comporte en compositeur qui invite ses partenaires à le suivre dans une très belle suite de compositions. Une suite inspirée par une sorte de mythe : un cosmogonie issue de la culture fondatrice de l’île d’Hawaï, bien avant son annexion par les USA. La traversée, nocturne, qui nous est offerte, est celle d’un monde mythique, presque mystique, où les étoiles croisent les forêts, les lieux, les oiseaux et les plantes, et aussi la silhouette de Kenny Wheeler. Formidables (et Ô combien subtiles) compositions qui nous entraînent dans un univers à la tonalité souvent mélancolique. Et les solistes (ceux du groupe et les invités) magnifient encore la profonde beauté du répertoire. Il y a là quelque chose qui me rappelle la sinuosité des thèmes imaginés par Paul Motian, un univers où le fracas se fait rare mais où l’intensité est permanente. Une plage très vive, la pénultième, fera office de contrepoint à l’atmosphère générale : un grand disque, de bout en bout !

Xavier Prévost

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Le groupe jouera le 10 décembre à Paris au Studio de l’Ermitage

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