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9 avril 2018 1 09 /04 /avril /2018 21:57

Stéphane Koechlin. 320 pages. Le Castor Astral. 20 euros.
Jean-Louis Lemarchand

 

Elle avait hérité du sobriquet de « l’impératrice du blues » trouvaille d’un attaché de presse au sens aigu du markéting. Elle le méritait bien à l’époque et encore (plus) aujourd’hui, Bessie Smith (1894-1937). « Une voix pleine de hurlements, de gémissements, de prières et de souffrances, sauvage, âpre, stridente, volcanique », décrivait l’un de ses admirateurs, l’écrivain Carl Van Vechten.
Chroniqueur musical spécialisé, auteur de « Le blues, les musiciens du diable « (Ed Le Castor Astral), Stéphane Koechlin retrace la vie trépidante de Bessie Smith, de la pauvreté du Tennessee à la gloire de Harlem (surnommée alors « la vallée heureuse »). Sa voix d’une puissance rare lui permit de conquérir les spectateurs à une époque où la sonorisation n’avait pas encore droit de cité. Mise au service de textes forts évoquant les drames de la vie quotidienne, la condition des noirs, elle lui ouvrit le chemin du succès dans les bacs des disquaires : enregistré en 1923 aux studios Columbia de New York, Down Hearted Blues, composition d’Alberta Hunter, s’écoulera à 800.000 exemplaires en six mois. Quelque 160 titres seront gravés dans les quinze années suivantes au premier desquels les classiques Saint Louis Blues et Careless Love et deux chansons spécialement poignantes, Back Water Blues (consacré aux inondations géantes de 1927) et Empty Bed Blues. Au-delà du parcours de l’artiste, Stéphane Koechlin traite largement de la personnalité de Bessie Smith, une femme de caractère (aimant les alcools forts et l’amour, masculin et féminin, n’hésitant à faire le coup de poing). « Elle avait toujours envie de se bagarrer avec moi et avec la musique aussi », témoigna Sidney Bechet, amant passager. Fortement documenté, l’ouvrage de Stéphane Koechlin présente également l’avantage de replacer la vie de la chanteuse dans son contexte historique, une époque marquée par la Prohibition, la pègre, et la ségrégation. Enfin, et ce n’est pas le moindre sujet d’intérêt, Koechlin démolit la légende bâtie autour de la mort de Bessie Smith. Les premiers récits indiquaient que la chanteuse, victime d’un accident de la route dans le Mississippi le 26 septembre 1937, avait été refusée à l’hôpital en raison de sa couleur de peau. La légende de l’artiste noire assassinée par le Sud raciste a longtemps persisté, véhiculée notamment par Mezz Mezzrow dans La rage de vivre. La vérité plus prosaïque, et pas plus réjouissante, est tout autre : le temps perdu à transporter en pleine nuit Bessie Smith  dans un hôpital lui aura été fatal. L’amputation d’un bras par un chirurgien n’aura pas permis de sauver l’ »impératrice du blues «  qui rend son dernier souffle à 22 h30 dans une petite chambre de Clarksdale.
Jean-Louis Lemarchand

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9 avril 2018 1 09 /04 /avril /2018 18:28

Lionel Suarez (accordéon), Airelle Besson (trompette), Vincent Segal (violoncelle), Minino Gray (percussions, voix)

Villetaneuse, septembre 2017

Bretelles Prod BP 06190101 / l'autre distribution

 

L'aventure commence en 2009, avec une commande du festival 'Jazz sur son 31', à Toulouse et son entour. Parce que la Ville Rose était supposément le territoire d'origine de Carlos Gardel, père présumé du tango, Lionel Suarez décide de construire son projet autour de cette figure singulière, tissée de légendes et de faits réels. Le choix des partenaires n'est pas anodin : la trompettiste, le violoncelliste et le percussionniste-chanteur aiment la mélodie, et s'emploient aussi constamment à la magnifier, parfois en transgressant ses limites et ses codes. Des thèmes de Carlos Gardel donc, mais aussi des compositions de Lionel Suarez, Airelle Besson, Vincent Segal et Gerardo Di Giusto (et aussi des mots de Minino Garay). Avec en primeur un air d'Emmanuel Chabrier (Feuillet d'album) d'une exquise mélancolie. D'ailleurs c'est bien là le maître-mot, qui rassemble tout à la fois les plaines de l'Argentine et la saveurs de ses villes, le goût profond des interprètes et compositeurs de ce disque pour une expression teintée de nostalgie, et le goût de Gardel pour ce clair-obscur où le timbres et les inflexions mélodiques tendent toujours vers un horizon qui nous échappe. Un disque inclassable évidemment (et c'est tant mieux), que ses interprètes et son atmosphère rattachent au jazz, même si ce n'est pas strictement l'idiome d'une telle musique. Inclassable mais très attachant.

Xavier Prévost

 

Le groupe est en concert le 10 avril au Prisme à Élancourt (Yvelines), le 11 à Toulouse (Salle Nougaro), le 13 à Caen (Théâtre-La Nuit du Jazz) et le 14 à Paris, au New Morning

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8 avril 2018 7 08 /04 /avril /2018 16:18

Oboman, alias Jean-Luc Fillon (hautbois, hautbois d'amour, cor anglais), Didier Ithursarry (accordéon)

Meudon, juillet 2017

Jazz Family JF 039 / Socadisc

 

Récidive discographique du duo, après «Oboréades» (52ème Rue est, en 2012). Des compositions originales, qui évoquent très librement, mais amoureusement, la capitale (avec citation explicite, dans les notes du CD, du Spleen de Paris de Baudelaire ''…. Je t'aime, ô capitale infâme ! ''). Des thèmes signés par Oboman, sauf un de la plume de l'accordéoniste (Moulin Rouge), et aussi une composition de Jo Privat (Rêve Bohémien) que le duo se plaisait depuis quelques années à jouer en rappel des concerts qui suivirent le disque précédent. Sources d'inspirations liées aux lieux emblématiques (République, Pont des Arts, Père Lachaise....), mais sans servilité programmatique : rien qu'une captation d'atmosphère. Casa Pepe évoque un restaurant de la rue Mouffetard qui avait le préférence de Paco de Lucia quand il venait à Paris. C'est l'occasion d'un flamboiement ibérique. Et les lieux se succèdent, parcourus avec un brin de nostalgie : le tout avec une vivacité éloquente, une virtuosité virevoltante, une expressivité et des nuances confondantes. Bref de la belle musique, très vivante (et en plage12, non identifiée, une surprise ! ).

Xavier Prévost

 

Le duo est en concert à Paris le 10 avril au Studio de l'Ermitage

Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?2&v=jt-RGtdCNKI

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4 avril 2018 3 04 /04 /avril /2018 09:03
ANA KAP   LA GAZETTE DE LIBOR

 

ANA KAP

La gazette de Libor

Petit label www.petitlabel.com

 

Ana Kap, c'est le nom de ce trio étonnant, créé voici neuf ans, qui sort sur le  Petit L abel caennais, un deuxième album pour 2018, joliment intitulé La Gazette de Libor. http://www.petitlabel.com/pl/disque.php?ref=Pl kraft 056.

Instrumentation qui nous entraîne loin, jouant de divers rythmes et de l'alliage réussi des timbres (accordéon, cornet long, violon), sans oublier les interventions bienvenues, bidouillages un rien loufoques, voix de platine vinyle et effets de Juno 60. Une fois calé, on se laisserait bien aller à suivre la musique imaginée par le talentueux trio composé de Pierre Millet (compositions, cornet long), de Jean Michel Trotoux (accordéon), de Manuel Decocq (violon) ("Prude") : bal musette avec ce "Papa Tango" où dominent les flonflons de la fête foraine, sur un manège emporté par l'accordéon valseur ("La gazette de Libor ).

On pénètre dans l'univers étrange et étranger des compositions du corniste, dans une musique généreuse qui se donne dès le premier thème, orchestral. Audacieux de brûler tous ses vaisseaux, de tirer toutes ses cartouches dès l'ouverture, puisqu'au trio se joint un quatuor à cordes sur ce seul titre "Chien de paille" qui compte aussi sur les claviers de Djizan Emin, qui intervient, par contre sur quatre autres titres. Etonnant voyage très cinématographique-et c'est un compliment, illustration d'une balade virtuelle projetée dans la tête. Ces sonorités travaillées installent un climat surréel parfois, cadence suggestive plutôt que rythmique forcenée, comme un "Teketodo" lancinant, un "Seize torses" qui s'imprime dans la mémoire, un "Mambo" qui fait du bien.

On arrive à la fin de l'album, tourneboulé par ces pièces si différentes, ces changements de rythme incessants. Rien n'est laissé au hasard et le final, loin d'exploser, chante la plainte d'un violon mélancolique. Qu'importe les bricolages, l'album conserve en dépit de tout, son unité, avec une dimension originale et poétique. Epatant!

 

Sophie Chambon

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4 avril 2018 3 04 /04 /avril /2018 08:38
LA RAISON DU MOINS FORT  MÖBIUS RING TRIO

LA RAISON DU MOINS FORT

Petit label 057 Sortie mars 2018

Label associatif caennais distribué par Les Allumés du Jazz, Improjazz et Métamkine.

http://petitlabel.com/

http://www.petitlabel.com/pl/disque.php?ref=Pl%20kraft%20057

 

Une première remarque, annexe qui n'est cependant pas accessoire. Quand je reçois les albums du Petit Label, j'ai toujours un immense plaisir à sortir les cds de leur enveloppe cartonnée, ce sont des beaux objets qui forment une collection comparable à celle d'un autre label indépendant, l'AJMI avignonnais. Un soin particulier est porté à la fabrication, à l'emballage . La pochette par exemple a été imprimée à l'atelier coopératif de sérigraphie L'encrag, à Caen. Un travail artisanal précieux, rare et fait avec amour. Qualité et esthétique, tout ce que l'on apprécie!

Voilà donc le premier album du saxophoniste alto Pascal MABIT, leader et auteur de toutes les compositions de cet épatant MÖBIUS RING TRIO. " Il s'agit du premier vrai disque de mon premier vrai projet et marque donc la naissance de quelque chose, qui, je l'espère, sera fort et durable." C'est tout le mal que l'on souhaite à ce musicien et à son trio composé d' Emmanuel FORSTER à la contrebasse et Kevin LUCETTI à la batterie. Etant donné une rencontre qui marqua le début d'une aventure intéressante, celle de trois camarades du CNSM, venus de différents coins de l'hexagone (Normandie, Toulouse, Chambéry), qui se sont retrouvés autour de l'improvisation, voilà un trio à l'assise solide. Avec un saxophoniste alto, fluide, élégant, au son vigoureux qui a su réconcilier les diverses tendances de la musique jazz, puisqu'il vient du bop, s'intéresse au free et aime le funk, a travaillé avec la fanfare XP du flûtiste Magic Malik. Aime autant écouter Steve Coleman qu'Alban Darche. Plaisir et connivences partagés dans une musique qui vient du jazz, en part sans jamais le quitter, fidèle à cette notion d'imprévus, passant au tamis de l'improvisation les sensations éprouvées dans l'instant. Le résultat ? Une musique qui évolue de climats labyrinthiques et méditatifs " Dabran" en ambiances plus percussives et engagées "La raison du moins fort". A suivre résolument, un jazz chambriste aussi séduisant !

 

Sophie Chambon

 

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3 avril 2018 2 03 /04 /avril /2018 19:07

Gildas Boclé (contrebasse), Nelson Veras & Jérôme Barde (guitares), Marcello Pellitteri(batterie)

Vannes, date non précisée

Absilone / Socadisc

 

L'intitulé exacte est en fait : Gildas Boclé plays Cole Porter & Tom Jobim « So in Love ». Autant dire que la revendication est explicite : jouer les standards de ces deux grands compositeurs, frères en mélancolie chantante, et en développements mélodico-harmoniques d'une grande richesse. Pour ce faire, le contrebassiste breton est allé chercher deux de ses anciens condisciples du Berklee College de Boston : le guitariste Jérôme Barde, et le batteur Marcello Pellitteri. Et en renfort un autre forcené mélodiste, d'une génération postérieure, le guitariste Nelson Veras. Cela tombe à pic, car ce jeune brésilien devenu parisien est en osmose idiomatique avec le langage de Tom Jobim, ce qui ne l'empêche nullement de jouer Cole Porter. Et Jérôme Barde, qui a comme Gildas Boclé longtemps séjourné et travaillé aux USA, est aussi à l'aise dans le répertoire du Maître de Broadway que dans celui du Chantre de la beauté Carioca, adopté et adoubé par New York. Les plages alternent quartettes, duos et trios. Tantôt l'on est dans une pure session de jazz (le quartette sur Chega de Saudade, en ouverture du CD, parmi d'autres), et tantôt en quête du graal mélodique, notamment quand le contrebassiste, à l'archet, expose So In Love, I Love Paris, Night And Day, ou encore l'arrangement de Tom Jobim sur I Concentrate On You. Une quête mélodique qui ne révoque évidemment pas le jazz car les guitariste sont choisis précisément pour ce talent de faire chanter les improvisations de leurs instruments. On retiendra au fil des plages que Nelson Veras possède, au degré le plus élevé, la faculté de sortir harmoniquement des clous sans briser le moule, tandis que Jérôme Barde, même sur le fil, semble toujours garder un pied dans la maison-mère, celle qui abrite la mémoire des standards. La délicatesse de How Insensitive, duo de Gildas et Nelson, et le pur plaisir du quartette, sur Night And Day, auront sans doute ma préférence, mais je dois avouer que j'ai passé, à l'écoute de ce disque tout en nuances, un très bon moment.

Xavier Prévost

 

Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?2&v=dyCYXtGUt3E

Le groupe est en concert à Paris, au Sunset, le 6 avril 2018

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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 12:15

JAZZ FAMILY - ( Dist. Socadisc)

Thomas Ibanez (ts), Patrick Cabon (p), Philippe Maniez (dms), Thomas Posner (cb) + Fabien Mary (tp), David Sauzay (ts)

Et si le jazz, c’était avant tout une question de son ? S’il s’agissait d’en donner toute l’ampleur et toute la densité ? Si le jazz passait d’abord par l’énergie mais aussi par une certaine façon de faire vibrer la note pour que ses ondes parviennent jusqu’à l’âme ?
Dans cet exercice, le saxophoniste Thomas Ibanez se livre à un véritable moment d’héroïsme, portant haut les plus belles heures du sax tenor. De celles qui vous envoient au plexus une façon de faire chanter leur saxophone avec autant d’élégance et de swing que toutes les femmes à ronde ( et les hommes aussi) tombent sur son chemin comme des mouches ivres de sensatione t de liberté.
Il y a chez Thomas Ibanez toute l’histoire de l’instrument et l’on s’épuiserait à citer toutes les références qu’il y a dans son jeu : Coleman Hawkins, Sonny Rollins, Dexter Gordon, Lester, Ben Webster et tout ceux qui ont écrit au sax ténor les plus belles pages de l’histoire du jazz.
Il faut entendre comment le son de Thomas Ibanez vous enveloppe tout entier sur Embraceable you. Ce n’est plus une caresse, c’est une étreinte. Et Thomas Ibanez avec son gros son au velours  chaleureux touche la cible en plein coeur. OU encore cette version débridée de IfEver I would leave you qui rappelle sans ambage la version de Rollins entendue sur "What's new"
Pour savoir où on va il faut, dit-on savoir d’où l’on vient. La route de Thomas Ibenez est, elle tracée, assurée et sans ambiguité. Il vient du bop et du swing et il y va avec autant de passion que de brio !
Et pour tracer sa route il lui fallait des camarades de jeu qui partagent cet héritage. Et dans ceux-là, il y a Fabien Mary qui livre ici une partition étincelante, brillantissime. Un orfèvre en la matière. Les deux font la paire.
Sur le terrain de ce jazz qui vient des traditions, ceux-là ne jouent pas à faire semblant. ils assument ce qu’ils sont et lorsqu’on les entend on sait comme une évidente évidence pourquoi le jazz nous est chevillé au corps.
Parce que ces moments-là nous sont aussi essentiels que l’air que l’on respire. Et avec eux, on respire fichetrement bien !
Jean-Marc Gelin


Thomas Ibanez sera le 22 avril au Sunside à Paris

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1 avril 2018 7 01 /04 /avril /2018 17:19

Bernard Lubat (piano, batterie, percussions, sons échantillonnés, voix), Louis Sclavis (clarinette basse, voix)

Uzeste, dates non précisées

Cristal Records CR 270/ Sony Music


 

Après la rencontre avec Sylvain Luc, et en attendant celle avec Michel Portal, un nouvel exercice dialogique du poly-instrumentiste et vocaliste-créateur de langages Bernard Lubat. Ici le partenaire est Louis Sclavis, compagnon de route de la Compagnie Lubat depuis plus de trente ans, et musicien issu d'une dynastie reconnue du folklore imaginaire. Le texte de Louis Sclavis sur la pochette du CD dit ceci : «Pendant trois jours à Uzeste, presque en vase clos, on a joué parlé attendu en silence que les mots ou les sons viennent». Dialogue intime conclu par une longue improvisation en public (Net d'impro). Les autres dialogues, plus concis, portent des titres qui sont autant d'invitations à l'escapade verbale ; ces jeux sur le bout de la langue se jouent pour l'essentiel en territoire rugbystique. Ces mots pour le dire encerclent à grand peine une musique qui s'évade par tous les chemins de la liberté. Cheminement mélodique sur des sentiers où la tonalité se perd, et lyrisme d'entre deux guerres – ou d'entre deux mondes musicaux (Essai y est) ; répons en territoire du vingtième siècle (Trois en quatre à deux) ; joute amoureuse entre la clarinette basse et le piano (En tendre l'autre).... Chaque pièce, chaque plage ouvre une porte vers l'inconnu, terrain de jeu favori de l'improvisation. Deux funambules de la musique sont à l'action, et l'on ne perd pas une miette de ce qui se joue là, entre désir d'expression et refus de redire. Sclavis et Lubat sont deux jongleurs de l'éphémère, mais leur musique est faite pour durer, par le truchement du CD, et au-delà. L'échange (tennistique?) de Balle neuve projette jusqu'à l'extrême les vertus du principe action-réaction. Dans Traçage, Sclavis dessine une ligne solitaire où l'on devine l'écoute du partenaire. Voix sans soif est un exercice de poésie sonore et pianistique du seul Lubat, et le dialogue reprend dans Essaie si tu l'oses. Quant au titre conclusif, Net d'impro, il transforme en public les essais concoctés avec, comme l'explique Lubat au public en début de plage «la musique de composition instantanée multimmédiate où on improvise 100% sans papier(s) [....] Une lutte éperdue d'avance....». C'est une sorte de musique de chambre (chambre chaude, pas chambre froide), qui s'égare avec délices dans les méandres de ce que Bernard Lubat appelle «le dépensement de soi», dépense improductive, mais artistiquement féconde. Il ne vous reste plus qu'à vous immerger dans cette aventure humaine autant que musicale.

Xavier Prévost

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1 avril 2018 7 01 /04 /avril /2018 09:43

Kurt Elling (vc), John Mc Lean ( g), Stu Mindeman (p, hammond B-3), Joey Calderazzo (p), Clark Sommers (b), Jeffv « Tain » Watts (dms), Brandford Marsalis (ss), Marquis Hill (tp, buggle)


Kurt Elling est un enchanteur de mélodies !
Pour son dernier album, le chanteur - que l’on a souvent trop tendance à cataloger dans la catégorie des crooners - ne se départi pas de ce qui fait son immense talent : une incroyable musicalité qui l’amène à porter au plus haut quoiqu’il chante. Et peu importe le sous-jacent, peu importe le prétexte, Kurt Elling transforme tout ce qu’il touche en or. L’ouverture de l’album est magistrale. Une claque avec cette ouverture a capella sur Hard rain’s a-gonna fall de Bob Dylan qu’il porte, seul ( avant d’être rejoint par la rythmique) à des sommets que l’on situe bien bien hauts.
Chaque phrase, chaque mot chanté par Elling prend sa réelle intensité. Ce qui fait que dans la voix de Kurt Elling, quelque chose d’indicible touche à tous les coups. Autant de sensibilité, d’intentions, de présence vocale, c’est d’une rareté précieuse.
Et pour cela, et même si Kurt Elling pourrait bien prendre seul l’espace, il s’adjoint les service de celui qui est peut être l’un des plus grands jouer de soprano au monde, Brandford Marsalis qui ajoute de l’enluminure à l’enluminure sur quelques titres ( I have dreamed). (Brandford Marsalis, au demeurant producteur de l’album).
Kurt Elling se situe entre la voix  faite instrument ( dans ses tenues de notes et ses variations) et le story-teller dont la phrase raconte. Il faut entendre cette sublime version de Skylark jamais entendue comme cela auparavant, glissant sur les nappes bleues de John Mc Lean à la guitare. Ce sens du placement, du swing lorsqu’il le faut mais pas trop, de l’envolée comme de la douceur, du grave à l’aigu dans un même geste souple.
Kurt Elling porte très haut l’art du chant dans lequel il est chaque fois engagé à 10.000%.
Jean-Marc Gelin

 

Ps : par pitié, quelqu'un peut il demander à Okeh d'arrêter de faire des pochettes aussi laides !!

En concert le
10/04 : Schiltigheim
11/04 : Cholet
13/04 : Caen
14/04 : St Nazaire
16/04 : Nice
17/04 : Boulogne ( La seine Musicale)

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27 mars 2018 2 27 /03 /mars /2018 21:03

The Final Tour : The Bootleg Series Vol 6.

Miles Davis, trompette, John Coltrane, saxophone tenor, Wynton Kelly, piano, Paul Chambers, basse et Jimmy Cobb, batterie. Concerts des 21,22 et 24 mars 1960 à Paris, Stockholm, Copenhague. Coffret 3 cd. Columbia-Sony Music. Une version vinyle est disponible pour le concert du 24 mars à Copenhague, The Final Tour : Copenhagen, March 24, 1960.

 


Dans l’histoire du jazz moderne post-be-bop, cette tournée du printemps 60 du quintet de Miles Davis reste marquée d’une pierre blanche (ou noire si l’on préfère). Dernière série de concerts de Miles avec Trane qui avait décidé de voler de ses propres ailes et accepta au tout dernier moment de participer à la tournée européenne organisée par Norman Granz, et première apparition de Coltrane en Europe avec un choc de première classe pour les spectateurs. Si la musique de Miles Davis était familière aux fans du vieux continent, ils découvraient en direct les « vagues de son » caractérisant le style du saxophoniste ténor. L’accueil fut partagé à l’Olympia le 21 mars, ainsi qu’on peut l’entendre dans ce coffret réalisé avec soin, et interrogé sur les sifflets ayant salué sa performance, Coltrane lâcha non sans humour : « Les spectateurs ont jugé que je n’allais pas assez loin ! ». A ceux qui considéraient que sa musique exprimait sa colère, JC expliqua dans une interview au journaliste suédois Carl-Erik Lindgren, reproduite dans le coffret : « Peut-être que jouer tant de sons peut apparaître comme une expression de colère mais c’est parce que j’essaye tellement de choses en même temps ». L’attitude de Miles, qui s’était retiré en coulisses à Paris pendant un solo vigoureux de Trane prêta aussi à des interprétations contradictoires : d’aucuns y virent un signe de désapprobation, d’autres une forme de respect pour la liberté d’expression. Qu’importe l’exégèse, ces concerts du printemps 1960 restent une mine d’or et une source permanente d’émerveillement.
Jean-Louis Lemarchand

 

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