Label Bleu 2008
Bon, on va admettre que le principe de base est très drôle. Vous imaginez, vous rentrez chez votre disquaire favori et vous lui demandez : « je cherche Monaco, de Caroline ». Franchement M.D.R ! Et la pointe d’humour que l’on pressent se précise à l’écoute du premier morceau au titre très drôle I did acid with caroline. Le problème c’est que la suite se gâte franchement. Parce que après c’est moins drôle et même carrément ennuyeux. Pourquoi des musiciens que nous adorons absolument comme le guitariste Gilles Coronado (quel pied dans Le gros Cube d’Alban Darche) et Olivier Py cet élégant saxophoniste, pourquoi ces jeunes avec autant de talent se ruent ils dans une esthétique post-steve Colemanienne qui à la longue devient franchement mortelle d’ennui. Des compos complexes, des rythmiques impaires, des harmonies difficiles font que l’ensemble traîne en longueur. Pourtant l’association de Olivier Py et des accents rock de Coronado est prometteuse. Ces deux là semblent s’inscrire dans la filiation de Tim Berne et de Zorn mais là, malheureusement avec beaucoup moins de créativité. C’est totalement dénué de groove. Trop complexe pour parler aux tripes et véhiculer la moindre émotion. Certes les passages chantés éclairent l’album (Hey baby) et évoquent une sorte d’opéra pop que l’on aurait aimé voir totalement assumé de bout en bout. Guitare à la limite de la saturation, batteur- frappeur lourd (pas un coloriste !) et suraigus de sax en explorent les recoins avec talent. Et cette musique théâtrale pourrait créer le suspens dans le sens de l’attente de la rupture. Pourtant celui-ci ne se produit pas et la musique s’inscrit dans une linéarité plane (ne seraient les parties chantées qui malheureusement tombent comme un cheveu sur la soupe). Sur le tout dernier morceau, la conclusion dénote un peu car finalement, il faut attendre la fin pour que le mystère s’installe enfin. Et apparaisse alors comme une sorte de contre narration. Jean-Marc Gelin