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17 juin 2025 2 17 /06 /juin /2025 17:52

Editions Frémeaux & Associés. 139 pages.
ISBN : 978-2-38283-295-0;
En librairie depuis le  13 juin.

 

     « Spontané, rieur, indocile, intranquille, espiègle, vif, libre ». Tel est Michel Portal, d’après Franck Médioni qui publie les confidences du poly-instrumentiste (clarinettes, bandonéon, saxophone alto entre autres) recueillies pendant dix années.

 

      Tout au long de cette centaine de pages, Michel Portal se raconte à la première personne. Un récit brut et tendre qui tient son lecteur en haleine permanente. Un témoignage fort, une sorte de confession qui nous dévoile une personnalité habitée, exaltée, saisie par le doute.

 

      Plus de huit décennies sont ainsi passées en revue, révélant un portrait intimiste d’un musicien qui ne s’est jamais cantonné dans un genre, le jazz, le contemporain (Boulez, Xénakis), les musiques de films (plus de 50), ou la variété (version poétique avec Barbara).


      Des premières notes données à la clarinette, qui deviendra son instrument de prédilection,  au début des années 40 à Bayonne ( « Je n’ai pas choisi la clarinette, elle s’est comme imposée à moi. Pourquoi la clarinette ? parce que c’est le plus doux »), aux dernières réflexions d’un artiste comblé d’honneurs et jamais rassasié (« on essaie toujours de se renouveler et c’est ça qui nous fait vivre »).

 

       Lire « le SOUFFLE PORTAL » permet d’apporter un élément de réponse à la question taraudant les amateurs de musique depuis l’arrivée du basque natif de Bayonne (le 27 novembre 1935) sur la scène parisienne voici plus de six décennies : Comment peut-il arriver à jouer Mozart et Haydn un jour au Théâtre des Champs-Elysées et improviser de la manière la plus « free jazz » qui soit le lendemain dans un club de la Rue des Lombards ? Réponse de Michel Portal : « Quand je joue Mozart, je suis au plus près du texte. Respect total du texte ! Mais quand je suis dans le jazz, là c’est la revanche, c’est la violence. Je veux exploser ».

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

 

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19 mai 2025 1 19 /05 /mai /2025 06:50
Jean AMERY     Sous l'emprise du Jazz

Jean AMERY Sous l’emprise du jazz

Postface de Francis Hofstein

Edition Le Retrait éditions le Retrait |

 

Certains des personnages les plus illustres du jazz forment le coeur de ce recueil de Jean Améry publié en 1961 (en réalité…Harry Maier ou Mayer, né à Vienne en 1912-on reviendra sur l’auteur dont le destin hors du commun valait la peine d’être dévoilé). De Louis Armstrong « Satchmo for ever » en tête de cette petite sélection de récits sur les gens du jazz parce que le son clair et triomphant de sa trompette, le crépitement rouillé de sa voix sont le jazz pour des millions de gens à l’élégance discrète de l’impeccable John Lewis « Le jazz -pour aller où ? » qui termine cette série de vingt musiciens (quinze noirs dont quatre femmes, cinq blancs dont un Français, Django, pour certains presqu’oubliés comme Mezz Mezzrow dont l’autobiographie préfacée par Henry Miller La Rage de Vivre (Really The Blue, 1946) fit grand bruit dès sa sortie.

Un choix classique pour l’époque, forcément subjectif comme toute tentative de la sorte, jamais exhaustive. Jean Améry évoque encore Bessie Smith, la triade capitoline, Mahalia Jackson, Duke Elllington, Charlie Parker, Miles Davis, Dizzy Gillespie, Gene Krupa sans Benny Goodman, Lennie Tristano.

Ce sont des textes courts qui parurent dans les « petites feuilles suisses » dans les quinze années qui suivent la guerre, qui passeraient aussi bien pour des notes de pochettes, des présentations et chroniques pour des magazines, aperçus historiques, compte rendus de concerts.

Pourquoi le jazz ? Ce sera en effet la seule tentative d’un écrivain connu pour des sujets autrement « sérieux » , citons Par delà le crime et le châtiment, essai pour surmonter l’insurmontable publié en Allemagne en 1966 et en France en 1995 chez Actes Sud. C’est que Jean Améry voit en ces grands musiciens de jazz les derniers rebelles, les « vrais » artistes qui se font l'expression d'une liberté artistique absolue et d'un individualisme farouche dans un monde souvent hostile.

Quel est donc l’intérêt de ce travail que l’on pourrait rapprocher d’autres lectures du jazz  comme L’improviste de Réda ou Fiesta in Blue d’Alain Gerber? On lit très vite et avec grand plaisir les observations savoureuses de l’auteur même si elles ne sont pas de la même teneur littéraire. Ce recueil en forme de bréviaire a le mérite de l’antériorité et ce n’est pas rien… Au delà de l’opportunité d’écrire sur une musique aimée et des musiciens admirés, on retrouve le portrait d’une époque où le jazz occupait une place essentielle. Et selon les mots d’Améry dans sa courte mais pertinente préface, il ne voulait écrire ...ni une histoire du jazz, ni un Who’s Who exhaustif … mais un tableau du démoniaque du jazz et de la dimension humaine des messagers d’une forme artistique… à bien des égards méconnue . Il évite tout recours à la technique musicale, ne se posant en aucune façon en expert, s’intéressant plutôt à une « Psychopathologie du jazz », le titre choisi pour qualifier Charlie Parker.

Un livre que l’on dévore aujourd’hui avec curiosité, voire nostalgie. Un coup d’oeil dans le rétro.

Si vous voulez suivre mon conseil, lisez en premier la longue postface (31 pages) très précieuse de Francis Hofstein, à l’origine de cette réédition. Ecrivain en jazz, grand lecteur s’il en est, un « connoisseur » du jazz comme disent les Anglo-saxons, collectionneur fou et psychanalyste.

Si on ne possède son expertise en aucun de ces domaines, il éclaire la lecture de Jean Améry par un rapprochement avec sa vie qui expliquetait sa compréhension empathique du jazz . S’il veut autant faire connaître la souffrance des musiciens, c’est qu’il partage avec certains de ses « héros » une existence tragique, juif étranger en son pays, exilé dans sa langue, l’allemand dont il se sent prisonnier alors qu’il vit en Belgique.

Sous l’emprise du Jazz est en fait la traduction élégante d’ Im Banne des Jazz ( Zürich, 1961: ghostwriter sousmis à des contraintes d’écriture alimentaires souvent, Jean Améry n’hésita pas à en finir, choisissant la mort volontaire en 1978, "ne laissant à personne pas même à Dieu, le soin de se l’approprier". Il avait d’ailleurs, après un certain temps de silence sur son expérience de la déportation, tenté un essai essentiel sur ce qu’il nomme l’insurmontable. Si tous ces portraits n’ont pas une fin aussi sombre, on sait bien que Bix Beiderbecke, Billie Holiday, Lester Young, Charlie Parker pour ne citer que les plus célèbres d'entre eux n’eurent pas besoin d’un tel geste pour en finir tant leur conduite fut souvent suicidaire.

C’est cette troublante familiarité entre sa vie et le parcours jalonné d’obstacles de ses modèles qui fait l’intérêt de ces pages. Sans jamais se mettre en scène, Jean Améry nous parle autant de lui que de ses musiciens de coeur : par un phénomène d’identification, il s'approprie de l’intérieur la force vitale des luttes et des combats de jazzmen Noirs et Américains en majorité, en proie à l’oppression et l’humiliation. Le jazz a besoin de corps sur lequel il revient dans chacun des portraits qu’il propose souligne Francis Hofstein.

Améry-Maier prend plaisir à  raconter le« métier » et ses conditions dans de très brèves pages biographiques ramassant musique et politique, esthétique et éthique.

On lira donc avec un intérêt tout particulier ces textes qui n’ont rien de triste, écrits au plus près de la réalité de cette musique dans un certain élan, celui d’un jazz toujours vif.

 

Sophie Chambon

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25 décembre 2024 3 25 /12 /décembre /2024 18:48
CHRISTIAN  LAURELLA          Détours

CHRISTIAN L AURELLA        Détours

 

 

Sur les routes d’Europe

avec Chet Baker, Art Blakey, Dizzy Gillespie, Archie Shepp, McCoy Tyner, Ahmad Jamal, Jaco Pastorius, Tony Williams, James Carter...
 

Lenka Lente
Décembre 2024

Détours de Christian Laurella / Editions Lenka lente

 

Après le tendu Jusqu' à la corde de Marc Ribot, dans un tout autre genre, un livre plus divertissant, voilà le bien nommé Détours, toujours chez Lenka Lente de Christian Laurella, musicien qui troqua un temps cymbales et batterie contre la casquette de tour manager et accompagna ainsi en tournées nombre de jazzmen américains parmi les plus célèbres de Chet Baker à James Carter, sans oublier Jaco Pastorius (pas les plus faciles). On retrouve très souvent Ahmad Jamal pour lequel il éprouve une affection particulière que lui rendait d'ailleurs le pianiste en le qualifiant de "chef d'orchestre" du tour.

On suit Christian Laurella sur les routes d’Europe dans le dur métier d’accompagnateur-superviseur, un rôle plutôt ingrat qui consiste à s’occuper de tout et de tous en voyage, de régler les innombrables problèmes logistiques d’hébergement, de transport, de bagages. Avoir une vie de super roadie, incroyablement excitante mais pas de tout repos, à bride abattue.

Premier levé, dernier couché, toujours en piste, véritable tampon entre organisateurs de concerts, musiciens et agents, le travail exige de materner les musiciens pour qu’ils arrivent en forme au concert. Mais les tracas ne font souvent que commencer car il faudra veiller à l’après-concert et au départ du lendemain, donc s’assurer que tout soit en place à l’heure prévue, les taxis ou les bus pour les transferts et bien entendu  s'assurer que les musiciens soient réveillés et d’attaque pour un nouveau départ. Ce qui est loin d’être évident. Faire preuve d’une patience infinie, de diplomatie et de psychologie et d’ une adaptabilité à tout épreuve. Car ce qui peut arriver en route est souvent inimaginable : hôtels éloignés, surbookés ou ne répondant pas aux exigences du manager, vols retardés voire annulés, enregistrements perturbés, bagages égarés, caprices des musiciens... Pour qui a accompagné des groupes de touristes français ou étrangers en voyage organisé, cela rappellera le quotidien du tour leader…

Avec humour et au fond beaucoup de tendresse pour tous ces musiciens souvent géniaux mais aussi fantasques, Christian Laurella nous livre avec un sens inné du rebond-il a écrit des polars et il s’y connaît en suspense, de formidables portraits backstage où les anecdotes aussi savoureuses qu’insolites créent un vrai plaisir de lecture. On partage son stress, on admire sa débrouillardise et on comprend sa jubilation quand tout s’est bien terminé. On connaît aussi les manies des musiciens, espèce très particulière, qu'ils soient "second couteaux" ou stars ( Ceux qui dorment debout, Sportifs et grands hôtels...). 

Ces Détours se lisent d’un trait ou se picorent au hasard de titres qui savent "teaser"... Une lecture hautement recommandable et complémentaire de celle de Marc Ribot. 

 

Sophie Chambon

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25 décembre 2024 3 25 /12 /décembre /2024 18:18
MARC RIBOT            Jusqu’à la corde

MARC RIBOT Jusqu’à la corde

 

Editions Lenka Lente

Home / Editions Lenka lente

 

Jusqu'à la corde de Marc Ribot / Editions Lenka lente

 

 

On connaissait le guitariste atypique de l'avant-garde new yorkaise, flamboyant accompagnateur des Lounge Lizards de John Lurie, de chanteurs Tom Waits, Susanna Baca et surtout compagnon indéfectible des projets excentriques autant que prolifiques de John Zorn. Mais pouvait-on imaginer qu’il ajoutait une corde supplémentaire à son art en écrivant et drôlement bien, d’un style alerte et imagé des nouvelles sèches, épurées, des réflexions sur la musique et les musiciens, sa vraie passion et des souvenirs toujours passionnants qui éclairent une personnalité pour le moins complexe? Sauf que jamais complaisantes, ses confessions ne sont peut-être pas aussi exactes que sa franchise nous le laisserait penser. Néanmoins quand il évoque certains musiciens qu’il admirait et avec lesquels il a joué, qu’il a connus de près comme le contrebassiste Henri Grimes, les guitaristes Robert Quine et Frantz Casseus, son modèle, le ton est particulièrement juste. Perdants plus ou moins magnifiques que l’Amérique laisse de côté, sur le carreau.

On peut commencer par une préface édifiante Marc Ribot écrivain de Lynne Tillman, romancière qui suit le travail de Ribot depuis longtemps que complète la postface de sa traductrice Isabelle Blandin (Jusqu’à la corde,  jolie trouvaille pour rendre le titre original Unstrung) s’entretenant librement avec le musicien Bruno Meillier. Une chambre d’écho en somme qui éclaire cet auto-portrait en creux, cette drôle d’autobiographie qui révèle un musicien attachant, profondément engagé dans l’existence. On retrouve une indéniable volonté militante dans le texte du livret de son album Song of Resistance 1942-2018 (Anti-records), chansons des luttes sociales américaines, des grèves du début du XXème siècle que reprenait Joan Baez par exemple dans la chanson Bread and Roses.

La lecture de ces divers textes complète le puzzle Ribot, le mystère de ce musicien peu loquace qui s’immerge complètement en concert, penché sur sa guitare. Il compose ses histoires comme ses musiques, au plus près des mots comme des sons. Des récits qui montrent une face sombre, plus désespérée encore que mélancolique, sensible à l’absurdité du réel, témoin d’une civilisation en crise. Cette noirceur est estompée quelque peu par un humour qui contamine jusqu’à son usage du son où il “abuse” souvent du tremolo et du vibrato, le décalage (sa signature) dans ses groupes depuis Cubanos postizos ou Ceramic Dogs, une pratique qui lui sied comme celle du collage pour Zorn. Il privilégie le déroulement de la ligne mélodique sur l'enchaînement des formules et autres gimmicks chers aux guitaristes les plus renommés.

On retiendra peut être de ce feuilleté de Jusqu’à la corde la partie consacrée à la musique, aux musiciens, aux guitares avec Mensonges & Distorsion, Y’a peut-être un truc à explorer là (Trois courts riffs sur Derek Bailey ) qui évoque le solo absolu, l’improvisation libre jusqu’au point de non-retour. Sans doute la plus instructive pour tout amateur de musique un peu pointu ou simplement fan de ce guitariste culte. Mais on peut aussi être séduit par une série de textes On est tous gagnants, plus ou moins fictionnels, récits de diverses longueurs,  les souvenirs ( La tournée qui dura vingt trois jours, Prendre un souvenir dans ses bras) et découvrir avec intérêt ses observations et réflexions sur son pays (Hymne à l’Amérique), sur la judéité (Kadish pour Joan) et la notion d’apatride à New York. Un blues de l’homme blanc américain. Dans l’avant-dernière rubrique assez stupéfiante, Ribot a l’oeil caméra avec ses Notes de mauvaises intentions cinématographiques, des scénarii non filmés, films infilmables comme il les appelle et que l’on aimerait pourtant voir… Le livre s’achève sur des textes en roue libre Veuillez nous excuser nous rencontrons quelques problèmes techniques. Toujours cet humour féroce pour un amour vache de l’existence.

Loin d’un certain effet disparate, ce patchwork de textes dont certains furent déjà publiés dans des revues, forme un ensemble qui se tient alors que l’on peut attraper et tirer la corde par n’importe quel bout. Ses textes le racontent dans tous ses états, entre observation et méditation, doute et émotion, colère froide souvent. Ah! Ribot! Cavalier seul terriblement attachant.

 

Sophie Chambon

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18 décembre 2023 1 18 /12 /décembre /2023 14:08

     Deux livres à offrir pour les fêtes, un témoignage d’une période flamboyante du jazà New-York, les années 60-70 sous l’œil de la baronne Pannonica de Koenigswarter, née Rothschild (1913-1988).
     La mécène du jazz prenait plaisir à saisir avec son Polaroïd ses amis de la note bleue dans sa maison de Weehawken (New Jersey), dominant Manhattan, mais aussi dans les clubs et en tournée. Qu’importe la qualité de reproduction de ces photos, victimes d’une mauvaise conservation, nous tenons là une immersion dans l’univers des jazzmen d’une rare charge émotionnelle.


     Sa petite fille, Nadine, avait publié de manière posthume un ouvrage (« Les musiciens de jazz et leurs trois vœux » . Pannonica de Koenigswater. Editions Buchet Chastel, 2006), présentant 300 témoignages, révélant des personnalités fortes, touchantes, drôles.


     A la question "Si on t’accordait trois vœux pouvant se réaliser sur le champ, que souhaiterais-tu ?" Dizzy Gillespie avait répondu : « Ne pas être obligé de jouer pour de l’argent, la paix dans le monde pour toujours et un monde où on n’aurait pas besoin de passeport » tandis que Miles Davis se limitait à un seul vœu « Etre blanc ! ».


     La nouvelle édition, augmentée de photos est présentée avec une nouvelle photo de couverture, certes toujours dédiée à Monk, mais où celui apparaît vêtu d’un manteau et d’une toque de fourrure de la Baronne. On y apprend, par la publication d’échanges de courriers datant de 1967, qu’une grande maison d’éditions américaine (Random House) avait refusé la publication de l’ouvrage adressé (textes et photos) par Pannonica, au motif que « Malgré l’intérêt considérable pour le jazz, les livres sur le sujet ne connaissent généralement pas de grand succès ». « Les trois vœux » attendront près de 40 ans avant d’être publiés par un éditeur français.


     Buchet-Chastel propose également dans un autre ouvrage, « L’œil de Nica », d’autres photos inédites de Pannonica de Koenigswarter retrouvées dans des malles de la maison de Weekhaven, « Cathouse » où vécut jusqu’à sa mort en 2021 à 92 ans le pianiste Barry Harris.

 

     Dans ce reportage de photos intimes mais jamais indiscrètes, le sujet principal demeure Thelonious Monk qui vécut à Cathouse les dix dernières années de sa vie (1917-1982). Pas moins de 80 photos du pianiste en club, dans la rue, à Weekhaven, avec des copains musiciens, son épouse Nellie, ses enfants. Dans cette galerie de portraits, figurent aussi les stars de l’époque (Billie Holiday, Coleman Hawkins, Sonny Rollins, Bud Powell, Ornette Coleman…) et des dizaines d’inconnus (qui n’ont pu être identifiés, reconnaît l’autrice qui compte sur la mémoire des experts pour y rémédier).

 

     L’intérêt de « L’œil de Nica » tient à ces expressions, ces positions des musiciens, dans l’action de jouer, dans l’inaction du sommeil. « Ce sont des photos de la réalité crue, factuelle, de l’instant volé puis imprimé façon coupure de journal », souligne en préface le pianiste et auteur d’une biographie remarquée de Monk, Laurent de Wilde.

 


Jean-Louis Lemarchand.

 

« L’ŒIL DE NICA », Photographies de Pannonica de Koenigswarter. Textes de Nadine de Koenigswarter et Laurent de Wilde. Editions Buchet Chastel. Septembre 2023.

« LES MUSICIENS DE JAZZ ET LEURS TROIS VŒUX », Pannonica de Koenigswater. Préface de Nadine de Koenigswarter. Editions Buchet Chastel. Nouvelle édition augmentée. Septembre 2023.

 

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30 décembre 2022 5 30 /12 /décembre /2022 12:56
Franck Bergerot       John Coltrane Giant Steps, la pierre angulaire du jazz moderne.
Franck Bergerot       John Coltrane Giant Steps, la pierre angulaire du jazz moderne.

Franck Bergerot

John Coltrane

Giant Steps, la pierre angulaire du jazz moderne

Jazz Image records, 2022.

 

On croyait que tout avait été dit, écrit sur John Coltrane mais le saxophoniste, cinquante-cinq ans après sa disparition, le 17 Juillet 1967, continue à inspirer musiciens et chercheurs. Une œuvre qui traverse le temps et continue d’interroger. Franck Bergerot a mis à profit ses compétences de critique pour commenter l’une des étapes marquantes de l’évolution coltranienne, la révolution de Giant Steps.

John Coltrane virtuose et révolutionnaire? Sauf que quand l’histoire commence (John Coltrane, Giant Steps, La pierre angulaire du jazz moderne sorti chez Jazz Image Records), Coltrane a vingt-cinq ans «et peine encore à s’imaginer un avenir. Rongé par le doute, il était avide de savoir. La Connaissance serait la grande affaire de ce petit-fils de pasteurs. Il s’élancerait bientôt vers elle «à pas de géant» avec l’album Giant Steps».

L’auteur appuie son travail de recherches sur une bibliographie sérieuse mais aussi une écoute attentive de cette musique, un travail de défrichage des terres coltraniennes, en retraçant les reliefs et dépressions d'un itinéraire obstiné. Une occasion de le mettre à jour, de confronter ses connaissances au mythe.

Coltrane n’a jamais cessé, en effet, dans sa quête insatiable de sens, de travailler, d’enregistrer, de chercher. On le suit pendant ses années de formation où, influençable, il se nourrit de rencontres, se perfectionne aux côtés de Dizzy Gillespie avec lequel il grave ses premiers solos de sax ténor, sans avoir encore de personnalité propre. Le tournant, il le vivra avec le premier quintet de Miles Davis qui sait provoquer la créativité de ses musiciens, et plus encore avec Thelonius Monk au Five Spot de New York. Ce court passage chez le pianiste l’inspire : il usera bientôt de la vitesse à l’état pur avec ces rafales de notes en grappes, ces “sheets of sounds” selon Ira Gitler, critique à Downbeat.

Il use de «beaucoup de notes, comme s’il faisait ses gammes sur scène». Des nappes de son comme avec une harpe, instrument qui le fascine -sa dernière femme, Alice en jouera d’ailleurs!

Soultrane signé sur Prestige chez Rudy Van Gelder annonce l’ émancipation de la période Atlantic. Mais il faudra d’abord en passer par le retour chez Miles avec un nouveau sextet, une session chez Blue Note (Blue Trane) et les deux séances de Kind of Blue intercalées avec les enregistrements de Giant Steps, marquant l’arrivée chez Atlantic, chez Tom Dowd, pionnier de la stéréophonie. Plusieurs rendez-vous, sessions supervisées par le producteur Nesushi Ertegun ( 26 mars, 4 et 5 mai, 2 décembre) seront nécessaires pour graver ces titres mythiques, une première pour Coltrane qui a écrit l’ensemble de ces compositions, références à son entourage familial «Cousin Mary», «Naïma», «Syeeda Song Flute», à son partenaire Paul Chambers «Mr PC». Car sa vie reste indissociable de son oeuvre.

Dans un développement passionnant, Franck Bergerot détaille la révolution de «Giant Steps» et de ce "Countdown" au tempo effréné ou l’harmonie au grand large dans lequel Coltrane enjambe le cycle des quintes, en créant des graphiques- mandalas qui lui permettent d’explorer les modulations ou changements de tonalité. Usant à son tour d’une représentation cartographique, il met au point par des métaphores maritimes, dans une recréation transposée tout à fait passionnante, une navigation au grand large, le long de la côte méditerranéenne, qui prend la forme d’une merkabah juive.

Il insiste aussi sur ce qui fait l’originalité de ce disque, qui ne perd pas pour autant sa qualité «chantante», son lyrisme avec « une comptine, un air de fête et des nymphéas ».

Pour finir, Franck Bergerot souligne l’exceptionnelle influence des solos de «Giant Steps» et «Countdown» dans l’imaginaire des plus grands musiciens de jazz, saxophonistes, pianistes, guitaristes jusqu’à la version toute récente de la  chanteuse Camille Bertault.

L’aventure ne s’est pas arrêtée là. Si cet album sonne le départ de la carrière météorique de Trane, il n’est qu’une étape dans son parcours : d’autres suivront où il continuera son expérimentation, creusant son obsession du plein, son cheminement intérieur vers l’avant-garde. Mais ceci est une autre histoire que l’on espère suivre bientôt sous la plume érudite mais toujours d’une grande lisibilité de Franck Bergerot. 

Un livre que les amoureux du jazz  liront d'une traite  en regardant les illustrations des plus grands photographes tout en écoutant le CD incluant toutes les plages de Giant Steps avec en bonus cinq titres choisis par l'auteur... 

 

Sophie Chambon


 

Franck Bergerot       John Coltrane Giant Steps, la pierre angulaire du jazz moderne.
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5 avril 2022 2 05 /04 /avril /2022 21:41

Recueil de photographies de François Corneloup, textes de Jean Rochard, préface de Philippe Ochem, et un entretien de François Corneloup avec Guy Le Querrec

Jazzdor Series / https://jazzdorseries.bandcamp.com/merch/seuils-fran-ois-corneloup

 

Un livre de photographie, mais avec des images saisies par un musicien. Le texte de Jean Rochard fait d'ailleurs mention d'autres jazzmen d'ici qui pratiquent cet art singulier, et avec qui Pablo Cueco s'était entretenu pour le numéro 35 du journal Les Allumés du Jazz : outre Corneloup, Louis Sclavis et Edward Perraud s'étaient alors exprimés. Parmi les musiciens photographes, on pourrait citer aussi Bruno Chevillon, lequel est d'ailleurs saisi en pleine méditation dans l'un des clichés, référencé sous le n° 11. Curieusement, il n'y a pas de pagination : seules les photos sont numérotées. Jean Rochard évoque aussi des musiciens états-uniens pratiquant la photo, comme Stan Levey ou Milt Hinton. Philippe Ochem, qui préside aux destinées de Jazzdor (les festival, le label), évoque dans sa préface la genèse du projet, né de la publication en ligne, durant le premier confinement, de ces clichés. Dans son avant-propos, François Corneloup parle d'une «écriture de l'instantané, un réflexe au présent […] ce moment où l'œil est au seuil». Ce qui dit assez bien ce que sont ces images, entre captation sur le vif, instants de pause (ou de pose), et constructions plastiques à partir d'un sujet perçu dans un environnement qui devient construction picturale.

 

Ces photographies saisissent non seulement jazzmen et jazzwomen dans leur environnement (les loges, la scène, les répétitions, les moments de détente), mais aussi les partenaires de cet univers : responsables de festivals (qui sont aussi parfois des musiciens, comme Philippe Ochem, surpris face au piano) : Roger Fontanel, Armand Meignan.... ; photographes : Guy Le Querrec et Sergine Laloux ; les ingénieurs du son : Charles Caratini ou Philippe Teissier du Cros ; ou comédien comme Jacques Bonnaffé....

Très belles photos, belle mise en page, photogravure réussie, sobre et sans clinquant. C'est vraiment un beau livre. Et les textes de Jean Rochard, pas du tout illustratifs mais souvent allusifs, nous rappellent que le producteur du label nato (sans majuscule) est aussi une indiscutable 'plume du jazz' (et d'autres domaines). Et en épilogue l'entretien de François Corneloup avec Guy Le Querrec éclaire de belle manière cet art singulier. Livre très réussi, donc, et hautement recommandable.

Xavier Prévost

.

François Corneloup sera présent en librairie pour un solo, suivi d’une séance de signatures :

Vendredi 8 avril, à 19h30, au Salon Escale du Livre de Bordeaux en partenariat avec la Librairie Olympique

Samedi 9 avril, à 19h30, à la Librairie Texture, 94 avenue Jean Jaurès, Paris

Jeudi 12 mai, à 18h chez le Disquaire Le Souffle continu, 22 Rue Gerbier, Paris

Vendredi 13 mai, à 18h30, à la Boutique des Allumés du Jazz, 2 Rue de la Galère, Le Mans

Samedi 14 mai, à 17h, Librairie musicale La Machine à Musique, 13/15 rue du Parlement Sainte Catherine, Bordeaux

 

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18 janvier 2022 2 18 /01 /janvier /2022 18:02
OLIVIER RENAULT    JOHN LEE HOOKER Boogie-Woogie anyhow


OLIVIER RENAULT

JOHN LEE HOOKER
Boogie-Woogie anyhow

 

Editions le Mot et le Reste

Harry and Dolly - John Lee Hooker & Miles Davis - Bing video


Grâce à Olivier Renault, on prend le train en marche du blues, en suivant l’itinéraire particulier d’un drôle de hobo, un musicien chantant, voire déchantant qui a éclairé l’histoire du blues, John Lee Hooker :
avec sa façon de prendre la tangente, de foncer sans se retourner... il quitte, a été quitté. Il saura dégager pour se dégager...  en prenant le train en marche…

Dans ce nouvel ouvrage de la collection Musiques du Mot et du Reste -les éditions marseillaises que l’on ne présente plus, d' un éclairage très pertinent, s' appuyant sur une documentation précise, fouillée dans ses sources, l’auteur réussit le portrait saisissant de ce personnage complexe, mystérieux qui a su créer un mythe en brouillant les pistes.
Dès les premières pages de ce qui se lit comme une histoire, on est fasciné par certaines ambiguités et incertitudes dans le parcours du musicien. Une seule chose est sûre, John Lee Hooker s’affranchit de tout dès qu’il comprend qu’il est fait pour autre chose. Cette détermination farouche, il ne s’en départira jamais; c’est ce qui le dirige dès qu'il est sûr de sa vocation de musicien.

Dans cet essai précis et vagabond, sans se lasser comme John Lee Hooker lui même, Olivier Renault commente son parcours, donnant une discographie sélective, car Hook fait partie des bluesmen qui ont le plus enregistré-on comprendra pourquoi il est utile de ne pas se perdre dans le nombre de références. 

On ignore encore à quelle date il vit le jour et le moins que l’on puisse dire est que John Lee Hooker n’a pas rendu la tâche facile à ses rares biographes. Ce n’est pas donc pas une biographie de plus, elle manquait vraiment même si sa vie est moins dramatique que nombre de musiciens, elle mérite d’être racontée, en cinq chapitres, de son enfance dans le Delta jusqu’aux dernières années toujours actives (il est mort  paisiblement dans son sommeil en juin 2001). Il a connu une certaine face du rêve américain mais aussi le racisme, les tromperies de producteurs qui en trafiquant ses contrats ne lui donnèrent jamais accès à ses substantiels droits d’auteur. S’il a fini dans une relative aisance, il a joué sans fin, ne se payant que sur ses concerts!

Ce que l’auteur nous donne à voir et à entendre, c’est la musique de John Lee Hooker : un jeu de guitare original combiné à une voix rauque et âpre, un style inimitable mêlant boogie et blues en ont fait une légende de la musique américaine. Mais que sait-on de lui au juste? Qu’il est né en 1910, ou 1912 ou même en 1923 dans ce Deep South hostile, au Nord Ouest du Mississipi. Bien sûr que tu as le blues quand tu es né là bas”.

Une seule chose est sûre, il sait très vite qu’il ne sera pas métayer comme son père et qu’il vivra de LA musique. Il ravit très tôt son auditoire quand il chante, il est fait pour cette musique du diable, s’opposant à son père preacher. Il fugue à 14 ou 18 ans, prenant la tangente vers le Nord, Memphis, Cincinnati, Detroit et enfin Chicago, la Mecque du blues pour réaliser son rêve. Même à Detroit, la Motor town, il est ouvrier la journée chez Ford pour pouvoir jouer la nuit, et ses premiers enregistrements en 1948 révèlent déjà un style peu académique qu’il cultivera toute sa longue carrière. Il joue un blues poignant et un boogie plus rapide ( pas le boogie woogie qu’on joue au piano dans les honky tonks mais une adaptation à la guitare). Plus tard  dans les années soixante, il s’essaiera au folk, car il sait sentir les changements de tendance. Il chante sa vie, sa misère et celle des autres, de sa voix rauque, persuadé qu’on guérit sa douleur par le blues d’où le titre d’un de ses plus grands succès “The healer” en 1989! Il est l’auteur de thèmes qu’il a joué tout au long de sa carrière dès son tout premier single “Boogie Chillen”,“Crawling King Snake” jusqu'à “Boom Boom” de 1992 .

Il a su donner au blues un son qui lui est propre, en renonçant au traditionnel 12 mesures pour un groove funky intense et profond. Quatre fois lauréat d’un Grammy Award, ce guitariste improbable, ce type analphabète mais rusé a su forger sa légende.
Il connaît assez vite le succès et  dès 1951, “I’ m in the mood” est l’occasion d’une première grande tournée avec le fidèle et dévoué Eddie Kirkland.
Ses premiers succès ne l’ont pas rendu riche, il doit multiplier les enregistrements pour s’en sortir, sous divers pseudonymes, n’ayant jamais pu toucher ses droits d’auteur. Toute sa vie, il jouera, gravera des enregistrements et fera des tournées pour vivre et assurer la matérielle. Il connaîtra une longue suite d’errances, toujours sur les routes en France, en Europe dans les années 70 pour se payer les grosses voitures, les costumes bien taillés qu’il affectionne.   

On reconnaît tout de suite sa signature, son style inimitable, il est l’esprit du blues du delta. Il ne respecte pas les règles, suit son rythme intérieur, chante les accords quand et comme il le sent, s’adapte continuellement, n’hésitant pas à reprendre inlassablement ses titres puisqu’il les joue différemment,  se révélant un grand improvisateur, les “hookerisant”. Il joue sans mediator, à la pulpe des doigts, des riffs bien à lui. S’il n’a pas inventé le blues, il l’a doté d’une grammaire et d’un vocabulaire originaux, une langue assez subtile pour l’assurer que personne ne la maîtrise mieux que lui. Et d’ailleurs, il aime jouer seul. S ’il n’aime pas les groupes, il les utilise de façon originale, laissant ses musiciens libres avant ou après qu’il ne monte sur scène, car alors, ils doivent jouer pour lui et s’adapter!               
Outre ses tubes, son influence fut grande : Miles Davis l’admirait " You are the funkiest man alive” et ils firent la B.O du film de Dennis Hopper The Hot Spot. Hooker fit partie des Blues Brothers de John Landis  chantant  "Boom Boom" et "Boogen Chillen" , sans pour autant être crédités dans l'album qui sortit de la musique du film. Encore une occasion en or qu'il a laissée filer... Admiré de toute la jeune scène britannique rock qui va devenir "blues crazy" en 1962, lors d'une tournée qui passe par Manchester, Eric Clapton, les Animals d'Eric Burdon, le Spencer Davies group, John Mayall, tous reprennent des titres de John Lee quand ils ne jouent pas avec lui. Il inspira autant Canned Heat que Keith Richards et les Stones, Jimmy Page et les Yardbirds, Bowie, Peter Townshend... 

Partageant sa passion pour la littérature, Olivier Renault, libraire dans le 14ème arrondissement parisien, complète en l' élargissant sa recherche en faisant quelques pas de côté, dans des chapitres passionnants comme le Delta où il plante le décor ou celui sur Detroit, la ville où Ford établit son usine en 1903.


Sophie Chambon
 

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19 novembre 2019 2 19 /11 /novembre /2019 00:01

THE BIG LOVE : Vie et mort avec Bill Evans
Laurie Verchomin
Jazz & Cie
135 p
19,90 euros
 

Laurie Verchomin est la femme qui a partagé les dernières années de la vie de Bill Evans et qui, longtemps après la mort du pianiste, raconte aujourd'hui une brève histoire d'amour, la leur.
Près de 40 ans se sont écoulés et Laurie depuis a dû vivre depuis sa vie de femme. Mais la trace laissée dans sa vie par le pianiste, génie tourmenté s'il en est, est restée, on s'en doute indélébile.
Laurie Verchomin raconte le souvenir de ces quelques années où elle a pu partager sa vie avec lui. 30 ans les séparent. Mais ils se trouvent. Et l'auteure dit avec honnêteté qu'elle n'est pas toujours très sure aujourd'hui de ses propres souvenirs et admet qu'elle s'accorde la licence de broder un peu.
Mais durant toutes ces années, elle a écrit Laurie et a gardé ses quelques notes prises dans son carnet intime.
Et ce que dit ce livre est juste une histoire d'amour. Sans jamais aucun pathos, Laurie Verchomin touche au coeur et émeut. Chaque ligne est d'une confondante simplicité. Sans aucune niaiserie.
Ces lignes viennent du fond de l'âme et sont marquées d'une incroyable poésie sur lesquelles passe l'ombre fantomatique du pianiste qui semble flotter au dessus de sa propre vie.
Touchant, ce livre se présente  dans un format original et est accompagné de 4 titres inédits présentés (c'est un peu dommage) sous forme d'un 45tours.

Bill vient de mourir. Laurie se trouve à l’hôpital et voit le corps du pianiste. Sur son carnet, elle écrit ces lignes :
« Bill flotte sans effort au-dessus de son corps allongé sur la table de la salle d’urgence. Les ampoules fluorescentes ont cessé de lutter contre le souffle agonisant de son corps physique.
A présent, nous sommes en union. Bill m’observe assise dans la salle d’attente m’agrippant à sa veste tâche de sang. Il me suit à la salle de bains où il m’aide à vider ce qu’il reste de sa réserve personnelle de cocaïne - à peine un gramme - dans la poubelle.
Il m’encourage à noter mes impressions du moment - à prolonger ce moment pour l’éternité. Il se tient debout entre nos vies - y réant une ouverture à mon intention. Sans jamais m’abandonner - il m’encourage gentiment.
J’apercois le vide qui l’entoure et je souhaite de tout coeur aller le rejoindre et partager so bonheur. Ce qui m’est refusé en raison de la jeunesse de on corps et de la tache inachevée.
Je reste en retrait pour me réapproprier  notre amour parfait dans cette chambre que j’ai créée dans mon coeur (5/4). Cette pulsion arythmique qui me transporte jusqu’au bar.
Nul ne connaît ce rythme intérieur bien spécial que je porte en moi désormais. C’est notre secret.
Notre amour parfait - que nul ne peut atteindre. il est nôtre pour l’éternité.
Nous sommes imbriqués l’un dans l’autre, enchainés par l’amour, la mort et le sang.
Bill se remémore sa vie, ses récits inondants sa conscience en pleine évolution et déferlant sans interruption vers un entendement. Les croyances se désintègrent et les récits se transforment en couleurs puis en musique et, finalement, l’intime compréhension qu’il a tenté d’atteindre pour qu’il puisse en rire.
La perfection, la beauté, l’illumination. Il redevient lui-même. »

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18 septembre 2019 3 18 /09 /septembre /2019 12:21
PHILIPPE BROSSAT STREETS OF NEW YORK L’histoire du rock dans la BIG APPLE

PHILIPPE BROSSAT

STREETS OF NEW YORK L’histoire du rock dans la BIG APPLE

LE MOT ET LE RESTE

Sortie le 19 septembre 2019.

https://www.librairie-voyage.com/amerique-du-nord/le-mot-et-le-reste-editions-streets-of-new-york-l-histoire-du-rock-dans-la-big-apple.html

 

Alors que l’on se prépare à aller faire un tour à New York avec Woody ALLEN et son jour de pluie à New York, sort concomitamment le livre des éditions marseillaises Le Mot et Le Reste, Streets of New York, l’histoire du rock dans la Big Apple.

Ce livre est enthousiasmant : à chaque page, à chaque rue, il évoque des souvenirs, des anecdotes qui balayent bien plus large que ce que le titre sous entend. Il s’adresse en effet aux passionnés de musiques, de toutes les musiques, du jazz au rap sans oublier la pop, le rock puisque la Big Apple a inspiré tous les styles, a vu naître tous les grands courants.

Pour découvrir New York autrement, pour tous les amoureux de cette ville qui pourraient dire à l’instar de Woody Allen, en ouverture de Manhattan, en voix off , quand il déclare sa flamme à la ville : Quelle que fût la saison, New York existait toujours et vibrait aux sons des grandes mélodies de George Gershwin….New York was his town and it always would be.”

Philippe Brossat va bien plus loin que le Manhattan Man: cette ville qui n'est pas la sienne, lui colle aussi à l’âme. Il arrive à nous la faire revivre  en organisant une visite méthodique, du Sud au Nord, avec, dès l’introduction, un plan très simple pour se situer entre Manhattan, Bronx, Queens et Brooklyn.

L’auteur qui a passé plus de vingt ans à sillonner la ville à la recherche de traces, d’empreintes, en a photographié le plus souvent les lieux marquants. Il vous en fait aimer ses rues, ses parcs, ses maisons... Et ceux qui y vécurent : comme dans le film de 1948, Naked City, où Jules Dassin évoque les millions d’ histoires qui se déroulent dans cette cité sans voiles.”

C’est le guide le plus complet, absolument indispensable d’une époque et de sa culture, à travers toutes ses formes artistiques, de la littérature au cinéma, sans oublier la peinture, l’architecture (Soho et ses cast-iron buildings reconvertis en lofts), la photo, la danse….Comment s’organise ce livre plus passionnant que le Routard ou Lonely planet?

Un paragraphe introductif sur chaque quartier donne envie de vous aventurer dans ces pages comme si vous arpentiez le macadam. Le seul Manhattan est découpé en onze zones, ce qui vous permet de quadriller la ville et de vous repérer rapidement .

Ce livre me rappelle le merveilleux Je me souviens de Georges Perec, même si Philippe Brossat fait plus oeuvre de reporter-historien que d’écrivain: ce même souci de listes avec un désir d’exhaustivité. On est saisi par une même émotion à l’évocation de ce qui a compté, lors des cinquantes dernières années du XXème siècle, une grande partie de la vie artistique défile sous nos yeux avec souvent la nostalgie de ce qui n’est plus.

On peut lire d'un trait ces Streets of New York, linéairement, chronologiquement ou picorer au hasard. Se servir aussi d' un index formidable qui vous permet de localiser Charles MINGUS, Woody ALLEN, SAM RIVERS, Dizzy GILLESPIE et Charlie PARKER au Town Hall en 1945, John COLTRANE, Bill EVANS au Village Vanguard, Joni MITCHELL… mais aussi Bob DYLAN, les frères Coen dans le Greenwich Village d’ Inside Llewyn Davies, Patti SMITH posant pour Robert MAPPLETHORPE pour la mythique pochette de Horses, toutes les icônes de la pop, des lieux mythiques comme le Chelsea Hotel(W 23th street/7Av.) Andy WARHOL, Lou REED, NICO et le Velvet, David Bowie, John Lennon et Yoko au DAKOTA sur Central Park West, qui abrita aussi Léonard BERNSTEIN, les studios d’enregistrement ( Tower Records/ Pazz and Jop Music Polls The Village Voice) et les galeries d’art, Jean Michel BASQUIAT, MADONNA… 

Ce New York deviendra un peu le vôtre et avec ce livre, vous déambulerez d’un bloc à l’autre, dénichant appartements, restaurants, galeries, cinémas, théâtres... Alors, n’hésitez plus, procurez-vous ce Streets of New York très vite.

 

Sophie Chambon

 

 

 

 

 

 

 

 

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