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7 octobre 2006 6 07 /10 /octobre /2006 09:24

 

Dans le rayon librairie de mon grand magasin « culturel » préféré, je vais toujours voir la spécialité « Arts et Musique » pour y dénicher l’objet rare. Lorsque l’autre jour mon regard tomba sur cet imposant ouvrage (à vue de nez 1500 pages au moins !) intitulé sobrement «  Dictionnaire de la Musique  » et forcément, j’ai eu envie de le consulter. L’ennui dans ces grands magasins c’est que ces ouvrages sont sous cellophane, impossible à feuilleter. J’ai donc pris sur moi de l’ouvrir quand même, en cachette mais c’est pas grave parce que dans les rayons « Librairie musicale » de ces grands magasins, il n’y a jamais personne et que je ne risquais pas d’être vu en train de commettre l’acte honteux mais bon de toutes façons, le client est roi. Un peu à la manière de mon grand père qui pour tester un grand restaurant filait droit dans les sanitaires pour en apprécier leur état, moi j’ai filé tout droit à la lettre « C » et à ma grande surprise ce Dictionnaire de la Musique ignorait « Coltrane ». Je suis pas bien futé, me dis je, il ne s’agit pas d’un dictionnaire « du » jazz, alors filons à la lettre « E ». Pas de Ellington non plus. Je regardais à nouveau la couverture pour avoir la confirmation du titre. Pas de doute il s’agissait bien d’un « Dictionnaire de la Musique  ». Mais Parker n’y figurait pas, Louis Armstrong encore moins et Jerry Roll Morton vous n’y pensez pas. Quand à Miles Davis de guère lasse je n’ai même pas essayé, cela m’aurait fait trop mal. J’allais partir, désabusé mais je revins sur mes pas et tentais alors un dernier essai. Juste une dernière lettre. Celle qui sauverait tout. Celle qui pourrait absoudre l’infamie faite à ces grands hommes et me laisserait encore croire en notre humanité. Qui me confirmerait que tout un pan de la culture du XX° siècle n’avait pas été englouti dans je ne sais quel tombereau. En désespoir de cause, le cœur battant j’allais avec appréhension à la fameuse lettre ……..…. la lettre « J ». Parce qu’enfin dans un dictionnaire de la musique, le « jazz » ne pouvait pas avoir disparu. Ce n’était pas possible. Pas envisageable. Ou alors c’est que j’avais rêvé et mon père aussi et le père de mon père encore plus. J’ouvris donc à la lettre «  J » et bien sûr, la suite  vous  la connaissez.

L’auteur de cet ouvrage, l’éminent journaliste M.V grand spécialiste de Haydn et de Sibelius peut ainsi vendre des milliers d’exemplaires (sous cellophane) d’un dictionnaire de la musique tout en oubliant rien moins que le Jazz. Celui qui s’enseigne dans des écoles bien comme il faut, qui peut remplir aussi bien le Carnegie Hall que la Salle Pleyel. Celui qui ne cesse de vivre. Celui qui est venu au monde avec Bach et Debussy. Celui qui émane du blues et qui a donné un jour naissance au rock. Mais il faut croire pourtant que la musique que nous aimons et pour laquelle vous lisez ces lignes reste encore pour un grand nombre d’érudits un épiphénomène de l’art musical, un truc qui ne durera pas et qui fera son temps comme les vases étrusques ou les commodes Napoléon III. C’est dire tout le chemin qui reste encore à parcourir avant que Ellington et ses frères d’armes ne trouve leur vraie place non pas au panthéon du Jazz (ça fait belle lurette qu’ils y sont) mais dans celle de l’histoire de la musique. C’est tout le travail qui reste encore à faire pour faire comprendre et aimer cette musique que nous défendons, corps et âme.

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