5 décembre 2006
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Éditorial
La production discographique reçue durant ces derniers mois à la rédaction des DNJ nous a paru intéressante en ce qu’elle illustre bien de manière catégorique les tensions qui s’exercent dans la création jazzistique. Tensions contraires qui oscillent entre un renouveau par l’ouverture au monde d’une part et l’affirmation identitaire d’autre part. Alors que Nico Morelli va voir du côté de la Région des Pouilles comment marier la jazz et la Pizzica (avant lui Stéfano Bollani renouait aussi avec une certaine forme de musique italienne), James Blood Ulmer nous livre son plus bel album de blues de ces dernières années, et le plus roots aussi. Quand Jacques Schwarz Bart entreprend de mêler la musique Gwo-ka au funk, quand Bojan Z réarrange des couleurs musicales tirées d’Europe de l’Est et que Christophe Wallemme joue les nocturnes indiens, Brad Meldhau ou Pierrick Pedron reviennent aux racines du jazz le plus acoustique jusqu’à assumer dans la pure tradition les standards les plus souvent joués. Et l’on en finirait plus de dresser ces listes antagonistes d’où émergent en contrepoint une vraie problématique. Car si l’ouverture aux autres musiques peut être le vecteur d’une dilution tiède du jazz, l’ancrage dans la tradition est aussi souvent facteur de sclérose et de momification. Cruel dilemme en ce début du XXI° siècle où les directions que prendront le jazz de demain restent encore incertaines et les pistes explorées encore hésitantes. Prenez le temps au travers de la sélection discographique que nous vous proposons d’analyser cette production en utilisant cette clef d’analyse. Vous verrez que la ligne de fracture n’en apparaîtra que trop clairement. The shape of jazz to come ainsi que le disait Ornette Coleman en son temps reste à ce jour un véritable mystère. Un mystère excitant.
Published by Jean marc Gelin
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Editorial