Notre coup de coeur ce mois-ci ne nous est pas venu d’un Cd qui aurait fait l’actualité. Il y aurait pourtant matière à se réjouir tant les livraisons reçues sont abondantes et pourraient témoigner d’une incroyable vigueur de l’industrie phonographique si l’on avait en tête les chiffres alarmants venus du Midem. Curieux paradoxe tout de même : alors que la vente de disque connaît une crise sans précédent on a jamais eu autant de production de nouveaux albums. Forcément quelque part quelque chose doit coincer. Sans compter certains gourous sortis de nulle part et qui nous promettent que dans un futur proche la musique sera carrément gratuite. Faut voir.
Non, notre coup de cœur ce mois-ci est venu d’ailleurs. Il nous est venu de la photographie avec cette sublime réedition chez l’éditeur d’art Taschen de ce formidable travail réalisé par William Claxton et Joachim E. Berendt sur
Le photographe comme témoin d’un phénomène social plus que comme portraitiste. D’où la prise de conscience du caractère essentiel de ce travail dans notre univers du jazz, témoin non seulement d’un événement donné (un concert, un festival) mais aussi du moment de son occurrence. Au-delà de la photo de jazz, le témoignage de ce que cette musique porte en elle.
Ce travail est aujourd’hui indispensable et reste en grande partie à faire si l’on veut décristalliser la musique que nous aimons et lui rendre sa force sociale au delà de son seul impact culturel. C’est ce qu’on su faire les acteurs de la musique hip hop. A force non seulement de musique mais aussi de témoignages culturels et presque ethnographiques, de reportages télé et d’images qui allaient chercher au delà des simples salles concert ( au risque d’ailleurs de tomber dans d’autres caricatures), cette existence aboutit aujourd’hui à la création d’une maison du Hip Hop à Paris quand la maison du jazz est elle contrainte de fermer ses portes.
Dans la musique que nous aimons il y a autre chose que des simples clichés ( au double sens du terme) couchés noir et blanc dans les volutes des fumées. Certains ont su voir cela comme Claxton ou comme le Querrec. Mais on n’en mesure pas moins tout le chemin qui reste à parcourir. Inventer un autre regard. Formidable défi pour cette profession.
Si seulement un grand lieu d’exposition ouvrait ses portes à une retrospective de l’œuvre de William Claxton, la profession dans son ensemble y trouverait là le signe d’un formidable encouragement. Qu’il nous soit permis d’y rêver un peu.